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Verity river: Roman
Verity river: Roman
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Livre électronique429 pages6 heures

Verity river: Roman

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À propos de ce livre électronique

Le rêve d'une amoureuse de la nature perturbé par d'étranges événements...

Passionnée par la nature et les animaux depuis sa plus tendre enfance, Verity était bien décidée à tout mettre en œuvre pour réaliser son rêve, lorsqu’un chat pour le moins kamikaze, un accident de car et un étrange personnage d’un autre monde, d’une autre réalité, changèrent son existence à tout jamais. Verity allait avoir l’occasion de réaliser son rêve d’une façon tout-à-fait inattendue, tout en faisant le bien autour d’elle. Sans le savoir, chacune de ses bonnes actions allait avoir une répercussion dans le monde entier.

Quelles sont les répercussions des actions de Verity ? Sa rencontre avec un chat, l'accident de car et l'étrange personnage venu d'un autre monde ont-ils un lien ? Découvrez ce roman où la nature et Verity occupent une place centrale !

EXTRAIT

 — Eh bien, vu qu’on ne sait pas quand on va pouvoir revenir, on voulait que tu profites le plus longtemps possible de ta surprise. Ne t’inquiète pas, c’était prévu ! Nous aussi on aime les singes, peut-être pas autant que toi, mais on les aime aussi, dit Paul en lui faisant un clin d’œil.
— C’est une très gentille intention que de vouloir rester plus longtemps pour moi, mais je ne veux pas vous retarder dans vos obligations. Je suis déjà assez heureuse comme ça d’avoir pu voir les chimpanzés aujourd’hui, pas besoin d’y retourner demain. Ça ne me dérange vraiment pas de rentrer plus tôt.
— Mais, Verity…
— Non ! Je vous assure ! C’est très bien comme ça. J’en garderai un magnifique souvenir.
Ensuite Verity se dirigea vers la Jeep et s’assit sur le siège arrière. En voyant qu’elle était bien décidée, ils entrèrent à leur tour dans la voiture et prirent le chemin du retour. Ils roulèrent quelques heures avant de trouver un bon endroit pour dormir. Cette fois-là, Verity ne construit pas sa tente, elle préféra dormir dans la voiture. Elle se couvrit avec sa couverture et ne tarda pas à s’endormir. Le lendemain, ils roulèrent pratiquement sans s’arrêter.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Saskia Faber a pour hobbies la lecture et le dessin qu’elle exerce dès que l’écriture lui en laisse le temps. Elle nous livre ici un roman frais dont nous ne savons pas si le personnage principal est bien Verity River ou plutôt la nature.
LangueFrançais
Date de sortie24 juil. 2018
ISBN9782378772536
Verity river: Roman

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    Aperçu du livre

    Verity river - Saskia Faber

    1

             Bien plus qu’une passion 

    –Verity ! VERITY ? cria Teddy, inquiète. Ça suffit ! Je ne veux plus jouer. Où es-tu ? Sors de ta cachette !

        Teddy adorait jouer avec sa petite sœur Verity. Même si elle n’avait que 5 ans, Verity était très dégourdie, elle trouvait toujours de meilleures cachettes que sa grande sœur de 9 ans. Toutes les deux étaient très liées. Teddy s’occupait de sa petite sœur comme si elle en était responsable, elle la protégeait de tout et n’aimait pas la voir triste.

        La famille River habitait une petite maison de campagne. C’était une belle petite maison en pierre du pays, entourée d’arbres et de fleurs. Une rivière traversait le jardin de part en part. Un peu plus loin se trouvaient les champs de culture. Monsieur River se rendait tous les jours à la plantation pour y travailler la terre. À cette époque de l’année, il flottait dans l’air un parfum de Printemps. C’était le moment où les fleurs étaient le plus parfumées, leur senteur embaumait l’air. Les arbres bourgeonnaient, la rivière scintillait comme si elle renfermait en elle des milliers de petites étoiles.   

        – Arrête de crier comme ça ! grogna son grand frère Jonathan.

        — Je cherche… je cherche Verity, répondit Teddy, apeurée.

        –VERITY ! VERITY ! hurla-t-il énervé. Va voir dans la salle de bains, je vais regarder si elle n’est pas au grenier, dit-il d’un ton autoritaire. Gare à toi si je te trouve, Verity !

    Teddy se dirigea vers la salle de bains. Au plus elle approchait, au plus elle ralentissait le pas. Elle avait un mauvais pressentiment. En arrivant devant la porte, elle s’arrêta un moment avant d’ouvrir. Elle prit une grande inspiration, et ouvrit.

