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Le bonheur au bout du chemin: Tome 1 Laure
Le bonheur au bout du chemin: Tome 1 Laure
Le bonheur au bout du chemin: Tome 1 Laure
Livre électronique345 pages4 heures

Le bonheur au bout du chemin: Tome 1 Laure

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À propos de ce livre électronique

Ce récit est l'histoire de Laure, une jolie petite fille née dans le nord de la France en mille neuf cent soixante deux, dans une famille compliquée. Elle aura une destinée peu ordinaire, à la fois riche et heureuse, mais aussi parfois triste et malheureuse. Elle saura se battre et réussir malgré une enfance difficile. Elle arrivera à se faire aimer et apprécier de tous, sauf de sa mère, qu'elle aime tant. Heureusement, le refus de la fatalité lui apportera une force de caractère extraordinaire. L'amitié et l'amour la sortiront d'un quotidien pénible et même parfois dangereux... Laure subira beaucoup de violence. Elle vivra dans la détresse et la peur permanente. Pour s'en sortir, elle fuira la violence et l'hostilité de sa mère. Son destin lui permettra aussi de vivre des moments merveilleux et de faire des rencontres surprenantes.
LangueFrançais
Date de sortie17 mai 2019
ISBN9782322167968
Le bonheur au bout du chemin: Tome 1 Laure
Auteur

Sylvie Tournay

Bibliothécaire pendant 20 ans, cadre universitaire ensuite, élue municipale et communautaire, maman de 4 enfants et mamie de 5 petits enfants, Sylvie Tournay se donna à sa passion : l'écriture à l'âge de 50 ans. L'écriture d'une trilogie, suivi d'un roman policier, puis de 2 thrillers la comblent de bonheur.

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    Aperçu du livre

    Le bonheur au bout du chemin - Sylvie Tournay

    Je dédie ce Roman :

    à mes enfants : Sophie, Stéphanie, Nicolas et Fabien

    pour qui j'ai écrit cette trilogie,

    à mes petits-enfants : Mathéo, Safia, Dorian et Elias

    à Stéphan : pour ta présence et ton soutien.

    "La famille est la valeur la plus importante à mes yeux.

    C'est la seule chose dans notre vie

    que nous ne pouvons pas remplacer..."

    Sommaire

    Chapitre I : La naissance

    Chapitre II : Le retour de la maternité

    Chapitre III : Premier Noël

    Chapitre IV : Première année

    Chapitre V : Le déménagement et ses grands changements

    Chapitre VI : L'entrée en primaire

    Chapitre VII : Le deuxième déménagement

    Chapitre VIII : L'entrée en sixième

    Chapitre IX : L'entrée en quatrième

    Chapitre X : L'entrée en seconde

    Chapitre XI : Le grand départ

    Chapitre XII : Le retour aux sources

    Chapitre XIII : Le grand virage

    Chapitre I

    La naissance

    Un beau matin de juillet 1962, Louis et Léa arrivèrent à la maternité de le Quesnoy (petite ville fortifiée du Quercitain). Un vent frais les rafraîchissait par cette forte chaleur malgré l'heure matinale. Léa paraissait particulièrement énervée alors que Louis était très calme et faisait de son mieux pour rassurer sa femme. Dès leur arrivée dans le hall de la maternité, une sage-femme les prit en charge. Après avoir traversé de longs couloirs blancs, ils débouchèrent sur une grande salle blanche, avec de jolis meubles en bois. Les grandes fenêtres laissaient entrer un courant d'air frais que Léa apprécia tout de suite. La sage-femme l'invita à s'asseoir sur une banquette en bois rendue confortable grâce aux coussins sur lesquels on pouvait s'appuyer.

