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Manuel des héros ordinaires
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Livre électronique162 pages2 heures

Manuel des héros ordinaires

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LangueFrançais
Date de sortie15 mai 2020
ISBN9791093883496
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    Aperçu du livre

    Manuel des héros ordinaires - Jigme Rinpoche

    Introduction

    Le bouddhisme est-il une religion ou une philosophie ? Telle est la perpétuelle question posée par les curieux ou les journalistes. Les plus grands maîtres orientaux, les philosophes modernes ou les universitaires de renom ont tous apporté leur éclairage sur ce débat.

    Ce n’est pas ici le lieu pour argumenter en faveur de l’une ou de l’autre thèse. Il nous semble raisonnable de dire que le bouddhisme est une religion pour qui le pratique comme tel, et qu’il est également une philosophie pour qui le considère exclusivement selon cette perspective. Ce livre propose d’aborder le bouddhisme sous un autre angle, véritable raison d’être de l’enseignement du Bouddha : donner une méthode pour comprendre comment être, comment agir, en d’autres termes comment vivre notre humanité en prenant soin de nous-mêmes et des autres.

    Le Bouddha est né en Inde, il y a plus de 2 500 ans. Son enseignement s’est ensuite répandu dans toute l’Asie. Malgré leur localisation en Orient, les cultures indienne, tibétaine, chinoise, japonaise ou thaïlandaise n’ont guère de point commun. Autant de pays, pour n’en mentionner que quelques-uns, dans lesquels l’enseignement du Bouddha s’est néanmoins pleinement intégré. Chaque assimilation a pris du temps, plusieurs siècles dans le cas du Tibet pourtant proche géographiquement de l’Inde.

    De l’Orient, l’enseignement du Bouddha a touché l’Occident en pleine crise identitaire dans les années 1970. L’Europe et les États-Unis ont accueilli le message du Bouddha, mais aussi le folklore qui l’accompagnait. Les premiers apprentis-méditants ont eu fort à faire pour démêler l’aspect culturel exotique du message à comprendre et à mettre en œuvre.

    Devenir bouddhiste ne signifie pas adopter un style de vie particulier, s’habiller différemment ou bien accumuler des rosaires autour du cou. Il s’agit avant tout de questionner notre façon de concevoir et de percevoir le monde. Cette introspection nous permet de prendre conscience de nos habitudes, de nos défauts ; l’enseignement du Bouddha constitue ainsi un manuel pour nous permettre de cheminer vers davantage de liberté afin d’être en contact avec nos qualités innées.

    Découvrir différentes cultures est intéressant et enrichissant, mais cela ne constitue pas le but de l’enseignement bouddhique. Le Bouddha a partagé sa découverte en souhaitant que son expérience soit utile à d’autres. Son message invite à se connaître soi-même : observer les concepts, idées ou ressentis émotionnels qui nous traversent et comprendre comment ils colorent nos perceptions et orientent les actes dont nous devons ensuite éprouver et assumer les conséquences.

    Le bouddhisme est dit universel parce qu’il transcende toute notion temporelle et culturelle. Il peut être appliqué par le berger du Moyen Âge tout comme par l’homme d’affaires du XXIe siècle. Cependant, aucune intégration ne peut être uniquement intellectuelle. Si la connaissance et le savoir constituent une étape importante, ils ne sont pas une fin en soi ; il s’agirait alors d’un dogme avec des règles à respecter sans responsabilité individuelle. L’enseignement du Bouddha n’a d’autre raison d’être que son application individuelle, quel que soit le quotidien de chacun, son style de vie ou son âge. Ce chemin de sagesse débute par un constat simple : tous les êtres aspirent au bonheur et personne ne veut souffrir. Le bouddha Shakyamuni s’est donc mis en quête d’un bonheur durable non soumis à l’altération du temps ou du changement. Pour atteindre cet objectif, il a tout d’abord identifié les causes qui nous empêchent d’être heureux, afin d’agir sur elles.

