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La Librairie Manquante: Tome 3
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La Librairie Manquante: Tome 3
Livre électronique197 pages2 heures

La Librairie Manquante: Tome 3

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À propos de ce livre électronique

Cinq années se sont écoulées depuis le départ d'Edwin Thaffiot...

Arthur et Joséphine sont des enfants espiègles et bientôt ils devront affronter le « monde extérieur » en rejoignant une école en ville. Thomas se méfie de Juliette, alchimiste gouvernementale, débarquée comme un cheveu sur la soupe et dont Samuel est tombé amoureux. Au large, un sous-marin scrute les émissions de Radio Galante. Pourquoi ?

Découvrez le troisième tome de cette saga fantastique drôle et déjantée !

EXTRAIT

Du côté des Thirion, la vie suivait son cours, subissant parfois quelques remous qui venaient bousculer leurs habitudes. Gaëlle avait finalement réussi à retaper
l’ancienne chapelle de Pickwik pour ouvrir son école de danse, qui fonctionnait plutôt bien. Ariane, la plus jeune de ses filles, avait obtenu ses examens de fin d’études sans trop de peine. Elle continuait à peindre quelques toiles entre deux concerts, auxquels elle participait dans un groupe prometteur en tant que première flûte.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

À propos du tome 1

Éva Giraud possède une plume caméléon créant un roman à la fois poétique et très moderne qui ravira les jeunes lecteurs comme les plus âgés : de 14 à 77 ans... - Spleenlajeune

À PROPOS DE L'AUTEUR

Éva Giraud, née en France en 1988, a grandi à Rouen, où elle est revenue vivre après quelques années à Toulouse. Après avoir été danseuse de feu, pigiste et bien d’autres choses, à 26 ans, elle décide de créer avec une amie une association de promotion artistique et culturelle dans laquelle elle anime des ateliers d’écriture, dont la marraine n’est autre qu’Amélie Nothomb. C’est à la Belgique qu’elle a décidé de confier son cinquième roman : Nos folies ordinaires paru en 2016.
LangueFrançais
Date de sortie9 févr. 2018
ISBN9782930848464
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    Aperçu du livre

    La Librairie Manquante - Éva Giraud

    À Lulu,

    qui m'a toujours rappelé que rien n'est insurmontable

    et que la vie est belle

    Ce roman est une œuvre de pure fiction. En conséquence, toute ressemblance, ou similitude avec des personnages, des organisations et des faits existants ou ayant existés, ne saurait être que coïncidence fortuite, il pourra cependant contenir des termes et expressions typiquement Pickwikaises.

    Aucun chat (psychopathe ou autre) ou animal n’a été (réellement) maltraité lors de l’écriture de cette série, toutes les scènes concernant Peggy sont purement le fruit de l’imagination fertile de Geneviève… enfin, nous l’espérons...

    Chapitre 1

    Au Vers Galant, rien n’avait vraiment changé. La seule différence apparente, c’était les jumeaux. Arthur et Joséphine Proust avaient maintenant cinq ans, c’était leur dernière année de scolarité à Pickwik. Après la maternelle, il leur faudrait entrer au cours préparatoire en dehors du village.

    Ils n’étaient pas du même sexe, mais se ressemblaient beaucoup. Ils avaient appris à devenir taquins et créatifs, qualités calquées sur leur entourage proche. Leur trop-plein d’énergie, Arthur et Joséphine le dépensaient avec Peggy, au grand malheur de Geneviève qui avait bien été forcée de s’y faire. Cela dit, le gros chat la laissait tranquille depuis quelque temps.

    Le mini psychopathe à poils roux ne lui faisait plus subir ses humeurs, à quelques rares exceptions près. Lorsqu’il s’ennuyait trop par exemple. Rien ne vaut la tradition, qu’elle soit agréable ou non.

    Ces moments-là mis à part, Geneviève remerciait son voisin chaque minute où elle était tranquille, car c’était grâce à lui. Samuel de Grimwald le lui avait promis, et il l’avait fait : une chatte mécanique tout à fait réaliste était venue semer la zizanie dans le cerveau de Peggy, qui s’évertuait à présent à tenter d’attirer l’attention de sa nouvelle voisine aux yeux de biche et au pelage étincelant. Valentine. Un prénom à l’effigie de l’amour, qui rendait Peggy tout chose à chaque fois qu’il la regardait par-dessus la clôture. Et il y passait des heures, plissant les yeux, les moustaches aux aguets.

