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LES BELLES DE LANAUDIERE 2: Laura la fille-fleur
LES BELLES DE LANAUDIERE 2: Laura la fille-fleur
LES BELLES DE LANAUDIERE 2: Laura la fille-fleur
Livre électronique307 pages3 heuresLes Belles de Lanaudière

LES BELLES DE LANAUDIERE 2: Laura la fille-fleur

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À propos de ce livre électronique

Lanaudière, années 1930. 

Nièce d’Alphonsine et de Julien, Laura mène une vie heureuse auprès de sa famille. Amoureuse, elle rêve du futur avec le beau Jérôme, un étudiant promis à un bel avenir. 

Atteinte de tuberculose, trouvera-t-elle la force de guérir ?

Autour d’elle, ceux qui l’aiment vont unir leurs forces pour lui venir en aide.

Pour tous, la vie continue, apportant son lot de joies et d’épreuves…
LangueFrançais
ÉditeurDistribulivre
Date de sortie11 oct. 2024
ISBN9782898650451
LES BELLES DE LANAUDIERE 2: Laura la fille-fleur
Auteur

Sylvie Froment

Sylvie Froment a enseigné le français pendant de nombreuses années. Jeune retraitée, elle se met maintenant à l’écriture avec une saga historique, inspirée de sa famille.

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    Aperçu du livre

    LES BELLES DE LANAUDIERE 2 - Sylvie Froment

    Une naissance

    Depuis le matin, Albertine ressentait une douleur au creux de ses reins. Le bébé, aujourd’hui ? Nerveuse, elle pressa le déjeuner des enfants et les poussa vers la porte pour les envoyer à l’école. Prenant la plus vieille à part, elle lui demanda d’aller prévenir madame Germain, la sage-femme, qu’elle aurait besoin de ses services dans la journée. La petite fille quitta la maison, à peine la dernière bouchée de sa rôtie avalée. Albertine annonça à ses petits que lorsqu’ils reviendraient de l’école, cet après-midi, un petit frère ou une petite sœur serait là pour les accueillir. Romuald, le plus jeune de ses fils, leva la tête : « Maman, le bébé va-t-il arriver avec un imperméable et des petites bottes de pluie ? Il va pleuvoir, aujourd’hui ! »

    Albertine eut un sourire crispé. Elle avait hâte d’aller s’étendre.

    Les enfants enfin partis, elle promena son regard vers la cuisine, et plutôt que de ramasser les restants du déjeuner, elle se dirigea vers son lit et s’y étendit.

    Depuis quelques jours, elle savait que la naissance était imminente.

    À chaque fin de grossesse, l’angoisse l’étreignait. Et si l’enfant n’était pas normal ? S’il fallait qu’il meure à la naissance ? Des fausses-couches, elle en avait eu, comme tant de femmes. Elle en avait pris son parti, mais elle savait bien qu’un enfant mort-né serait pour elle un crève-cœur. Et pour son homme aussi.

    L’autre jour, à confesse, le curé lui avait recommandé de remettre ses craintes à Dieu : « Quand on a la foi, on ne doit rien craindre. Portez vos inquiétudes au pied de l’autel et allumez un lampion. Dieu veillera sur vous et sur votre enfant. »

    Honteuse de ses doutes, Albertine était allée prendre place sur un banc et avait demandé à la Sainte Vierge de la protéger pendant son accouchement. La mère de six enfants ne se sentait plus toute jeune. Elle avait eu quarante ans au mois de mai et elle avait été surprise de cette grossesse tardive. Surprise et déçue. Elle avait gardé pour elle sa déception, comme beaucoup de ses impressions, d’ailleurs. On ne parlait pas beaucoup de ses sentiments, à la maison. Son mari, un homme bon mais réservé, était heureux de sa famille, mais il ne le démontrait pas. En homme responsable, il devait gagner le pain de sa famille. Au travail, les heures étaient longues. Pas de temps, ensuite, pour l’analyse de ses émotions !

