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Décadence - Tome 3: Résilience
Décadence - Tome 3: Résilience
Décadence - Tome 3: Résilience
Livre électronique223 pages3 heures

Décadence - Tome 3: Résilience

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À propos de ce livre électronique

La disparition d'Erriks bouleversera Tanya, au point de perdre la tête et de sombrer définitivement dans une folie suicidaire...

Tanya est anéantie par la terrible fin de la guerre. Enceinte d'un homme mort, elle perd totalement pied. Sa situation semble sans issue ; tourmentée par le deuil et des cauchemars épouvantables, à la tête d'un pays qui peine à se relever de la Chute du Soleil...
Elle n'a pourtant jamais été aussi proche du but.

Découvrez le troisième et dernier tome de la saga magique et fantastique où la frontière entre rêve éveillé et cauchermar tend mystérieusement à disparaître.

EXTRAIT

— On part. Tous les deux. Avec Emily et ses dragons. Plus rien ne m’attend à Laeava dorénavant, c’est fini.
— Euh… Ok.. On va où ?
— Je ne sais pas… Selon toi, où attendent ceux qui déjouent la mort ?
Ma question le plongea dans une rage folle.
— Mais putain ! Il n’a rien déjoué du tout ! Il est mort ! Dead ! Crevé ! Zigouillé ! Il ne reviendra jamais ! Il pourrira tout seul six pieds sous terre parce qu’il ne se réveillera jamais, ne reverra plus jamais la lumière du jour ni ton visage ! Il t’a oubliée comme tous les autres parce que ses souvenirs n’existent plus ! Il a été tué par sa propre mère et cela pour te sauver toi ! Il n’aurait pas voulu te voir sombrer ainsi ! Alors maintenant, tu vas te ressaisir ou tu vas m’entendre !
Les larmes me montèrent aux yeux. Ses propos étaient violents.
— Mais… il m’a dit… qu’il était immortel… balbutiai-je en m’asseyant par terre.
— C’était sûrement une plaisanterie, grommela Cameron sur un ton blasé qui ne lui ressemblait pas.
— Non, je suis certaine qu’il vit quelque part.
Il soupira d’exaspération. Un silence de plomb s’abattit sur la blanchisserie déserte.
— Ne sois pas stupide, sors la tête de l’eau…
— Il ne m’a pas oubliée, c’est impossible

À PROPOS DE L'AUTEURE

Garance Michelot est une jeune auteure d'origine belge dont le premier roman, Décadence, est sorti aux éditions Art En Mots en 2018.
C'est à douze ans qu'une envie de créativité lui vient ; elle s'arme d'un cahier et d'un stylo pour finalement voir son livre édité trois ans plus tard, peu de temps après son quinzième anniversaire.
En dehors de ses mondes imaginaires, elle mène une vie tranquille et suit ses cours dans l'espoir de poursuivre une carrière littéraire.
LangueFrançais
Date de sortie22 nov. 2019
ISBN9782378233570
Décadence - Tome 3: Résilience

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    Aperçu du livre

    Décadence - Tome 3 - Garance Michelot

    MICHELOT.

    Romance

    Editions « Arts En Mots »

    Illustration graphique : © Val

    Il y a une volupté à se faire des reproches à soi-même. Quand nous nous condamnons, nous sentons que plus personne n ‘a le droit de nous condamner. C’est la confession et non le prêtre qui nous donne l’absolution.

    Oscar Wilde.

    Chapitre I:Paupières closes.

    Le vide. Un vide immense, silencieux, morbide. Un vide terrifiant. Voilà ce qui habitait ses yeux.

    La douleur. Une douleur immense, silencieuse, morbide. Une douleur terrifiante. Voilà ce qui habitait mon cœur.

    Je n’avais plus conscience de rien. Ni d’où j’étais, ni de qui j’étais, ni quelle vie j’avais menée avant, ni ce qui m’avait conduite à mériter un tel supplice.

