Dans les mailles du filet

Erwan est assis, raide, les lèvres serrées, le regard fixe, sur le banc des accusés.

Lorsque les magistrats, après avoir délibéré, pénètrent dans le prétoire, il se lève comme mû par un ressort.

Il serait difficile de dire, à ce moment précis, ce qu’il ressent. Toutefois, lorsqu’il se rassoit, on distingue un léger tremblement de son menton. Et, dans ses yeux fixés sur un point indéfini au-dessus de la tête du procureur, se lit la peur.

Dans le silence, la sentence tombe, sévère. Une peine de dix ans est prononcée contre le jeune homme accusé de proxénétisme avec comme circonstance aggravante la minorité de la victime. A l’énoncé du verdict, Erwan serre les poings. Il se tourne vers son avocat commis d’office, mais l’homme en qui il plaçait ses derniers espoirs demeure impassible.

Le prétoire s’est vidé. Erwan a réintégré la cellule qu’il occupe depuis le jour où il a été placé en détention préventive à la suite de la dénonciation inattendue d’un homme qu’il ne connaissait même pas.

Tout avait commencé un an auparavant. Stéphanie aimait « tchater » sur le téléphone portable que lui avait offert son père pour ses 15 ans. Ce père, elle le connaissait à peine. Il s’était séparé de sa mère bien avant sa naissance, au tout début de la grossesse de celle qu’il avait séduite dans un camping où elle séjournait pour de brèves vacances. Don Juan invétéré à la personnalité instable, il avait pourtant reconnu l’enfant à la naissance, cédant à l’injonction pressante de ses parents.

Il avait refait sa vie et s’était installé dans le sud de la France. Il travaillait dans un garage. Sa nouvelle compagne lui avait donné deux enfants dont il était incapable de s’occuper. La petite famille vivotait sur son seul salaire, tirant le plus souvent le diable par la queue. Stéphanie ne l’avait rencontré qu’à deux reprises. Une première fois, lorsqu’elle était tombée gravement malade, à l’âge de 5 ans. L’enfant,