    Au bout de quelques minutes, une autre sage-femme entra dans la pièce, regarda Léa et lui demanda comment elle allait. Léa la fusilla du regard et lui répondit :

    − À votre avis ! Et elle se mit à pleurer…

    La sage-femme la connaissait bien pour l'avoir suivie lors de sa grossesse. On pouvait deviner l’inquiétude sur son visage. Elle était jolie, plutôt grande, brune, mais au visage sévère. Elle ne paraissait pas heureuse de se trouver là. La sage-femme essaya à nouveau d'échanger doucement avec Léa. Louis ne disait rien. Il était juste présent, mais semblait tellement lointain.

    La sage-femme finit par les diriger vers une autre pièce où se trouvait un lit d'une personne aux draps impeccablement blancs et décoré avec un joli couvre-lit à petites fleurs. Deux autres personnes arrivèrent avec une bouteille d'eau et d’une chemise de nuit blanche. Depuis la chambre, on pouvait voir un petit cabinet de toilette où se trouvaient un lavabo et une douche. La sage-femme conseilla à Léa de se rafraîchir car la chaleur avait augmenté à la mesure du temps. Il allait déjà être midi. Léa bougonna mais prit une douche. Puis, elle enfila la chemise de nuit et s'assit sur le fauteuil près de la fenêtre. Elle était jolie et Louis la regardait sans relâche avec tellement d’amour dans les yeux. Elle semblait sereine. Pourtant, tout d'un coup, elle interpella la sage-femme brutalement :

    − J'espère que vous n'allez pas laisser traîner cet accouchement comme les précédents ? J'ai lu dans des revues qu'il existe des moyens de l'accélérer ! Je ne veux pas de ce bébé et je ne veux pas souffrir !

    Avant même que la sage-femme n'ait le temps de répondre, Louis prit son courage à deux mains et lui répondit d'une voix douce qu'elle ne souffrirait pas et qu'ils allaient avoir un magnifique bébé, qui ferait le plus grand bonheur de ses trois frères restés à la maison avec la sœur de Léa.

    Mais tout cela, Léa n'en avait rien à faire. Elle voulait accoucher de ce bébé non désiré et rentrer chez elle auprès de ses enfants.

    Léa était la cadette d'une famille de six enfants (cinq filles et un garçon). Très gâtée petite, elle avait gardé un caractère assez dur. Certains disaient qu'elle tenait cette particularité de son père. Un homme très grand, costaud, qui était, de ce qu'on entendait, très méchant. Léa (dernière de cette fratrie), avait plutôt été éduquée librement et avait été bien plus heureuse que son frère et ses sœurs. Marie (de dix-sept ans son aînée) l'avait élevée. Elle adorait Léa et lui passait tous ses caprices, même aux dépens des autres. Léa lui avait promis de bien se tenir et de bien suivre les recommandations des sages-femmes. Elle lui avait expliqué que les choses se passeraient plus facilement si elle écoutait bien. Ce que Léa avait compris et sur quoi elle s'était engagée.

    Marie savait pertinemment que ses conseils ne seraient pas suivis et que cet accouchement serait difficile.

    La sage-femme avait remarqué que Louis était paniqué à l'idée de cette naissance. Elle lui proposa de disposer d'un plateau-repas accompagné d'un café. Léa cria :

    − Hors de question ! Vos plateaux-repas sont trop chers ! Il mangera ce soir à la maison...

    Louis n'osa pas contrarier sa femme et refusa poliment. La sage-femme lui proposa alors de la suivre pour compléter et signer le dossier d'admission. Elle l'emmena dans un agréable bureau et l'invita à s'asseoir à la table. Elle l'aida à remplir le dossier rapidement et une dame entra avec un plateau-repas. La sage-femme lui dit que celui-ci lui était offert et qu'elle allait avoir besoin de lui en forme. Louis accepta, mais il avait le ventre noué et rien ne passa.

    Il était confus de contrarier la sage-femme si prévenante à son égard. Il devait repartir vite au chevet de Léa qui devait s'inquiéter de son absence. Effectivement, il l'entendit crier depuis le bout du couloir. Il devint livide, ses jambes se dérobèrent... Il savait qu'il allait passer une dure et longue journée. Léa le réprimanda. Il s’était absenté si longtemps !