    À part Dieu et monsieur le curé, à qui Albertine aurait-elle pu se confier ? Tous mariés, ses frères et sœurs vivaient sur des terres, sauf Alphonsine, qui était installée à Joliette avec Julien Tous travaillaient très fort et Albertine s’en serait voulu de troubler leur quiétude avec ses confidences.

    Elle tenta d’oublier ses idées sombres et de se rassurer. Après tout, ses accouchements avaient le plus souvent connu une fin heureuse.

    Une brusque douleur la saisit. Le visage grimaçant, elle frotta son ventre et retint un cri. Le long de ses cuisses, un mince liquide se mit à couler.

    Elle ne s’était pas trompée. L’enfant arriverait aujourd’hui ! Dans sa solitude, Albertine avait peur. Comme il lui tardait de voir arriver la sage-femme ! En l’attendant, elle tira son chapelet de sous son oreiller et pria avec ardeur. Qu’aurait-elle pu faire d’autre ? Les Ave se succédaient, comme les douleurs. Puis, son esprit vagabonda. Elle songea qu’après tout, son sort pourrait être pire. Elle n’était ni pauvre ni maltraitée. Elle ne souffrait ni du froid ni de la faim, et ses enfants non plus. Son mari ne lui parlait jamais durement. Attaché à elle comme elle à lui, ils partageaient une vie de famille qui se déroulait somme toute convenablement.

    On frappa à la porte de la cuisine. La replète madame Germain entra et s’en alla directement à la chambre : « Comme ça, le travail a commencé ce matin, Madame Hétu ? »

    Albertine hocha la tête.

    Plus tard, les enfants revinrent pour le repas du midi. « Déjà ! songea Albertine. Le temps passe, même quand on souffre ! »

    Madame Germain s’affaira auprès des enfants. Un dîner vite fait et ils repartirent en hâte. Impressionnés par l’atmosphère inhabituelle de la maison, ils avaient mangé en silence et avaient quitté la maison, non sans avoir jeté un regard inquiet vers la chambre de leurs parents.

    À la fin de sa journée de travail, le mari d’Albertine rentra à la maison, satisfait de sa journée. Chez le concessionnaire automobile où il travaillait, il avait vendu une voiture.

    Il sursauta en apercevant la sage-femme. Elle avait lavé un tout petit bébé qu’elle avait enveloppé d’une couverture rose.

    Le père se pencha et sourit à sa fille. « Vous avez une belle petite fille, Monsieur Hétu ! Pas tannante, à part ça ! » Ému, Antonio regarda sa fille qui dormait profondément. « Avec tous les cheveux qu’elle a, votre fille, votre femme a dû en avoir, des maux d’estomac », conclut madame Germain.

    Antonio s’en fut retrouver sa femme et l’embrassa sur la joue. Blême et épuisée, celle-ci ne souhaitait que dormir. Dans un souffle, elle murmura à son mari : « Celle-là, on va l’appeler Laura. » Son mari acquiesça.

    *

    Laura était un bon bébé.

    Puis, très jeune, elle apprit à marcher, encouragée par ses grandes sœurs. Dans la maison, elle trottinait derrière sa mère et tentait maladroitement de l’aider à faire les lits. La petite détestait que sa mère secoue les oreillers de plume. Des plumes s’en échappaient et elle les craignait. Leur ressemblance avec des insectes était trop frappante et Laura décampait. Albertine riait et courait embrasser sa fille. Quelle belle petite elle avait !

    Qui n’aimerait pas la petite dernière ? C’était à qui la bercerait, lui raconterait une histoire. Ses sœurs étaient autour d’elle. On choisissait ses vêtements, le ruban qu’on nouerait dans ses cheveux. Le soir, on les enroulait avec des papillotes. Le matin, on tournait ses boucles pour en faire des boudins. On la complimentait beaucoup.

