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Le Soliton de Peregrine: Un thriller très à l'ouest
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Le Soliton de Peregrine: Un thriller très à l'ouest
Livre électronique133 pages1 heure

Le Soliton de Peregrine: Un thriller très à l'ouest

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À propos de ce livre électronique

L'enquête secrète d'un étudiant en philosophie...

Étudiant en philosophie, Alexandre Mestrallet postule pour une vacation à l’Académie d’Avalenn, établissement pour jeunes filles situé sur une île au large du Finistère. Sous couvert de ce travail, il est secrètement missionné pour enquêter sur la mort étrange de celle qu’il vient remplacer. Cependant, dès son arrivée, sa tâche s’annonce difficile. Entre direction dysfonctionnelle, collègues dépressifs et lycéennes provocantes, Alexandre va devoir composer pour se faire accepter au sein d’une communauté insulaire haute en couleur. Sans le savoir, il va déclencher un compte à rebours fatal. Parviendra-t-il assez vite à comprendre les enjeux de pouvoir à l’œuvre et à lever le voile sur certains lourds secrets ? Ou sera-t-il rattrapé par ses propres démons ?

En suivant pas à pas l'enquête d'Alexandre, plongez dans l'atmosphère d'une île au large du Finistère, et découvrez une communauté haute en couleur !

EXTRAIT

– Vitrine, tu as trouvé le bon mot. Avalenn est devenue la vitrine électorale de madame Destray : maire en 1995, sénatrice en 2011. Où s’arrêtera son ambition politique ? Mais si on creuse derrière ce succès de façade, que trouve-t-on ? Des conflits d’intérêts en cascade entre Destray-femme politique et Destray-chef d’entreprise ! Elle a transformé ses administrés en obligés. Que se passerait-il s’il lui prenait l’idée de délocaliser l’Académie sur l’île anglo-normande d’Aurigny, un paradis fiscal encore plus proche des côtes françaises qu’Avalenn ? Notre île serait ruinée. Nous sommes devenus totalement dépendants de son système clientéliste. Je te le dis, il est grand temps de réfléchir à l’après Destray.
– Si tu pouvais être objective de temps en temps… Depuis quinze ans, notre niveau et notre qualité de vie ne se sont-ils pas nettement améliorés ?

A PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-François Huet est né en Cornouaille en 1970. Après des études d’ingénieur à Grenoble et une agrégation de physique à Rennes, il enseigne depuis vingt ans au lycée Clemenceau de Nantes. Le Soliton de Peregrine, son second roman, peut se lire indépendamment du précédent, premier tome de la trilogie Votez Kalysto.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie3 mai 2018
ISBN9791023608458
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    Aperçu du livre

    Le Soliton de Peregrine - Jean-François Huet

    Chapitre 1 Fortune de mer

    Les paupières closes, j’écoutais Façades, l’hypnotique musique à structure répétitive de Philip Glass. J’imaginais une série de vaguelettes interférant pour former un mur d’eau gigantesque. Un soliton de Peregrine. Voilà par quoi, dans mon souvenir, les physiciens modélisaient ce phénomène naturel aléatoire, aussi exceptionnel que monstrueux.

    J’ouvris les yeux. Point de vague scélérate à l’horizon ce 27 décembre en mer d’Iroise. Juste une houle d’ouest régulière qui entretenait le roulis de la Marie-Morgane. Le ferry ralliait Rosker à Porz Artus, le bourg de la commune insulaire d’Avalenn. Avec six cents âmes sur ses treize kilomètres carrés, cette forteresse de granit « hostile mais pleine de charme » défiait l’Atlantique à douze milles du continent. Le destin m’y portait.

