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Elle veut toute la place
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Livre électronique201 pages7 heures

Elle veut toute la place

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À propos de ce livre électronique

La vie est simple. Jusqu’au jour où tout dérape et où l’étrange – voire l’Au-delà – s’insinue mine de rien pour brouiller les lignes et modifier les règles du jeu.
Il y a ceux qui perçoivent ces incursions d’un nouveau genre... et les autres. Les premiers ne sont pas différents des seconds. Seul le hasard, qu’il soit fortune ou infortune, les rend dissociés de leur propre environnement.
Apparition fantomatique, perte d’identité, dédoublement de personnalité, de nouvelles règles totalement imprévues surviennent dans des existences jusque-là banales, parfois à la limite du cocasse : chacun de ces courts récits cherche à modifier notre perception de la réalité dans nos existences, vécues souvent comme banales et routinières. Percevoir l’indicible ou l’innommable derrière les choses, les événements et les êtres.
À partir d’une situation insignifiante, l’incongru ou le fantastique bouscule les habitudes et les croyances, parfois comme un simple intermède inattendu dans le fil des choses, plus souvent vecteur d’un changement irrémédiable dans un parcours que l’on croyait gravé dans la pierre.
Erreur...

LangueFrançais
Date de sortie13 févr. 2015
ISBN9782370112859
Elle veut toute la place

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    Elle veut toute la place - Agnès Boucher

    cover.jpg

    ELLE VEUT TOUTE LA PLACE

    Agnès Boucher

    Published by Éditions Hélène Jacob at Smashwords

    Copyright 2015 Éditions Hélène Jacob

    Smashwords Edition, License Notes

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    © Éditions Hélène Jacob, 2015. Collection Recueils. Tous droits réservés.

    ISBN : 978-2-37011-285-9

    Trouble identitaire

    Cela fait un sacré bail qu’il n’a pas croisé sa gueule dans un miroir. Pourtant il a le minois avantageux, du genre que les souris aiment zieuter, des idées plein leur cervelle de petites futées, avides de se retrouver dans ses bras puis dans ses draps. Si elles se doutaient du risque qu’elles courent de s’en faire virer manu militari dès le lendemain, elles se montreraient plus circonspectes au moment du passage à l’acte et ne se laisseraient pas si aisément corrompre par ses sourires enjôleurs. Et il connaît des palanquées de mecs qui, s’ils possédaient son reflet, auraient tôt fait de se prendre pour Narcisse et se reluqueraient le museau à tout bout de champ. Pour sa part, il n’est pas du genre à donner dans l’autosatisfaction esthétique ni davantage à se raser en se demandant chaque matin s’il doit ou non se présenter aux prochaines élections présidentielles.

    Parce qu’il est de tempérament plutôt contemplatif, ce matin-là comme les autres, ses yeux clairs s’égarent vite sur le cadre du miroir, errent en direction du plafond fendillé de multiples crevasses, dues aux dernières inondations chez le voisin du dessus, avant d’entamer négligemment une descente vertigineuse vers le lavabo. Sans prévenir, la crasse qui s’incruste méchamment sur la porcelaine lui saute au visage et il préfère s’en détourner pudiquement pour ne pas déclencher une improbable et inopportune culpabilité. Il exècre les tâches ménagères et, même s’il les affectionnait, le minutage de ce jour qui doit le mener à la gare est plus que serré.

    ***

    Il est en train de se rincer la bouche à grande eau quand le téléphone résonne de La Truite de Schubert. D’un geste agacé, il s’empare de la serviette pendue près de la baignoire, s’essuie rapidement la bouche et va décrocher l’engin avant que le répondeur ne se déclenche.

    — Allô ! lâche-t-il abruptement, histoire de faire comprendre à l’intrus qu’il n’est pas franchement le bienvenu.

    — Salut, Marco, c’est Eddy… Comment vas-tu, mon pote ?

    Il reste quelques secondes pétrifié par la stupéfaction, comme si ses petites cellules grises refusaient tout à coup de fonctionner. Marco ? Eddy ? De quoi et de qui parle ce type ? Et qui est-il lui-même ? Il y a erreur sur la personne, ce qu’il s’empresse de signifier à son interlocuteur. Sauf que celui-ci se révèle du genre obtus, refusant de croire ce que l’on essaie de lui faire comprendre.