        — Veri… MAMAAAAN !! cria Teddy en voyant sa jeune sœur dans la baignoire, la tête sous l’eau.

        — Qu’est-ce qui se passe ic… ? OH MON DIEU ! VERITY !! cria Madame River.

        — Vite Jonathan, appelle les Urgences ! ordonna-t-elle à son fils.

        Les blouses blanches défilaient dans les couloirs. On pouvait entendre des cris de patients en souffrance depuis la salle d’attente. Une odeur qui ne trahissait pas flottait dans l’air, l’odeur de la peur, de l’inquiétude, de l’angoisse, de la souffrance, mais aussi de la mort. L’attente se faisait de plus en plus insupportable. Au loin, on entendait un bébé pleurer. De temps en temps ils voyaient des ambulances arriver et des docteurs accourir et traverser l’hôpital sans perdre de temps car souvent se trouvaient sur les brancards des personnes grièvement blessées ou à l’agonie.

       Tandis que madame River et Teddy patientaient dans la salle d’attente, Jonathan partit en vadrouille à la découverte de l’hôpital. Il se dirigea du côté des salles d’opération. Le jeune garçon aimait beaucoup les sensations fortes, mais il était loin de s’imaginer ce qu’il allait voir en visitant cette partie de l’hôpital. Il marchait d’un pas décidé en direction d’une salle d’opération, sans savoir ce qui l’attendait de l’autre côté de la porte. Il pensait qu’il allait voir un homme dans l’agonie, ou quelqu’un crier ou pleurer de douleur. Arrivé en face de la salle d’opération, il resta figé devant la porte. Il venait d’apercevoir un enfant couché sur la table. L’enfant était relié à plusieurs tuyaux et il avait le thorax à moitié ouvert. Le chirurgien était couvert de sang et tenait le cœur de cet enfant entre ses mains. Lorsque le chirurgien se déplaça légèrement, Jonathan remarqua qu’il y avait beaucoup de sang qui coulait de partout. Il se figea à la vue de tout ce sang sortant de ce petit corps, et du cœur qui battait encore entre les mains du chirurgien. Ses yeux restèrent fixés sur l’enfant qui était très pâle. Jonathan paraissait paralysé, il n’arrivait plus à bouger. Soudain un des chirurgiens remarqua le spectateur inattendu qui les observait, et demanda à l’une des infirmières de ramener l’enfant auprès de ses parents.

        L’infirmière tenta de parler avec Jonathan, mais l’enfant ne paraissait pas entendre. Il continuait à fixer ce petit corps étendu sur la table, dans cette salle aux lumières froides et aux murs aux couleurs tristes. Alors que l’infirmière tentait de l’éloigner de cette salle, Jonathan eut un haut-le-cœur. N’ayant pas eu le temps de l’emmener aux toilettes à temps, il en mit partout sur ses vêtements. L’infirmière emmena donc Jonathan dans une petite pièce dans laquelle elle chercha un pyjama d’hôpital à la taille du jeune garçon afin qu’il puisse enlever ses vêtements sales. Dès qu’il se fût changé, l’infirmière invita Jonathan à boire un chocolat chaud à la cafeteria de l’hôpital. Elle devinait que l’enfant avait été choqué par les images qu’il venait de voir dans la salle d’opération et il fallait qu’il oublie au plus vite pour pas qu’il soit traumatisé à vie. Elle décida de le distraire afin qu’il n’y pense plus. Lorsqu’il finit sa boisson chaude, la gentille infirmière prit le jeune garçon par la main et l’aida à chercher sa famille. Elle lui posa beaucoup de questions sur lui, sur sa famille, sur ce qu’il aimait faire, tout dans le but de l’empêcher de repenser à ce qu’il avait vu. Quelques minutes plus tard, l’infirmière vint s’entretenir avec madame River qui, à bout de forces, commençait à perdre patience. Elle attendait des nouvelles de sa fille Verity depuis des heures, mais personne encore n’était venu l’informer sur son état de santé. L’infirmière proposa alors d’emmener les enfants à la garderie de l’hôpital car elle disposait de lits et d’une salle de jeux où les enfants allaient pouvoir se distraire pendant que leur mère attendait des nouvelles de sa fille cadette.

