Les Éternels - Amitié: Amitié

Par Priska Poirier

- Moi, un ange ? C'est impossible, maman!
- Eh oui, ma Stella ! Tu as hérité du même don que moi. Et, maintenant, tu dois apprendre à t'en servir. Tu iras dans une école spéciale où on t'enseignera à prendre soin des humains. Mais tu devras être très prudente ! Personne ne doit deviner ce que tu es réellement...

***

Apprentie éternelle, Stella fait un stage dans un petit village où les habitants sont frappés d'un mal étrange. Leur bonheur semble s'évaporer un peu plus chaque jour! La jeune fille parviendra-t-elle à leur redonner le sourire ? Le tout sous une nouvelle identité ! Pas facile pour elle de se retrouver seule, alors que ses meilleurs amis sont à des centaines de kilomètres…

En plus, on dirait que chaque bonne action de Stella provoque une catastrophe… Est-ce sa faute ? Un ange peut-il porter malheur aux humains?

L'amitié, la vraie, est plus forte que n'importe quel sort. Espérons que Stella et ses amis le découvriront à temps!

Les Éternels est une collection de livres qu'il est possible de lire dans l'ordre ou pas, pour le simple plaisir de nous évader du quotidien pendant quelques heures et d'ouvrir notre cœur à la magie des anges qui nous entourent!

• Langue: Français
• Éditeur: De Mortagne
• Date de sortie: 5 janv. 2018
• ISBN: 9782896629640

Priska Poirier

Détentrice d’un baccalauréat en enseignement et d’un certificat en intervention psychosociale, Priska Poirier axe depuis toujours ses projets sur la jeunesse. Ambassadrice de la lecture, elle visite de nombreuses écoles chaque année à la rencontre de dizaines de milliers d’élèves. Ses séries Le royaume de Lénacie, Seconde Terre et Les Éternels ont conquis le cœur des lecteurs et lectrices. Par le biais de ses livres et de ses conférences, l’autrice réussit avec brio à partager et à transmettre sa passion!

Aperçu du livre

CHAPITRE 1

CRÉER UN SOUFFLE D’AIR

Au sommet de la gigantesque tour de bureaux abritant l’Académie de l’Envolée, Stella ferma les yeux. Elle serra entre ses doigts le médaillon de vol de sa mère, qui pendait à son cou. Elle lui transmit une dose d’énergie angélique et courba un peu le dos afin que deux magnifiques ailes blanches puissent apparaître. Immédiatement, elle se concentra pour que son corps soit dissimulé aux yeux des humains. La jeune fille déposa sa main droite sur son épaule gauche et sa main gauche sur son épaule droite. Elle replia ses grandes ailes dans son dos et se laissa tomber vers le sol. Elle adorait cette sensation. L’adrénaline se répandit dans ses veines et un grand sourire naquit sur ses lèvres. Lorsque la composition de l’air changea et que la température augmenta de quelques degrés, Stella ouvrit les yeux et déploya ses ailes. Elle redressa sa trajectoire juste à temps pour éviter de créer un courant d’air suspect dans les rues de Montréal. Elle entreprit de survoler les voitures en zigzaguant entre les édifices du centre-ville. Puis, l’adolescente contracta ses puissants muscles et remonta vers les nuages.

Voler était une des choses qu’elle aimait le plus dans sa vie d’ange. Elle ressentait alors une si profonde sensation de liberté! C’était comme si le monde lui appartenait. Elle parvenait à se dissocier totalement des émotions humaines et des tracas de sa vie quotidienne. Le temps n’existait plus.

Une vibration sur sa hanche droite la ramena toutefois à la réalité. Le temps existait et son cours était dans quinze minutes. À regret, elle se dirigea vers le toit de l’Académie. Une fois posée, elle se concentra pour rappeler à elle l’énergie qu’elle avait transmise au médaillon accroché à son cou. Presque immédiatement, ses ailes disparurent et son dos se modifia pour reprendre une forme humaine.

En un clin d’œil, Stella entra dans le gratte-ciel par l’accès au toit. Elle emprunta l’ascenseur jusqu’au neuvième étage, courut à sa chambre, attrapa son sac à dos et descendit aussitôt au septième. Elle pénétra en coup de vent dans la classe et se laissa choir sur la chaise à côté de son amie à la chevelure de feu, Emmanuelle.

– Ton vol s’est bien passé, on dirait, blagua celle-ci en jetant un œil moqueur à la tête de Stella.

L’adolescente s’empressa de passer ses doigts à travers sa longue et épaisse chevelure brune. Impossible! Sa main y resta bloquée en raison des nœuds.

«Argghhh! J’ai oublié de les attacher!»