    Un autre jour, une voisine s’était penchée vers elle pour lui caresser la joue : « T’as donc bien des beaux cheveux, ma belle Laura ! » La petite avait répondu : « Oui et j’ai des beaux yeux, aussi ! » La voisine avait éclaté de rire, mais Albertine, mécontente, avait entraîné Laura vers la maison. Dans le salon, elle l’avait prise sur ses genoux et l’avait mise en garde contre le péché d’orgueil. Elle lui avait expliqué qu’on ne devait jamais attirer l’attention sur soi. Que la beauté, bien qu’elle soit agréable, passait bien vite. Que seules subsistaient les qualités du cœur et la force de caractère. Ce soir-là, Laura serait privée de dessert, ne comprenant pas pourquoi. Elle n’avait pourtant fait que répéter ce qu’elle entendait à la maison.

    Albertine savait de quoi elle parlait et elle entendait protéger sa fille des plaisirs futiles de la coquetterie. Devant un miroir, elle s’examinait des pieds à la tête. Comme elle avait changé ! Quelques fils blancs striaient sa chevelure. Ses traits, autrefois si fins, étaient légèrement fanés. Sa taille s’était épaissie. La quarantaine, déjà ! Elle savait que ses robes noires ne l’avantageaient guère, mais elle estimait qu’elle avait passé l’âge des robes joyeuses et colorées. Tout cela appartenait à ses filles, maintenant. « Et voilà que Laura fait son entrée au Jardin d’enfants. Comme le temps passe vite ! »

    *

    Pour se rendre chez les sœurs de la Providence, Laura n’aurait qu’à marcher quelques coins de rue. Les religieuses apprenaient l’alphabet et quelques rudiments d’arithmétique aux petits dont elles avaient la garde.

    Le Jardin d’enfants, un nouveau milieu d’apprentissage pour Laura !

    Juste avant de s’y rendre se trouvait une grande cour. Apercevant Laura, deux énormes chiens jappaient à fendre l’air, relevés sur leurs pattes de derrière. De ses petites mains, l’enfant bouchait ses oreilles. Elle passait rapidement et jetait un coup d’œil inquiet sur le gros cadenas qui barrait la clôture. Pourvu que la porte n’ouvre pas, laissant passer « les monstres » !

    Chez les religieuses, Laura était fascinée par le vieux piano qui trônait au fond de la classe. Elle n’osait pas s’en approcher, mais le contemplait parfois de longues minutes. Une religieuse l’avait remarqué : « Aimerais-tu essayer de jouer, Laura ? » La petite avait fait oui de la tête, les yeux brillants. Sœur Jésus-de-Marie l’avait conduite au piano et au fil des jours, lui avait appris quelques gammes qu’elle n’oublierait jamais.

    Jeunes années

    — T’es déjà une grande fille, Laura ! Tu entres en première année !

    Albertine sourit à sa fille. Sa petite dernière qui entrait à l’école !

    — As-tu hâte ?

    — J’ai hâte d’apprendre à lire ! Qui va m’aider à faire mes devoirs, maman ?

    — Pas moi, en tout cas ! J’ai trop d’ouvrage. Mais… tu as trois grandes sœurs. Puis, trois frères ! T’auras toute l’aide qu’il faut !

    Albertine réfléchit. Laquelle de ses grandes pourrait se charger de cette délicate mission ? Ses fils, ces vifs-argents, toujours sur une patte puis sur l’autre… mieux vaudrait les tenir éloignés des devoirs de Laura !

    Oui, laquelle de ses filles pourrait s’improviser institutrice ? Annette, celle qui ne s’intéressait qu’à la couture et aux beaux vêtements ? Roberte la rieuse ? Mais aurait-elle assez de sérieux pour accompagner sa petite sœur ? Lucile ? Lucile… la solitaire, la morose, déjà vieille fille !

    — On va demander à Lucile de t’aider, Laura ! Elle est assez sérieuse pour ça !

    *

    Lucile avait fort à faire pour faire réciter ses leçons à sa petite sœur. Les mots à épeler, les tables d’addition et de soustraction, le petit catéchisme à réciter. Elle se serait bien passée de tout cela pour retourner à sa lecture. Elle contemplait sa petite sœur mordillant le bout de son crayon, les traits plissés par l’effort de la concentration. Lucile sentait confusément que jamais elle ne serait mère de famille. Elle aimait trop sa tranquillité.

    *

    Ah ! Les mésaventures familiales ! « Chaque famille en a un bon lot ! » songeait Albertine.