    − C'est de ta faute si je suis là dans cet état ! Tu restes donc avec moi ! C'est tout de même incroyable qu'il faille te le dire ! Tu ne bouges plus de cette pièce !

    − Oui ma belle, je ne quitte plus cette pièce. Je reste à tes côtés… Dit-il prudemment.

    − Mais j'y compte bien ! Lui répondit-elle froidement.

    Louis l'aimait tellement sa Léa. Il ne comprenait pas pourquoi elle se comportait de la sorte avec lui. Il faisait tout pour la rendre heureuse, pour qu'elle vive dans le confort. Louis était courageux. Il travaillait à l'usine la journée, faisait le jardin pour que sa famille ne manque de rien et bricolait pendant son temps libre pour eux et les voisins. Il savait tout faire : peindre, tapisser, souder et travailler le bois. Il confectionnait des barrières en fer et des meubles en bois. Il avait eu l'idée de réaliser des boîtes aux lettres (pour les voisins) représentant leur habitation. Cela lui avait valu un sacré succès dont il était fier.

    Il avait fait de sa maison un petit coin de paradis. Il s'agissait en fait d'un baraquement en bois d'après-guerre. Mais Louis y avait ajouté un plancher. Il avait installé un feu à bois et avait réussi à faire arriver l'eau dans la cuisine. Le baraquement était composé de trois grandes pièces (une cuisine, une chambre pour les parents et une chambre pour les trois garçons). Il avait récupéré de vieux meubles et les avait customisés. Il avait cousu de jolis rideaux en velours rouge. Et surtout, il avait réalisé de ses propres mains un magnifique berceau à bascule en bois avec un joli volant de dentelle. Il souhaitait tant avoir une fille ! Ce serait son plus grand bonheur. Il y croyait de plus en plus au fur et à mesure que la date approchait.

    Léa refusa de manger, bien que la sage-femme lui ait bien expliqué que cela lui ferait le plus grand bien. Voyant que la future maman n'était pas de bonne humeur, elle décida de prévenir le médecin en chef qui redoutait son admission depuis quelques jours. Ce médecin avait mis au monde les trois garçons et pour le troisième, il avait constaté un très grand changement de personnalité chez Léa. Il le lui avait fait remarquer.

    Pour les deux premiers garçons, le personnel soignant avait accouché une jolie maman brune bouclée au sourire étincelant. Il avait même admiré le soin avec lequel, très vite, elle s'était occupée de ses enfants chéris. Alors qu'au troisième, elle avait été distante avec le bébé et très désagréable avec l'ensemble du personnel. Le médecin avait même fini par lui conseiller de rentrer chez elle auprès des siens. Le suivi de la grossesse pour ce quatrième bébé ne s'était pas mieux passé et il redoutait son arrivée et ce qui allait se passer lors de son séjour. Il avait surtout peur que ce soit un garçon et qu'elle refuse de s'en occuper. Une fille changerait sans doute son mécontentement d'avoir un quatrième enfant.

    Le médecin fit donc son entrée dans la chambre. Il s'empressa de lui demander comment elle se sentait. Elle lui fit la même réponse qu'à la sage-femme. Il comprit très vite que les choses allaient être difficiles.

    − Léa, lui dit-il Je peux vous appeler par votre prénom ?

    − Oui Docteur, si vous voulez…

    Il avait touché un point sensible. Il fut rassuré.

    − Je vais vous visiter pour voir où nous en sommes ? Vous êtes d'accord ?

    − Ai-je le choix ? Répondit-elle sur un ton peu courtois.

    − Oui je peux vous laisser vous reposer, et repasser plus tard…

    − Non-surtout pas ! Je vous ai dit que je voulais accoucher vite et être tranquille !!! Cria-t-elle sans se contrôler…

    − Léa. Vous savez bien qu'on doit laisser les choses se faire. Vous pouvez nous aider à ce que tout se passe bien en suivant nos conseils. C’est-à-dire bien respirer, accepter les contractions et vous détendre…

    − Vous en avez une bonne ! Vous avez déjà accouché peut-être ?

