Osberan - Tome 1: Paradis infernal
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À propos de ce livre électronique
Malerine, jeune femme âgée de vingt ans, vit à Polaris, un petit village isolé dans une région froide et inhospitalière.
Rejetée par les autres habitants, elle ignore tout de son passé. Un jour, des événements tragiques font basculer son univers, l’obligeant à partir à la recherche de ses origines. Seulement, elle est loin d’imaginer tous les dangers qu’elle devra affronter afin de survivre dans cet environnement hostile.
Quels mystères entourent Osberan ? Quels secrets se cachent derrière l’enfance mystérieuse de Malerine ? Parviendra-t-elle à aller au bout de cette quête périlleuse ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Antoine Joseph Richard est né en 1980. Fasciné depuis sa plus tendre enfance par l’espace et les étoiles, il devient ingénieur mécanicien pour combler sa passion.
En 2006, il se lance dans la rédaction de "Osberan : Paradis infernal", son premier roman de science-fiction, qu’il publie aujourd’hui.
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Avis sur Osberan - Tome 1
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Aperçu du livre
Osberan - Tome 1 - Antoine Joseph Richard
CHAPITRE 1 :
Polaris, le village des confins du monde
En l’an 500 de l’ère d’Osberan, dans un décor glacé et de neige, les prémices de la plus grande épopée de l’histoire de notre occupation débutent.
J’avais vingt ans. J’habitais dans un petit village isolé du nom de Polaris. Mes parents s’étaient lancés quinze ans auparavant dans une aventure qui allait leur faire découvrir les méandres de cette planète aussi belle que dangereuse.
Aiepe, le chef de Polaris, leur avait promis de prendre soin de moi s’il leur arrivait malheur. Depuis leur disparition, il m’avait élevée. Pourvoyant à tous les besoins de l’enfant que j’étais alors, tout en me laissant le choix de rester chez moi. Ce que je fis.
Malgré toute l’attention qu’il me portait, je m’étais toujours sentie seule. J’avais vite compris que les autres villageois ne tenaient pas mes parents en grande estime, leur reprochant une vie fantaisiste. Cette mauvaise réputation a glissé sur moi et m’a poursuivie toute ma jeunesse, comme si j’en étais responsable. Avec le temps, mes voisins les plus proches m’évitaient autant que possible. Ils me regardaient à peine et me traitaient comme un paria, simplement parce que j’avais eu le malheur de m’appeler Guesn.
Je n’avais qu’une amie à cette époque, Ptohely. Elle me manifestait un intérêt sincère et une passion débordante. Elle était plus jeune que moi, elle me rejoignait dès qu’elle le pouvait en se cachant de ses parents qui n’auraient pas aimé la savoir en ma compagnie.
Tout comme je viens de le dire, mes journées se résumaient à vivre dans la maison que mon père et ma mère avaient quitté un matin sans jamais revenir. Une petite bâtisse, un peu à l’écart du village, qui me permettait d’être tranquille, sans crainte d’être épiée ou jugée. Elle était mon unique refuge et le garant de ma solitude. M’enfermer au milieu de ces objets, c’était me cloîtrer dans un passé que j’imaginais sans savoir ce qu’il contenait. Je me surprenais à rêver de cette époque où mes parents étaient là avec moi.
J’avais souvent songé à quitter cet endroit, mais jamais je ne trouvais la force de franchir le pas. Partir dans l’inconnu, sans repères, n’était pas possible. La nature tout autour était dangereuse, chaque mauvaise décision aurait pu me coûter la vie. Et malgré toute ma solitude, j’avais envie d’avancer.
Régulièrement, je regardais et fixais l’encadrement de cette porte d’entrée dans l’espoir d’y voir apparaître mes parents. Maintenant, cet espoir illusoire me retenait malgré moi. Je savais aussi que cette maison était le seul lien avec mes racines, un lieu mystique qui détenait la clef de leur disparition. Dans les moments de désespoir, je laissais sortir toutes les larmes de tristesse et de colère qui m’étouffaient. Je leur en voulais, mais je les aimais et je refusais de me faire à l’idée qu’ils soient morts.
