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Des ombres dans le silence: Des ombres dans le silence
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Des ombres dans le silence: Des ombres dans le silence
Livre électronique485 pages7 heures

Des ombres dans le silence: Des ombres dans le silence

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À propos de ce livre électronique

Ellie sait que les heures les plus sombres sont encore à venir, et elle a toutes les raisons de se battre:

Elle doit se battre pour Will.

Les démons ont utilisé leurs armes les plus cruelles pour mettre la vie de Will en danger et Ellie doit conclure une alliance invraisemblable pour le sauver et arrêter Lilith et Samaël, qui veulent mettre le monde à feu et à sang et percer le Paradis.

Elle doit se battre pour l’humanité.

Pendant que l’armée des Enfers se prépare pour la fin des temps imminente, Ellie et ses alliés doivent se rendre dans les coins les plus secrets et anciens du monde, dans sa quête pour s’élever à sa pleine gloire en tant
qu’archange Gabriel.

Et Ellie doit se sauver elle-même.
Son humanité décroît sous le poids de son pouvoir d’archange insensible, mais Ellie doit se raccrocher à ce qu’elle est et à ceux qu’elle aime pendant qu’elle se prépare en vue du combat final pour le Ciel et la Terre.
Dans ce dernier volet de la trilogie Feu d’ange, Courtney Allison Moulton offre une conclusion haletante et éclatante à son univers effrayant où se mêlent batailles épiques et passion amoureuse.
LangueFrançais
Date de sortie5 févr. 2014
ISBN9782897335342
Des ombres dans le silence: Des ombres dans le silence
Auteur

Courtney Allison Moulton

Courtney Allison Moulton lives in Michigan, where she is a photographer and spends all her free time riding and showing horses. She is the author of Angelfire, Wings of the Wicked, Shadows in the Silence, and the novella A Dance with Darkness.

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    Aperçu du livre

    Des ombres dans le silence - Courtney Allison Moulton

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    Copyright © 2013 Courtney Allison Moulton

    Titre original anglais : Shadows in the Silence

    Copyright © 2014 Éditions AdA Inc. pour la traduction française

    Cette publication est publiée en accord avec HarperCollins Publishers, New York, NY.

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Traduction : Kurt Martin

    Révision linguistique : Féminin pluriel

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Catherine Vallée-Dumas

    Conception de la couverture : Matthieu Fortin

    Photo de la couverture : © Thinkstock

    Mise en pages : Sébastien Michaud

    ISBN papier 978-2-89733-532-8

    ISBN PDF numérique 978-2-89733-533-5

    ISBN ePub 978-2-89733-534-2

    Première impression : 2014

    Dépôt légal : 2014

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    Éditions AdA Inc.

    1385, boul. Lionel-Boulet

    Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7

    Téléphone : 450-929-0296

    Télécopieur : 450-929-0220

    www.ada-inc.com

    info@ada-inc.com

    Diffusion

    Canada : Éditions AdA Inc.

    France : D.G. Diffusion

    Z.I. des Bogues

    31750 Escalquens — France

    Téléphone : 05.61.00.09.99

    Suisse : Transat — 23.42.77.40

    Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

    Imprimé au Canada

    43599.png

    Participation de la SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Conversion au format ePub par:

    Lab Urbain

    www.laburbain.com

    Pour Leah Clifford,qui m’a donné le courage de partir à la guerre.

    Pour Kari, qui m’a aidée à survivre à ce livre.

    Première partie

    * * *

    Le cauchemar des Enfers

    1

    * * *

    Les démons avaient essayé de me détruire encore et encore, mais même si ma robe était tachée du sang de Will, je restais debout. La soirée avait commencé de façon si magnifique, pleine de promesses et de joie, et elle s’était terminée dans l’horreur et le sang. Mais ce n’était pas fini. Will n’était pas encore mort. Un démon l’avait mis dans cet état. Et maintenant, seul un faucheur démoniaque pouvait le sauver.

    La pointe de mon épée était dirigée vers la poitrine de Cadan, mais il semblait davantage s’inquiéter pour moi que craindre pour sa vie. Les autres — Ava, Marcus et Sabina — ne pouvaient pas m’aider, mais je savais que le frère de Will le pouvait. Il était la seule personne que je connaisse à avoir rencontré une Grigori. Les Grigori sont les anges liés à la Terre au lieu des Enfers, et ils connaissent tout de la magie et de la médicine angéliques. Will avait été empoisonné par le venin d’un faucheur, et seul un Grigori saurait comment le sauver. J’avais besoin de Will à mes côtés pour gagner cette guerre. Je ne pourrais vaincre Samaël et Lilith, ainsi que leurs légions démoniaques, sans son aide.

    Les yeux opalins de Cadan lancèrent un éclat dur et flamboyant.

    — Ellie, tu peux poser ton épée. Dis-moi ce qui s’est passé.

    — Je ne m’adresserais pas à toi si je connaissais un autre moyen, lui dis-je. Tu es la seule personne qui puisse m’aider.

    Je tenais quelqu’un qui m’aimait à la pointe de mon épée, et je lui demandais de sauver la vie de celui que moi j’aimais. C’était si tordu.

    — Je t’ai dit que je ferais n’importe quoi pour toi, dit-il. Je tiens mes promesses.