    Ce livre est issu d’une série de conférences données à Dhagpo Kagyu Ling, en Dordogne, entre 2006 et 2015, articulées autour de l’écrit d’un maître tibétain, Gyalsé Tokmé Zangpo (1295 - 1369), La Pratique des bodhisattvas en trente-sept stances¹.

    Ce texte a donc été composé au XIVe siècle, sous une forme versifiée pour faciliter la mémorisation, pratique qui tient une grande place dans la tradition bouddhique. Afin de favoriser l’apprentissage par cœur, la rédaction est soumise à des contraintes formelles précises : le respect de l’ordre métrique et de la versification. Ces « textes racines » sont donc souvent courts et peuvent s’avérer assez hermétiques pour les néophytes s’ils ne sont pas complétés. Au Tibet, ils s’accompagnent en effet d’autres textes explicatifs, appelés commentaires ou exégèses, qui en éclairent et en détaillent le sens. L’étudiant mémorise le texte racine et le garde en mémoire comme un rappel du sens plus vaste étudié.

    La Pratique des bodhisattvas en trente-sept stances constitue donc le texte racine concis et précis écrit en vers. Tous les étudiants tibétains le connaissent par cœur. S’il est rédigé dans un style proche de la langue vernaculaire, des explications sont toutefois utiles à sa bonne compréhension. Le propos de ce livre n’est pas de présenter une nouvelle traduction du texte, déjà fort bien traduit par ailleurs, mais d’en délivrer le message ou l’essence pour qu’il soit utile à des Européens ou des Américains aujourd’hui, soit plus de sept siècles après sa rédaction.

    Essayer d’appliquer, de façon littérale, les paroles d’un maître du XIVe siècle à notre quotidien d’hommes et de femmes du XXIe siècle peut sembler décalé et peu utile. Il s’agit davantage d’en comprendre le sens et de l’intégrer dans notre culture et dans le contexte qui nous est propre. C’est la raison pour laquelle ce livre ne mentionnera pas les stances du texte racine accompagnées d’un commentaire, mais il s’organisera en chapitres et s’attachera à rendre le sens pour que le lecteur intéressé puisse s’en servir comme d’un manuel pratique.

    Dans ce texte, Gyalsé Tokmé Zangpo décrit en trente-sept approches l’état d’esprit et la façon quotidienne d’agir d’un bodhisattva. Qu’est-ce qu’un bodhisattva ? Un bodhisattva est, au début, un être ordinaire qui s’épanouit au fur et à mesure de sa compréhension et de sa mise en œuvre de l’esprit d’éveil — le souhait profond que tous les êtres rencontrent un bonheur durable et qu’ils se gardent de créer les causes de tout mal-être ou de toute forme d’insatisfaction — en d’autres termes, qui développe bienveillance et compassion.

    Un bodhisattva est donc une personne dont l’esprit clair reconnaît instantanément chaque pensée qui se manifeste, sans se laisser perturber par les émotions qui la colore. Les mouvements passionnels ou cognitifs qui s’élèvent ne sont plus source de confusion ni de mauvaises compréhensions. Au contraire, cet être parvient à voir distinctement toutes les causes menant à une réaction.

    Gyalsé Tokmé Zangpo a mené des recherches pour savoir comment les bodhisattvas vivent, quel est leur état d’esprit et la façon dont ils agissent face à toute situation. Il a ensuite résumé sa démarche en trente-sept points essentiels. La lecture de ce texte donne l’impression que vivre en bodhisattva est une gageure. Le résultat final, tel qu’il est décrit dans les stances, peut sembler hors de notre portée. Il ne faut pas nous décourager, mais garder à l’esprit qu’il s’agit justement de cheminer à notre rythme pour y parvenir, car tous les bodhisattvas ont d’abord été des êtres ordinaires, comme nous.

