Amour, jalousie et clafoutis
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Qu’est-ce qu’il est beau et sexy, mon mari !
Avec ses cheveux gris et sa barbe broussailleuse, poivre et sel. On ne dirait pas que nous nous apprêtons à fêter ses 70 ans. Louis n’a pratiquement rien perdu de sa belle musculature de bûcheron. Et la lueur bienveillante, au fond de ses yeux verts, brille toujours autant qu’au premier jour.
Le premier jour, c’est la première fois que je l’ai vu. J’avais décidé d’emprunter un sentier à travers bois – un raccourci, comme on dit. J’étais ce jour-là très en retard à mon travail. Ma patronne, Mme Berthe Pichon était intraitable sur les horaires. Pour quelques minutes de retard, elle retenait une heure sur mon salaire qui n’était déjà pas très gras.
Mais elle avait aussi ses bons côtés, Mme Pichon. Aux alentours de Compiègne, tout le monde l’appelait « la veuve Pichon », avec un certain mépris. Elle avait un fils, Gaston, né à la fin de la Seconde Guerre de ses amours – scandaleuses – avec Wermer von Offenberg, un bel officier allemand. Il avait vécu pendant quelques mois, avec ses hommes, dans la demeure des Pichon qui avait été réquisitionnée pendant que le bon M. Pichon, disait-on, mourait sur le front.
Mais j’en reparlerai plus tard. Les choses ne sont pas toujours aussi évidentes qu’elles le paraissent.
A cause de la « dame de l’étang », une légende locale dont les anciens colportaient la mémoire, mais dont aucun livre n’avait jamais fait mention. Quand j’arrivais en vue des eaux sombres, au-dessus desquelles flottait toujours, le matin, une brume fantomatique, je pédalais avec plus de vigueur pour échapper à l’écharpe spectrale qui semblait vouloir m’envelopper. La Dame de l’étang, elle, n’avait pas eu cette chance : on l’avait étranglée avec sa propre écharpe avant de la jeter à l’eau. C’était au début des années 1900. On ne savait pas exactement quand. La légende racontait que si la dame parvenait à poser son écharpe sur les épaules d’une fille, cette dernière prendrait sa place et qu’elle pourrait enfin trouver le repos. Je n’avais pas du tout envie d’être celle qui hanterait ces lieux inhospitaliers !
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