    Je perçus une hésitation dans sa voix.

    — Peu importe ce que je dois faire ou si c’est dangereux, fis-je en reniflant, les mains et l’épée tremblantes. Je dois le sauver.

    — Ellie.

    Il avança lentement, tendant la main. Ses mâchoires se contractèrent de douleur lorsque le feu d’ange lécha son bras jusqu’à sa manche enroulée. Il prit mon poignet et repoussa mon bras avant que le feu ne marque sa peau de façon permanente. Son corps était proche du mien, si proche que j’aurais voulu me jeter dans ses bras afin qu’il m’étreigne et que je pleure jusqu’à l’épuisement. C’est ce que faisait toujours Will avec moi. Mais c’était son affaire, et celle de personne d’autre.

    Dans un sanglot, je fis disparaître mon épée, et Cadan poussa un soupir de soulagement. Il me tira vers lui, ses yeux parcourant ma robe déchirée et tachée de sang. Il posa ses mains sur ma taille, ses pouces s’enfonçant dans ma chair.

    « Il cherche une blessure », pensai-je.

    Mais comme je ne sursautais pas de douleur, il poussa un nouveau soupir.

    — C’est le sang de Will ? demanda-t-il.

    Je fis un signe affirmatif et essuyai les larmes sur mon visage.

    — Merodach a emmené un autre faucheur. Rikken. Will l’a tué, mais pas avant d’être mordu. C’est un genre de venin. Je ne sais pas.

    — Je connais Rikken, dit Cadan. Un parasite que Bastian avait enrôlé lorsqu’il avait découvert ce qu’il était capable de faire. Bastian rassemblait les individus qui sortent de l’ordinaire et s’assurait qu’ils demeurent loyaux jusqu’à ce qu’il ait besoin de leurs pouvoirs.

    — Les Grigori savent tout, hein ? demandai-je d’une voix tremblante. Sur la médecine et la magie angéliques ? Ils sauront comment le sauver. Il le faut !

    — C’est probable, dit Cadan. Mais la Grigori que je connais est dangereuse. Te conduire à Antarès pourrait causer plus de tort que de bien. J’ai un ami qui pourrait nous mettre sur une meilleure piste.

    — Antarès ? Le Gardien de l’Ouest ? C’est elle la Grigori que tu connais ?

    Il fit un signe affirmatif d’un air las.

    — Elle est l’un des quatre Seigneurs cardinaux des éléments. Elle est aussi la Grigori dont moi, et Will, descendons. La lignée de Bastian.

    — Mais Bastian est démoniaque, répliquai-je, perplexe. Seuls les faucheurs angéliques descendent des anges Grigori déchus. Les faucheurs démoniaques descendent de Samaël et Lilith. C’est insensé.

    — Le père de Bastian était angélique.

    — Tu veux rire, dis-je. Bastian n’était en aucun cas à demi angélique.

    — Mon grand-père était le descendant direct d’Antarès. C’est un secret très, très bien gardé. Le sang d’Antarès qui coule dans nos veines nous rend plus puissants, mais notre sang n’est pas aussi pur que celui d’un faucheur qui se trouve plus près de la source, comme Merodach ou Kelaeno. Ils proviennent directement des entrailles de Lilith.

    — Will a tué Kelaeno, fis-je avec un air de défi. Et mon feu d’ange a laissé une cicatrice à Merodach. Ces deux-là possédaient une force monstrueuse, mais Will et moi avons prouvé qu’ils n’étaient pas invincibles.

    Cadan esquissa un sourire.

    — Tu es un archange, et Will est un genre de phénomène. Tu es chanceuse qu’il soit ton Gardien.

    Des larmes jaillirent de mes yeux.

    — Mais je ne le serai plus s’il meurt.

    J’avais besoin de Will. Je l’aimais et ne pouvais pas continuer sans lui.

    — Ellie, je t’en prie, assieds-toi un moment. Je vais te chercher quelque chose à boire.

    Il me conduisit jusqu’au sofa et traversa le salon en direction de la cuisine. Une fois seule, je ne pus m’empêcher de regarder autour de moi. Son appartement était spacieux, décoré avec beaucoup d’objets en verre et des peintures modernes. De l’autre côté du salon, il y avait un mur de fenêtres, s’étirant du plancher jusqu’au plafond et s’ouvrant sur un grand balcon. La ville scintillait en contrebas. Je pris soudainement conscience que je me trouvais seule dans la demeure d’un faucheur démoniaque. Tout semblait si normal ici, et cette constatation me surprit. Est-ce que je m’imaginais que les faucheurs démoniaques vivaient quelque part dans des grottes ou des troncs creux ? Ils semblaient parfois si… humains.

    Cadan revint avec un verre d’eau. Je le pris, mais pus seulement avaler une gorgée avant de me sentir mal.

    — Je vais t’emmener à l’endroit que fréquente mon ami. Il connaît un Grigori qui se nomme Virgile. Nous devrions suivre cette piste avant de nous lancer sur une autre bien plus dangereuse.

    — Alors, allons-y, fis-je en bondissant sur mes pieds. Le temps presse.

    Il lécha ses lèvres et parcourut la pièce du regard nerveusement.