       Quelques heures plus tard, les enfants revinrent aux côtés de leur mère. Teddy commençait à être fatiguée et s’endormit assez rapidement la tête appuyée sur les genoux de sa mère. En un geste machinal, madame River caressait les cheveux de sa fille. Madame River attendait l’arrivée de son mari pour qu’il prenne le relais avec les enfants. Elle avait demandé au docteur pour passer la nuit auprès de sa fille. Son mari, de retour de son boulot, vint chercher les deux aînés à l’hôpital. À l’arrivée de monsieur River, les enfants se réveillèrent. En ouvrant les yeux, Teddy ne se rappelait plus où elle était. En voyant son père, Jonathan se leva d’un bond et se dirigea sans un mot vers la sortie. Pendant que monsieur River allait à la rencontre du docteur qui s’occupait de sa fille, madame River aidait Teddy qui n’arrivait pas à mettre son gilet. Teddy appela son frère avec ses affaires en main, pour qu’il revienne les chercher. Comme à son habitude, le grand frère ignora complètement sa sœur.

        – Que s’est-il passé ? demanda monsieur River aux enfants, en attendant des nouvelles du docteur.

        — On était en train de jouer à cache-cache, répondit Teddy les larmes aux yeux.

        – Ça faisait combien de temps qu’elle se trouvait dans… la baignoire ? demanda la mère, tout en séchant les larmes qui coulaient sur les joues de sa fille. C’était très dur pour madame River de ne pas montrer sa peine et son angoisse devant ses enfants, mais elle ne voulait pas les effrayer plus qu’ils ne l’étaient déjà. Elle préférait d’abord avoir des informations plus détaillées sur l’état de santé de sa fille cadette avant d’annoncer quoi que ce soit à ses deux aînés.

        — Je parie que ça faisait des heures, répliqua Jonathan sur un ton méprisant, Teddy est tellement nulle à ce jeu !   

        Jonathan avait 14 ans. Il profitait de sa taille et de sa force pour malmener ses sœurs. Il avait toujours ressenti de l’antipathie envers elles. Ses parents l’avaient traité comme un roi jusqu’à la naissance de ses sœurs. À partir de ce moment, les tâches les plus lourdes et les plus difficiles lui furent attribuées parce que c’était le frère aîné. Depuis l’âge de 10 ans, son père l’emmenait avec lui pour travailler dans les champs. Même si ses sœurs ne lui avaient jamais rien fait, il était toujours odieux avec elles. Il les considérait comme des intruses. Ses parents ne comprenaient pas pourquoi il était si cassant avec elles, alors que les filles faisaient toujours tout pour lui faire plaisir. Elles étaient très gentilles avec lui dans l’espoir qu’un jour il finisse par les accepter, mais rien n’était jamais assez bien pour lui.

        Madame River était mère au foyer. Elle aimait ses enfants plus que tout au Monde, plus que sa propre vie. Elle décida d’arrêter de travailler aux champs en tombant enceinte de son premier fils qu’elle perdit quelques mois plus tard. Elle souhaitait se consacrer complètement à ses enfants et à sa famille. Elle voulait qu’ils ne manquent jamais de rien et pouvoir leur donner tout l’amour possible et tout ce qu’elle était en mesure de leur offrir.

        — Ça suffit Jonathan ! Ce n’est pas le moment ! cria la mère exaspérée. Si tu continues à être aussi odieux avec ta sœur, tu seras puni. Ne penses-tu pas que Teddy se sent déjà assez mal comme ça ? Pourquoi dois-tu toujours l’enfoncer avec des réflexions aussi méchantes ?

         — M’en fiche ! Elle n’a que ce qu’elle mérite. La prochaine fois elle n’aura qu’à mieux surveiller Verity, dit-il en colère. Encore une fois, il avait l’impression d’être le mal aimé, sa mère prenait de nouveau la défense de sa sœur.

        Une fois de plus Jonathan ressentait de la rancœur envers ses sœurs. Il allait de nouveau être puni injustement à cause d’elles. Pourquoi fallait-il que ses parents leur trouvent toujours des excuses ? Le jeune garçon ne se rendait pas compte que la façon d’agir des parents était tout à fait normale, il se sentait toujours persécuté. Ses parents le punissaient pour son insolence et pour son manque de respect envers les autres et parce qu’il se comportait toujours très mal avec ses sœurs. 

        Teddy avait toujours protégé sa petite sœur car elle l’aimait comme si elle était sa propre mère. Madame River pouvait toujours compter sur l’aide de sa fille aînée pour s’occuper de sa cadette, et ça depuis le tout premier jour lors de la venue au monde de Verity. Teddy considérait sa petite sœur comme le plus beau cadeau qu’elle n’ait jamais reçu. En revanche, Jonathan avait toujours tout fait pour rabaisser ses sœurs aux yeux de leurs parents. Il ne ressentait pas la moindre tristesse du fait que sa plus jeune sœur soit entre la vie et la mort. Ses parents avaient tout fait pour faire comprendre à Jonathan qu’ils l’aimaient tout autant que ses sœurs, mais ce qu’il voulait lui c’était être le seul, l’unique dans leur cœur de ses parents, comme avant la naissance de Teddy et Verity.

