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Hypercube, tome 1 : le secret d'Eden Light: Un thriller fantastique haletant !
Hypercube, tome 1 : le secret d'Eden Light: Un thriller fantastique haletant !
Hypercube, tome 1 : le secret d'Eden Light: Un thriller fantastique haletant !
Livre électronique397 pages6 heures

Hypercube, tome 1 : le secret d'Eden Light: Un thriller fantastique haletant !

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À propos de ce livre électronique

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » - Benjamin Parker - Spiderman

« Il pleuvait des cordes et on ne voyait pas à dix mètres devant soi, mais c’est pourtant ce jour-là qu’on me confia l’artefact le plus mystérieux qu’il m’ait été permis d’acquérir. Le cube dont je pris possession fit de moi un homme capable de lire dans les pensées, alors même que la ville était secouée par les crimes odieux d’un certain Oméga. Je m’étais résolu à me servir de ces nouveaux dons pour mener ma propre enquête. Cependant, j’étais bien loin d’imaginer la tournure qu’allaient prendre les événements, et je n’étais pas conscient, à l’époque, que le moindre de mes choix aurait un impact crucial. Je m’appelle Eden Light, et voici mon histoire. »

Au fil des pages, ce thriller fantastique nous plonge dans un univers haletant et mystérieux. Entre les péripéties du Bureau, unité d’élite de la police pour le moins surprenante, et les accusations de l’énigmatique Claire Blanche, Eden en vient à se demander si ses capacités sont un cadeau du Ciel ou bien une malédiction. Parviendra-t-il à percer les secrets de l’Hypercube avant qu’il ne soit trop tard ?

Entrez dans la trilogie Omega et laissez votre cœur palpiter au rythme de péripéties haletantes !

EXTRAIT
Je haïssais ce que j’étais devenu. Je dois admettre que j’avais atteint un stade de cruauté et de manipulation qui m’effrayait moi-même. Comment ce jeune homme, étudiant modèle à l’université de Yorn, avait-il pu sombrer dans une telle perversion, au point de se trahir lui-même ? C’était de la folie, cette personne ne pouvait pas être moi. Et pourtant.
La nouvelle lune peignait le ciel d’un noir inquiétant. Seules quelques étoiles dispersées guidaient mes pas. Je courais dans la pénombre, le plus vite que mes muscles courbaturés me le permettaient, aussi hâtivement que mon cœur me l’autorisait. Alors que mes cuisses s’échauffaient dans une épouvantable torture, je m’efforçais de sprinter sans relâche. Mes jambes hypertrophiées devenaient aussi lourdes que deux blocs de pierre, et malgré cela je devais traîner ces boulets toujours plus loin. Mon corps sclérosé entamait ses ultimes réserves d’énergie, tandis que le souffle glacial de l’hiver m’arrachait le gosier. Ma salive était sèche. J’avais l’impression de cracher mes poumons à chaque expiration, tant j’étais à bout de souffle. Une lame brûlante, partant de mon estomac et remontant jusqu’au fond de ma gorge, lacérait mes entrailles avec une pugnacité semblable à la mienne. Au début, la sensation la plus douloureuse demeurait celle de mes mains transies par le froid, mais à présent je ne les sentais même plus. Ce dont j’étais certain, c’était que l’adrénaline me poussait hors de mes limites. Ou tout simplement était-ce ce que l’on appelle l’instinct de survie.

A PROPOS DE L’AUTEUR
Meryl Camus est un amoureux des histoires colorées et des pages noircies d’encre. Amateur de défis et déterminé à aller jusqu’au bout de sa créativité, il achève son premier manuscrit à l’âge de douze ans. Sept ans plus tard, à la suite d’une formation littéraire, ce goût du dépassement de soi le guide jusqu’à Sciences Po Lille, où il étudie plusieurs années avant de devenir entrepreneur. C’est cette quête du développement personnel qu’il souhaite véhiculer à travers ses récits, à commencer par Eden Light, le héros de sa trilogie Hypercube dont il achève le premier tome à dix-neuf ans.
LangueFrançais
ÉditeurThoT
Date de sortie29 févr. 2016
ISBN9782849213599
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    Aperçu du livre

    Hypercube, tome 1 - Meryl Camus

    phénomène.

    Prologue

    Je haïssais ce que j’étais devenu. Je dois admettre que j’avais atteint un stade de cruauté et de manipulation qui m’effrayait moi-même. Comment ce jeune homme, étudiant modèle à l’université de Yorn, avait-il pu sombrer dans une telle perversion, au point de se trahir lui-même ? C’était de la folie, cette personne ne pouvait pas être moi. Et pourtant.