    — Attends. Il faut d’abord que tu comprennes que l’endroit où nous allons va grouiller de virs démoniaques. Il y en aura partout. Nous pourrons entrer et sortir sains et saufs, mais seulement si nous nous montrons prudents. Personne ne doit savoir qui tu es.

    — Parfait, dis-je en acceptant. Tout ce que tu veux. Allons-y.

    — Comprends-tu vraiment ce que je dis ? demanda-t-il. Pas même toi ne peux affronter une centaine de virs en même temps.

    Je lui lançai un regard furieux.

    — Je comprends, mais nous devons faire vite.

    — As-tu des vêtements de rechange ?

    — Quoi ?

    — Il faut que tu portes autre chose que cette robe, dit-il d’un air très sérieux.

    — Je me fiche de mon apparence !

    — Là où nous allons, tu ne peux pas être couverte du sang d’un faucheur angélique. Cela pourrait attirer l’attention sur nous.

    Mon cœur se serra. En regardant ma robe, je ne pus m’empêcher de penser aux événements horribles de cette soirée qui avait si bien commencé.

    — C’est tout ce que j’ai, fis-je d’une voix blanche.

    — Alors, nous devrons passer chez toi prendre de nouveaux vêtements. Viens.

    — D’accord, répondis-je en le suivant sans rouspéter.

    Nous roulâmes jusqu’à la maison de ma grand-mère, puis Cadan m’accompagna jusqu’aux marches de la galerie. Grand-maman jaillit de la porte d’entrée, une main sur la bouche.

    — Ce n’est pas possible, souffla-t-elle, les yeux écarquillés, son regard passant de Cadan à ma robe tachée de sang. Ellie !

    — Ne t’inquiète pas, dis-je en pesant mes mots. C’est un ami.

    — Que s’est-il passé ? fit-elle d’une voix pantelante, me tirant vers elle et m’examinant à la recherche de blessures. Je pensais que j’avais senti une énergie démoniaque…

    — Il n’a rien fait.

    Je m’arrachai de sa prise et la contournai pour entrer dans la maison.

    — C’est Cadan. Il est ici pour m’aider.

    — Pourquoi ? s’écria-t-elle en titubant jusqu’au mur. Que fais-tu avec un faucheur démoniaque ? Qu’est-ce qui se passe ?

    — Will est blessé, dis-je, surprise par le détachement de mon propre ton.

    J’étais si épuisée émotionnellement que je ne ressentais presque plus rien.

    — Nous allons trouver quelqu’un qui peut le sauver, ajoutai-je.

    Je mis la main sur la rampe d’escalier et me tournai vers Cadan.

    — Je vais me changer, et je reviens tout de suite. Ne bouge pas de là.

    Je laissai le faucheur démoniaque avec ma grand-mère pour aller dans ma chambre. Je fouillai dans la commode pour en sortir un jean et un t-shirt. La robe, qui avait déjà été magnifique, n’était plus maintenant qu’un chiffon souillé de sang à mes pieds. Je résistai à l’envie de la reprendre, d’en lisser le tissu et de l’étendre sur mon lit. Je n’avais pas le temps. Il fallait que je sauve Will.

    Je dégringolai l’escalier. Cadan et ma grand-mère n’avaient pas bougé. Elle se détendit quand elle m’aperçut. L’expression de Cadan était aimable, mais il semblait un peu mal à l’aise.

    — Cadan était justement en train de me dire qu’il est le frère de Will, expliqua poliment grand-maman.

    — Demi-frère, la corrigea-t-il.

    Je le dépassai.

    — Allons-y.

    Cadan resta silencieux et m’emboîta le pas.

    — Je reviendrai, dis-je à ma grand-mère. Mais je ne sais pas quand. Ne t’inquiète pas pour moi. Je dois m’occuper de ça.

    Je regardai une fois dans sa direction pour la voir hocher la tête en signe d’assentiment et m’adresser un faible sourire.

    Puis, nous partîmes.

    Cadan et moi roulâmes en nous enfonçant profondément dans la ville. Détroit était animée, comme toujours le soir. Même avec les fenêtres de la voiture fermées, je pouvais entendre le bruit des voix et des rires joyeux, et la musique jazz que diffusaient des haut-parleurs invisibles au-dessus du trottoir. Cadan s’engagea dans un stationnement couvert et trouva une place libre au deuxième étage. Je ne l’attendis pas pour m’extirper de la voiture. Je marchai d’un pas lourd vers la cage d’escalier, et il me rattrapa en quelques enjambées. La porte métallique épaisse se referma bruyamment derrière nous et résonna sur les murs blancs égratignés. Il agrippa mon bras et je le dévisageai.

    — Il faut que tu joues le jeu, dit-il d’une voix sourde.

    — Lâche-moi, ordonnai-je d’un ton glacial en tirant mon bras.

    — Te rappelles-tu ce que j’ai dit ?

    Oui, fis-je d’une voix sifflante.

    Ses mâchoires se contractèrent.

    — Garde les yeux au sol et mets ta mauvaise humeur en veilleuse. Fais ce que je te dis, d’accord ? Et réprime ton pouvoir, pour qu’il soit plus discret encore que lorsque tu es endormie. N’attire pas l’attention, ou tu te feras tuer. Même si tu ne te préoccupes pas de toi-même, modère-toi et souviens-toi que nous sommes ici pour sauver la vie de ton Gardien.