Nous étions une centaine de personnes à vivre dans mon village. Il se situait dans les confins des landes gelées du Grand Nord d’Osberan, bien au-delà du cercle polaire, ce qui était évidemment synonyme d’interminables nuits glacées. La plus longue s’étalait d’ailleurs sur plusieurs jours selon la conjoncture d’Aleya et Tylonia. Pour ne rien arranger, cette contrée était constamment balayée par des vents tumultueux et humides. La proximité de l’océan aurait pu adoucir les températures. Hélas, ce n’était pas le cas.
L’été n’était pas chaud non plus, bien que les plages de Polaris subissent l’assaut de souffles puissants venant du large et du sud. Fort heureusement, cette faible chaleur était suffisante pour nous permettre de maintenir une activité agricole et de l’élevage.
Mais cela n’allait pas durer. Pour notre plus grand malheur, et sans que nous puissions savoir pourquoi, les années étaient globalement toujours plus froides et plus sèches. Et ce n’est que bien plus tard que j’allais comprendre que notre départ était irrémédiable.
Alors que l’hiver débutait à peine, les récoltes engrangées à l’automne avaient déjà dangereusement diminué. Nous avions constaté avec le temps que nos réserves s’épuisaient de plus en plus vite dans la saison de glace. Aussi, tant qu’elle n’était pas encore trop marquée, nous pouvions chasser, cueillir des champignons et des fruits de givre et pêcher pour compléter nos ressources, mais cette solution n’était que provisoire. Certes, toutes ces activités nous permettaient de ne pas avoir à puiser dans nos stocks, mais cette stratégie pesait davantage sur notre écosystème et menait à la raréfaction du gibier. Le poisson était également bien moins abondant qu’à une époque antérieure. À plusieurs reprises, des équipes étaient parties en quête d’aide, mais n’avaient trouvé que des villages abandonnés. Nous prenions conscience que nous étions les seuls à être restés sur ces terres au climat hostile. Les derniers habitants des landes de glace.
Il faisait froid ce soir-là. Le vent soufflait en provenance du nord en soulevant des nuages de neige fine qui cinglaient le visage. Chaque bourrasque était un supplice. À grands pas, je traversais la place jusqu’à la salle commune, enveloppée d’une simple toge de lin épais qui à chaque instant se chargeait toujours plus de givre. Tout le monde s’y réunissait une fois par mois pour débattre des problèmes d’intendance. Mais ce soir, le sujet du rassemblement avait l’air de créer une certaine tension. Les anciens avaient insisté pour que tous les villageois soient présents ! Et cela leur faisait un peu peur…
J’étais devant le bâtiment, il s’agissait d’une sorte de hutte d’une vingtaine de mètres de diamètre. En y entrant, par la seule porte, je me retrouvais dans l’unique pièce immense et ronde. À l’intérieur, on ressentait immédiatement la chaleur d’un feu réconfortant qui crépitait au centre. Autour, trois personnes, tenant le rôle de cuisinier pour l’occasion, faisaient tourner un Barros au-dessus des flammes. Ces animaux faisaient partie du bétail, nous les élevions pour nous nourrir.
Le Barros était très docile, grand, trapu avec une tête massive dépourvue de corne. Sa mâchoire chaussait deux belles dents qui dépassaient de sa gueule, elles lui permettaient d’arracher les écorces des arbres dont il était friand. Nous nous servions également de sa peau qui nous offrait un cuir très épais. J’observais cette ambiance chaleureuse et vivante, elle était à l’opposé de ce que j’avais traversé pour venir jusqu’ici. Pourtant, au fond de moi, je savais que je n’étais pas intégrée, que je n’en faisais pas partie.