Victoria passa la porte à ce moment et lui lança un regard railleur. Il fallait dire que cette dernière était toujours tirée à quatre épingles. Stella était persuadée que, même après une demi-journée de marche en montagne, suivie d’un saut en parachute et d’une bataille contre trois adversaires, Victoria aurait les cheveux qui tomberaient toujours en belles bouclettes blondes dans son dos.

«C’est injuste!» pensa Stella en redoublant d’ardeur pour démêler les siens, pendant que son enseignante en maîtrise d’habiletés angéliques, madame Maka, une Camerounaise, leur annonçait le sujet du jour: apprendre à créer un souffle d’air.

Emmanuelle tourna de nouveau la tête vers elle et pouffa de rire. Stella comprit le message et renonça. Elle sortit un élastique de son sac et rassembla tous ses nœuds et ses mèches en une masse compacte sur sa nuque.

– Cet apprentissage peut vous sembler anodin, prononça la professeure en se méprenant sur l’expression amusée d’Emmanuelle, mais vous découvrirez que faire voler une feuille, fermer une porte ou agiter un carillon à l’aide d’un courant d’air est souvent suffisant pour aider efficacement un humain à prendre conscience d’un danger ou l’inciter à changer sa trajectoire.

S’ensuivit une longue série d’instructions qui parut très compliquée à Stella. La professeure invita ses élèves à l’accompagner dans un des grands gymnases de l’immeuble pour qu’ils puissent s’exercer à déplacer des choses sans lever le petit doigt.

Stella se concentra de toutes ses forces pendant de nombreuses minutes sur la feuille de papier posée au sol devant elle. Rien n’y fit. L’adolescente leva alors les yeux et put constater qu’elle n’était pas la seule dans cette situation.

– Il faut voir le vent, expliquait l’enseignante avec son bel accent camerounais. Développer votre vision jusqu’à apercevoir les poussières qui flottent dans l’air. Puis, ordonnez-leur de bouger!

«Rien que ça!» ironisa Stella.

Puis, son regard fut attiré par Raphaël, dont les sourcils froncés et la mâchoire contractée indiquaient bien les efforts qu’il déployait. Devant lui, sa feuille se balançait doucement d’avant en arrière, vingt centimètres au-dessus du sol.

– Bravo! lança madame Maka, enthousiaste. C’est exactement cela!

«S’il y arrive, je dois le faire aussi!» s’empressa de penser Stella.

L’adolescente voulait devenir ange guerrier et consacrer sa vie à combattre les démons. C’était le métier le plus difficile pour un éternel, et sans aucun doute le plus dangereux. Sa mère, Angéla, l’avait pratiqué pendant de très nombreuses années et Stella voulait suivre ses traces. Or, le père de Raphaël avait également été ange guerrier aux côtés d’Angéla et la jeune fille soupçonnait son ami de souhaiter le devenir aussi. Étant donné que très peu d’anges étaient admis comme stagiaires dans ce programme, elle s’était secrètement donné comme défi de toujours se montrer au moins aussi douée que lui.

«Madame Maka a dit qu’on devait voir les poussières dans l’air», se répéta-t-elle en délaissant sa feuille et en allant se placer sous une des grandes fenêtres qui couraient le long du mur.

Les rayons de soleil entraient et éclairaient le sol. En regardant à travers la lumière, Stella parvint à distinguer avec facilité les grains de poussière en suspension dans l’air. Elle entrouvrit les lèvres et souffla doucement. Les particules se mirent à virevolter dans tous les sens.

«OK, s’encouragea-t-elle. C’est là-dessus que je dois canaliser mon énergie. Il me reste à augmenter ma force et à les diriger!»

Elle ferma les yeux pour bien se recentrer et inspira profondément. Puis, elle les ouvrit et expulsa l’air de ses poumons le plus longtemps possible. En même temps, elle imagina que le courant créé prenait de l’ampleur, attirait à lui chacune des particules autour et s’élançait de par le gymnase. Il lui fallut un moment pour s’apercevoir que toutes les feuilles lignées posées au sol venaient de s’élever de plusieurs centimètres. Elles furent aspirées dans un grand tourbillon.

– Oh! s’exclama un élève.

– Que se passe-t-il? demanda un autre, un brin paniqué.

Stella cessa aussitôt de souffler. Malgré cela, son vent avait pris une telle ampleur que, lorsqu’il atteignit son enseignante, celle-ci fut déstabilisée et tomba brutalement sur les fesses.

Victoria éclata de rire pendant qu’Emmanuelle s’empressait d’aller l’aider à se relever.

Assise au milieu du gymnase, Stella observait toujours la feuille qui se trouvait devant elle. Plutôt que de la féliciter, madame Maka lui avait donné un travail supplémentaire.