    Assise dans un banc d’église, ce dimanche-là, son esprit vagabondait. Le sermon du curé était nettement trop long.

    L’autre nuit, Laura…

    Dans la nuit, on avait entendu un cri venant de la chambre des filles. Antonio et Albertine s’y étaient rués. Annette et Roberte se frottaient les yeux et Laura était accoudée dans son lit, les yeux exorbités.

    — Maman, je me suis réveillée et le chat était couché sur moi ! J’ai eu assez peur !

    Albertine s’était frappé le front.

    — Pauvre chouette, maman a oublié de le faire descendre dans la cave pour la nuit ! J’oublierai plus jamais, ma puce.

    — Bon, dormez, les filles ! C’est assez pour aujourd’hui, avait déclaré Antonio. Il y a personne de mort. C’était juste un chat, pas un tigre, Laura. Oublie tout ça !

    Et tout le monde s’était rendormi.

    Et André, l’autre jour, tout blême, ne voulait rien manger, contrairement à son habitude de ne rien laisser dans son assiette.

    — Veux-tu bien me dire ce qui t’arrive, André ? Tu ne manges pas ?

    — Non… j’ai mal à une dent.

    — Bon, je vais prendre rendez-vous pour toi chez le dentiste.

    Le garçonnet avait dégluti péniblement.

    Le lendemain, il s’était présenté chez le praticien, la mort dans l’âme. C’est que l’homme avait une bien vilaine réputation dans toute la ville. Ravagé par le démon de l’alcool, le dentiste ne recevait dans son cabinet que des gens apeurés qui n’avaient pas d’autre choix que de s’y présenter. On savait qu’il ne faisait qu’arracher les dents de ses patients en écorchant celles qui étaient autour. Le garçonnet s’était donc assis sur le fauteuil du bourreau. Le dentiste avait introduit un thermomètre dans la bouche du jeune garçon et avait quitté la pièce. Observant l’attirail médical qui se trouvait dans le cabinet, André avait pris panique et avait quitté le bureau aussi rapidement qu’il le pouvait.

    Le soir, à table, Albertine s’était informée de l’état de sa dentition.

    — Puis, ta dent, mon grand ? Le dentiste te l’a enlevée ?

    — Non, maman. Il a dit qu’elle avait pas besoin d’être enlevée.

    — Ah bon ? Ça me surprend. Tu avais l’air d’avoir tellement mal !

    — Ça ne fait plus mal, maman.

    L’enfant avait le regard fuyant et la tête baissée. Albertine sut tout de suite qu’il avait menti.

    Roberte s’était mise à rire.

    — Maman ! Vous savez bien qu’il s’est sauvé ! Il a eu trop peur !

    La tablée avait éclaté de rire.

    Rouge de honte, André n’avait soufflé mot.

    — Ben endure ton mal, d’abord ! Quand tu en auras assez, tu y retourneras ! Voyons donc, un grand garçon de ton âge ! Voir si on meurt de se faire arracher une dent !

    Albertine retenait un fou rire au souvenir de son petit garçon rougissant, humilié de sa défaite.

    *

    Toute à ses pensées, la mère de famille regardait le prêtre. Elle voyait ses lèvres remuer, mais n’entendait rien.

    Le brave homme avait commencé ses visites paroissiales. Il était passé l’autre jour chez les Hétu. Tous avaient pris place dans le salon et monsieur le curé avait demandé des nouvelles de chacun puis avait béni toute la famille agenouillée. Avant de partir, il s’était tourné vers le père de famille :

    — Monsieur Hétu, vous avez trois petits gars. Y en aurait-il un qui aimerait devenir servant de messe ?

    André avait souri.

    — Ça paye combien, Monsieur le Curé ?

    L’enfant avait reçu aussitôt un coup de coude de sa mère, avec un œil courroucé : « Voyons, André, on fait ça pour l’amour du bon Dieu, pas pour un salaire, quel qu’il soit ! »

    — Ta mère a raison, André, mais tout travail mérite salaire, répondit le curé. Ça donne 10 sous par messe. Puis, tu peux servir trois messes par dimanche. Ça t’intéresse ?