Des villageoises s’affairaient autour de la grande table circulaire entourant l’âtre. Elles y posaient des galettes de céréales et de graines pour agrémenter le souper.
Peu à peu, les convives arrivaient et prenaient place. Les plus jeunes, comme moi, s’asseyaient sur de gigantesques tapis de peau ou s’appuyaient contre les murs, un peu en retrait.
Personnellement, je préférais rester près de la porte d’entrée laissée légèrement entrebâillée, accoudée au montant de la fenêtre pour continuer de scruter l’extérieur. Les flocons dansaient, portés par le vent. Bientôt, la neige recouvrirait et effacerait les traces de pas des derniers arrivants. Cet enfer blanc me faisait peur, mais me fascinait par la quiétude et l’isolement encore plus grands qui s’installaient dans le village. Ce soir, hormis la Maison centrale où régnaient une tiédeur et une lumière chaude, tout était sombre et froid.
Les gens discutaient en petits groupes, essayant de rire et de plaisanter. Les enfants couraient un peu partout, égayant l’atmosphère de leurs jeux insouciants.
Aiepe, le chef, constatant que tout le monde était arrivé, se leva et demanda le calme de sa voix forte. Immédiatement, tous prirent place sur les sièges et les plus jeunes se rassemblèrent sagement dans leur coin. On entendait le grincement des chaises lorsqu’elles bougeaient, des petits se jetant sur les tapis dans un dernier cri comme pour expier le surplus d’énergie avant un moment solennel.
Une fois le silence obtenu, il prit la parole :
–Cette réunion, comme vous le savez, a pour but de faire le point sur notre situation actuelle qui, vous vous en doutez, n’est pas glorieuse. Seulement, elle pourrait rapidement devenir catastrophique si nous ne parvenons pas à trouver de solution. Ces dernières années, le climat ne s’est pas montré clément avec nous. Les étés sont plus courts et donnent des récoltes chaque fois moins importantes.
Il marqua un bref arrêt avant de reprendre en prenant volontairement une voix plus grave :
–Imaginez, nous ne sommes qu’au tout début de l’hiver ! Et déjà, nous avons lourdement entamé nos réserves ! La situation va très rapidement devenir dramatique. J’ai bien peur que nous ne tenions pas longtemps…
Pendant un court instant, il laissa un silence explicite s’installer. Puis il continua son monologue :
–Ce soir, ce que je vous demande, c’est de réfléchir, de trouver des solutions. Toutes les propositions seront les bienvenues.
Les propos d’Aiepe jetèrent un froid dans la grande Maison. Nous osions à peine respirer. Seul le feu ronronnant crépitait. Ils se regardaient tous sans prononcer un mot, ils étaient transis par l’angoisse montante. Elle nous saisissait de l’intérieur. Aucune phrase ne semblait pouvoir s’extraire de nos gorges nouées.
Je me suis avancée, malgré ma timidité, pour prendre la parole. Bien que paralysée par un trac qui m’envahissait devant l’œil accusateur de toutes ces personnes, qui vraisemblablement ne me portaient pas dans leur cœur, je me lançai avec une voix chevrotante :
–Pourquoi restons-nous ici ?
Aiepe, surpris par mon intervention, me demanda de clarifier :
–Comment ça ? Où veux-tu en venir ?
Maintenant que la salle entière me regardait, mon stress était à son paroxysme. Le silence était pesant, mais je ne pouvais plus faire marche arrière. D’autant que, pour une fois, ils m’écoutaient tous.
–Nous sommes les derniers à vivre aussi loin dans le nord. Pour quelle raison resterons-nous ici ?
Tous se mirent à me dévisager, avec effroi, comme si j’avais annoncé leur mort prochaine. Je me sentais mal. Pourtant, ma question ne me semblait pas hors de propos.