    La nouvelle lune peignait le ciel d’un noir inquiétant. Seules quelques étoiles dispersées guidaient mes pas. Je courais dans la pénombre, le plus vite que mes muscles courbaturés me le permettaient, aussi hâtivement que mon cœur me l’autorisait. Alors que mes cuisses s’échauffaient dans une épouvantable torture, je m’efforçais de sprinter sans relâche. Mes jambes hypertrophiées devenaient aussi lourdes que deux blocs de pierre, et malgré cela je devais traîner ces boulets toujours plus loin. Mon corps sclérosé entamait ses ultimes réserves d’énergie, tandis que le souffle glacial de l’hiver m’arrachait le gosier. Ma salive était sèche. J’avais l’impression de cracher mes poumons à chaque expiration, tant j’étais à bout de souffle. Une lame brûlante, partant de mon estomac et remontant jusqu’au fond de ma gorge, lacérait mes entrailles avec une pugnacité semblable à la mienne. Au début, la sensation la plus douloureuse demeurait celle de mes mains transies par le froid, mais à présent je ne les sentais même plus. Ce dont j’étais certain, c’était que l’adrénaline me poussait hors de mes limites. Ou tout simplement était-ce ce que l’on appelle l’instinct de survie.

    Je m’étais enfoncé dans le parc voisin. Non seulement les arbres me dissimulaient un peu plus de mes ravisseurs, mais surtout ils me mettaient à l’abri du mistral qui grondait sur la ville, comme pour punir ceux qui en troublaient l’ordre. Les charmes de vingt mètres de haut étaient devenus de précieux alliés. Derrière moi j’entendais des voix qui hurlaient mon nom, qui m’invitaient à me rendre. Cependant je ne pouvais pas, pas plus que je n’étais en mesure de réparer les dégâts causés. Et maintenant que je m’étais extirpé du chaos, chaque son demeurait beaucoup plus facilement perceptible. Je pense, de toute manière, que je ne serais jamais parvenu à ignorer le claquement des balles qui volaient dans ma direction. Les coups de feu s’intensifiaient à mesure que je perdais de la vitesse. Alors, dans la panique, il m’arrivait de trébucher sur une ou deux racines, puis je reprenais ma course, hors d’haleine.

    J’avais mal aux pieds, j’avais mal à la gorge, aux poumons. Je parvenais à peine à respirer. Et pourtant j’avançais, grâce à cette chaleur en moi qui me poussait à accélérer lorsque je les sentais trop près de moi. Ils étaient en colère. Si j’avais été moi-même, je n’aurais jamais agi ainsi. Cette fois-là, je les avais trop provoqués, j’avais trop abusé de mon pouvoir. Dans un sens, je pense que nous avions été trop loin. Je m’enfuyais en sachant que j’avais abandonné un bout de moi-même, mais cela ne m’inquiétait pas outre mesure. Pour l’heure, c’était de moi dont il s’agissait, c’était à mes trousses qu’ils étaient – et à celles de personne d’autre.

    Ils se rapprochaient : l’écho des balles qui pleuvaient derrière moi s’estompait aussitôt, tel un claquement foudroyant qui indiquait qu’ils n’étaient plus très loin. J’entendais leurs exclamations se renforcer. Je discernais le larmoiement des branches mortes craquant sous leurs pas, celles sur lesquelles je venais moi-même de marcher. J’avais quitté le parc pour m’élancer le long du port. Je n’avais jamais couru aussi vite de toute mon existence, mais ma hâte avait eu raison de mon endurance. J’étais à bout de force et à découvert. Je n’avais aucun endroit où me cacher, ils étaient déjà bien trop près. Une chose était certaine : désormais j’entendais des sons qui n’étaient plus leurs seules paroles. Je ne pouvais pas m’arrêter, je ne pouvais plus continuer. Où était-il, lui, alors que j’avais besoin d’aide ?

    Puis, tout se passa en une fraction de seconde. L’espace autour de moi se figea, le temps se mit à tourner au ralenti. La charge propulsive s’amorça, la bille de métal fendit le vent hivernal dans un frottement léger et un claquement sourd rompit le silence. À ce stade, je pus presque percevoir le flottement de la douille dans les airs, qui bientôt plongerait sur le sol terreux. Je savais pertinemment que cette munition était la mienne. En réalité elle ne fit qu’effleurer mon mollet, mais elle balaya du même tir tout l’espoir qui m’animait. Enfin il y eut un nouveau coup de feu et puis... plus rien.

    Je m’appelle Eden Light, et voici mon histoire.