    Je n’aurais jamais dû me contenter ce matin-là d’une petite viennoiserie trop grasse pour caler le café serré et le pseudo jus d’orange. J’étais irrémédiablement nauséeux, au point de douter de la pertinence de ma « mission ».Pourquoi ne pas avoir refusé, poliment mais fermement, la demande d’un vieil universitaire de mener une contre-enquête sur la mort d’une ancienne collègue philosophe ? Au lieu d’être malade à crever sur ce fichu rafiot battu par les embruns, j’aurais été à Paris, au chaud, serein, à préparer le réveillon de la Saint-Sylvestre avec mes amis… Mais d’amis, je n’en avais plus, depuis que le professeur Huitric m’avait choisi, moi, pour être son dernier thésard à Harvard.

    Ma nuit blanche dans la grande ville portuaire de Rosker n’arrangeait rien à l’affaire. Un visage affreux m’avait hanté. Maintenant, quand je fermais les yeux, espérant contrôler mes haut-le-cœur, toujours me revenait à l’esprit cette tête livide, boursouflée avec ses vilaines balafres aux joues. Elle me poursuivait donc, semblant me répéter « Memento mori »². C’en était trop. Je courus m’accrocher au bastingage pour vomir. Même si désormais je ne crachais plus que de la bile, je peinais à réfréner les contractions de mon estomac. Une main puissante se posa sur mon épaule :

    « Alors jeune homme, on n’a pas le pied marin. Prenez-en donc une gorgée pour vous remettre. »

    L’effet de surprise eut raison de mes spasmes. J’ôtai mes écouteurs et me retournai pour découvrir le solide gaillard à la barbe rousse qui, tout à l’heure, était monté à bord avec son VTT et un sac à dos plein à craquer. Il me tendit une flasque en métal recouverte d’une gaine de cuir passablement usée. Je m’en servis une lampée comme il m’y invitait avec instance.

    Une onde de chaleur tourbée traversa ma bouche et mon œsophage. Mes yeux s’embuèrent. Je toussotai.

    « Hmm, puissant et original ce whisky…

    –Cent pour cent blé noir !

    –Production personnelle ?

    –Pour ainsi dire. Mon neveu a ouvert sa petite distillerie il y a six ans. Je l’aide un peu pendant les vacances scolaires.

    –Seriez-vous enseignant ?

    –Oui. En SVT, à l’Académie d’Avalenn.

    –Enchanté. Alexandre Mestrallet, lui dis-je en serrant sa main avec enthousiasme. Nous serons peut-être collègues prochainement.

    –Armel Kemener. Enchanté… Vous venez postuler pour le poste de philo et maths ?

    –Exactement.

    –Le profil est plutôt atypique. Sans être trop indiscret, comment possédez-vous cette double compétence ?

    –Je suis entré à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm sur le concours sciences. J’ai eu la possibilité d’y suivre en première année un séminaire de philosophie animé par le professeur Huitric qui enseigne à Harvard. Cela m’a donné l’envie d’en découvrir plus. Assez déjà pour être reçu dans les premières places à l’agrégation de philosophie en juillet dernier.

    –Et avec un tel classement, l’inspection générale ne vous a pas proposé un poste en classes préparatoires ?

    –Si, mais j’hésite encore terriblement entre l’enseignement et le doctorat. Alors, j’ai négocié une année de césure.

    –Il vous reste maintenant à convaincre la responsable de l’Académie…

    –Je ne m’en fais guère pour cela ! »


    2 Souviens-toi que tu vas mourir

    Chapitre 2 La Tsarine

    « Silence ! Assis ! »

    Je pris place prestement sur la sellette disposée devant un imposant bureau Empire à pieds en gaine surmontés de sphinges. Je compris alors que les ordres s’adressaient aux deux malinois qui précédaient l’arrivée de « Madame Gabrielle Destray » qui savourait visiblement son effet.

    Tailleur anthracite, chemisier rouge un peu étroit, élégant collier de perles, la voilà qui s’avançait vers moi dans des effluves d’ambre, de santal et de musc. Elle me tendit la main. Je me relevai pour recevoir une poignée de main des plus viriles. Alors que les deux molosses haletants, assis côte-à-côte, me fixaient méchamment, elle s’installa tranquillement, face à moi, dans un élégant fauteuil en acajou.