        La jalousie de Jonathan empira lorsque Verity sortit de l’hôpital. Leurs parents n’arrêtaient pas de dorloter la petite fille, de prendre soin d’elle et de la gâter comme si c’était tous les jours son anniversaire. Quand le père travaillait dans les champs, c’était la mère qui s’occupait d’elle, elle ne la perdait pas de vue. Lorsque la mère faisait la cuisine ou qu’elle était occupée ailleurs, ou bien encore qu’elle était fatiguée et qu’elle voulait se reposer, c’était le père qui prenait le relais. Mais, lorsque ni l’un ni l’autre ne pouvaient être au chevet de Verity, Teddy s’en chargeait. Elle aimait beaucoup passer du temps avec sa sœur.

        Verity avait du mal à rester sur place alors qu’elle voyait les autres s’activer autour d’elle, mais puisqu’elle ne pouvait pas bouger de son lit, elle profitait de chaque moment qu’elle passait avec les différents membres de sa famille. Ce qu’elle aimait par-dessus tout c’était quand sa mère s’asseyait sur le fauteuil à côté de son lit et qu’elle faisait du tricot pendant qu’elle dormait. Et, dès qu’elle se réveillait, sa mère lui parlait d’une voix doucereuse, elle lui racontait les histoires de son enfance, elle lui décrivait comment elle était et les jeux auxquels elle aimait jouer avec ses frères et sœurs. Quand c’était au tour de son père de la surveiller, la plupart du temps elle dormait. Le moment où elle s’amusait le plus, c’était quand Teddy venait lui lire son livre préféré, lui raconter sa journée, ou qu’elles jouaient aux cartes. Teddy faisait toujours tout pour faire rire sa petite sœur. Verity aimait tous les moments passés avec chacun d’entre eux car ils avaient tous leur façon particulière de prouver leur amour, excepté son frère. Jonathan détestait de plus en plus ses deux sœurs, il imaginait dans sa tête une vengeance. Il se sentait de plus en plus mis de côté. Ses deux sœurs avaient toujours été la cause de son plus profond mal-être.

        Avec le temps, le comportement du grand frère empira. Il commença à devenir violent, il traitait ses sœurs comme des larbins. Quand leurs parents n’étaient pas à la maison, il les forçait à ranger sa chambre, à cirer ses chaussures du dimanche ou encore à nettoyer les bottes qu’il mettait pour travailler dans les champs. Dès qu’il le pouvait, il les obligeait à faire toutes ses corvées à sa place, et quand elles finissaient, elles devaient dire à haute voix : Jonathan est un homme, on lui doit le respect. Verity se demandait souvent pourquoi elles devaient faire toutes les corvées de leur frère en plus des leurs, alors que leur père ne leur avait jamais demandé de telles choses, c’était un homme qui était toujours très attentionné avec ses deux filles. Lorsque Verity questionnait Teddy à ce propos, la seule réponse qu’elle recevait de sa sœur était de faire ce que Jonathan demandait, de lui obéir autrement il risquait de leur faire du mal. Teddy avait très peur de son frère, elle avait surtout peur qu’il fasse du mal à Verity. La grande sœur ne s’inquiétait jamais pour elle-même, Verity passait toujours avant son bien-être à elle. Après l’accident, Verity développa une certaine phobie de l’eau. Elle pouvait prendre des douches, boire de l’eau, se laver les mains, mais quand il s’agissait des profondeurs, elle prenait peur et ne s’y risquait pas. Alors que ses frères se baignaient dans la rivière les jours de fortes chaleurs, Verity restait dans son coin à les regarder. Ce jour-là, en sortant de l’eau, Teddy courut en direction du mur où se trouvait le tuyau d’arrosage, ouvrit le robinet et courut vers Verity avec le tuyau en main prête à arroser sa sœur afin de la rafraîchir un peu. Elles coururent l’une vers l’autre en essayant de s’arroser mutuellement. Les deux sœurs n’arrêtaient pas de rire tout en jouant avec l’eau. Teddy aimait voir sa sœur rire de bon cœur. Toutes les deux avaient une complicité que leur frère jalousait. 