    ÉPISODE 1

    CELUI QUI SAVAIT LIRE DANS LES PENSÉES

    Chapitre 1

    Jour de pluie

    « Tout commença à l’automne 2012. J’avais vingt ans et je venais de rentrer en troisième année au Collège de Yorn, la plus grande université de la ville. J’aurais souhaité y terminer mon cycle, me trouver un bon job et fonder une famille avec une femme douce et aimante, mais le destin en décida autrement. Jamais je n’aurais pu imaginer la tournure que prendrait le cours des choses. Je me souviens encore de ce lundi où j’attendais Charlie au Café du soleil. C’était un peu une seconde demeure pour nous, on aimait bien l’ambiance. On y rencontrait des gens chaleureux et des étudiants studieux. Un peu comme moi en fait. Bien sûr, j’avais mon coin préféré. La table 21, sur la mezzanine : à l’abri des courants d’air en hiver, mais suffisamment fraîche en été, à cheval entre la pénombre du fond de salle et la lumière de la baie vitrée. Je pouvais y bosser mes cours tranquillement, entre deux bacs fleuris, tout en ayant la table de billard à portée de vue pour me distraire lorsque je ne trouvais pas la force de ponctuer une dissertation. »

    Il était convenu que Charlie le rejoigne à seize heures pour terminer un travail sur la littérature médiévale ; il ne devait plus tarder. Pour l’heure, la présence des deux jeunes femmes à la table d’en face le dissipait. Il n’avait pas eu de mal à identifier Cassidy et Roxanne, puisque l’une partageait ses cours d’anglais et l’autre ses heures de psychologie. La première était brune, grande et étourdie, tandis que la seconde possédait une chevelure blonde disposée en un chignon serré et des hanches délicates. Roxanne lui tournait le dos, ne laissant paraître que ses fines épaules sous son foulard en mousseline de soie rose. Mais il se rappelait parfaitement son minois innocent et son regard perçant. Elle savait s’entourer d’une aura dominatrice, une prestance qu’elle imposait sans jamais se la faire dérober.

    Peut-être Eden l’avait-il fixée trop longuement, car Cassidy s’empressa de le dénoncer à son amie. Plutôt que d’essayer de deviner ce dont elles parlaient, Eden ouvrit négligemment un de ses manuels.

    Les filles étaient à plusieurs mètres de la table 21, pourtant Cassidy se mit à chuchoter précautionneusement afin de s’assurer que personne ne puisse surprendre leur conversation.

    — Ne te retourne pas, fit-elle en se penchant vers son amie, mais je crois bien que tu plais au mec derrière toi.

    — Décris-le-moi, répondit simplement Roxanne, sans décoller les yeux du magazine féminin qu’elle feuilletait en sirotant sa limonade.

    — Très bien...

    Cassidy se mit à dévisager le jeune homme d’un air pensif, tout en prenant soin de décrire chaque élément qu’elle distinguait :

    — Brun, cheveux mi-longs, visage fin... Plutôt bien habillé – chemise blanche, avec un gilet noir. Un manteau noir sur sa banquette. Il a l’air studieux. Le genre de mec qui lit la préface des livres et regarde les crédits jusqu’au bout à la fin d’un film, gloussa-t-elle. Mais il est plutôt beau garçon, je dois dire.

    — Continue, fit Roxanne en levant les yeux vers son informatrice, avec un soupçon de curiosité.

    Cassidy prit une légère inspiration et poursuivit :

    — Eh bien, je dirais qu’il aime le café. Il est là depuis dix minutes et il a déjà bu deux tasses. Il a deux bagues aux doigts j’ai l’impression, et un pendentif, ajouta-t-elle en réajustant une mèche de cheveux. En réalité il est plutôt classe, mais je ne pense pas qu’il apprécie d’attirer l’attention sur lui. Enfin je ne sais pas. Je l’ai déjà croisé, mais je n’ai jamais entendu le son de sa voix. Il... Zut ! Je crois qu’il m’a vue !

    Roxanne pouffa.

    — De quelle couleur sont ses yeux ?

    — Comment veux-tu que je le sache, je ne vois pas très bien d’ici, regarde toi-même !

    Roxanne esquissa un sourire mesquin. Elle fit tomber son magazine d’un geste qui aurait difficilement pu paraître involontaire. Elle se pencha pour le récupérer sous sa chaise et en profita pour jeter un coup d’œil au garçon. Elle se redressa vivement, l’air surprise.

    — Je le connais, susurra-t-elle, il est dans ma classe ! Il paraît que c’est lui qui a eu les meilleurs résultats aux examens de l’année dernière, et on dit qu’il se paie le luxe de ne pas assister à certains cours. Je déteste ce genre de type...

    — Mignon et intelligent, coupa Cassidy en observant une nouvelle fois le sujet de leur conversation. De quoi rendre Justin jaloux, à coup sûr, renchérit-elle à l’adresse de Roxanne.

    — Tu crois que Justin reviendrait vers moi s’il me voyait en compagnie de ce mec-là ? Sérieusement ? fit-elle, sceptique.