    Avec sa crinière poivre et sel savamment domptée, madame Destray assumait sa cinquantaine finissante sous un maquillage sobre. Contrairement à d’autres femmes de sa prestance qui, à coups de bistouris ou d’injections de toxine botulique, auraient cherché à estomper les marques du temps, elle affichait fièrement quelques plis d’acrimonie au-dessus des lèvres, des cernes un peu marquées sous les yeux et, de franches rides de lion scellant son tempérament irrémédiablement revêche.

    Elle ôta ses lunettes. Pendant de longues minutes, elle parcourut avec la pointe de son stylo-plume mon dossier de candidature, soulignant ici, ajoutant des points d’interrogation là. Régulièrement, elle relevait vers moi ses yeux scrutateurs de myope. Sachant que deux de mes anciennes camarades de promotion avaient décliné la semaine précédente la proposition à cause du célibat professionnel qu’impliquait cet emploi, je me considérais objectivement en position de force. Je souriais donc intérieurement face au faux suspense que la directrice cherchait à entretenir. Mon regard s’attardait sur les éléments de décoration raffinée de cette grande pièce qui dominait, côté nord, la cour centrale heptagonale, et offrait, côté sud, une vue imprenable sur la côte sauvage d’Avalenn.

    Les larges fenêtres étaient bordées de lourds rideaux en velours de soie pourpre constellés de petits motifs dorés que je peinais à distinguer.

    « Des abeilles », me souffla madame Destray qui avait perçu mon regard perplexe. « On ne mesure pas combien ces petites bêtes peuvent nous être utiles. » J’opinai du chef poliment sans saisir encore la portée de sa remarque.

    Mon attention se porta sur un portrait de jeune fille posé sur le plateau en porphyre finement ouvragé d’une commode. S’il n’y avait eu ces yeux si intensément bleus, on aurait pu croire, au premier abord, à un tirage en noir et blanc tellement les longs cheveux étaient de jais, la carnation d’albâtre et les lèvres fines d’un rose si pâle. Beauté et innocence. J’imaginai Ronsard déclamant son ode à Cassandre. Et, tout à ma rêverie, de ma bouche s’échappa :

    « Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté. »

    Madame Destray s’en saisit, et dit :

    « Mon bon Monsieur, merci de me rappeler que le temps sur moi a fait son œuvre.

    –C’est que je… »

    Elle me coupa sans me laisser le temps de me confondre davantage en excuses.

    « Mais revenons plutôt à votre curriculum vitae. Second au concours général de mathématiques en 2012, troisième à l’agrégation de philosophie en 2018. Eh bien, contrairement aux bons vins, on ne peut pas dire que vous vous bonifiiez avec le temps !

    –Mais, je…

    –Heureusement, vous n’êtes pas ici pour votre brillante conversation mais pour vos supposées qualités universitaires. Alors, restons-en là pour aujourd’hui. Vous disposez d’un peu plus d’une journée pour élaborer une leçon de quatre-vingt-dix minutes sur Simone de Beauvoir figure de l’existentialisme. Nous vous écouterons demain à treize heures trente à l’amphithéâtre ADN.

    –Un amphithéâtre de biologie ?

    –Quelle idée ! Je vous parle de l’amphithéâtre Alexandra David-Néel.

    –Ah…

    –…LEX-AN-DRA DA-VID NÉ-EL, l’orientaliste, spécialiste du Tibet ! Si le Professeur Huitric n’avait pas apporté personnellement son soutien à votre candidature, notre entretien se serait déjà clos. Disons que vous devez avoir des qualités, mais alors très bien cachées… Pour préparer votre cours de demain, vous aurez un accès illimité au fonds de philosophie de notre centre de documentation ainsi qu’aux livres numérisés des plus grandes bibliothèques. Ce badge personnalisé sera votre sésame le temps de votre séjour à l’Académie. Je vous conseille de le porter en médaillon, jour et nuit, comme tout le monde ici.

    –Euh… merci. »

    Elle se leva. Je l’imitai. En me retournant, j’aperçus, dans la cour, au sommet d’une colonne, une statue que faisait resplendir le

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