    − Non ! Mais je mets des bébés au monde chaque jour ! Et quand les mamans se maîtrisent, tout se passe pour le mieux ! Lui garantit-il fermement.

    − D'accord Docteur… je vais vous écouter… mais à quelle heure je vais accoucher ?

    − C'est ce que je vais regarder en vous visitant Léa, lui répondit-il plus calmement.

    − D'accord…

    Le docteur constata que le col ne s'ouvrait pas malgré les contractions qui pourtant lui arrachaient à chaque fois un cri de douleur. Son visage se crispait et le médecin comprit que celles-ci n'étaient pas assez rapprochées et que cela annonçait un accouchement long et douloureux.

    − Léa, je vais vous laisser vous reposer deux heures et à mon retour, je vous poserai une perfusion pour accélérer les contractions et faire avancer le travail plus rapidement. En attendant, votre mari vous massera les jambes et vous rafraîchira avec une serviette humide, lui expliqua-t-il doucement.

    Léa ne répondit pas, mais acquiesça d'un mouvement de la tête. Les deux heures passèrent très vite et le médecin arriva comme il l'avait promis.

    − Vous allez peut-être avoir de la chance, dit-il. Je n'ai que des filles depuis cette nuit.

    − Ce serait mon plus grand bonheur Docteur, répondit Louis.

    Léa ne dit rien. Elle regardait le médecin et la sage-femme préparer la perfusion. Pour elle, c'était le signe de la délivrance. Ce qu'elle souhaitait.

    Il était déjà dix-sept heures trente. Le col ne s'était ouvert que d'un centimètre en cinq heures. C'était une catastrophe pour Léa qui se mit à pleurer et à se plaindre qu'ils n'étaient pas à la hauteur et qu'ils ne la reverraient jamais plus !!! Le docteur l'interrogea :

    − Vous souhaitez d'autres enfants ?

    − Non, bien sûr… Répondit Léa gênée.

    Le docteur s'assit sur le lit en lui expliquant que ce produit détendrait le col plus vite. Pour lui, le travail s'accélérerait et pour vingt heures tout serait fini. Malheureusement, rien ne se passa comme prévu. À vingt heures, le col n'était ouvert que de trois centimètres. Le docteur proposa à Léa de remettre une nouvelle perfusion pour espérer que tout soit terminé vers vingt-trois heures. Celle-ci accepta cette proposition. Sa crainte était de passer la nuit dans cet état. Elle ne le supporterait pas. C'était au-dessus de ses forces.

    Vers vingt-deux heures, le docteur réapparut dans la chambre. Louis était assis dans le fauteuil et Léa s'était finalement endormie. Il la regardait avec passion. Il était si heureux de cette nouvelle naissance. Le docteur était attendri par Louis. Mais sa journée avait été lourde et longue. Six accouchements avaient eu lieu, dans la journée, uniquement des filles ! C'est pourquoi il espérait que Léa accouche dans la journée, par crainte que le jour suivant ne naissent que des garçons. Il proposa au futur papa de laisser dormir sa femme et de sonner la sage-femme dès son réveil. Louis, toujours calme et posé accepta.

    Le docteur savait que maintenant le bébé n'arriverait plus avant le petit jour.

    Louis s'était aussi endormi dans le fauteuil. L'arrivée de la sage-femme les réveilla tous les deux. Quelle heure est-il ? Combien de temps avaient-ils dormi ?

    − Mais que s'est-il passé ! Pourquoi n'ai-je pas encore accouché malgré les deux perfusions ? Je veux voir le docteur ? Tout de suite ! Sinon je rentre chez moi sur-le-champ !!! Cria Léa.