– Tu as la chance de posséder de grands dons angéliques, lui avait-elle dit. Tu dois impérativement apprendre à contrôler tes pouvoirs et tes capacités. C’est plus important encore que de réussir un simple exercice dans un cours. Ton objectif pour la session sera donc différent de celui des autres. Je ne t’accorderai ta note de passage que lorsque tu maîtriseras le vent que tu auras créé.

L’adolescente soupira. Dans la dernière heure, chaque vent qu’elle avait engendré avait été violent ou tumultueux, éparpillant toutes les feuilles rangées dans une boîte et allant même jusqu’à ébranler les fenêtres. Si elle continuait comme ça, c’est une tornade qu’elle allait faire naître au milieu du gratte-ciel!

«Je ne suis même pas fâchée! pensa-t-elle, découragée. Qu’est-ce que ça va être lorsque je vais vivre une plus grande émotion?»

Elle avait pris tellement de profondes respirations dans le but de se calmer et de se concentrer qu’elle était sur le point de faire de l’hyperventilation.

«Plus zen que ça et je m’endors sur place!»

La porte du gymnase s’ouvrit à ce moment. Emmanuelle, Victoria et Raphaël entrèrent.

– Madame Matsuo est dans le gymnase d’à côté, lui lança Victoria. Elle prie de toutes ses forces que les murs soient assez solides pour résister à ton apprentissage!

– Très drôle! répondit Stella en souriant malgré elle.

– On est venus t’aider, lui dit Emmanuelle en ramassant une feuille. Enfin… eux sont venus te donner un coup de main. Moi, je dois encore réussir à soulever mon premier bout de papier.

– Tu vas y arriver, Emma! lui assura Stella.

Raphaël se laissa choir à côté d’elle.

– Avoue que de voir madame Maka tomber sur les fesses était vraiment comique! Je suis certain qu’elle va en parler encore dans cent ans…

– Merci, Raph! C’est exactement ce dont j’avais besoin: savoir que tous les anges qui passeront par l’Académie vont apprendre à quel point je suis pourrie! Tu as le don de me remonter le moral!

– Allez…, l’encouragea Victoria, raconte-nous à quoi tu penses quand tu crées tes tornades.

Stella lui fit une grimace avant de répondre.

– J’essaie d’être le plus calme possible pour ne pas transmettre mon énergie à l’air. Puis, je visualise les particules de poussière devant moi. Je les rassemble tranquillement et je les pousse.

– Eh bien, voilà! s’écria Raphaël. Il est là, ton problème. Depuis le début, tu ne vises pas le bon objectif.

Stella fronça les sourcils. Qu’est-ce que son ami essayait de lui faire comprendre?

– Tes émotions n’ont rien à voir là-dedans, poursuivit-il. Tu n’as pas besoin de te calmer pour réussir. Tu es une éternelle, pas une sorcière! Tu te laisses influencer par tes croyances ou par des films de superhéros dans lesquels le personnage qui se fâche arrive à provoquer des cataclysmes. Pour nous, les choses ne fonctionnent pas comme ça. Pour déplacer doucement le vent, tu dois juste te concentrer sur une toute petite quantité de poussière.

«Est-ce que ça peut être si simple?»

Stella choisit de focaliser son attention sur quelques particules seulement. Dès qu’elle laissa son souffle les entraîner, huit des feuilles éparpillées au sol s’élevèrent en même temps et furent projetées sur le mur.

– Ce n’est pas encore ça, déclara Victoria en plissant les yeux, mais c’est vraiment mieux!

Les quatre amis poursuivirent leurs exercices en s’aidant les uns les autres. Une heure plus tard, Stella parvenait une fois sur deux à soulever une feuille et à la faire virevolter sur quelques centimètres. Les autres fois, toutes les feuilles se retrouvaient propulsées sur le mur et même Victoria en était décoiffée.

– Je pense que ça suffit pour aujourd’hui, décréta justement cette dernière. Il est l’heure d’aller souper. Ensuite… on rencontrera notre mentor pour l’annonce de notre stage!

À cette pensée, le ventre de Stella se serra de nervosité. Où allait-on l’envoyer? Qu’allait-on attendre d’elle?

Assise bien droite devant Jules, Stella patientait le temps qu’il lui apprenne la nature de son stage. Elle était la première et la seule apprentie de l’homme noir. Auparavant, celui-ci travaillait exclusivement comme gardien d’anges. Il veillait tout spécialement sur les anges guerriers.

Premier éternel arrivé sur les lieux du meurtre d’Angéla, la mère de Stella, c’est lui qui avait recueilli la jeune fille et l’avait amenée à l’Académie. Quelques semaines plus tard, c’est encore lui qui lui