    — Hein ? Oh ! Arrête ton cirque, vieux, et dis-moi plutôt si tu viens chez Paula vendredi ! Je te l’ai déjà dit, je suis sûr qu’elle te plaira, cette meuf…

    Gare ! Le gus ne lâche pas prise volontiers. Il jette un coup d’œil à sa montre, voit la grande aiguille galoper plus vite que de coutume, ce qui n’arrange pas ses affaires.

    — Écoutez, vous vous êtes trompé de numéro. Je ne connais ni Eddy, ni Marco, ni Paula, et là je suis vraiment à la bourre. Salut.

    Il raccroche, abasourdi par le surprenant culot affiché par ce fâcheux d’un genre original, puisqu’il prétend savoir mieux que lui qui il est. De nouveau, il jette un coup d’œil dans la grande glace au-dessus de la cheminée, hésite à se raser, puis renonce au vu du quart d’heure qu’il lui reste pour boucler sa valise. Il a le temps de se trouver le contour flou et la mine hagarde, avec la sensation désagréable de ne pas vraiment se reconnaître. Pourtant, il n’a ni bu ni fumé la veille au soir. Bizarre.

    ***

    Schubert se rappelle à son bon souvenir et le tire de sa méditation. Sans vraiment en avoir conscience, il revient sur ses pas et décroche.

    — Ouais, Marco, c’est moi Eddy. Tu ne devineras jamais ce qui vient de m’arriver…

    Il pousse un énorme soupir qu’il cherche à rendre le plus expressif possible. Ce mec est décidément très lourd.

    — Je vous ai déjà dit que vous faisiez erreur. Vérifiez plutôt votre numéro !

    — Ben justement, J’AI vérifié et ce numéro EST celui de Marco.

    — Vous l’aurez mal noté. Je ne suis pas votre pote.

    — Depuis six ans ? Ça m’étonnerait ! Ça veut juste dire que vous avez piqué son téléphone.

    — Et comment voulez-vous que je fasse ÇA ?!

    Ce type est complètement dingue. Comment chaparder une ligne fixe ? Il préfère interrompre la communication sans autre forme de politesse. Sa patience a explosé ses limites ultimes, qui ne sont ni immenses ni extensibles.

    ***

    Presque aussitôt, l’engin reprend sa poissonneuse sarabande et reçoit un long feulement de rage en écho.

    — Pourquoi vous m’avez raccroché au nez ? Et où EST Marco ?

    — Puisque je vous dis que je ne connais pas de Marco !

    — Je vous crois pas… OÙ EST MARCO, BORDEL ?

    — Bon, je suis fair-play et je vous préviens, si vous recommencez, j’appelle les flics.

    — C’est moi qui vais les prévenir, les keufs, et les envoyer chez vous.

    — C’est ça, perdez votre temps et bon vent !

    Il vient de comprendre qu’il est tombé sur un malade mental, le genre psychopathe monomaniaque ou pervers polymorphe, gros mots dont sont truffés les canards que lisent les nanas qu’il aime coucher dans son lit. Généralement, elles se croient aussi obligées de vivre tous leurs fantasmes, parce que les journalistes de ces revues, plus femelles que féministes, leur assurent que c’est normal. Ça tombe bien, leurs désirs nourrissent souvent les siens, et lorsqu’il envisage l’air de rien de se livrer à quelques pratiques un peu spéciales avec ses partenaires, elles ne s’en offusquent plus du tout. Bien au contraire, elles anticipent souvent ses appétits intimes, au risque même de frustrer son goût du danger lorsqu’elles offrent leur petit cul frémissant à ses appétits sodomites.

    ***

    À présent, c’est à la porte de l’appartement que l’imprévu se fait entendre. Il ne manquait plus que ça ! Exaspéré par tous ces contretemps, il se résout pourtant à ouvrir la porte sur une brune pulpeuse, la bouche en cœur et l’œil charbonneux, des jambes interminables et bronzées sous la robe de liberty légère et vaporeuse. Hmmmmm… Quand on parle de fantasme… Si seulement il avait une petite heure à perdre, il se la ferait bien en levrette sur le tapis berbère de la chambre.

