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Les yeux jaunes, tome 3.5 - Maux d’une survivante
Les yeux jaunes, tome 3.5 - Maux d’une survivante
Les yeux jaunes, tome 3.5 - Maux d’une survivante
Livre électronique206 pages3 heures

Les yeux jaunes, tome 3.5 - Maux d’une survivante

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À propos de ce livre électronique

La fin du monde doit-elle venir avec celle de l’espoir?

Je m’y refuse. L’espoir est tout ce qu’il me reste.

Il est dans les grands yeux marron de mon petit Félix, dans les sourires de ma belle Sandy, dans l’insouciance de l’incorrigible Mathieu, dans les regards complices de ces chers Rachel et Lulu. Il est, par-dessus tout, à grandir derrière mon nombril. Déjà, il me donne des coups de pied. Mon coeur de maman me chuchote que cet espoir sera féminin. Hope sera donc son nom. D’ici sa naissance, je raconterai l’avant pour préparer son après. Ma fille sera non seulement mon espoir et celui de ceux à venir, mais elle sera également ma mémoire et celles de ceux que j’ai aimés.

Hope sera la première descendante du début du monde.
LangueFrançais
Date de sortie16 août 2022
ISBN9782898191077
Les yeux jaunes, tome 3.5 - Maux d’une survivante
Auteur

Yvan Godbout

Yvan Godbout, auteur d’Hansel & Gretel, de Boucle d’or, de Le Petit Poucet, de la trilogie Les yeux jaunes, ainsi que d’Auteur maudit, maudit auteur.

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    Aperçu du livre

    Les yeux jaunes, tome 3.5 - Maux d’une survivante - Yvan Godbout

    Chapitre 1

    Voilà, terminé l’inclusion de la date du jour et l’usuel « cher journal » au détour de ces pages. Une coutume d’une autre époque, en soit inoffensive sinon banale, que je n’ai toutefois plus envie de respecter. Parce que nos vies ne sont en rien « banales ». En tout cas, elles ne le sont plus depuis cette fameuse matinée où le ciel se teinta d’une aura verdâtre. Ce jour-là, le « sur » s’ajouta à la « vie » et ne voulut jamais plus débarrasser le plancher. La survie devint notre lot à tous.

    À partir de maintenant, je concentrerai mes efforts à vous raconter une histoire, comme l’a fait avant moi mon dernier compagnon de vie, mon premier compagnon de survie. Vous, dont ma fille Hope, je l’espère, fera partie. Une date ou une autre, inscrite ici et là, m’apparaît désormais superflue, voire futile. Cette contrainte en moins me permettra également de mettre en pause mes écrits pour les reprendre à ma guise, sans en exposer les coutures. Comme pour le journal de Dany, le mien prendra la forme d’un roman. Terminées les conventions, et bienvenue aux chapitres ! J’ai longtemps rêvé, en secret, de devenir écrivaine. Pourquoi ne pas profiter de la fin du monde pour le réaliser ? !

    Aussi, je me débarrasse d’une seconde contrainte : celle d’exposer mes émotions à chaque trait de mon stylo. Je dessinerai plutôt, à l’aide de sa pointe fine et de la participation des vingt-six lettres de l’alphabet, mon destin et celui des membres de ma tribu. Je ferai le portrait de chacun en me servant de voyelles et de consonnes d’encre. Lorsque vous parcourrez ces pages, dans une vie qui sera probablement derrière moi, vous découvrirez, en chair et en os, les personnes qui formaient ma famille de substitution.

    Ce dernier terme pourra vous paraître étrange, peut-être péjoratif, ou même cruel. Il ne l’est pas, soyez-en assurés. Je l’utilise par respect pour ma mère et mon père, qui m’ont, une certaine nuit d’amour, soustrait à la Gouve, ce grand réservoir d’âmes dans lequel errent toutes celles prédestinées à naître un jour.