    Mes yeux se rétrécirent et je me détournai de lui. Il avait raison. Il fallait que je me calme si nous voulions réussir. Je baissai mon énergie autant que je le pouvais, en espérant pouvoir déambuler parmi les faucheurs sans me faire repérer — aussi longtemps qu’aucun d’eux ne reconnaîtrait mon visage. Ce qui était assez peu probable. Rares étaient les faucheurs qui avaient vu mon visage et avaient vécu une journée de plus.

    Nous marchâmes deux pâtés de maisons, nous éloignant de plus en plus des bars et restaurants bondés, puis empruntâmes des rues plus sombres et plus tranquilles. Nous traversâmes un petit terrain vague entouré d’une clôture en grillage rouillée, et l’énergie surnaturelle me frappa de plein fouet. La puissance démoniaque suintait du bâtiment sombre comme un brouillard, picotant ma peau comme des pattes d’araignée avec des griffes, qui se plantaient dans mes lèvres, essayant de s’enfoncer dans ma gorge. Je toussai en ressentant un inconfort, et Cadan me lança un regard inquiet.

    — Ça va ? demanda-t-il à voix très basse.

    — Chouette.

    — Reste proche, dit-il. Ça devient plus dangereux, à partir d’ici.

    Je lui tapotai l’épaule.

    — Ne crains rien. Je te protégerai.

    Il m’adressa un petit sourire.

    — Rappelle-toi ce que j’ai dit.

    L’énergie démoniaque qui crépitait dans l’air augmenta encore et encore tandis que nous nous engagions dans une ruelle en direction d’une porte métallique qui baignait dans l’éclairage blafard d’une ampoule fluorescente. Devant la porte se tenait un faucheur démoniaque musclé qui semblait complètement humain de l’extérieur — pas de cornes, d’ailes ou de crocs saillants —, mais son énergie cré-pitait dans l’air autour de moi et le dénonçait.

    Le videur posa une main sur mon épaule, m’arrêtant avant que je puisse passer à côté de lui. Il était sûr d’avoir senti que j’étais une humaine, et j’espérais que c’était tout ce qu’il avait senti. Je secouai mon épaule, crevant d’envie de repousser son bras, mais je me mordis la lèvre pour modérer mes ardeurs. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, Cadan fit un pas en avant.

    — Elle est avec moi, dit-il.

    — Un rendez-vous ? demanda le videur d’un air ironique, pendant qu’il me lorgnait du coin de l’œil.

    Cadan prit ma main et lui adressa un clin d’œil.

    — Un souper.

    Je pressai sa main à mon tour — mais pas en signe amical. J’enfonçai mes ongles dans sa peau en guise d’avertissement. Tout son bras se tortilla et frémit sous ma poigne, et il me tira contre lui. Un avertissement pour moi. Je pris une inspiration profonde et me rappelai que toute démonstration de force, même minime comme celle que je venais de faire, risquait de révéler aux faucheurs démoniaques qui j’étais vraiment et nous faire tuer tous les deux.

    Il essaya de m’entraîner, mais le videur appuya sa paume contre la poitrine de Cadan, l’arrêtant.

    — Je connais ton visage, dit-il pendant que ses yeux se rétrécissaient. Tu es Cadan. Le fils de Bastian.

    Cadan lui adressa un sourire charmeur, dévoilant ses dents blanches éclatantes.

    — Coupable.

    — La rumeur court que tu as tué Bastian.

    Son sourire se rembrunit.

    — Ce n’est pas juste une rumeur.

    — La rumeur court aussi qu’on ne peut pas vraiment te faire confiance.

    — Ça aussi, ce n’est pas juste une rumeur.

    — Ça me fait penser que je ne devrais peut-être pas te laisser entrer.

    — Je voudrais bien te voir essayer de m’arrêter, dit froidement Cadan. La rumeur est vraie, j’ai tué Bastian.

    Je pressai à nouveau la main de Cadan, cette fois délicatement pour le réconforter. Je ne pouvais laisser cette démonstration de testostérone tourner en bagarre dans laquelle je devrais sauver sa peau.

    — Ôte-toi, ordonna Cadan.

    Le videur obéit, prenant enfin Cadan au sérieux. Cadan se pressa en avant en me tirant avec lui. Je jetai un regard par-dessus l’épaule du videur, qui avait les yeux rivés aux miens. Ils lancèrent pendant un instant une étincelle rouge semblable à des flammes, avant de s’éteindre.