    Louis pris de panique, se rapprocha d'elle et la cajola.

    − Ne t'inquiète pas ma chérie, le docteur m'a expliqué que tout irait plus vite ce matin.

    − Non, non… Rien n'ira plus vite ! Je n'ai plus aucune contraction ! Appelez le docteur je vous dis !!! Ou je m'en vais…

    Le docteur fit son entrée au même moment et lui répondit :

    − Léa, vous allez prendre une bonne douche et votre petit-déjeuner, léger toutefois. Ensuite, je viendrai vous visiter et nous ferons le point ensemble. Toutes les mamans ont accouché hier et je vais pouvoir vous chouchouter avant les prochaines entrées qui ne sont prévues que demain.

    − Voilà, je m'en doutais ! Vous ne vous êtes pas occupé de moi hier, parce que vous étiez débordé ! Mais moi Docteur, j'ai trois garçons qui m'attendent à la maison !

    − Allons ! Faites-moi un peu confiance s’il vous plaît, lui répondit-il sereinement.

    Léa comprit qu'elle n'avait pas d'autre choix que d'obtempérer. Après lui avoir adressé un de ses plus beaux sourires et tapé sur l'épaule de Louis, le docteur disparut dans le couloir. Léa prit sa douche et accepta même que Louis lui lave le dos avec toute la délicatesse qu'elle lui connaissait. Ils avaient été très amoureux et très heureux les premières années de leur mariage. Il y avait eu assez vite François et Christian. Puis une troisième naissance, moins désirée : Patrick. Ils avaient respectivement neuf, six et quatre ans. Ils étaient très sages et calmes comme leur père. Léa avait beaucoup gâté François et Christian. Elle les adorait surtout Christian, un petit garçon aux boucles blondes. À la naissance de Patrick, les choses s'étaient un peu compliquées. La jeune maman se sentait très fatiguée et se plaignait souvent. Elle était devenue dure, moins souriante et beaucoup moins sociable. Louis en souffrait en cachette, mais n'osait jamais lui en parler de peur qu'elle l'aime moins : lui l adorait.

    Leur vie était douce et agréable. Ils ne manquaient de rien. Ils avaient, en fait, une vie simple, entourés de bons voisins et de la famille. Léa avait très mal accepté l'annonce de cette quatrième grossesse. Elle s'en voulait et également à Louis. Elle le rendait responsable. Il était surtout inquiet au niveau financier. Il avait multiplié les petits travaux pour mettre de l'argent de côté et ne manquer de rien. Il avait agrandi le jardin qu'il cultivait avec passion. Il avait également, durant tout le mois de juin, repeint la maison de manière à ce qu'elle soit nette pour l'arrivée de bébé. Il avait acheté trois jolies robes, une belle paire de nu-pieds et un magnifique chapeau pour Léa. Ce serait une surprise à son retour à la maison.

    Après un petit-déjeuner léger, la sage-femme posa une nouvelle perfusion. Elle visita la jeune femme et lui expliqua que le col était ouvert de quatre centimètres. Pour une quatrième naissance, les contractions allaient vite s'enchaîner. Elle massa doucement ses mollets tout en continuant à lui expliquer la suite de la matinée. Très vite les contractions reprirent. À la surprise de tous, Léa s'agita et cria qu'elle voulait rentrer chez elle. Louis lui dit que ce n'était plus possible, que le bébé allait arriver. Elle ne lâcha rien.

    − Appelez le docteur ! Je vous dis que je vais rentrer chez moi ! Mes enfants m'attendent !

    La sage-femme courut le chercher, mais revint seule. Léa s'en inquiéta. La sage-femme la rassura et l'emmena s'installer dans la salle d'accouchement.

    − Le docteur va arriver. L'accouchement ne tardera plus. Concentrez-vous sur les contractions qui risquent de s'accentuer et d'être douloureuses.

    − Je veux rentrer chez moi ! Pleura Léa.