    Samuel avait mis neuf longs mois pour obtenir un résultat quasi parfait. Ce fut long, mais il y parvint. Il en allait de la santé mentale de sa voisine. Un beau jour, il avait débarqué chez les Proust, les cheveux hirsutes et son tablier rose en lambeaux, déclarant à Geneviève :

    — J’y suis arrivé ! Enfin ! J’ai l’impression d’avoir accouché, c’est une sensation très étrange... Mais la voilà, notre belle Valentine.

    Geneviève l’avait embrassé avec fougue, tapotant le sommet de sa tête d’inventeur pour le remercier de tout son cœur : elle se voyait déjà libérée de la corvée de ménage à l’infini, pouvant désormais passer la serpillière une seule et unique fois, sans craindre que le chat n’attende le moment propice pour piétiner de boue le sol encore mouillé. La vie est faite de petits plaisirs tout simples...

    Du côté des Thirion, la vie suivait son cours, subissant parfois quelques remous qui venaient bousculer leurs habitudes. Gaëlle avait finalement réussi à retaper l’ancienne chapelle de Pickwik pour ouvrir son école de danse, qui fonctionnait plutôt bien. Ariane, la plus jeune de ses filles, avait obtenu ses examens de fin d’études sans trop de peine. Elle continuait à peindre quelques toiles entre deux concerts, auxquels elle participait dans un groupe prometteur en tant que première flûte.

    Après avoir accumulé les stages non rémunérés dans des ateliers d’artistes et entreprises de décorations, la jeune fille avait fini par trouver un travail dans une galerie d’art. Bien que le lieu fut focalisé sur la photographie, elle s’y sentait bien, et ça lui permettait de garder un pied dans le milieu artistique si cher à son cœur, tout en gagnant sa vie. Ariane faisait de son mieux pour ne pas laisser les artistes et leurs sales caractères ternir l’image qu’elle se faisait d’eux. Certains réclamaient tant d’attention qu’elle se contentait de se tourner vers ceux qui n’enchaînaient pas les caprices saugrenus de divas en détresse.

    Élise, malgré cinq ans passés à tenter d’établir de nouvelles prouesses littéraires sans y parvenir, était toujours aussi bien reçue avec sa biographie. Elle passait donc d’un salon du livre à l’autre, rentrant régulièrement auprès de sa tendre Myrtille.

    Éliane voyageait toujours beaucoup, partie la plupart du temps aux quatre coins du monde, subvenant à ses besoins primaires en enchaînant les jobs en tout genre.

    L’aînée des sœurs, Juliane, ne mettait les pieds à Pickwik que lorsqu’elle avait assez de temps pour venir voir ses parents. Mais son métier d’infirmière et la vie décalée qu’il lui imposait l’en empêchaient souvent.

    Trois ans plus tôt, Zoé trouva à se faire employer dans une entreprise spécialisée dans la communication publicitaire. Mais l’esprit compétitif et la pression qu’on lui mettait pour être prolifique à tout et n’importe quel prix l’avaient bien vite poussée à se tourner vers une reconversion plus humaniste.

    Elle travaillait à présent dans une association qui se destinait au droit à l’éducation pour les enfants du monde entier. Un sacrifice financier qu’elle accepta sans difficulté : vivre chez ses parents ne lui posait aucun problème. Pickwik était toujours aussi accueillant, comme un cocon qu’elle n’aurait pas quitté de toute façon.

    Quant à Lili, elle s’était battue d’arrache-pied pour mener à bien son projet de librairie, qui fonctionnait à présent assez bien pour lui permettre de gagner un peu d’argent, et d’habiter juste au-dessus, là où six ans plus tôt, le cabinet du Docteur Lucien Duchemin accueillait ses patients.

    Le Vers Galant lui manquait beaucoup. Sa bibliothèque dans le grenier, surtout. Mais la librairie dans laquelle elle s’était tant investie lui convenait parfaitement. C’était à présent un endroit paisible et coloré, à son image, qui avait gagné sa clientèle en peu de temps. Et même si elle était surtout la seule libraire du village, elle aimait croire que sa clientèle appréciait ses avis et conseils de lecture.