    Dans la boîte de nuit, une lumière cobalt foncé filtrait à travers les volutes épaisses de fumée de cigarette. Les murs étaient couverts de tentures de satin bleu-noir, et le plancher en carreaux sombres vibrait au rythme régulier, lent et pesant d’une musique qui ressemblait plus à du bruit électronique qu’à autre chose. Cet endroit ne ressemblait à aucune boîte de nuit que j’aurais pu imaginer. Personne ne dansait sur la musique, mais les faucheurs — tous des virs démoniaques, d’après ce que je pouvais sentir, certains qui discutaient réunis en petits groupes, assis à des tables hautes ou dans des box, d’autres qui passaient près de nous — nous regardaient, Cadan et moi, avec curiosité. Une femelle me dévisagea et ralentit, ses yeux se rétrécissant pendant qu’elle approchait, mais Cadan me tira tout contre lui et fit étinceler ses yeux opalins pour montrer à l’autre vir que je lui appartenais, ce qui me mit très mal à l’aise. Elle continua son chemin. Je ne pense pas qu’elle me reconnut, mais elle sentit certainement que j’étais humaine, ce qui devait être assez rare, ici. Et elle n’était pas la seule qui m’observait.

    2

    * * *

    Les lèvres de Cadan effleurèrent mon oreille.

    — Reste près de moi et ne croise pas le regard des autres, murmura-t-il juste assez fort pour que je l’entende. Les démoniaques ont l’esprit de compétition, et celle-là essayait de t’enlever à moi. Tu aurais été obligée de te démasquer pour te protéger.

    Je pris une profonde inspiration.

    — Où se trouve ton ami ?

    — Là-bas.

    Quelques tables plus loin était assis un faucheur démoniaque avec des cheveux roussâtres ébouriffés, qui pointaient par touffes épaisses dans les airs. Lorsqu’il aperçut Cadan, ses yeux couleur tangerine s’écarquillèrent et luirent avant de devenir mauvais.

    — Je croyais que tu m’avais dit que c’était un ami ? demandai-je à Cadan, mécontente.

    Cadan prit ma main et m’entraîna vers la table.

    — La plupart de mes amis me détestent, fit-il à mon adresse.

    Puis :

    — Surprise, surprise.

    L’autre vir bondit sur ses pieds, renversant presque sa chaise en se levant brusquement.

    — Merde, qu’est-ce que tu fais ici ? cracha-t-il.

    Son énergie se hérissa défensivement.

    — Relaxe, Ronan, dit Cadan d’une voix ferme. Je viens pour discuter.

    Ronan me jeta un regard peu amène, mais affamé.

    — Avec ton chien-chien humain ?

    Je ne détachai pas mon regard du sien et ne montrai aucune frayeur.

    — Assieds-toi, Ronan, ordonna Cadan. Sinon, je te forcerai à le faire. J’ai une faveur à te demander.

    Ronan obéit à contrecœur.

    — Et pourquoi je te ferais une faveur ?

    — Tu dois bien ça à un vieil ami.

    — Tu n’es pas mon ami, lança Ronan d’une voix rageuse, ses yeux étincelant d’un éclat orange vif. Tu m’as enlevé Emelia !

    Je jetai un regard à Cadan.

    — Tu lui as volé sa petite amie ?

    — Elle est morte par ta faute ! s’écria Ronan, ses mains se serrant pour former des poings sur la table.

    — Tu as tué sa petite amie ?

    — Ellie, fit sèchement Cadan sans me regarder.

    Ronan m’ignora.

    — Je t’ai dit que je te casserais la figure si jamais je te revoyais. Toi et cette salope d’Ivar. Je vous tuerai tous les deux.

    — Ivar est morte, répliqua Cadan, les mâchoires serrées et une légère hésitation dans le regard. Je l’ai tuée moi-même.

    Ronan le dévisagea, surpris, puis haussa les épaules avec dépit.

    — Eh bien, c’est trop tard. Emelia est morte, et je te blâme, toi, pour ça.

    Ivar avait-elle tué cette vir démoniaque, Emelia, pour la même raison qu’elle avait essayé de me tuer le soir que je quittais la bibliothèque — à cause du penchant de Cadan ?

    — Je n’ai pas le temps…

    Ronan émit un rire amer, coupant la parole à Cadan.

    Toi. Tout se rapporte toujours à toi. Ce que tu veux, ce que tu n’as pas, ce que tu comptes prendre. Ce dont tu te balances une fois que tu l’as obtenu.

    — Je ne pouvais rien faire pour la protéger, dit Cadan d’une voix blanche. Si j’avais pu, je l’aurais fait.

    — Alors, pourquoi maintenant ? cracha Ronan. Pourquoi attendre quatre-vingts ans pour la venger ? Si tu l’avais aimée, tu aurais tué Ivar il y a des décennies.

    — Emilia serait morte de toute façon. Elle était humaine, Ronan.

    L’autre vir s’assit lourdement sur sa chaise et croisa ses bras épais sur sa poitrine. Il hocha la tête et fit une grimace de dégoût.

    — T’es un vrai salaud. Juste parce qu’elle avait une date de péremption, alors ça ne faisait rien de la supprimer ?

    La froideur de Cadan se dissipa alors, et il laissa ses émotions filtrer dans son regard. Il se pencha sur la table et baissa la voix.

    Je t’en prie, Ronan. Nous pourrons régler ça entre nous demain. Ce soir, j’ai seulement besoin de ton aide. Ce n’est pas pour moi, c’est pour elle.

    Ronan produisit un bruit dégoûtant et posa les yeux sur moi.

    — Cette petite chose ? Un produit de remplacement pour Emelia ? Ou t’es-tu découvert un goût pour la chair humaine ?

    Je ne pouvais plus tenir ma langue.

