Ce jour-là, ma mère avait essayé de me préparer le mieux possible à ce qui m’attendait…
Je nous revois tous les deux sur le quai de la gare à Paris. Mathilde, très élégante, enveloppée dans une pelisse de velours offerte par Camille, une toque assortie couvrant ses jolis cheveux dorés, et moi dans un pardessus un peu grand qui avait appartenu à Alex. Je portais un sac de voyage et ma mère une mallette. Nous nous sentions un peu perdus, mais la femme qui avait partagé notre compartiment, nous voyant indécis, s’était approchée de nous :
– Puis-je vous aider, madame ? J’ai cru comprendre que vous aviez quelqu’un au Val… J’y vais moi aussi, je vais rendre visite à un neveu, grand blessé à Ypres, il doit subir une lourde opération…
– Mon Dieu, j’espère de tout cœur que tout se passera bien pour lui ! De notre côté, il s’agit du parrain de mon fils Jean, c’était le meilleur ami de mon défunt mari.
– Oui, j’ai vu que vous étiez en grand deuil. Mes condoléances, madame. Souhaitez-vous que nous fassions le chemin ensemble ?
– Eh bien, pour tout vous dire, dans un premier temps, je préférerais me rendre aux Lilas blancs, où j’ai retenu une chambre. Mon fils est bien fatigué et…
– Ah, pour ça, oui, il a les yeux qui se ferment tout seuls ce mignon, avez-vous l’adresse de votre pension ?
– C’est au douze de la rue Ordener, dans le 18e arrondissement.
La brave femme nous conduisit jusqu’à l’arrêt de l’omnibus, nous expliquant à quelle station nous devions descendre. Elle nous indiqua aussi l’itinéraire pour nous rendre à l’hôpital le lendemain.
La cousine du curé de Cassagnac nous reçut avec beaucoup de gentillesse, offrant une tasse de thé à ma mère et un grand bol de lait chaud pour moi. La chambre dans laquelle elle nous avait installés était petite, mais propre. Écrasé de fatigue, je m’endormis tout de suite, sans