    — Les hommes, ça veut tout avoir sous la main, affirma-t-elle avec suffisance en avalant une gorgée de son cocktail à la cerise. Tant que tu ne lui paraîtras pas hors d’accès, tu n’auras aucune valeur à ses yeux. Mais si tu pars chasser sur un autre territoire, il reviendra au galop, crois-moi. Et tu viens de trouver un territoire intéressant.

    L’autre sembla réfléchir quelques instants. Elle mordilla sa lèvre pourpre, puis bondit de sa chaise en saisissant son sac à main, comme si elle venait de trouver la solution à tous ses soucis. Cassidy l’imita. Les filles déposèrent la monnaie dans une coupelle prévue à cet effet, sans pourboire, puis elles se dirigèrent vers la sortie. La jeune blonde prit le soin d’adresser à Eden un large sourire qu’il remarqua avec autant de surprise que d’incompréhension, à la suite de quoi il se perdit dans ses songes.

    Un instant plus tard, Charlie Delpierre faisait irruption sur la mezzanine. Il avait une silhouette mince et élancée qui lui donnait un air adolescent. Son visage souriant, ses courtes boucles dorées et ses grands yeux bleus ne faisaient qu’accentuer son allure de dieu grec, néanmoins candide et taquin.

    — À quoi tu penses ? lança-t-il gaiement en s’installant sur sa chaise.

    — À des millions de choses, répliqua narquoisement Eden. Quoi de neuf ?

    Charlie s’empressa de lui confesser qu’il venait de croiser deux filles qui parlaient de lui, mais qu’il n’était pas parvenu à saisir le motif de leur conversation. Il souligna que la brune s’était arrêté de parler à son approche. Eden se mit à rire, mais ne s’étendit pas sur le sujet. Il fallait toujours que ce garçon soit monté sur ressorts.

    — Tu sais, dit Charlie, parfois j’aimerais vraiment bien savoir ce qu’elles ont en tête, les nanas. Un coup oui, un coup non. On ne sait jamais trop ce qu’elles pensent ! Tiens, tu te souviens de mon ex ?

    — Qui ça, Mathilde ?

    — Non, l’autre.

    — Laura ?

    — Non plus. Je te parle d’Elsa, reprit Charlie, celle qui avait un petit nez en trompette. Bref, la fois où je vous ai rejoint pour la soirée bowling, je devais l’emmener au ciné, mais j’avais complètement oublié ! « On peut remettre ça à plus tard », que je lui dis. « Fais ce que tu veux », elle répond. « Avec qui préfères-tu passer la soirée ? » Alors je lui ai dit « tu as raison chérie, merci ». Je lui répète qu’elle est la meilleure, et je viens vous mettre une raclée au Super Bowl. Elle l’a mal pris, va savoir pourquoi...

    — Tu as vraiment fait ça ? toussota Eden avec amusement. Je l’ignorais.

    — Ouais ! Les femmes, tu sais... Le mieux serait de connaître leurs pensées tu vois, leurs envies, ou – un Pepsi, s’il vous plaît, ajouta-t-il précipitamment à l’adresse du serveur qui passait.

    Eden lâcha un rire chaleureux, puis remit le museau dans son cahier.

    Les lignes d’encre bleue se suivaient et se ressemblaient. Il les parcourait avec lassitude, parfois deux fois d’affilée par inadvertance, tandis que Charlie s’était brutalement converti au silence. Absorbé par son écriture, Eden en vint à oublier sa présence pendant deux pages, le temps que Charlie s’absente pour de bon. Il avait filé discrètement, presque sans un mot. Cela lui prenait, parfois.

    Au même moment, la mezzanine perdit sa luminosité habituelle. Le soleil s’était doucement éclipsé, à l’instar de Charlie, et de grosses gouttes commençaient à glisser le long des vitres. Car le Café du soleil lui-même n’échappait pas à la saison des pluies et le mois d’octobre pleuvait sur la ville de Yorn. Le vent balayait d’un souffle frais les feuilles mortes des arbres décharnés dans la rue, et faisait danser les branches des peupliers, sans décrocher l’étudiant de son ouvrage au vieux papier coloré par l’usure du temps.