    — Tu parles de moi comme si j’étais un morceau de viande, et tu déshonores aussi la mémoire d’Emelia en le faisant. Elle était un petit « chien-chien » pour toi aussi ?

    Ronan plongea sur la table vers moi, des griffes jaillissant au bout de ses doigts, de vilains crocs soulevant ses lèvres. Mon instinct me dictait de m’écarter et d’appeler mes épées, mais avant que je fasse l’un ou l’autre, Cadan avait bondi sur ses pieds, passant devant moi pour agripper Ronan à la gorge et le repousser sur sa chaise. Encore une fois, j’avais failli me démasquer, et Cadan me le rappela encore en me jetant un regard furieux.

    Il se retourna vers Ronan.

    — Je t’arrache les tripes si tu fais un seul mouvement dans sa direction. Je suis bien clair ?

    — Comme de l’eau de roche, répondit Ronan dans sa barbe, montrant ses crocs avant qu’ils rapetissent pour reprendre leur apparence de dents normales.

    Pendant que Cadan se rasseyait, j’essayai d’ignorer les nombreux regards qui convergeaient maintenant vers nous trois. Mon cœur se mit à tambouriner tandis que je devenais de plus en plus nerveuse. Ce plan ne fonctionnait pas. Je voulais seulement sortir, mais nous avions besoin de cette information. Je devais sauver Will. Je devais aller jusqu’au bout.

    Ronan étudia mon visage et pencha la tête avec curiosité. Ses épaules se soulevèrent puis s’abaissèrent pendant qu’il essayait de calmer sa colère, mais plus il m’observait, et plus il devenait anxieux.

    — Je pense que je sais ce qui se passe. J’ai entendu parler de toi, Cadan, et de ce que tu manigances.

    — Pour la dernière fois, ce n’est pas pour moi, répliqua sèchement Cadan.

    — Non, pas pour toi, hein ? demanda Ronan en grimaçant un mauvais sourire. Personne n’emmène d’humain ici, et je sais que tu ne fauches pas plus que moi. Je sais qui elle est.

    — Tu ne sais pas de quoi tu parles, répondit Cadan, ignorant l’accusation de Ronan. Où est Virgile ?

    Les yeux de Ronan s’écarquillèrent, et il pencha sa tête vers l’arrière tandis qu’il riait.

    — Ça confirme tout. Tu veux savoir où trouver un Grigori ? Ton animal domestique n’est pas ce qu’il prétend être.

    — Elle est humaine, gronda Cadan. Ne fais pas ça. Je t’en prie. Je l’aime, Ronan.

    Le mauvais sourire de Ronan s’élargit.

    — Et tu la précipites dans la gueule du loup ? Tu dois vraiment l’aimer, si tu souhaites sa mort.

    Le corps de Cadan se raidit.

    — Partons, me dit-il tout bas d’un ton d’urgence. C’était une mauvaise idée.

    Je commençais à reculer ma chaise lorsque Ronan parla de nouveau.

    — Je sais pourquoi tu veux un Grigori, petit agneau. Nous, les loups, avons de grandes oreilles. Comment va le puissant Marteau ? Il se consume de l’intérieur, hein ?

    Cadan était déjà debout, tandis que je me figeais et dévisageais Ronan.

    — Ellie.

    Cadan essaya de me faire lever, mais je restai rivée à ma chaise.

    — Ton Gardien est mort, persifla Ronan. Comme tout bâtard suffisant et sans valeur devrait l’être.

    Cadan jura, mais il n’avait pas le pouvoir de m’arrêter tandis que j’explosais, le monde bougeant trop lentement pour se maintenir à ma cadence. Mon énergie explosa et je renversai la table avec les mains. Ronan était debout, mais j’avais déjà bondi dans les airs, volant par-dessus la table qui flottait, mes épées apparaissant dans un éclat et s’embrasant de feu d’ange. Une lame taillada la poitrine de Ronan, produisant un éclat de sang et de flammes blanches en déchirant son maillot et sa peau. Il rugit en titubant vers l’arrière, pressant sa poitrine sanglante pendant que j’atterrissais.

    La boîte de nuit s’anima soudainement.

    Les faucheurs démoniaques se ruèrent sur moi de tous les côtés et je libérai ma gloire d’archange. Cadan me jeta un regard et s’abrita rapidement derrière la table renversée. Les faces grimaçantes et les yeux embrasés se noyèrent dans l’aveuglante lumière blanche divine, qui était encore plus meurtrière que mon feu d’ange. Les corps explosèrent en s’enflammant et en se transformant en cendres, tandis que ma gloire passait sur la horde, la submergeant de sa lumière ardente. Je perdis Ronan de vue tandis que je tournoyais et donnais des coups de mes khépesh, les flammes blanches éclairant environ une dizaine de faces démoniaques — tout ce qui restait de la meute après que j’eus déclenché ma gloire. Pendant qu’une lame tranchait le cou d’un faucheur et que l’autre s’enfonçait dans la cage thoracique d’un autre, j’essayai de garder à l’esprit que Cadan se trouvait parmi eux, luttant de mon bord. Il n’était pas Will, et était donc vulnérable à mon feu d’ange. Mes armes étaient tout aussi mortelles pour Cadan que pour mes ennemis.