À l’autre bout de la pièce, Ambdal, le forgeron, se leva. C’était un homme assez âgé, plutôt rustre, ayant peu de sympathie pour moi et m’évitant autant que possible en raison de mes origines. Il n’appréciait guère mes parents. Il regarda tout le monde puis me fixa, l’air furieux :
–Malerine, où veux-tu que nous allions ? Nos ancêtres se sont installés ici il y a plus de deux siècles. Nous avons nos maisons dans ce lieu, nos champs, nos bêtes, nos racines. Es-tu donc si folle ? Tu tiens bien de tes parents, mêmes propos loufoques. Pff !
La force de sa remarque était telle que personne n’osa dire le moindre mot pendant quelques secondes. Une fois l’effet quelque peu estompé, un premier murmure de mécontentement bourdonna à mes oreilles, puis un second et, peu à peu, une agitation générale envahit toute la salle. Je me sentais très mal à l’aise. Pourtant, je pensais être dans mon droit, convaincue que cette idée devait être discutée. J’estimais que notre seul espoir était de partir à la recherche d’un nouvel endroit pour vivre, quand on considérait la situation dans son ensemble. En voyant l’attitude de l’assemblée, ma gêne se transforma en colère. Il faut dire qu’Ambdal avait insulté mes parents et, pire, il faisait toujours preuve d’un mépris qui durait depuis des lustres et ne retombait jamais. Je repris la parole, dans un élan de confiance, je décidai de défendre mon point de vue et mon intégrité. Je haussai le ton et le regardai droit dans les yeux, en le montrant du doigt :
–Je ne te permets pas de salir l’image de mes parents, simplement parce que tu ne les comprenais pas. Moi aussi je fais partie de cette communauté. Mes parents, que tu crois fous, ont laissé des notes avant de disparaître et c’est justement en les lisant que cette idée m’est venue. Parce que, très clairement, ils s’attendaient à cela et qu’à la différence de beaucoup d’entre vous, ils ont anticipé l’inévitable !
D’un air dédaigneux, il rétorqua très ironiquement :
–Alors si tu te mets à feuilleter les textes qu’ils t’ont légués, tu as sûrement la solution, nous sommes sauvés.
Puis il ajouta avec toujours plus de mépris :
–Écoutons donc ce que tu vas nous proposer et disparaissons tout comme tes parents l’ont fait !
J’allais répondre, pleine de rage et de peine, mais un des anciens se leva et abattit son poing sur la grande table, faisant sursauter tout le monde :
–Cessez ces chamailleries ! Toute suggestion est bonne à prendre et pour le moment Malerine est la seule à en avoir fait une. Puisque nous sommes réunis pour en trouver, nous devons tout envisager, sans restriction. Cela inclut le pire ou l’improbable. Et plus aucun jugement tel que tu viens de le faire, Ambdal, ne sera toléré. Est-ce clair ?
Le forgeron me regardait, mécontent, et alors que l’ancien allait répéter, il tourna le dos à l’assemblée en ajoutant :
–Très clair !
Le vieux sage reprit la parole avec fermeté :
–Merci ! Malerine, ton idée semble relever de la folie, je te l’avoue ! Néanmoins, si nous retenons ta proposition, tu nous exposeras ce que tes parents ont trouvé.
Les murmures continuaient de siffler à mes oreilles et cela m’agaçait. Je ne faisais clairement pas l’unanimité, les discussions allaient bon train et un brouhaha s’installa très vite.
Aiepe se leva sèchement de son fauteuil de chef pour exprimer son impatience face à cette agitation. D’un pas colérique, il contourna la table pour se placer devant nous, au milieu de l’assemblée. Il interrompit brutalement toutes les conversations :
–Arrêtez ! Vous savez tous que la situation est dramatique !
Il avait mis tellement de conviction dans son appel que le silence se fit en une seconde, puis il redémarra de plus belle en appuyant sur chaque point :
–Nous n’avons pas le temps pour des disputes et encore moins de prendre en compte des rancœurs d’un autre âge. Nous devons trouver un moyen de nous en sortir et sans attendre. Je pense que vous n’avez pas réalisé l’urgence de la situation. Cessez de vous comporter comme des enfants, avançons unis, main dans la main, c’est notre seule chance de salut !