    L’ex-Docteur Lulu revenait en visite de temps à autre, officiellement pour promener ses moutons bleus. Mais on savait bien qu’en vérité, il lui prenait surtout un petit vague à l’âme, une sorte de nostalgie heureuse qui le ramenait au village en souvenir d’une époque révolue. Un pèlerinage, en somme. Le temps et le métier d’éleveur lui avaient grisé les cheveux et creusé les traits. Malgré la fatigue, il semblait en paix avec sa nouvelle vie, et si les cafés d’Albertine lui manquaient terriblement, la vie au grand air le confortait dans sa nouvelle vocation.

    Mimi et sa douce coulaient des jours heureux depuis leur mariage. Le caractère d’Albertine ne s’était pas adouci pour autant, mais quelques années de vie commune n’avaient pas anéanti la patience de Mimi, toujours aussi attendri par les sautes d’humeur hystériques de sa femme. Et lorsque sa patience était mise à l’épreuve, il pouvait toujours raconter ses malheurs à Monsieur et Madame Dingledon. Les limaces n’avaient pas vécu tout ce temps, bien sûr. Sans comprendre comment Mimi ne s’en était pas aperçu, Albertine avait remplacé, presque chaque année, les cadavres du couple baveux. Il aurait été bien trop triste de les voir s’en aller au pays des limaces. Il continuait donc, depuis cinq ans, à croire que ses chers compagnons avaient une sorte de jeunesse éternelle entretenue par ses bons soins.

    Miss Albertine continuait, bien entendu, à trouver des raisons pour ennuyer « le gros Bébert », qui répondait toujours présent à ses provocations. Ces deux-là ne pourraient jamais s’entendre comme des gens normaux.

    Cependant, les crises entre eux étaient moins fréquentes depuis deux ou trois ans, en raison des activités nombreuses et variées du désormais célèbre Club des Pipes.

    Des réunions de mosaïque sur pipe les occupaient quatre heures chaque jour, en plus de leur « convention hebdomadaire sur les nouvelles matières propices à l’art », et de la chorale qui leur prenait cinq heures par semaine. Autant dire que le Club des Pipes avait fini par faire le deuil de sa Coccinelle disparue, au profit d’autres activités bien plus ludiques. On disait même, lorsqu’ils donnaient une représentation à l’occasion, que ces années d’entraînement acharné avaient conduit le Chœur des Pipes à une certaine maîtrise de son talent. Ils étaient devenus de bons chanteurs. Comme quoi, ces dandys faisaient preuve d’une ressource inépuisable de sujets à explorer. Nouvellement, ils prenaient même le temps de caser quelques heures consacrées à l’origami dans leur emploi du temps déjà chargé. Toujours plus. « Parce que le quotidien peut tuer ». Leur excès de zèle avait cependant conduit Monsieur le Maire à freiner leurs ardeurs.

    Un jour, alors que le village était déjà entièrement redécoré à coups de grues en papiers, tortues et coccinelles froissées en tout genre, ils ajoutèrent le détail qui obligea la mairie à intervenir : sur le banc en face de la poste trônait depuis quelques jours une grue en papier d’un mètre sur deux, qui suintait et se ratatinait un peu plus à chaque averse.

    Si Bernardin de Lavilliers avait fortement protesté auprès des autorités, arguant que le but de cet art éphémère était de souligner le fait que « dans la vie, rien n’est immuable », ce fut malgré tout la grue de trop.

    Albertine trouvait ces histoires ridicules évidemment. Elle comparait souvent le Club des Abrutis à « une bande de femmes au foyer qui fait semblant de s’occuper avec des travaux manuels, avec en plus de faux airs d’académiques mal dégrossis ». Mais c’était plus pour le principe, pour avoir le dernier mot. Car finalement, du moment qu’on lui fichait la paix, elle se portait très bien. D’autant plus que lorsqu’ils squattaient son café pour leurs ateliers mosaïque, elle ne les quittait pas des yeux : de tels comportements la fascinaient. C’était selon elle un cas d’étude obligatoire pour le plus pointu des chercheurs en sciences humaines. Pickwik n’en comptant aucun, elle s’était mis en tête de les étudier elle-même, prenant soin de noter des semaines durant leurs moindres faits et gestes dans un petit carnet. Une tâche exigeante et minutieuse qui l’avait occupée fort longtemps.