    Comment m’appelais-je ? Rose, Marie, Léa, Juliette, Pauline, Caroline, la mort. Quel âge avais-je ? Trois, vingt-huit, cinquante, neuf mille ans. De quelle couleur était ma peau ? Noire charbon, blanche porcelaine, dorée, tannée par le soleil, rouge de sang. Qui était l’homme effondré par terre, la poitrine percée d’un trou béant, sanglant ? Celui qui savait qui j’étais, quel âge j’avais, de quelle couleur était ma peau, ce que j’avais vécu avant, ce que je vivrais après, ce que je ressentais.

    Une petite voix insidieuse, faible et si rancunière se leva dans un coin de mon crâne. Enfin, quelque chose se réveillait en moi.

    Erriks, Erriks, Erriks, Erriks, Erriks, Erriks, Erriks.

    La voix prit de la force, se fit moins timide et bientôt, la larve qui chuchotait se transforma en stentor lors d’une prouesse vocale. Il interprétait sur un chant funéraire. Le chant ne se répercuta pas sur les murs, ne partit pas torturer l’esprit d’autres personnes, il se propagea dans mon corps jusqu’à le faire vibrer de l’ambiance lugubre qui teintait chacune de ses paroles.

    Erriks, Erriks, Erriks, Erriks, Erriks, Erriks, Erriks.

    Un hurlement déchirant me perfora le corps, me déchiqueta sans aucune pitié. Qui avait donc ressenti un tel chagrin que pour exprimer cette souffrance ?

    Un goût aigre de sang et la douleur irritante dans le fond de ma gorge m’indiquèrent que c’était moi.

    Je rampais, le corps secoué de spasmes vers cet homme. Son sang imbiba les tissus de mes vêtements, transperça le cuir de mon armure et l’acier de toutes mes barrières mentales. Je me traînais dans l’essence rouge sa vie à jamais brisée, comme si chacun de mes os avait été broyé jusqu’à enfin l’effleurer. Sa peau n’avait pas changé de texture et pourtant, j’eus l’impression de me heurter à une pierre. Dure, froide, inanimée. Restait-il encore quelque chose de vivant sur cette terre, dans ce monde ? Toute vie s’était-elle éteinte en même temps que la sienne ?

    Instinctivement, mes yeux voulurent s’accrocher aux siens mais ne rencontrèrent que deux billes d’une limpidité surnaturelle accueillant en leur sein deux trous noirs, si représentatifs de l’idée que je me faisais du néant. Le néant, sans beauté, sans laideur, sans éclat. Fade. Terne.

    Je posai ma tête contre son épaule inerte puis enroulai son bras ballant comme celui d’un pantin autour de ma taille. Je fermai les yeux. Il était temps pour moi de quitter ce monde. Ce serait la dernière fois que le jour se lèverait sur notre amour.

    Alors que je me sentais glisser peu à peu dans un délicieux tourbillon d’inconscience, je sursautai en entendant une grosse porte s’ouvrir brutalement. Un guerrier blond cendré venait d’entrer et jaugeait la scène d’horreur, les yeux arrondis de stupeur.

    Il se précipita sur moi qui me mettais à convulser de panique. Il me tira en arrière dans le très clair but de me détacher du macchabée.

    — Tanya, laisse-le…

    Qui était Tanya ? T-a-n-y-a. Cinq lettres. Ça ne sonnait pas spécialement bien, ce n’était pas un beau prénom. L’homme s’adressait à moi, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Ainsi donc, je m’appelais Tanya. Il me demandait de lâcher Erriks.

    — Non ! hurlai-je désespérément en m’accrochant au cadavre encore plus fort.

    Sans tenir compte de la pression des mains du guerrier, je clos lentement les paupières du monarque,en sanglotant, encore et toujours.

    — Tanya, lâche-le, tout est fini…

    — Tout est fini… chuchotai-je sur un ton de regret.

    Ma voix était cassée à force d’avoir trop hurlé ma détresse.

    — Oui, voilà.

    Le prénom du jeune homme refit surface dans mon esprit: Cameron. Cameron l’artiste anglais. Je me souvins de tous les moments, bons comme mauvais que nous avions vécu, je me souvins de tous les sacrifices auxquels il avait eu recours pour moi.

    — Je veux mourir, Cam. Je veux le revoir là-bas.

    Mes paroles le bouleversèrent littéralement. Ses yeux s’embuèrent mais je savais qu’il faisait des efforts surhumains pour se montrer droit et digne.