    — Oui, j’aimerais ça, Monsieur le Curé.

    Le curé avait jeté un regard entendu aux parents.

    — Va falloir que tu te lèves de bonne heure, par exemple ! Viens me voir la semaine prochaine, je vais te montrer le travail que tu auras à faire.

    Albertine revoyait le visage souriant de son fils et ses yeux brillants. Elle se doutait bien que l’enfant ne s’intéressait pas tant à la gloire du Seigneur qu’aux bonbons qu’il irait acheter avec son maigre salaire !

    *

    Les enfants, ça demande toujours ; de l’attention, de l’affection, de l’argent. Albertine courait du matin au soir.

    — Maman, j’ai pas de robe neuve pour Pâques ! Vous pourriez pas m’en acheter une ?

    — Celle de l’année dernière doit encore te faire, Laura.

    — J’en voudrais une neuve du magasin.

    — Maman n’a pas d’argent pour t’en acheter une neuve. On va prendre une robe de tes sœurs qui ne leur fait plus, puis on va t’en faire une nouvelle avec le tissu.

    Les filles avaient échangé un regard entendu. C’était au tour de Laura ! Depuis longtemps, les vêtements passaient d’une fille à l’autre.

    Albertine avait surpris le regard de ses filles.

    — C’est ça, les filles, une grosse famille. Vous êtes pas les seules à porter les vêtements de vos sœurs. L’argent pousse pas dans les arbres. Il faut le gagner. Votre père fait tout ce qu’il faut pour faire vivre sa famille. Si vous faisiez le tour des maisons de Joliette, vous verriez que c’est pas mieux ailleurs qu’ici. Chez votre tante Alphonsine, Jeanne puis Colombe ont porté les vêtements d’Adrienne. Vos frères font pareil et ils en meurent pas.

    — C’est pareil avec le bouilli, maman ?

    Étonnée, Albertine avait fixé Laura.

    — Qu’est-ce que tu veux dire, pour l’amour du ciel ?

    — Ben, on se passe toujours le même bouilli. On en mange souvent…

    Vexée, Albertine avait répliqué :

    — Sois contente de manger à ta faim, Laura. Il y a des petits enfants qui meurent de faim, dans le monde.

    Laura avait baissé la tête.

    *

    Ce soir-là, Albertine secoua son mari qui ronflait.

    — Hum ! Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

    — Tu ronfles comme une locomotive, Antonio !

    — Hum… je dors… fais comme moi.

    — Il en est arrivé une bonne aujourd’hui entre Robert et Romuald.

    — Hum…

    — Bien oui ! Imagine-toi donc que le beau Romuald a lancé un pétard sous la chaise de Robert pendant qu’il lisait ! T’aurais dû voir le saut qu’il a fait !

    Tout à fait réveillé, Antonio se mit à rire.

    — Comment ça a fini, cette histoire-là ?

    — Robert a couru après son frère puis il lui a donné une méchante taloche en arrière de la tête ! Je lui ai crié d’arrêter, mais tu me vois, à ma grosseur, entre ces deux grands gars-là ? Une chance que Robert s’est calmé. Il faudrait que tu parles avec Romuald. Il est haïssable sans bon sens !

    — C’est un joueur de tours, que veux-tu ? Il a toujours été comme ça. Il va arrêter d’aller à l’école bientôt, va falloir qu’il se trouve de l’ouvrage. Ça va le calmer.

    — Tu sais que Robert a un beau talent à l’école. Tu penses pas qu’il faudrait se forcer pour l’envoyer à l’université ?

    — Pfff ! Penses-y même pas, Albertine ! Même en se forçant, il y aurait pas moyen. On est neuf à table, tu t’en souviens ? Où veux-tu que je prenne cet argent-là ?

    — Mon doux que c’est de valeur… Robert qui est si bon avec les chiffres. On aurait pu en faire un comptable !

    — Bien oui, mais que veux-tu ? Il ira travailler dans une banque, puis il montera les échelons à son rythme !

    — Puis Romuald ? Qu’est-ce

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