    D’ailleurs, la fille le regarde d’un air fripon, comme si elle lisait dans ses pensées à livre ouvert. Encore une qui doit dévorer Elle ou Psychologie Magazine.

    — Salut, susurre-t-elle la bouche en cœur. Tu es Marco, c’est ça ?

    Qu’est-ce qu’ils ont tous à le prendre pour celui qu’il n’est pas ? Une averse radioactive est-elle tombée sur la ville, les rendant tous à moitié cinglés ?

    — Je vous demande pardon ?

    — Moi, c’est Paula, continue la brunette avec aplomb. Une copine d’Eddy, il m’a beaucoup parlé de toi et voilà, comme j’étais dans le quartier, j’ai pensé passer te voir pour qu’on fasse connaissance…

    Malgré la plastique plus que tentante de la donzelle, il recouvre à temps ses esprits. L’avion ne va pas l’attendre et cette fille ne s’évaporera pas d’ici son retour, il en est certain.

    — Mais… Mais je m’en fous totalement, je vous connais pas.

    — Je sais bien ! rétorque-t-elle d’un ton offusqué. Je viens de la part d’Eddy, pas la peine d’être agressif ! Il m’avait dit que tu étais un mec plutôt cool… Et mignon… Là-dessus, il s’est pas trompé au moins.

    Il lui décoche aussitôt un sourire carnassier. C’est idiot, il a beau savoir qu’il est séduisant, il adore quand une fille le lui serine comme une litanie bienfaisante.

    — Ravi de vous satisfaire…

    ***

    Derrière lui, la sonnerie stridente du téléphone viennois le ramène à une réalité nettement moins excitante.

    — Voilà l’autre qui recommence ! Donnez-moi deux secondes… Allô !

    La même voix obsessionnelle le ramène sur le plancher des vaches.

    — Je vous préviens, je suis en route avec un de mes potes, il est flic et…

    — Mais c’est impossible, c’est une mauvaise blague ! Un jeu débile pour la télé ! Vous avez décidé de me pourrir la vie ! Eh vous là-bas, qui vous a autorisée à entrer chez moi !?

    Car la fille a franchi le seuil de son antre sans rien demander à personne et furète de droite et de gauche, curieuse comme toute gazelle qui se respecte.

    — À qui vous parlez ? s’enquiert le dénommé Eddy.

    — Une nana qui vient de sonner…, marmonne-t-il presque malgré lui. Ressortez sur le palier, vous n’êtes pas chez vous ici !

    — De quoi tu as peur ? glousse-t-elle. Tu planques des lingots sous ton matelas ou quoi ?

    — Mais c’est Paula ! Vous voyez bien que vous squattez chez Marco ! Passez-la-moi !

    Ce mec est définitivement branque ! D’abord il le prend pour un autre, s’entête dans son erreur, et maintenant il lui envoie ses copines en forme d’appât.

    — Foutez-moi la paix ! Et vous, dehors !

    Il a saisi le bras de la brunette, a le temps de lui trouver la peau douce comme du satin, mais ne l’en jette pas moins sans aucun ménagement sur le palier.

    — Holà ! Doucement, pas besoin de devenir violent, j’étais juste venue pour causer…

    — J’ai rien à te dire ! Casse-toi !

    — Ben, je dirai à Eddy que ses copains sont de vrais nazes !

    Elle a à peine le temps de rentrer les fesses pour ne pas prendre dessus la porte qui se referme violemment.

    ***

    Quel con, ce mec ! pense-t-elle en tentant de recouvrer ses esprits. Mignon, mais vraiment con ! Rapidement, elle sort son smartphone et appelle Eddy, comme ils en ont convenu la veille au soir.

    — Allô… Eddy ? Oui, c’est moi… M’en parle pas ! Qu’est-ce qui t’a pris de me dire que ton copain Marco était sympa ? Je sors de chez lui et ce mec m’a foutue dehors… Hein ?… Quoi ?… Qu’est-ce que tu racontes ?… Cette question ! Un brun aux yeux verts comme tu m’avais dit… Oui, plutôt mignon…

    De l’autre côté de la porte, dans l’appartement, il entend la voix étouffée de la fille. Ce n’est pas vrai qu’elle se tape l’incruste !? Ce doit être la journée des fous, celle où on les fait tous sortir de Sainte-Anne. Il rouvre la porte avec fracas et s’approche d’elle, menaçant et décidé.