    Je fendis la muraille de faucheurs, des ongles pointus lacérant ma peau, des grognements et des cris perçants et bestiaux emplissant mes oreilles. Le sang chaud éclaboussa mon visage et mes bras, tapissa mes vêtements et s’étala sur mes cheveux. Je tranchai un faucheur du nombril jusqu’au cou et croisai le regard de Cadan à travers les flammes. Il tira son épée du cœur d’un vir et projeta le corps loin de lui d’un coup de pied. À ses pieds s’accumulaient les décombres.

    Une main enserra mon cou et me tira dans un sens et dans l’autre. D’autres mains agrippèrent mes bras, m’empêchant de donner des coups d’épée, et arrachèrent les khépesh de mes mains. Je me débattis, mais au moins trois faucheurs m’emprisonnaient — il y avait trop de corps, je ne pouvais plus me concentrer, je ne pouvais plus penser. Je ne pouvais que m’agiter et me débattre. Gabriel faisait surface. Je pouvais sentir cette partie de moi-même surgir des profondeurs obscures. Je pouvais voir le reflet de mon visage dans les yeux noirs et luisants du faucheur démoniaque qui était en train de m’étrangler. Mes yeux devinrent blancs tandis que je m’abandonnais à mon pouvoir, mais je ne pouvais laisser les choses se dérouler ainsi. Je raidis tout mon corps, luttant pour conserver ma lucidité, pour rester là. Si je laissais aller les choses, j’étais certaine de pouvoir détruire chacun des faucheurs présents dans cette pièce — mais cela incluait Cadan.

    Cadan.

    Il était là, surgissant de nulle part, coupant la tête du faucheur qui retenait mon bras droit. Maintenant que j’étais partiellement libre, je me concentrai sur la faucheuse qui enserrait ma gorge. Avec la main, je donnai un coup sec sur le point faible de son bras, à l’articulation du coude. L’os cassa net, et elle me relâcha en penchant la tête vers l’arrière pour pousser un cri de douleur et de rage. Je remontai vivement ma paume dans sa face, écrasant violemment son nez, enfonçant si profondément les os et le cartilage dans son crâne qu’elle se transforma immédiatement en pierre — morte.

    Je me tournai vers le dernier faucheur qui tenait mon autre bras, et j’enfonçai mon genou dans son ventre. Il se plia en deux en poussant un grognement. Une ombre passa au-dessus de nous deux. Je levai les yeux, le souffle coupé, ayant juste le temps de me jeter de côté, tandis que Cadan tranchait le cou du faucheur, passant presque à travers le mien en même temps. La prise du faucheur se relâcha et il se transforma en pierre sous mes yeux.

    Une énergie démoniaque me sauta au visage, me projetant dans les airs à travers la pièce comme une poupée de chiffon. Je tombai durement sur une table, des vagues de douleur me parcourant la moelle épinière tandis que le bois craquait sous moi. Je levai le regard et fixai le visage de la vir pendant qu’elle atterrissait. Je roulai sur la table et tombai sur le sol alors qu’elle s’écrasait sur la table, la faisant voler en éclats sous son poids. Je me ruai vers mes épées. Elle s’agrippa à moi, ses griffes accrochant mes vêtements, tandis que mes mains se posaient sur les manches en argent. Je me remis rapidement sur mes pieds et chancelai vers elle. Mon épée s’enfonça dans sa poitrine, passant sous la cage thoracique pour lui percer le cœur. Elle hurla tandis que son corps s’enflammait. Une nouvelle présence démoniaque surgit derrière moi. Je pivotai sur moi-même en poussant un cri de désespoir, ma lame faisant un mouvement circulaire en direction d’une gorge nue — et je suspendis mon geste, mon épée étant à un centimètre à peine de trancher la tête de Cadan tandis qu’il accrochait mon regard. Je retins mon souffle et le feu d’ange s’éteignit. J’abaissai le khépesh et il déglutit péniblement, prenant une profonde inspiration.

    — Désolée, marmonnai-je, embarrassée de l’avoir presque tué.

    — Pas de souci.

    Il regarda autour de lui avec une certaine inquiétude, mais nous avions détruit tous les virs démoniaques. La femelle était la dernière d’entre eux — à part Cadan, bien sûr. Il me fallut un moment pour prendre conscience que je ne m’étais jamais imaginée en train de combattre aux côtés d’un faucheur démoniaque. Mais il protégeait mes arrières, un peu comme Will l’avait toujours fait.

    Je me rappelai alors pourquoi nous étions venus ici.

    — Ronan, grognai-je, parcourant la boîte de nuit du regard dans un mouvement de panique.

    Je le repérai qui se précipitait vers la porte. Cadan l’aperçut en même temps que moi, mais il fut plus rapide. Il fonça à la super vitesse d’un faucheur, disparaissant de ma vue pour réapparaître en travers du chemin de Ronan. Il enfonça sa paume dans la poitrine de Ronan avec une poussée de force démoniaque qui le projeta dans les airs. Son corps percuta les tables et les chaises avant de s’écraser au sol. Ronan s’ébroua et se mit sur ses pieds en un rien de temps, mais Cadan l’agrippa à la gorge, le soulevant au-dessus du sol avant de l’écraser contre le plancher, faisant voler les carreaux en éclats.