    La mythologie fascinait Eden. Il avait eu l’opportunité de l’étudier à l’étranger, mais il s’était décidé à rester encore quelque temps dans les bâtiments de la capitale régionale. Et par région, il fallait entendre l’ensemble du territoire que comprenait L’île, domaine à la fois en dehors du monde et ouvert sur lui. Forte de ses racines occidentales, L’île – avec une majuscule, comme si elle était la mère de toutes les îles, l’unique à pouvoir porter cette dénomination – parvenait à entretenir de solides relations diplomatiques et commerciales avec le reste du globe. Yorn constituait un réel centre d’impulsion pour le domaine. Cette ville s’étendait à elle seule sur toute la côte sud de L’île, à l’embouchure du fleuve Potamide, et s’étendait sur de nombreux terre-pleins au-dessus de la mer. Yorn reposait sur un brassage exceptionnellement vaste de cultures. Des familles de toutes confessions avaient migré depuis les quatre coins de la planète pour venir s’installer sur ces terres, ce qui en faisait une des villes les plus cosmopolites du monde. Pour cette raison le Conseil des Onze, principal organe exécutif de L’Île, avait adopté l’idée selon laquelle Yorn devait être divisée en quartiers distincts. Cette politique de séparation, mise en place au début du nouveau millénaire, avait été vivement contestée initialement, mais il n’avait fallu que quelques mois à la population locale pour accepter ce plan.

    Le cœur de la ville, qui comprenait aujourd’hui les plus majestueux gratte-ciel de L’île et les monuments historiques, avait gardé son appellation d’antan : le District, en référence à la période séculaire où la zone était une entité indépendante de la capitale. Le quartier Tripoléen couvrait la grande majorité de la côte est et quelques îlots, là où, débordant sur l’avenue romaine, s’entassaient la misère et les clans. Depuis une fraction du Boivert, le parc urbain le plus visité de la région qui s’étendait sur trois quartiers, il n’y avait qu’un pas à faire pour passer du Tripoléen au Mistral, le quartier qui n’avait pour limite que la mer du sud-est. Par la voie rapide, par le parc ou par la plage, il était facile, à partir de là, d’accéder au quartier ouest, qui avait gardé la dénomination de Faubourg. C’était une zone devenue jeune et dynamique depuis l’implantation de la gare, du Collège de Yorn et des lotissements étudiants. Mais l’architecture n’avait rien à envier aux maisons du quartier nord. Les Pavillons attiraient les entrepreneurs à succès qui recherchaient du calme et du confort, tout en profitant d’un allongement dans l’ouest le long du fleuve. C’est sur la pointe de cette presqu’île que le port de Yorn était alimenté depuis la nuit des temps. Quant à l’îlot de l’Apyre, situé à quelques brasses à l’ouest des Pavillons et du Faubourg, il s’était transformé au fil des années en zone industrielle dont un pont très ancien en restreignait l’accès. Enfin, l’île d’Atarashii au sud, à équidistance de la zone industrielle et du Faubourg, était en fait un terre-plein dont la construction avait été amorcée un siècle plus tôt par des immigrants japonais. Le paradoxe était que ce quartier nouveau se voulait le plus traditionnel de tous, mêlant artificiellement les cultures diverses du monde et les plus belles créations architecturales. C’était le plus grand pont de Yorn, le pont Asgard, qui reliait ce gigantesque territoire au Faubourg.

    Désormais, on étudiait les sept quartiers de Yorn dès l’école primaire, et les habitants acceptaient ce découpage comme le plus juste de tous. Néanmoins la ville ne représentait pas toujours un idéal de justice, ni même de sécurité, ce qui était souvent à l’origine des tensions sociales qui émergeaient en cette décennie de crises. Quelques années auparavant, les hautes instances politiques avaient même dû faire appel à l’armée pour calmer les ardeurs qui flambaient et protéger le régime. Si L’île agissait comme une région autonome, comptant ses propres dirigeants, son propre système scolaire et a fortiori ses propres problèmes intérieurs, elle n’accédait pas pour autant au titre de nation, ni même à celui de pays à proprement parler. Tout au plus était-elle une région à part, un monde ailleurs dont le drapeau flottait au sommet de l’hôtel de ville. Beaucoup seraient en mesure de développer les informations relatives à Yorn et sa région, mais la fierté de ses habitants et la discrétion imposée les poussent à taire sa localisation précise.

    Eden pouvait voir le pont Asgard depuis la fenêtre de son appartement, et ne se lassait pas de l’admirer sous le coucher du soleil, laissant sa lointaine chaleur en raviver les cimes. À ses yeux, la lumière transportait avec elle une énergie revigorante, et le moindre rayon le mettait de bonne humeur.

    Ce fut d’ailleurs une brève éclaircie qui sortit Eden d’un chapitre sur la légende arthurienne. Il songea à en profiter pour regagner son domicile, mais une étiquette sur la couverture intérieure lui rappela qu’il s’agissait du dernier jour pour rendre le manuel là où il l’avait emprunté. En observant le ciel menaçant, il se blâma d’avoir choisi la réserve régionale près de la gare plutôt que la bibliothèque du campus, à deux pas du café. Son aversion pour les bus de ville et le fait que les lignes de métro soient perturbées ne firent qu’accentuer son dépit.