        À l’âge de 18 ans, Jonathan décida de quitter la maison. Il savait que cela allait faire beaucoup de peine à ses parents, et pour lui c’était la meilleure façon de leur faire payer le fait de s’être toujours senti rejeté par eux. Il voulait se venger de ses parents pour l’avoir toujours mis de côté et pour l’amour qu’ils ne lui avaient pas donné, ou plutôt pour l’amour qu’ils avaient donné à ses sœurs plutôt qu’a lui. Il voulait que ses parents se sentent aussi mal que lui s’était senti depuis la venue au monde de ses jeunes sœurs. Ainsi il décida de partir sans prévenir. Il partit le lendemain de son anniversaire sans aucun mot d’explication, il n’a rien laissé qui puisse permettre à ses parents de le retrouver. Personne ne savait où il était parti, ni s’il allait revenir un jour. Il avait pris tous ses vêtements et affaires dont il allait avoir besoin et partit sans se retourner. Ce départ il l’avait prévu depuis des années. Il voulait s’éloigner de cette ville, de cette vie qu’il n’aimait pas et où il ne s’était jamais senti à sa place.

        Après le départ de Jonathan, les filles se proposèrent d’aider aux champs et à la maison pour alléger le travail de leurs parents. Comme Verity était encore trop jeune, sa mère refusa qu’elle aille travailler aux champs, ce fût donc Teddy qui dût se réveiller tous les matins aux aurores. Cela ne la dérangeait pas tellement car elle se sentait soulagée de ne plus avoir la menace permanente de son frère. Verity savait que le travail dans les champs était très dur, mais depuis toute petite elle s’était sentie attirée par la terre, la nature et les animaux. Elle avait hâte de grandir pour pouvoir elle aussi aider son père dans les champs, mais comme elle n’avait pas encore l’âge de travailler aussi dur, elle faisait tout pour rendre la vie de Teddy plus facile, et pour qu’après sa longue journée de travail Teddy puisse se reposer un peu, elle se rendait utile en faisant les tâches ménagères à la place de sa sœur. Teddy avait beau lui dire qu’elle avait encore des forces pour s’occuper de ses corvées, Verity n’en croyait pas un mot, elle voyait bien que sa sœur mentait, les traits de son visage la trahissaient, son visage était marqué par la fatigue.

        À chaque anniversaire, Verity demandait à sa mère si elle était déjà assez âgée pour aller travailler avec son père. Cela ne faisait pas plaisir à madame River d’admettre que ses filles grandissaient, mais c’était pourtant le cas. Depuis le départ de son fils aîné, le temps paraissait lui échapper, elle avait l’impression que le temps lui glissait entre les doigts qu’elle n’avait aucun contrôle sur rien, elle se sentait impuissante. Elle aurait voulu garder ses enfants auprès d’elle pour toujours, mais elle savait qu’un jour elle se retrouverait seule, sans eux, chacune partirait vivre sa vie de son côté.

        À l’adolescence, Teddy n’était pas comme les autres filles de son âge, elle avait gardé une très mauvaise image des garçons à cause de son frère, ce qui faisait qu’elle ne s’intéressait pas du tout à la gent masculine, contrairement à ses amies. Elle se disait que le seul homme qu’elle aimerait jusqu’à la fin de sa vie, c’était son père chéri. Pour elle, mis à part son père, tous les autres hommes étaient comme son frère. Elle se sentait incapable de donner de l’amour à un être aussi abject que Jonathan, et se disait mieux sans hommes. Alors que les filles de son âge passaient leur temps à séduire et à se faire draguer par des jeunes hommes, elle, elle préférait occuper son temps à d’autres activités plus lucratives.

        Verity et Teddy avaient toujours connu leur père avec des cheveux grisonnants, une barbe épaisse et très douce au toucher. Elles s’étaient toujours senties en sécurité auprès de lui. Elles avaient l’impression que rien ne pouvait leur arriver lorsqu’elles se trouvaient en sa présence, elles se sentaient à l’abri et protégées de tout. De par sa taille, monsieur River était très imposant et savait se faire respecter. Monsieur et madame River étaient toujours amoureux comme au premier jour de leur rencontre. La famille de madame River s’était installée à côté de chez les River et dès leur arrivée ils allèrent directement se présenter chez leurs nouveaux voisins. C’est là que le jeune River qui n’avait alors que quatorze ans, fit la connaissance de celle qui devint quelques années plus tard, son épouse, qui au moment de leur première rencontre n’avait que douze ans.