    Du côté de chez Sam, tout allait beaucoup mieux. Ces deux dernières années, il en avait vu de toutes les couleurs, subissant de grands changements pas toujours évidents, avec une famille compliquée à gérer.

    Les parents de sa nièce Éléonore lui avaient laissé le soin de s’en occuper de plus en plus souvent. Ils n’arrivaient pas à gérer les situations de plus en plus cocasses dans lesquelles elle se mettait, et avaient fini par lui dire qu’ils n’avaient plus la force. Mais la jeune fille ne leur avait pas fait subir une simple crise d’adolescence au même titre que ses congénères. Une sorte de tumeur appuyait sur une partie de son cerveau depuis fort longtemps, que les examens médicaux avaient révélée trop tard.

    Si les médecins purent l’enlever sans trop de soucis, réglant ainsi ses problèmes de comportement, ils n’avaient pu éviter l’inévitable.

    À dix-sept ans, Éléonore devint aveugle. S’ensuivirent six longs mois de dépression. Elle ne se nourrissait plus, ne se levait plus. Son oncle dut même lui faire sa toilette une fois ou deux. Samuel tint bon, courageusement, forçant le respect de ses voisins et amis qui l’aidaient comme ils le pouvaient. Mais il était trop gentil. Samuel de Grimwald, patient, subissait jour après jour la dépression de sa jeune nièce, se résignant à lui porter assistance bien plus que de raison.

    Même ce cher et si patient Henri avait failli démissionner, n’en pouvant plus d’entendre la jeune fille se plaindre sans même faire l’effort de parler dans une langue qu’il puisse comprendre.

    Alors un matin de février, Geneviève Proust prit les choses en mains. Débarquant dans la chambre sombre et glauque d’Éléonore, elle ouvrit la fenêtre, la débarrassa de ses draps, la fit lever de force, la jeta sous la douche, et comme le résumait maintenant la jeune aveugle, « hop, un coup de pied aux fesses ! ».

    La fermeté de Jenny paya. Pas une fois sa voisine n’avait flanché devant les pleurs et les cris d’Éléonore. Ce fut dur et parfois violent, mais elle avait tenu bon.

    Quelques semaines plus tard, c’est une nouvelle Éléonore qui cuisinait avec Henri et reprochait à son oncle le désordre dont souffrait son atelier. Elle se sentait « toute neuve ».

    Depuis deux ans, elle avait retrouvé des repères, se débrouillait seule, était responsable, caractérielle et obstinée :

    — Tonton, si tu ne viens pas manger immédiatement, je te prive d’atelier pendant deux semaines !

    Et un peu plus tard :

    — Je suis comme tout le monde, sauf qu’en prime, j’ai le droit de ne pas travailler !

    On pouvait rire de tout avec elle. Surtout de son handicap. Un sujet restait seulement à ne pas aborder : ses parents. Elle considérait leur comportement comme un abandon pur et simple, et serait dorénavant fidèle à son oncle ainsi qu’à ceux qui avaient vraiment pris la peine de s’occuper d’elle.

    Depuis peu, elle était même capable de s’occuper des jumeaux, si ça n’excédait pas une heure. Alors que la dernière fois, Geneviève le lui avait demandé, le temps de faire un aller-retour au village, Éléonore lui avait répondu sans hésiter :

    — T’inquiète, je les ai à l’œil !

    Elle n’était pas entièrement confiante : même si elle se débrouillait très bien et s’occupait d’elle-même de façon tout à fait autonome, surveiller deux tornades de cinq ans était une autre paire de manches. Mais Éléonore tenait à se rendre utile comme n’importe quelle jeune voisine, et elle refusait d’avouer à Jenny qu’une heure de baby-sitting l’épuisait littéralement.

    Suite aux dernières élections pickwikaises, tout s’était trouvé chamboulé pendant quelques semaines. Les résultats avaient été très serrés entre

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