    — Vous allez déguerpir de mon palier et me foutre la paix, d’accord !?

    La fille pousse un petit cri de surprise et se fige, tel le lapin moyen pris au piège par la belette tueuse. Du coup, elle manque de laisser tomber son mobile, puis dévale l’escalier sans demander son reste. La cavalcade des hauts talons claquant sur les marches de bois se fait décroissante et il peut rentrer chez lui, espérant qu’on va enfin le laisser tranquille. Il regrette bien un peu de l’avoir éconduite si férocement – elle était sacrément craquante –, mais le moment était trop mal choisi.

    ***

    De retour dans sa chambre, il tire la valise glissée sous le lit, ouvre la porte du placard et saisit sans hésiter les vêtements dont il pense avoir besoin. Avec moult précautions, il étend d’abord les pantalons, pose dessus deux pulls, quelques polos Lacoste et deux chemises plus habillées, intercale les caleçons et les chaussettes entre les piles. Dans un tiroir, il prend une boîte en métal, soulève les chemises et les polos et la glisse dessous. Enfin, il rajoute son étui à rasoir et sa trousse de toilette. Il est prêt à partir, pile à l’heure, constate-t-il en regardant sa montre.

    ***

    C’est le moment choisi par la sonnerie de la porte pour bisser son couplet. Il sursaute malgré lui et passe une main désespérée sur son visage, histoire d’exprimer toute sa lassitude face aux perturbateurs de tout poil. Il hésite une seconde, mais l’appartement n’a qu’une issue. Aucune chance d’éviter de rencontrer son visiteur, donc autant l’affronter une bonne fois pour toutes. Car il ne doute pas une seconde que ledit Eddy s’est carrément déplacé pour constater ce qu’il devra bien convenir être une erreur.

    — Vous avez bientôt fini de me faire chier ? braille-t-il en ouvrant la porte.

    En face de lui, il y a un petit homme au type méditerranéen, les cheveux bruns et la peau mate. Il est vêtu d’un pantalon, d’une chemise de jean et d’un blouson de daim fauve. De la main, il tend une carte de police.

    — Lieutenant Nottier… Monsieur Eddy Bréal ici présent assure que vous avez oublié être Marc Chapuis.

    Derrière le flic, il y a un type plus grand, à la gueule d’ange, le cheveu dru blond vénitien, qui le regarde d’un œil bleu inquiet et rassuré à la fois.

    — Pourtant je te jure, Luc, c’est bien lui ! Marco, tu me reconnais pas ?

    Il soupire, décide de conserver son sang-froid. La présence de la police ne l’arrange guère. Ça va même lui compliquer salement les choses.

    — Z’êtes tenace, vous… Et les flics se dérangent fissa dès qu’un taré leur raconte un pipeau ?

    Le blondin le regarde d’un air stupéfait, comme s’ils ne vivaient pas sur la même planète ou parlaient des langues différentes.

    — Mais, Marco, c’est toi qui deviens lourd ! Luc est un ami, je l’ai croisé en venant ici, il a juste accepté de m’accompagner parce que je suis inquiet.

    Ce n’est sans doute qu’un type gentil qui se fait des cheveux pour son ami. Sauf qu’il commet une énorme erreur. Ils ne se connaissent ni d’Ève ni d’Adam !

    — Écoutez, je ne comprends rien à tout ce bordel. Ce type me harcèle depuis des heures, il prétend que je suis son pote Marco et j’ai beau lui dire que non, il s’entête et n’arrête pas de me téléphoner.

    Le flic fronce les sourcils d’un air ennuyé et perplexe.

    — Vous n’êtes pas Marc Chapuis ?

    — Absolument pas !

    — Pourtant, ce nom est inscrit sur la boîte aux lettres en bas de l’immeuble et également sous cette sonnette… C’est bien la vôtre ?

    De l’index, le flic tapote l’encadrement de la porte. Du coup, il se met à loucher sur le doigt, puis se redresse tout aussi vivement comme si

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