    − Tout va bien se passer si vous nous écoutez Madame ! Certifia la sage-femme.

    Celle-ci avait été présente lors de la naissance de Patrick, trois ans plus tôt et en avait gardé un très mauvais souvenir. Léa lui avait hurlé dessus. Louis n'avait pu être présent ce jour-là et tout avait très vite dérapé.

    Malheureusement, encore cette fois-ci les choses risquaient de se dégrader à tout moment car Léa était imprévisible. Les contractions étaient très fortes et très rapprochées. Ce qui laissait penser que l'accouchement allait se précipiter contrairement à la veille au soir. Elle commençait à crier à chacune d'entre elles. Le personnel soignant et Louis s'inquiétaient. Le docteur arriva enfin. Il la visita en lui parlant doucement pour la calmer. Rien n’y fit. Elle criait de plus en plus.

    − Léa ! Cria le docteur. Écoutez-moi maintenant ! Respirez profondément à chaque contraction. Votre col est ouvert à sept centimètres. C'est bien… Ça avance!!! On continue comme ça…

    − Sept centimètres seulement ! Je ne tiendrais pas le coup ! J'ai trop mal ! Je vais mourir !!! Hurla-t-elle entre deux contractions.

    − Non, Léa ! Vous n'allez pas mourir, mais donner la vie ! Allez encore un peu d'efforts ! Je vais vous aider.

    Voyant qu'il ne la maîtriserait plus, il rompit la poche d'eau pour provoquer des contractions plus puissantes pour arriver à dix centimètres rapidement. Il obtint le résultat souhaité très vite. Mais Léa avait lâché prise. Elle criait, pleurait, puis hurlait. Le bébé commençait à être en souffrance. Il fallait agir vite pour éviter toute complication grave.

    − Léa ! Calmez-vous ! Respirez ! Le bébé va arriver ! C'est bien… oui… Respirez profondément… Lui recommanda le docteur.

    Mais Léa ne resta pas longtemps calme. Et les pleurs et les cris reprirent de plus belle.

    Le docteur se fâcha et éleva le ton. Mais Léa lui dit qu'elle ne voulait pas du bébé et qu'elle souhaitait rentrer chez elle. Le docteur comprenant qu'il fallait maintenant agir dans l'urgence demanda à Louis de sortir de la salle. Il s'exécuta.

    Le docteur releva Léa sur la table pour la positionner plus confortablement. Celle-ci l'agrippa alors par le bras et en criant plus fort :

    − Mais vous ne comprenez rien ! Je veux rentrer chez moi !

    Le docteur lança un regard rassurant au personnel soignant pour ne pas le paniquer et en même temps gifla Léa pour lui faire reprendre ses esprits. Puis, il demanda à la sage-femme de pousser sur son ventre afin d'aider le bébé à sortir. Léa, très surprise se ressaisit et poussa cette fois-ci comme on lui demanda. Au bout de quelques efforts et de trente minutes, enfin on entendit le cri du bébé!!! Le docteur était soulagé. Il avait malgré tout mis au monde cette magnifique petite fille de quatre kilos qui souriait déjà à la vie.

    Il l’emmena très vite dans la pièce d'à côté pour dégager sa trachée, la laver et la peser. Son équipe le laissa faire perplexe, ce n'était pas dans ses habitudes de se prêter à ces fonctions qu’il confiait d’ordinaire aux puéricultrices.

    Léa ne demanda pas s’il s'agissait d'une fille ni même à la voir. Elle était encore très agitée et continuait à crier et à s'énerver. Le docteur contrarié par pareil comportement préconisa à la sage-femme de lui faire une piqûre de calmant. Il l'avait assez entendue. Elle le fatiguait et le décevait. Puis, repensant à Louis, il lui amena la petite fille habillée tout en blanc. Elle était magnifique. Il pleura de joie le reste de la journée. Le docteur le félicita. Il aurait lui aussi tant voulu une fille. Mais ils avaient trois fils. Il ne voulait pas imposer une nouvelle grossesse à sa femme qu'il aimait tendrement. Ils étaient heureux et c'est ce qui comptait le plus.