Aieden, un des anciens du village, se leva alors avec un peu de peine. Il faut dire qu’il était l’un des plus vieux, il devait bien approcher les quatre-vingt-quinze années. Il était très respecté et écouté pour sa sagesse. Il avait un point de vue qu’il ne basait que sur le factuel. Et c’est la raison pour laquelle, lorsqu’il prononçait quelque chose, personne ne le remettait en question dans ses choix. En prenant la parole, il se tourna d’abord vers Aiepe pour lui adresser un signe, ensuite il pivota face à nous tous pour demander calmement :
–Bien, il faut que nous sachions où nous en sommes véritablement. Quel est exactement l’état de nos réserves ? Pourrons-nous tenir jusqu’au printemps ?
Aphal, un homme vieux, mais solidement bâti, représentant les fermiers du village lors des réunions, exprima son point de vue d’une voix grave, sans précipitation et sans ménagement :
–Je ne vais pas tergiverser, nous avons de quoi tenir quelques semaines, tout au plus.
Par manque d’air, il se tut une seconde pour reprendre son souffle, il ajouta :
–Ah ! Et évidemment, c’est en rationnant notre alimentation ! J’insiste aussi sur un point, souhaitons que le froid ne soit pas trop intense. Pour la viande, nous allons devoir compter sur les ressources sauvages. Manger notre bétail serait certes possible, mais cela signifierait puiser dans nos réserves, avec, après cela, la menace de manquer de lait, d’œufs et finalement de tout ce qui est d’origine animale.
–Tu proposes que l’on chasse davantage ? interrogea Aiepe, interloqué. Tu sais bien que nos groupes partent déjà longtemps et bien trop loin, on ne peut réellement pas leur en demander plus sans leur faire prendre des risques incommensurables.
Aphal affirma d’un air désemparé :
–En résumé, il nous faudra beaucoup de chance pour aller jusqu’au printemps. Mais l’année prochaine, avec les conditions climatiques actuelles, nous ne passerons pas l’hiver.
–Bien ! rétorqua Aiepe, dépité. Nous allons donc étudier toutes les possibilités pour quitter cet endroit. Mais pas de précipitation, j’aimerais que nous puissions tenir jusqu’au retour des beaux jours.
Après ces paroles troublantes, un long silence s’installa. Le temps pour nous tous de nous faire à cette éventualité.
Ataline, un jeune bûcheron qui se trouvait au fond de la hutte, s’avança vers le feu d’un pas assuré. S’adressant à l’assemblée, il souhaitait faire part de son avis, de ses doutes, et justifier sa position. Sa réponse me surprit un peu :
–Un départ est une suggestion possible pour notre survie. Après tout, pour le moment, malgré toutes les railleries que j’entends, c’est la seule proposition qui a été faite. Peut-être y en a-t-il d’autres ! Et je l’espère, mais actuellement ce n’est pas le cas. Pour résumer, il est vrai que ce qui nous entoure n’est que pierres, landes peu fertiles et températures froides la plupart du temps. Cependant, avant de nous précipiter, car j’en vois déjà qui bougonnent, nous allons devoir définir plusieurs choses. Où partons-nous ? Dans quelle direction ? Nous avons tous conscience que la région est dangereuse, nous connaissons ce que nous quittons, mais nous ignorons ce que nous allons trouver !
Ataline se révélait être un excellent orateur, il se tournait vers chacun de nous tout en nous parlant :
–D’autre part, il faut considérer les plus vulnérables du village, comme les enfants et les personnes âgées, ou encore les malades… Cela mène au second gros problème. Comment allons-nous partir ? Nos moyens de transport sont loin d’être appropriés pour un tel exode.