    — Tanya, sors d’ici et essaye de penser lucidement, pars!

    — Non ! Je ne veux pas ! Je veux rester avec lui ! Cam, lâche-moi ! Cam, je ne veux pas ! Cam, je ne veux pas de toi !

    Il me défit sèchement de mon étreinte et me serra très fort contre lui afin de me porter, loin, très loin d’Erriks. Je me débattis comme une enragée, l’insultai, appelai mille fois le prénom de mon mari qui, je l’espérais encore, viendrait à mon secours.

    Des gens inconnus, dans le couloir d’un endroit qui m’était inconnu également, nous dévisageaient bizarrement alors que je griffais sauvagement l’ épaule du jeune Anglais, comme possédée par un démon. Zgul assistait à la scène, encore dans sa tenue de combat à supervisait le ramassage des cadavres.

    — Monsieur Hightley, que s’est-il passé ?

    — La Magie n’est plus. Ainsi que Sa Majesté, annonça gravement Cameron.

    Pas seulement ma vie venait de prendre un nouveau tournant: une nation en deuil attendrait de moi que je sois de taille. Qu’ils aillent au diable. Le premier qui ose critiquer d’une quelconque façon ou salir la mémoire de mon époux, je le fais abattre sur-le-champ et j’exposerais sa dépouille en haut de la muraille de la Capitale. Si cette ville existait encore, si elle avait résisté à la Chute du Soleil.

    Cameron m’emmena avec difficulté jusqu’à Dariss qui nous conduisit jusqu’à une petite chambre isolée avant d’appeler les embaumeurs pour s’occuper du roi.

    Mon ami me déposa aussi précautionneusement que lui permettait mon agitation sur le petit lit disposé dans le fond de la pièce qu’on avait pris soin de fermer. Immédiatement, je me redressai, prête à m’échapper dès que l’occasion se présenterait.

    — Tu es une femme forte, tu peux supporter ça, je serai toujours là pour t’épauler…

    — Je devais lui annoncer aujourd’hui que nous attendions un enfant, réalisai-je, décomposée.

    Il entrouvrit la bouche, médusé.

    — Tu…es enceinte ?

    Je poussai un cri de frustration en écrasant mon poing contre le mur, ce qui me valut de belles phalanges en compote. Je me résignai à une quelconque explosion de rage et de haine et repliai mes jambes contre ma poitrine, basculant d’avant en arrière. Il prit cette absence de réponse comme un oui à sa question.

    — Je veux le voir.

    — Non.

    — Si.

    — Non. Le revoir contribuerait à nourrir ton traumatisme, c’est hors de question.

    — Tu ne peux pas m’obliger à ne plus revoir mon mari.

    — Ce n’est plus ton mari, il est mort. Il faut que tu l’acceptes.

    — Tu es monstrueux.

    Je me réveillai après un rêve dont je n’avais aucun souvenir, chose plutôt étonnante. La dure réalité me rattrapa bien vite lorsque je vis le sang séché sur mon corps, sur mes vêtements. Je demeurai pétrifiée devant cette vision. Je grattai nerveusement les croûtes qu’il avait formé. Cameron était accroupi contre un mur, endormi.

    C’était définitivement le moment idéal pour faire le mur.

    Je me levai silencieusement et avançai dans le noir en lui jetant de temps en temps un regard inquiet; ce serait dommage qu’il se réveille pile poil à ce moment. J’entrouvris la porte en priant pour qu’elle ne grince pas puis me faufilai dans l’interstice. Hélas, mon sens de l’orientation me fit défaut et je mis énormément de temps à retrouver la salle dans laquelle le sang de mon sang, la chair de ma chair, cet endroit même où j’étais morte. À mon grand désarroi, Erriks n’y était plus, ne restait que son sang terne maculant la dalle en pierre.

    Mon cœur se fissura un peu plus mais je me décidai d’aller faire un tour à la morgue improvisée installée à l’arrière du château où l’on avait entassé tous les restes humains issus de cette ultime bataille. Erriks faisait partie de ces victimes, me remémorai-je à contrecœur.