    Léa avait fini par s'endormir grâce à l'injection de calmant. Elle dormait paisiblement. Louis et le personnel soignant imaginaient qu'elle serait calmée à son réveil et qu'elle réclamerait son bébé. Mais ça ne se passa pas de la sorte. Léa était bien reposée mais ne souhaita pas prendre la petite. C'est son papa qui donna les premiers biberons. Il aimait déjà tellement sa fille qui le regardait avec des yeux grands ouverts. Il était très fier, car bien qu'il n'y eût que des filles, tout l’équipe médicale passait voir la sienne, tellement ils la trouvaient jolie.

    La veille, une autre petite fille était née : Laurence. Sa maman habitait le même quartier que Léa. Le docteur eut la bonne idée de les mettre dans la même chambre et les bébés dans la même nurserie. Laurence était la dernière d'une famille de huit enfants. Sa maman s'en occupait déjà beaucoup. Le docteur pensa alors que Léa réagirait en conséquence.

    Marie, qui avait élevé sa sœur et qui s'inquiétait autant de sa santé que de ses manières difficiles, arriva en fin de journée à son chevet. Elle pleura de joie quand elle vit cette magnifique petite fille de quatre kilos. Laurence était plus petite et plus pâle. Elle pesait trois kilos cent. Marie prit sa nièce dans ses bras et la berça tendrement. Ce qui énerva Léa.

    − Vous n'allez pas commencer à la prendre sans arrêt à bras ! Tu la reposes tout de suite dans son berceau!!! Cria-t-elle.

    Marie ne se démonta pas.

    − Je la prendrai quand il me chante et Louis aussi ! Comment allez-vous l'appeler ? Demanda Marie fermement.

    − Je n'en sais rien et je m'en fous ! S'énerva Léa.

    − Yvonne pense que Laure serait un très joli prénom, lui répondit Marie.

    − Si vous voulez ! Cela m'est bien égal, s'exclama Léa presque soulagée à ne pas choisir de prénom.

    − J'aime beaucoup, ajouta Louis.

    Yvonne était la petite sœur de Marie et la grande sœur de Léa. Elle était mariée à un homme bien. Mais ils n'avaient pas eu d'enfant et en souffraient. Léa était donc contente de faire plaisir à sa sœur qu'elle aimait. Laure fit l'unanimité. Le bébé s'appellera ainsi.

    Toute la journée, ainsi que les trois suivantes, Léa eut beaucoup de visites. Tous venaient voir cette jolie petite fille. Personne n'osait la prendre sauf Louis à l'heure des biberons.

    Le matin suivant, le docteur entra dans la chambre et sans ménagement demanda à la maman :

    − Vous refusez de donner le biberon à Laure, Léa ?

    − Oui, je vous ai déjà dit et répété que je n'en voulais pas ! Répondit-elle sans surprise.

    − Bon, je vais devoir en discuter avec votre mari, lui dit-il avant de sortir de la chambre.

    Léa ne chercha pas à l'empêcher. Louis avait dû reprendre le travail et s'occuper des enfants le soir. Il était très contrarié de lui laisser Laure. Mais, il n'avait pas le choix. Il en serait de même à la maison. Elle finirait par s'occuper de la petite.

    Le docteur n'avait pas menti, ni failli à ses responsabilités. Il demanda à voir Louis. Il lui expliqua que sa femme ne souhaitait plus d’enfants et qu'elle risquait de rejeter Laure. Même, sa sœur Marie, qui pourtant faisait tout ce qu'elle pouvait pour la raisonner, n'arrivait pas à la convaincre. Mais, il était sûr que tout rentrerait dans l’ordre très vite si elle était entourée et aidée à son retour chez eux.

    Ce comportement inquiétait le personnel soignant. Ils pensaient que ce serait source

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