    Il s’engagea à pied en direction du centre-ville. Il marcha ainsi dans les rues humides pendant quelques instants, tandis que le ciel s’obscurcissait. Il ne savait pas si la précocité de ce crépuscule était due tant à la position du soleil qui se dissimulait derrière les gratte-ciel qu’au gros nimbo-stratus qui menaçait Yorn. Tel un chef de file, l’épais nuage gris s’avançait sur la ville en traînant derrière lui un voile de couleur fer, dont les teintes les plus reculées tournaient au noir. Bientôt, plus aucun rayon de lumière ne put percer le sombre rideau qui commençait à verser des gouttes sur la population, la précipitant à l’abri de ses larmes. Une rafale de vent fit virevolter son manteau derrière lui, et une seconde en balaya brutalement l’avenue. Le garçon choisit de se diriger vers la gare au plus vite, avant que l’averse ne frappe.

    La pluie se fit de plus en plus pressante, de plus en plus lourde. Le temps qu’Eden ajuste sa capuche sur la tête, celle-ci était déjà trempée. Il essaya vainement d’appeler un taxi, mais à la seconde où il fouilla ses poches, il n’y trouva que quelques centimes qui ne lui seraient d’aucun secours. Rien non plus dans son sac à dos. Où avait-il pu mettre le reste de sa monnaie ? Il renonça et se faufila à travers la masse pour gagner l’intérieur. Il parcourut une centaine de mètres sous l’averse avant de l’atteindre. La gare apparut bondée de monde, prise d’assaut par une nuée de parapluies noirs. Il y patienta quelques instants, le temps que la météo s’adoucisse. Le ciel gris faisait l’objet de toutes les conversations de la foule, et la plupart s’étonnaient de l’arrivée précoce de la saison des pluies. Eden, lui aussi, s’attendait à ce que le déluge n’ait pas lieu avant la fin du mois, et pendant deux à cinq jours tout au plus. Yorn était autrement habituée à des pluies régulières, surtout au début d’octobre, mais ce soir-là le crachin se montrait particulièrement agressif. Puisqu’il ne s’agissait pas d’une modeste pluie d’automne, le jeune homme s’imagina qu’il pourrait attendre longtemps avant qu’elle ne se calme. Quelques notes retentirent dans la gare, puis une voix féminine ricocha entre les voies : « Mesdames, messieurs. Suite à un incident technique, la ligne de métro A1 est momentanément hors service. Merci de patienter jusqu’à son rétablissement. »

    Eden soupira dans un haussement de sourcils, à peine surpris. Le destin s’acharnait décidément contre lui. Il n’était pas non plus question de déranger quelqu’un qui puisse venir le chercher en voiture, sous prétexte qu’il était incommodé par l’orage. Tant pis pour la légende de la Table ronde, il rendrait le livre plus tard et s’excuserait, pensait-il. Il était temps de rentrer, quitte à faire les deux kilomètres qui le séparaient de son domicile à pied. Dans tous les cas, il lui faudrait braver la tempête.

    Il jeta un coup d’œil à son sac d’un air amer. « Fichu roi Arthur, sans le détour que j’ai fait pour toi je serais déjà chez moi à commander une pizza bien chaude... » À la réflexion, il s’amusa à imaginer le pauvre livreur de pizza à moto qui serait contraint de subir le temps peu clément pour venir jusque chez lui, et sourit même à l’idée de choisir une pizzeria à l’autre bout de la ville, exprès. Eden sortit de ses pensées lorsqu’un passant le bouscula. Le fracas des gouttes sur le toit de la gare lui indiquait que le calme n’était pas revenu dehors, et il se résigna finalement à marcher jusque chez lui.

    Il quitta le tumulte de la gare pour affronter celui de la pluie. Il trottina plusieurs mètres dans la rue désertée, sans prendre le soin cette fois-ci d’éviter les éclaboussures de voitures ni de marcher dans les flaques d’eau. Les hautes architectures de la zone ne le protégeaient pas du petit déluge, qui semblait l’atteindre quel que soit l’endroit où il se trouvait, puisse-t-il se réfugier sous un toit. La pluie semblait non plus battre depuis les hauteurs célestes, mais d’un nuage qu’un mauvais génie aurait glissé au-dessus de sa tête comme un couvre-chef piégé.

    Il ne tarda pas à être trempé. Il piétinait sur des trottoirs où personne ne s’aventurait, enfonçant ses pieds dans ce qui semblait être le cours d’un petit ruisseau. Le soleil avait eu le temps d’assécher les rues de la ville les semaines passées, et la pluie soudaine, plutôt que s’infiltrer dans le sol, ne faisait que glisser dessus. Luttant avec ferveur contre le vent qui se levait – comme si la pluie seule n’était pas une force de la nature suffisamment déstabilisante – il tourna à l’angle, rue du Square.