    Je me redressai afin de retrouver la prestance d’une reine que je n’étais plus. J’entrai, toujours dans mon armure de la veille et déambulai dans les rangées mal alignées de corps mutilés couverts de linceuls. J’en avais rarement vu autant. Les dernières étaient consacrées aux héros de guerre dont Sa Majesté faisait indubitablement partie.

    Lorsque je l’aperçus enfin, mes jambes ployèrent et je m’effondrai malgré moi. Heureusement, peu de personnes furent témoins de ce craquage. Je fondis littéralement en larmes à nouveau avant de prendre délicatement la main rigide et glaciale d’Erriks.

    — C’est sûrement la dernière fois que nous nous parlons, më drebádhyl. Tu sais que je t’aime, n’est-ce pas ? Je t’aime comme je ne suis même pas sûre qu’un être humain en soit capable, dis-je ne m’allongeant dans son cercueil pour me serrer contre lui.

    Je mêlai mes jambes aux siennes et entrelaçai nos doigts. Ses cheveux avaient été lavés et restaient soyeux comme de son vivant, noir intense. Je pouvais presque discerner ses yeux gris sous la pâleur exsangue de ses paupières.

    Un embaumeur se précipita vers moi et m’enjoignit expressément de sortir du cercueil.

    — Non, refusai-je, entêtée. Je suis la reine, je fais ce que je veux.

    Mais évidemment, cet homme se révéla bien accompagné; Tima Ké Sathi et un autre Elfe à l’air revêche se tenaient à ses côtés et me dévisageaient comme une lépreuse.

    — Accordez-moi une heure. Une heure entière avec lui.

    — Votre Majesté, c’est malsain, me résonna l’Elfe.

    — Je m’en fiche.

    — Tu es en train de bercer ton mari dans un cercueil, bordel ! m’engueula carrément mon ami.

    — Allez voir Cameron et foutez-moi la paix ! grognai-je en caressant la joue du roi.

    En jurant comme des charretiers, les Elfes et l’embaumeur Nain allèrent donc chercher le jeune Anglais. Enfin, j’allais bénéficier de minutes tranquilles.

    — Tu es la personne la plus splendide que j’aie rencontrée. Je suis sûre que tout ce passe bien pour toi, où que tu sois. Même si tu ne rencontreras jamais notre enfant… tu fais d’ores et déjà un père idéal. Comment voudrais-tu l’appeler ? Je te jure que… je ne te rejoindrai pas exprès pour éviter la souffrance à ceux qui restent. Je l’élèverai moi-même pour toi. Notre bébé. Je vais faire comme tu me l’as demandé: je me marierai avec Cam – pas tout de suite hein ! quand j’aurai genre… vingt-cinq ans, dans longtemps, quoi – et je partirai. Juré. Tu avais raison, tu as toujours raison. J’attendrai, promis-je en déposant un baiser au goût salé sur ses lèvres.

    Il fut un temps où il répondait à mes baisers avec ardeur et passion, un temps où sa bouche chuchotait des mots d’amour, des promesses au creux de mon oreille.

    Cameron débarqua comme une furie dans la morgue, troublant que calme cérémonieux qu’il y régnait. Je discernai presque la fumée sortir de ses oreilles et de son nez comme dans des dessins animés caricaturaux.

    — Tanya Zovkiny!!! rugit-il, écarlate.

    — Moi, c’est Tanya Rolmadyr, connard ! assenai-je, folle de rage qu’il s’évertue à ne pas me lâcher les baskets.

    Je sortis du cercueil et me plantai devant celui-ci comme pour protéger son occupant. Cam m’empoigna par le bras.

    — Oh ! Tu vas te calmer ! Erriks ne m’aurait jamais fait ça !

    Son visage se décomposa comme à chaque fois que je le comparais au monarque. Je connaissais ses faiblesses.

    — Il est mort.

    — Ça ne veut pas dire que tu deviens mon mari !

    — Non mais tu as été traumatisée, tu as besoin de quelqu’un sur qui te reposer et quelqu’un pour t’encadrer. Ce « quelqu’un », il se trouve que c’est moi !

    — Je suis assez grande pour m’en sortir seule !

    — Personne n’est assez grand pour surmonter cette épreuve seul.