    Ici, la tentation d’ouvrir une parenthèse est beaucoup trop forte – insoutenable ? − pour ne pas la saisir. Une parenthèse qui risque de s’allonger quelque peu… ! Avant de vous parler de ma nouvelle tribu, permettez-moi de revisiter l’ancienne avec vous. Je sais, Dany l’a un peu fait dans son journal, avec beaucoup de doigté et de sensibilité d’ailleurs. Il est resté fidèle à ce que j’ai eu le temps de lui confier durant notre survie à deux et je lui en suis extrêmement reconnaissante. Mais j’ai besoin de rejoindre à mon tour ceux que j’ai tant aimés avant la fin du monde, vous comprenez ? Cela vous rappellera peut-être tous ceux que vous avez aussi laissés derrière, tous ceux que vous avez perdus… Et Hope voudra peut-être, un jour, savoir d’où elle vient…

    C’est donc en pensant à toi, ma fille, que je replonge à la lisière d’un passé pas si lointain, mon univers d’alors : un espace-temps où vivent pour l’éternité ton père et tes ancêtres. Ensuite, comme je l’ai promis plus tôt, je poursuivrai l’histoire de notre présent. Pour toi, Hope, mais aussi pour moi, pour nous tous.

    Tournons-nous maintenant ensemble vers ceux et celles qui comblaient mon monde d’avant : ma mère Angèle, mon père Joseph, ma grande sœur Monique, mon « petit » frère Carl et mon neveu Olivier. Ma toute première famille.

    La famille Gosselin, ma famille de sang.

    Cette famille, je lui dois, plus que tout, la femme que je suis aujourd’hui. L’espoir − ou la chance − de redire un jour à chaque membre combien je l’aime s’est envolé avec chacun des grognements résonnant à mes oreilles ces derniers mois…

    Je dis redire parce que chez nous, la honte de laisser parler nos sentiments était inexistante. Les mots « je t’aime », je les ai prononcés régulièrement, encore plus pour Carl et Olivier, et je les ai entendus de nombreuses fois à mon attention. Il n’y a qu’une personne à qui je regrette de ne pas avoir dit ces trois mots plus souvent, mais surtout de ne pas les avoir prononcés lors de notre tout dernier moment ensemble. Cette personne, c’est André. André, ce géant châtain qui s’est toujours fichu de ma très petite taille ; André, le charmeur qui me fit découvrir ce qu’était la passion ; André, l’homme de ma vie d’avant, ou plutôt, celui d’une vie trop courte ; André, le papa d’un espoir pas encore né…

    Laissez-moi vous raconter cet instant que je regrette encore aujourd’hui. Peut-être agira-t-il comme un baume sur mon âme éreintée…

    Un beau matin, avant de partir vers la promesse d’un fabuleux voyage de pêche entre amis, André me murmura ces trois mots si doux alors que je me trouvais toujours au lit, puis il m’embrassa tendrement. Pour garder cet instant de grâce pour moi toute seule, je simulai le sommeil, cueillant plutôt le baiser de mon fiancé telle une rose délicate que j’imaginais voir s’épanouir à ma guise. Oh, cette fleur s’ouvre bel et bien toujours dans mon cœur lorsque j’en ressens le besoin, mais je me reproche chaque jour de ne pas en avoir offert une semblable à mon homme avant son départ…

    Parce que je ne revis jamais plus André.

    Ce baiser fut son dernier. Ce moment fut notre dernier. Lorsque l’infection vint, parce que je suis convaincue que cette salope ne l’a pas épargné, André aurait eu besoin d’un « je t’aime » en floraison au creux de son âme infectée par le mal. Il aurait pu s’y accrocher avant de disparaître dans les ténèbres… Oh oui, je m’en veux terriblement de ne pas lui avoir confié ces trois mots en réponse aux siens, et je m’en veux aussi de ne pas avoir été à ses côtés pour retirer sa main de celle du diable comme je l’ai fait pour Dany, il n’y a pas si longtemps…

    Voyez-vous, André fut mon grand bouleversement, mon amour avec un grand « A ». Cette expression, si souvent galvaudée et presque devenue un cliché avant l’apocalypse, ne devrait pas vous faire lever les yeux au ciel. Si c’est le cas, c’est que vous n’avez jamais eu la chance de tomber sur votre « A » majuscule… Très sincèrement, j’espère que vous aurez le temps, durant votre traversée de l’enfer, de combler ce manque. À votre place, je l’ajouterais même tout de suite à ma bucket

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