        Quand Teddy atteignit à son tour la majorité, ses parents lui firent comprendre qu’elle n’était pas forcée de quitter la maison familiale. Ils précisèrent que si elle voulait partir, ils ne l’en empêcheraient pas, mais si elle décidait de rester, elle serait toujours chez elle dans la maison familiale. Monsieur et madame River gardèrent le silence, ils ne voulaient pas que leur fille soit influencée par eux, ils préféraient que Teddy prenne sa décision toute seule, sans tenir compte de ce qu’ils pensaient à ce sujet. Bien sûr, madame River préférerait que ses filles restent avec eux toutes leurs vies, mais elle ne voulait pas qu’elles prennent une décision seulement par rapport aux sentiments de ses parents, elles seraient capables de faire n’importe quoi pour éviter de leur faire de la peine. Les deux sœurs étaient conscientes de la peine qu’avait causée le départ de leur frère et ne voulaient pas que leurs parents revivent une nouvelle fois cet épisode. Verity ne voulait pas que sa sœur les quitte, Teddy et elle étaient les meilleures amies du monde, elles n’avaient jamais été séparées. Vu que pour le moment Teddy n’avait aucune envie de vivre ailleurs, elle décida donc de rester chez ses parents encore quelque temps. Un jour, en revenant des champs, Verity trouva sur la route un oiseau blessé. Elle s’approcha tout doucement de lui pour éviter de l’effrayer, le prit entre ses mains et l’emmena à la maison. L’oiseau avait une aile qui saignait ce qui l’empêchait de voler. Si elle l’avait laissé là, le petit oiseau aurait pu se faire attraper par un chat qui rôdait toujours dans le coin. Verity prit soin de lui jour et nuit comme s’il s’agissait de son enfant. Elle lui nettoya la plaie, lui banda l’aile blessée, lui donna à manger et à boire et lui construit un petit nid douillet. Un mois plus tard, après s’être assurée que l’oiseau allait mieux et qu’elle fut sûre qu’il pourrait s’envoler, Verity décida de le relâcher pour lui rendre sa liberté. Elle le sortit de son nid, le prit dans ses mains, s’éloigna un peu de la maison et s’arrêta en plein milieu d’un champ. Elle murmura quelques mots d’encouragement au petit volatile et ouvrit les mains pour laisser l’oiseau s’envoler. L’oiseau resta immobile quelques instants, le regard dirigé vers Verity, son sauveur, comme s’il essayait de la remercier à travers un regard profond, plein de tendresse. C’était comme si le temps s’était arrêté. Quelques instants plus tard, l’oiseau se rapprocha du bord des doigts et s’envola. En voyant l’oiseau voler comme s’il n’avait jamais été blessé, Verity eut un sentiment très fort de bien-être. Cette sensation fut si agréable qu’elle eût très envie de la revivre. À partir de ce jour, elle sut qu’elle était vouée à ça, elle décida donc de consacrer sa vie aux animaux.

        Quelques années plus tard, ce fut au tour de Verity d’atteindre l’âge adulte. Elle décida de rester dans la maison familiale jusqu’au moment où elle pourrait subvenir à ses besoins sans l’aide de ses parents. Un beau jour, elle alla en ville faire quelques courses et en passant devant le « Centre animalier » de la ville, elle eut l’idée d’offrir son aide en tant que bénévole pour travailler auprès des animaux abandonnés. Elle était très excitée par cette idée, ça ne la dérangeait pas de travailler gratuitement, elle se disait qu’elle allait gagner en expérience et qu’ainsi un jour elle pourrait peut-être vivre de ça. En revenant à la maison, Teddy trouva sa sœur en larmes. Le directeur du « Centre animalier » n’avait pas accepté de l’engager comme bénévole car selon lui elle était trop jeune et inexpérimentée, et qu’il n’avait pas le temps de la former. Verity était désespérée, son plus profond désir venait de tomber à l’eau, car la seule chose qui aurait pu la rapprocher de son rêve venait tout juste de lui fermer la porte au nez. Teddy tenta de la consoler comme elle put, mais sans résultat, sa sœur restait inconsolable. Les semaines passèrent mais Verity continuait à broyer du noir. Ses parents, très inquiets de la voir ainsi, passèrent de longues nuits à discuter sur ce qu’il y avait de mieux à faire pour qu’elle aille mieux. Finalement ils décidèrent de lui payer des cours afin qu’elle puisse acquérir de l’expérience en soins animaliers et ainsi obtenir un diplôme. Avant d’annoncer la nouvelle à Verity, ils en parlèrent avec Teddy pour savoir si elle serait capable de s’occuper des tâches ménagères de sa sœur en plus des siennes, et aussi d’aider son père aux champs juste le temps de trouver quelqu’un d’autre. Ils savaient qu’ils allaient devoir se priver de beaucoup de choses en payant quelqu’un d’extérieur pour faire ce travail, mais ils étaient d’accord pour donner un coup de pouce à l’avenir de la cadette afin qu’elle puisse donner vie à son rêve. Teddy admirait Verity car elle avait trouvé un but dans la vie, contrairement à elle qui ne savait pas encore ce qu’elle allait faire de sa vie. Elle n’avait aucun intérêt particulier, rien qui lui donne envie de se battre. Au début de l’année scolaire, Verity partit s’installer à proximité du village pour être plus près de l’école dans laquelle elle allait suivre les cours. Elle était très heureuse de pouvoir partir étudier, mais en même temps elle avait un peu peur de cette séparation avec sa famille, c’était la première fois qu’elle partait toute seule. Pour Teddy aussi cette séparation allait être très dure car même si elle restait avec ses parents, sa petite sœur était tout pour elle et ce départ allait faire un grand vide dans sa vie.