    — Ne bouge pas ! rugit Cadan dans la face de l’autre faucheur.

    Ronan lâcha un grognement de rage et de douleur, et garda les yeux bien fermés, ses crocs s’allongeant dans la souffrance. Cadan se recula, me laissant approcher. Ronan ouvrit les yeux pendant que j’enfonçais mon pied dans sa gorge et brandissais un khépesh enflammé au-dessus de son nez. Il souleva lentement les bras en signe de défaite.

    Ma poitrine se souleva avec effort tandis que j’essayais de reprendre mon souffle.

    — C’est fini, lui dis-je. Tu es le dernier. Personne ne viendra sauver ta peau.

    La boîte de nuit était détruite. Le plancher était jonché de cendres et de gravats, comme s’il y avait eu un glissement de terrain. Les tables et les chaises étaient brisées, les canapés défoncés, le plancher craqué et soulevé.

    Je fixai Ronan, qui n’osa pas détourner son regard du mien.

    — Tu… es puissante, Gabriel, dit Ronan d’une voix pantelante. Je comprends pourquoi il te suit.

    Je ne savais pas s’il parlait de mon Gardien ou de Cadan. Ce n’était plus très important.

    — Nous n’avons pas besoin de verser davantage de sang ici. M’aideras-tu librement, ou devrai-je te forcer la main ?

    — Nous ne sommes pas tous des soldats des Enfers, répondit prudemment le faucheur. Certains d’entre nous ne souhaitent que vivre.

    Je soulevai le menton et regardai le faucheur démoniaque par-dessus mon nez, puisant à même la férocité de Gabriel pour décocher à Ronan mon regard d’archange le plus effrayant.

    — Tu sembles avoir été abusé par mon vaisseau mortel. Parce que tu es un faucheur démoniaque qui ne fauche pas, je suis disposée à te montrer la clémence du Paradis au lieu de te transformer en flammes et en cendres. Si tu souhaites vivre, alors tu me diras ce que je veux savoir. Où puis-je trouver le Grigori nommé Virgile ?

    — Je suis désolé, Gabriel, dit Ronan d’un air hésitant. Mais j’ai de mauvaises nouvelles. Virgile est mort. Il a été tué, ainsi que plusieurs autres Grigori, au cours des dernières semaines, probablement par la bête que Bastian a libérée.

    — Samaël, grondai-je, sentant un goût amer sur la langue. Il élimine les Grigori.

    Ronan fit un signe affirmatif de la tête.

    — J’ai entendu dire qu’il cherche à supprimer tout ce qui a un rapport même lointain avec les anges afin d’enrayer toute menace. Lorsqu’il sera assez fort, il s’en prendra aux Cardinaux.

    — Tu veux dire les seigneurs Grigori ? demandai-je. Ceux du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest ?

    — Oui. Les Gardiens sont peut-être liés à la Terre, mais ils sont ce qui s’approche le plus de la puissance d’un archange, dans ce royaume. Hormis toi, bien sûr.

    Cadan laissa fuser un soupir de frustration.

    — Il s’en prendra à Antarès, le Seigneur de l’Ouest, parce qu’elle est la plus près. Elle est liée aux montagnes, là-haut, dans les Rocheuses.

    Je hochai la tête.

    — Peut-on tuer les Cardinaux ?

    — Tout ce qui a été créé par la puissance divine peut être détruit par la puissance divine, expliqua Ronan. Toutes choses sont limitées par l’équilibre.

    Ce qui incluait les archanges — et même Samaël. S’il avait été créé, alors il pourrait être détruit. Cela me fit entrevoir une lueur d’espoir. Nous avions la chance de sauver un seigneur Grigori des griffes de Samaël. Et une fois que Will serait guéri, nous pourrions neutraliser Samaël une bonne fois pour toutes, avant qu’il ne tue d’autres Gardiens.

    — Virgile est mort, répétai-je, réfléchissant à voix haute. Y a-t-il d’autres Grigori près d’ici, Ronan ? Un Grigori qui serait capable de soigner le venin d’un faucheur démoniaque ?

    — Encore une fois, je suis désolé, répondit Ronan d’une voix faible. Je n’ai aucune information qui pourrait vous aider. Je vous souhaite bonne chance, vraiment. Samaël ne doit pas finir ce qu’il a commencé.

    Je relâchai Ronan et fis disparaître mes épées pendant qu’il se relevait.

    — Cadan, soupirai-je en me tournant vers mon ami. Nous devons trouver Antarès avant Samaël. S’il la tue en premier, nous n’aurons plus aucun moyen de sauver Will.

    Il ferma les yeux.

    — Nous pourrions trouver un autre…

    Non !

    Mon cri aigu se répercuta dans la salle vide, faisant sursauter les deux faucheurs démoniaques, me surprenant même par sa rudesse. Je pris une grande respiration pour me calmer, mais mes lèvres ne cessèrent pas de trembler.

    — Nous devons le faire. Si tu ne veux pas m’aider, alors je la trouverai seule. Samaël a le grimoire, et je n’ai aucune piste pour retrouver l’exemplaire manquant de Nathaniel. Si Antarès se montre hostile, alors je la

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