    — Cameron, je me fous de ce que je pourrais faire ! Jamais tu n’arriveras à la cheville d’Erriks alors fous-moi la paix !!!

    Au lieu d’afficher une mine attristée, il me serra contre lui en posant son menton sur le sommet de mon crâne tandis que je sanglotais contre son torse qui, contrairement à celui du défunt, était bel et bien chaud. Chaud comme la vie qu’il représentait.

    — Tanya, on va surmonter ça ensemble. Viens, il faut que tu manges un bout, tu dois mourir de faim.

    — Je ne veux pas manger.

    — Mais enfin ! C’est déraisonnable ! Tu es enceinte !

    — Il est immortel, murmurai-je, le regard dans le vague.

    — Mais enfin ! Personne n’est immortel, voyons !

    — Tu n’en sais rien, répliquai-je, placide.

    J’en étais certaine, dorénavant: il ne pouvait pas être mort, c’était impossible. Il devait m’attendre quelque part pour que nous recommencions une vie tous les deux loin de celle que nous avions menée avant.

    — Tu es immortel, souris-je béatement en regardant intensément le cadavre couché dans le cercueil, comme s’il était susceptible de se lever à tout moment.

    Je crus presque voir un sourire effleurer furtivement sur les lèvres (ô combien sensuelles) d’Erriks. Cameron claqua la langue d’un air réprobateur. J’acceptai de le suivre, perdue. Cette nouvelle théorie bousculait ma vision de la mort. Erriks m’avait dit qu’il était immortel. Il ne mentait pas.

    — Tu sais, Cameron, j’aimerais qu’on passe à la blanchisserie, maintenant, demandai-je, comprenant qu’il ne me lâcherait pas de sitôt étant donné qu’il croyait que j’étais folle.

    Il arqua simplement le sourcil puis accéda à ma requête, la jugeant sûrement inoffensive malgré son étrangeté. Arrivés là-bas, je me servis dans les piles de linge propre puis me mis à plier des pantalons et des chemisiers que je destinais à notre futur voyage.

    — Tu peux choisir cinq tenues là, s’il te plaît ? Je vais les plier moi-même.

    Il resta de marbre. Il m’adressait un regard méfiant auquel je ne pouvais que répondre par un de ces sourires qui le faisaient toujours fondre.

    — Pour faire quoi ?

    — On part. Tous les deux. Avec Emily et ses dragons. Plus rien ne m’attend à Laeava dorénavant, c’est fini.

    — Euh… Ok.. On va où ?

    — Je ne sais pas… Selon toi, où attendent ceux qui déjouent la mort ?

    Ma question le plongea dans une rage folle.

    — Mais putain ! Il n’a rien déjoué du tout ! Il est mort ! Dead ! Crevé ! Zigouillé ! Il ne reviendra jamais ! Il pourrira tout seul six pieds sous terre parce qu’il ne se réveillera jamais, ne reverra plus jamais la lumière du jour ni ton visage ! Il t’a oubliée comme tous les autres parce que ses souvenirs n’existent plus ! Il a été tué par sa propre mère et cela pour te sauver toi ! Il n’aurait pas voulu te voir sombrer ainsi ! Alors maintenant, tu vas te ressaisir ou tu vas m’entendre !

    Les larmes me montèrent aux yeux. Ses propos étaient violents.

    — Mais… il m’a dit… qu’il était immortel… balbutiai-je en m’asseyant par terre.

    — C’était sûrement une plaisanterie, grommela Cameron sur un ton blasé qui ne lui ressemblait pas.

    — Non, je suis certaine qu’il vit quelque part.

    Il soupira d’exaspération. Un silence de plomb s’abattit sur la blanchisserie déserte.

    — Ne sois pas stupide, sors la tête de l’eau…

    — Il ne m’a pas oubliée, c’est impossible.

    Cameron laça ma robe jusqu’en haut. Cela faisait une dizaine de minutes au moins qu’il s’affairait sans faire de nœuds dans les innombrables lacets mais pas une fois une lueur concupiscente n’avait traversé son regard. Juste un reflet paternel de ce qu’il était devenu pour moi : un tuteur exaspéré par ma naïveté et mon entêtement. Mais il ne voulait rien comprendre et rejetait

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