–Attendez ! Ce départ n’est qu’une suggestion.
Aiepe l’interrompit en le regardant droit dans les yeux. Puis ce fut au tour d’Ataline de le reprendre :
–Oui, mais, pour le moment, c’est la seule idée qui ait été émise… Maintenant, s’il n’existe pas d’autres solutions, envisageons celle-ci malgré ses lourdes conséquences, on ne pourra pas indéfiniment écarter cette éventualité.
–Je te remercie d’avoir mis en avant ton point de vue, nous y ferons bien évidemment attention lors des délibérations. Après cela, Aiepe demanda à l’assemblée :
–Quelqu’un a-t-il une nouvelle proposition ?
C’était la pire question possible, car cela amena un silence pesant. Le feu continuait de crépiter, nous éclairant d’une lumière chaleureuse. Dans la salle ronde, le temps semblait s’être suspendu.
Aiepe se leva sans bruit et contourna sans se précipiter encore une fois la grande table pour se positionner face aux flammes dorées, comme hypnotisé par leur danse. Il soupira profondément et plaça les mains dans son dos. Sans se retourner, il voulait nous faire part de ses réflexions. Je savais que cette posture indiquait chez lui l’inquiétude. Il semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules légèrement voûtées :
–Malerine, viens ici ! Explique-nous ce que tu as lu dans les notes de tes parents. Et pourquoi as-tu pensé à cette solution ?
Je pris mon courage à deux mains et lançai un regard à Ataline tout en marchant vers le centre de la pièce. Je devais réussir à les convaincre :
–J’ai eu cette idée en trouvant des documents. Ils sont partis de nombreuses fois explorer les contrées éloignées et ont pris soin de répertorier ce qu’ils découvraient. Ils cherchaient un chemin vers le sud. Il faut croire qu’ils prévoyaient tout ce qui nous tombe dessus aujourd’hui. Toujours est-il que j’ai lu des descriptions minutieuses des lieux où ils sont passés. Les notes font mention d’une carte, mais je ne l’ai pas encore trouvée.
J’avais apporté un de leur carnet que je tendis à Aiepe.
Ambdal, agacé, reprit la parole :
–Et quoi, tu suggères qu’on se lance tous sur des sentiers sans avoir la moindre idée de ce qui nous attend, sans savoir où nous allons ? Tu ne crois pas que cela va être dangereux.
–Mais non, enfin, lui répondis-je en sentant grandir en moi une confiance que je ne me connaissais pas. Je pensais plutôt qu’un petit groupe pouvait partir en reconnaissance en suivant les documents que je mettrai bien sûr à disposition.
–Et de quand datent ces calepins, exactement ? Sont-ils fiables ? demanda Ambdal avec l’intention de semer le doute dans l’assemblée.
–Les notes de mes parents ne contiennent pas seulement les indications sur la route à prendre. On y trouve une multitude de remarques et de détails sur ce que nous allons rencontrer. Ils ont, en plus, réalisé une sorte de bestiaire qui recense tout ce qu’ils ont croisé, animaux et végétaux. Il me manque juste la carte à laquelle ils font référence, cela nous aidera pour nous guider.
J’avais l’impression qu’Aiepe commençait à croire en mon projet, même s’il faisait bien attention de ne pas trop le montrer. Il demanda alors que se forme une équipe de six volontaires pour cette mission.
Ambdal, convaincu que ma proposition était la pire folie à ne pas suivre, d’autant plus qu’elle émanait de moi, argumenta avec ardeur :
–Vous rendez-vous bien compte des dangers qu’il va falloir affronter ? Jamais je ne participerai à cette mascarade !
–Ça suffit, Ambdal, l’interrompit sèchement Aiepe. Il en va de notre survie à tous. Un groupe partira pour faire une reconnaissance et lorsqu’ils seront de retour nous aviserons. En attendant, nous réfléchirons à d’autres solutions. J’espère que vous aurez un peu plus d’idée que ce soir et la prochaine fois, ne critiquez plus si vous n’avez rien d’intéressant à proposer ! Pour en revenir au sujet, qui souhaite se porter volontaire ?