    Lorsqu’il passa le coin, une bourrasque inonda ses paupières. Eden cligna des yeux à plusieurs reprises, combattant le flou humide, puis reprit son chemin. Il ne reconnut rien à la route qu’il empruntait, sinon les sillons d’un vent pluvieux qui parcourait le labyrinthe d’eau.

    Alors, pour la première fois depuis les cinq dernières minutes, il vit un piéton au loin. À travers les gouttes, il distingua la silhouette noire d’un homme qui marchait précipitamment. Il le remarqua d’autant plus que ce dernier laissa quelque chose lui échapper. Eden se hâta de ramasser l’épaisse enveloppe de papier kraft qui venait de tomber sur le trottoir arrosé. Elle semblait avoir survécu à la pluie, mais elle paraissait surtout contenir un objet, un objet épais. Il la rangea sous son manteau et s’engagea à la poursuite de l’homme, qui avait disparu derrière un coup de vent. Quand il put le distinguer à nouveau, Eden l’interpella à plusieurs reprises, mais le bruit sourd de la pluie qui chutait, devait sans doute empêcher l’homme de l’entendre, car celui-ci continuait sa route sans se retourner. Ne pensant plus qu’à rendre le courrier à son propriétaire, il le fila sur plusieurs rues, si bien qu’il finit par se perdre dans le dédale aquatique qu’était devenue Yorn, plongée dans une obscurité bleutée.

    Eden termina sa course dans une ruelle déserte, où l’on ne distinguait plus le caniveau de la route tant les flots étaient conséquents. Il effectua une nouvelle tentative lorsqu’il aperçut le personnage à l’autre bout de la rue, visiblement immobile. Il s’approcha vivement de lui, en lui faisant un signe du bras.

    — Attendez ! l’apostropha Eden. C’est à vous !

    Il n’était plus qu’à une vingtaine de mètres. L’endroit était à l’abri du vent, mais le brouillard nuisait à l’acuité visuelle de quiconque venait à s’enfoncer dans l’allée. Même entre deux murs, la pluie parvenait à battre violemment contre les parois et les containers. L’eau montait jusqu’à ses chevilles, et parfois même un peu plus haut lorsque le sol était concave, ce qui rendait ses déplacements ardus. Quinze mètres les séparaient désormais. L’individu, par chance, semblait l’attendre. À mesure qu’il avançait, la pluie se faisait de plus en plus pesante, elle frappait vigoureusement son visage, l’aveuglait. Dans son élan, Eden trébucha et tomba dans l’eau. Il aperçut dans la flaque son visage lisse, dont la pâleur faisait ressortir la chaleur de ses lèvres. Néanmoins la fraîcheur de l’endroit rosissait ses joues, et des gouttelettes glissaient le long de celles-ci. Sa capuche imbibée retombait sur ses cheveux humides, lesquels nageaient sur son large front et ses sourcils froncés. Il aperçut, gisant sur le sol, sa gourmette d’argent dont le fermoir, déjà usé, venait de céder. Ses mains fraîches et mouillées la saisirent et la rangèrent dans une poche de sa veste, puis elles s’appuyèrent contre son reflet criblé de gouttes d’eau et il se redressa tant bien que mal. Sans un mot, il se remit à marcher.

    Dix mètres. L’homme semblait porter un imperméable sombre, qu’une haute capuche surplombait. Haletant, Eden poursuivit ses efforts, tandis que l’eau dégoulinait le long de son front et de son nez. La silhouette vers laquelle il tendait était brouillée par la pluie qui tombait sur elle, si bien qu’il lui était incapable de distinguer quoi que ce soit. Eden s’approcha encore un peu plus, et une bourrasque souffla dans la ruelle. Elle lui ôta la capuche de sa tête, l’obligeant à lutter contre le vent à visage découvert. Il chancela légèrement et dut s’aider des murs qui l’entouraient pour continuer sa progression. Ils n’étaient plus qu’à une demi-douzaine de mètres l’un de l’autre quand Eden plongea la main dans son manteau pour saisir l’enveloppe. À cet instant l’inconnu recula de quelques pas. Le courant d’air rendait la progression d’Eden très difficile, mais pas autant que le crachin qui frappait son visage de plus en plus fort, au point d’en être presque douloureux. Même à cinq mètres, Eden fut incapable d’examiner le visage de la personne, tant sa vision restait voilée par la pluie et tant le vaste chaperon dissimulait la figure de l’homme. Ce dernier, qui ne vacillait pas, se mit à tourner le dos.

    — Attendez !