    L’enseignement bouddhique du grand véhicule offre une méthode concrète pour se développer progressivement et faire face différemment aux difficultés rencontrées au jour le jour. En général, nous trouvons des solutions à nos problèmes, cependant nous constatons qu’elles s’avèrent très souvent temporaires : le problème est résolu pour quelques heures, jours ou mois, mais au bout du compte la même situation revient et nous nous rendons compte que nous tournons en rond. Il est évident qu’il n’est pas possible de mettre en œuvre le mode de vie du bodhisattva à la lettre, mais nous pouvons commencer par ce qui est à notre portée. Nous nous familiariserons davantage avec cette voie grâce à une régularité de mise en pratique. Nous en acquerrons une compréhension de plus en plus juste et c’est ainsi que nous progresserons pour obtenir des résultats sur le long terme. Même si aujourd’hui nous ne parvenons pas à résoudre un problème, connaître l’enseignement et s’y référer offre une autre perspective, utile dans le moment présent ainsi que dans le futur.

    La pratique des bodhisattvas peut se décliner en une série d’exercices assez simples, directement en prise avec notre vie quotidienne. Que rencontrons-nous jour après jour ? Des situations extérieures et des expériences intérieures qui souvent nous font passer du rire aux larmes, de la dépression à l’euphorie ou à l’indifférence. Le but de ce livre est de nous donner des clés pour appréhender notre quotidien selon les valeurs de l’esprit d’éveil : la bienveillance et la compassion.

    Un livre se lit souvent d’une traite ; nous le comprenons de façon assez littérale et nous en tirons des informations, mais nous ne les déclinons pas dans notre quotidien. Il s’agit ici d’aborder nos émotions, nos problèmes, nos joies, toutes les expériences que nous rencontrons, en les amenant à la pratique du bodhisattva, en nous questionnant : « Qu’aurait fait un bodhisattva dans ma situation ? » C’est ainsi que l’on parvient à s’imprégner des notions et à se familiariser avec ce chemin pour le faire sien.

    Au début, les conseils peuvent paraître étranges et éloignés de nous parce qu’ils vont à l’encontre de notre fonctionnement habituel. Dans un premier temps, il faut donc bien connaître et comprendre celui-ci et voir qu’il est similaire pour chaque être humain. C’est sur cette base que la mise en pratique du chemin bouddhique devient naturelle, car il est possible de mettre en œuvre l’enseignement de façon artificielle, c’est-à-dire en l’appliquant sans en comprendre le sens. Cela peut même devenir une habitude, mais au bout du compte on ne sait plus vraiment pourquoi on le fait. Cette approche ne fonctionne pas sur le long terme et n’est pas porteuse de résultats. La mise en pratique de façon naturelle signifie que nous avons d’abord compris le sens de l’instruction, de là découle un comportement naturel et non une obligation ou une attitude forcée.

    Cet enseignement nous aide notamment à savoir comment communiquer avec les autres et à les comprendre. Il présente une manière différente de réfléchir et de résoudre problèmes et difficultés, tout en nous permettant d’aider autrui de façon juste quand nous avons l’occasion de le faire.

    J’invite aussi le lecteur à revisiter et à questionner ce qu’il comprend des termes employés pour ne pas rester prisonnier d’un premier niveau de lecture. Ceux-ci sont sciemment simples pour véhiculer le sens, mais simples ne veut pas dire simplistes. L’enseignement du Bouddha donne toujours l’impression d’être facile à comprendre, mais dès que nous nous questionnons sur les mots, nous nous apercevons que fournir une réponse précise est difficile. Pourtant, les explications contenues dans La Pratique des bodhisattvas en trente-sept stances, sont claires. En demeurant au plus près du sens, nous constatons que l’enseignement s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. Revenir à plusieurs reprises sur l’un ou l’autre des sujets abordés permet de le comprendre plus en profondeur et faire cet exercice permet de développer une clarté d’esprit — une compréhension au-delà de la lecture superficielle des mots. L’étude et la réflexion constituent une pratique importante sur le chemin bouddhique, elles permettent de développer

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