        Verity voulut profiter des vacances de Noël qu’elle allait passer chez ses parents, pour leur présenter Charlie. Elle voulait leur expliquer comment l’amitié qu’elle entretenait avec Charlie s’était, avec le temps, transformée en amour. Elle voulait aussi leur dire qu’elle ne reviendrait pas habiter à la maison familiale après la fin des cours car elle avait prévu de s’installer en ville. Elle voulait avant tout en parler avec sa sœur, Teddy allait peut-être l’aider pour l’annoncer aux parents.

        Noël avait toujours été une fête très importante pour les River. Pour cette occasion, ils se réunissaient toujours à la maison familiale. Ils aimaient passer les fêtes de Noël ensemble comme au bon vieux temps. Après avoir dégusté un délicieux repas de Noël préparé avec amour par madame River, ils se mettaient tous au coin du feu pour prendre le dessert et parler du passé, du présent et de l’avenir, pour se remémorer des souvenirs heureux, ou pour parler de leurs rêves. Madame River gardait toujours l’espoir de voir son fils aîné revenir pour les vacances. Depuis qu’il était parti, il n’avait pas donné signe de vie, personne dans le village ne l’avait vu depuis le jour de son départ. Personne ne savait où il était, ni s’il était encore en vie.

        En chemin vers la maison de ses parents, Verity se demandait comment sa famille allait réagir en apprenant la nouvelle. Elle savait que même s’ils le prenaient bien, elle leur causerait de la peine, surtout à sa mère, son bonheur dépendait de ses filles, les avoir auprès d’elle c’était son plus grand bonheur. Elle était très contente à la pensée de les revoir tous. Elle avait senti un manque immense en étant loin des gens qu’elle aimait. En regardant au loin elle aperçut la maison de son enfance. Plein de souvenirs refirent surface. Dans cette maison elle avait fait ses premiers pas, elle avait prononcé ses premiers mots, elle avait vécu plein d’aventures avec sa sœur et son frère. Elle y avait vécu tant de bons moments, des mauvais aussi, mais elle préférait ne se rappeler que des bons. Au plus elle s’approchait de la maison, au plus son cœur s’accélérait. Plein de souvenirs se bousculaient dans sa tête. En sonnant à la porte, Verity fut étonnée de voir un inconnu l’accueillir.

        – Bonjour ! dit-elle. Elle se demandait qui était cet homme qui se trouvait dans la maison de ses parents. Leur était-il arrivé quelque chose, ou bien auraient-ils vendu la maison sans la prévenir ?

        En voyant le visage interloqué de la jeune femme, l’inconnu devina qu’il s’agissait là de la fille cadette de la maison.

        – Mademoiselle Verity, je présume ? dit-il.

        – Puis-je vous demander qui vous êtes monsieur, et ce que vous faites dans la maison de mes parents ? demanda Verity, étonnée que cet inconnu connaisse son identité.

        — Je suis Georges Stone, un ami de la famille, répondit l’inconnu.

        — Ah ! Bon… Bonjour ! Je suis Verity River, dit-elle qu’à moitié soulagée.

        — Je suis content de vous connaître, enfin. Teddy m’a beaucoup parlé de vous. Elle m’a aussi montré des photos de vous quand vous étiez enfant, sur un cheval, dit-il. Vous n’avez pas beaucoup changé.

        Elle ne savait pas qui était cet homme, elle le voyait pour la toute première fois. Serait-ce un nouvel ami de Teddy ? C’était un bel homme. Son parfum lui rappelait les vacances de son enfance avec son père. Ils avaient l’habitude de passer quelques jours en forêt dans une cabane qui se trouvait au bord d’un lac. C’était une toute petite cabane en bois que leur père avait construite quelques années avant leur naissance. Le père les emmenait là-bas pour leur apprendre la vie dans les bois, du moins c’est ce qu’il disait aux enfants. La vérité était que c’était le seul moment de l’année où leur mère pouvait souffler un peu, se reposer, s’occuper d’elle-même au lieu de penser toujours aux autres. Verity en avait gardé un très bon souvenir.