    Cette fois-ci, le vent avait atteint une force exceptionnelle, et la pluie constituait désormais un mur d’eau que seul le son pouvait percer. Eden, qui ne pouvait plus progresser, s’efforça de lancer d’ultimes paroles à travers la tempête.

    — Cette enveloppe... vous l’avez laissée tomber... je l’ai ramassée ! À ces mots, l’autre répondit par-dessus son épaule :

    — Qu’à cela ne tienne.

    « Était-ce dû à la force du vent et à la férocité de la pluie ? Toujours est-il que ses mots parvinrent à mes oreilles avec une indicible clarté, malgré la tempête qui faisait rage. Sa phrase me parut aussi froide que les gouttes qui cognaient contre mon visage, et pourtant elle semblait pleine d’intention. La pluie s’intensifia davantage encore, si bien que je fus confronté à un étouffant mur blanc. Je me retournai pour mieux encaisser la tempête, puis le vent qui faillit me faire quitter le sol s’apaisa net. La pluie tombait verticalement à présent, et avec force, mais elle ne me parut qu’une simple bruine comparé à ce que je venais d’affronter. Je me tournai vers la lueur des voitures au bout de la rue, que je pouvais désormais distinguer sans peine parmi les piétons. Il pleuvait à verse, simplement. Mais ce qui me marqua le plus à ce moment-là, ce fut le fait qu’entre-temps l’homme était parvenu à s’éclipser. Je ne cherchai même pas à le retrouver, estimant que j’avais suffisamment donné pour la soirée. Je rentrai chez moi sous la pluie, avec l’enveloppe.

    Quel drôle de personnage... Que voulait-il exactement ? Maintenant que j’y pensais, j’avais été stupide de chercher à le rattraper, d’avoir à tout prix voulu lui rendre ce qui lui appartenait. Je priai un instant pour que ce paquet ne fût pas piégé, et de même je me demandai s’il m’était réellement destiné. Mais en fait, ses mots avaient été clairs : cela ne semblait pas le déranger que je sois le possesseur de l’enveloppe. J’ajouterais même qu’elle m’était probablement adressée. Voulait-il me la donner à moi ou bien simplement au premier passant venu ? Peu importe. Mais pour quelles raisons ? Pourquoi aujourd’hui ? J’avais l’impression que la pluie s’abattait de plus en plus fort à mesure que je voulais accomplir une bonne action. D’où ce sentiment pouvait-il venir ? Il se passait parfois à Yorn des choses intrigantes. Aussi en ce soir de pluie, je suis rentré, seul et grelottant. Dans le flou. »

    Eden était revenu chez lui depuis presque une heure mais il sentait encore les palpitations de la pluie s’abattre sur ses épaules. Pourtant, comme un athlète épuisé à la fin d’une épreuve, il se rappelait de cette fin de journée humide comme d’un vaste rêve, tant cette tempête paraissait irréelle.

    L’appartement d’Eden était à son image. Grand et sobre, au coloris noir et blanc. Il ne manquait rien mais il comportait peu de superflu, tout au plus quelques photos fixées au-dessus de son bureau. La fenêtre, lumineuse dès l’aurore, donnait sur le Grand Pont, conférant à quiconque s’en approchait une soudaine impression de liberté.

    Ses affaires séchaient sur le radiateur, tandis que lui, qui avait revêtu un short sec, s’efforçait de passer ses cahiers et manuels au sèche-cheveux. Même « Contes et légendes du Moyen Âge » n’y échappa pas. La soirée était entamée depuis longtemps lorsqu’Eden choisit de s’intéresser au colis qu’il avait lui aussi séché, puis déposé sur sa table de chevet. En vérité, il brûlait d’envie de l’ouvrir depuis l’instant où il l’avait eu entre ses mains, mais il redoutait ce qu’il pouvait y avoir à l’intérieur. Assis sur son lit, le jeune homme prit l’enveloppe sur ses genoux. Finalement, il se dit qu’il aurait fini par l’ouvrir tôt ou tard, et que d’une manière ou d’une autre elle lui était adressée. Il déchira le papier kraft.

    L’objet qu’il en sortit, il n’en avait jamais vu de semblable. Il s’agissait d’une sorte de cube qui avait la taille de la paume de sa main, ni plus ni moins. En réalité, c’était davantage un cube emboîté dans un autre, transparent comme du verre. Or cela ne semblait pas être du verre, ni du cristal et encore moins du plastique ; mais plutôt un mélange entre ces trois matières, une texture qu’Eden n’avait jamais eu l’occasion de toucher. L’aspect du cube variait de la transparence totale à un blanc d’albâtre selon l’éclairage. Eden n’avait jamais rencontré ce genre de polytope régulier en dehors des cours de géométrie auxquels il avait assisté, et il ne pensait pas un jour toucher la matérialisation

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