Ambdal était vexé et il prit la porte sans dire un mot, alors qu’un brouhaha satura rapidement l’atmosphère de la salle. Tout le monde se demandait qui allait être assez fou pour tenter une expédition vers l’inconnu, au début de l’hiver de surcroît. J’étais curieuse de savoir qui oserait se lancer dans cette aventure.
Je m’étais remise dans mon coin pour me reposer de nouveau contre ma fenêtre habituelle. Je regardais dehors. Le vent s’était calmé, les nuages, en disparaissant, me permettaient de revoir les deux lunes pleines qui brillaient fortement dans la nuit. Mon esprit vagabondait, je me retrouvais sur la piste que mes parents avaient prise des années avant. Je savais que bien des dangers existaient sur cette route, mais je me réjouissais de pouvoir partir. S’approchant lentement de moi, Ahelmina, une femme appartenant au groupe des chasseurs, me fit sursauter :
–Moi j’en serai, Malerine. Je veux changer d’air, ton idée me plaît. Nous trimons sans cesse pour faire nos réserves et chaque année nous luttons contre la faim. Je suis née ici et depuis quelque temps déjà, plus rien ne se passe comme il faut. Je sais que nous ne tiendrons pas jusqu’au printemps prochain si nous ne bougeons pas !
Son frère, Eden, affirma à son tour :
–J’y vais aussi ! Je la suivrai sans discuter.
Aeliana s’avança vers moi :
–Je n’ai plus rien à perdre. Mon mari repose dans ce village depuis cinq ans, mais je souhaite vivre, je n’ai pas envie d’attendre de mourir sans rien faire. Surtout de faim, c’est une fin atroce.
Shyr se leva à son tour. Aiepe regardait son fils venir à moi avec un mélange de tristesse et de fierté dans les yeux :
–Je dois faire partie du voyage, notre famille doit être représentée ! Et toi, Malerine, seras-tu des nôtres ?
La salle entière voulait entendre ma réponse et fit donc silence. Un moment suspendu. Ils attendaient de savoir si j’allais avoir le cran d’affronter les dangers et de prendre mes responsabilités après avoir lancé mon idée.
–Bien entendu que je vais y aller. Mais pour l’instant, le plus urgent est de retrouver la carte dont j’ai parlé tout à l’heure. Je vais avoir besoin d’aide pour la chercher. Ptohely, peux-tu m’accompagner ?
–Oui, je vais venir, Malerine.
Mon amie me répondit en regardant ses parents avec une certaine défiance. Ces derniers ne montrèrent pas leur mécontentement, le soutien de leur fille devant servir la communauté.
Comme à l’accoutumée, la question du jour étant à peu près réglée, le repas put commencer.
Jusqu’aux lueurs du matin suivant, tout le monde resta dans la salle pour ne pas prendre le risque d’affronter l’obscurité et les dangers qui s’y terraient même au cœur du village.
Les enfants s’endormirent sur des tapis tandis que les adultes discutaient ou somnolaient. La tiédeur de la bâtisse était devenue agréable. À nous regarder ainsi, calmes et presque pleins d’espoir, on aurait pu croire que nous étions une grande famille.
CHAPITRE 2 :
La rencontre inattendue
Au petit matin, aux premiers rayons des soleils, l’épaisse couche de neige étincelait, magnifique et pure. Seules quelques traces de rongeurs montraient qu’il y avait de la vie dans cette lande. Les villageois commencèrent à déblayer les allées qui serpentaient entre les maisons. Je me dirigeai, accompagnée de Ptohely, vers celle de mes parents. Les chasseurs étaient allés préparer les affaires pour l’expédition.
–Malerine ! appela Aeliana en nous