        — Ahhh ! Je vois que vous avez déjà fait connaissance, dit Teddy en descendant les escaliers et en voyant sa jeune sœur parler avec son ami. George, je te présente ma petite sœur chérie, dit-elle tout en prenant Verity dans ses bras.

        — Oui, nous avons déjà fait connaissance, répliqua Verity lentement, étonnée de voir sa sœur si gaie.

        — J’ai rencontré George pendant nos vacances à Paris, avec maman. George était le chauffeur de limousine qui nous avait été attribué pour nous faire visiter la ville, dit Teddy.

        — Maman est venue avec toi finalement ? Je pensais qu’elle voulait partir ailleurs, dans un endroit plus exotique, répondit Verity sur un ton moqueur. 

        — Oui, je sais. Ça m’a étonnée au moins autant que toi. Au fait, qu’est-ce que tu fais là ? Nous pensions que tu arrivais dans deux jours.

        — Ça ne te fait pas plaisir de revoir ta petite sœur ? C’est comme ça qu’on accueille les invités chez toi ? Répondit la jeune sœur tout en faisant une moue.

        — Bien sûr que ça me fait plaisir, tu ne peux pas imaginer à quel point. Mais, toi tu n’es pas une invitée, tu es ici chez toi, répliqua Teddy.

        — Je suis venue vous voir et vous annoncer une nouvelle, dit Verity en baissant le ton de sa voix. 

        – Une nouvelle ? demanda Teddy, intriguée. Attends, je vais appeler maman alors.

        — En fait, je voulais te voir toute seule avant, dit Verity en attrapant sa sœur par le bras.

        – Voulez-vous que je sorte ? demanda George en s’approchant de la porte du jardin.

        — Non ! Ce n’est pas la peine, George, vous pouvez rester. En faite, Teddy, je voulais te voir d’abord pour que tu me conseilles sur la façon d’annoncer la nouvelle aux parents.

        — Mais quelle est donc cette nouvelle qui te met dans cet état ? Est-ce que cela risque de provoquer une attaque à Papa ou Maman ? demanda Teddy, inquiète.

        — Non, je ne pense pas. Enfin… j’espère que non ! dit-elle, soudain angoissée.

        — Alors, dis-moi quelle est cette horrible nouvelle qui risque de tuer nos parents, dit Teddy sur le ton de la moquerie.

        — C’est une bonne nouvelle, pour moi du moins. Et je voudrais aussi que tu me rendes un service, si tu es d’accord.

        – Alors, tu vas nous l’annoncer avant Noël ta nouvelle ? demanda Teddy, impatiente de savoir ce qui pouvait rendre sa sœur si nerveuse.

        — J’ai un entretien pour un boulot, dit-elle enfin.

        – Un boulot ? demanda Teddy, étonnée. C’est ça ton horrible nouvelle ? Ils vont plutôt être très heureux les parents.

        — Oui, mais ce n’est pas n’importe quel boulot. J’ai un entretien avec le directeur du Centre animalier, répondit Verity fièrement.

        — C’est vrai ? Félicitations ! Je suis très heureuse pour toi.

        — Attends attends ! Je n’ai pas encore le boulot.

        — Oui c’est vrai, mais c’est un pas de plus par rapport aux autres fois où tu t’étais présentée, répliqua Teddy, pleine d’espoir.

        — Je sais. J’ai quand même peur qu’ils refusent de me prendre encore une fois, je ne pourrais pas supporter un autre refus.

        — Arrête d’être aussi négative ! Il ne faut pas que ta peur du refus te fasse gâcher cette chance, dit Teddy en serrant fort la main de sa sœur.

        Verity savait que sa sœur avait raison, mais cette chance de travailler dans ce Centre était très importante pour elle, ce qui la stressait beaucoup.

        — Il faut que tu te fasses un peu plus confiance Verity, moi j’ai toujours cru en toi. Bon, passons à autre chose maintenant ! Quelle est cette faveur dont tu m’as parlé ? demanda Teddy en pensant changer de sujet pour que sa sœur se calme.

        — Pourrais-tu garder Pacha pendant que je vais en ville pour mon entretien ? Je ne peux pas me présenter à ce rendez-vous avec mon chien, ça ne ferait pas sérieux.

        Pacha était le petit chien de Verity. C’était un cadeau qui lui venait de ses parents, elle l’avait reçu le jour de son anniversaire. Verity avait toujours voulu avoir un chien rien qu’à elle. Elle n’arrêtait pas de dire à qui voulait bien l’entendre que son chien était le plus beau cadeau qu’elle ait jamais reçu. Pacha était un jeune chien de petite taille et de race inconnue qui

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