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Petits galets sur le chemin
Petits galets sur le chemin
Petits galets sur le chemin
Livre électronique210 pages3 heures

Petits galets sur le chemin

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LangueFrançais
Date de sortie15 mai 2020
ISBN9791093883625
Petits galets sur le chemin

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    Aperçu du livre

    Petits galets sur le chemin - Alain Duhayon

    INTRODUCTION

    Cet ouvrage s'adresse aux débutants qui s'engagent sur un chemin de transformation intérieure, ainsi qu'aux personnes intéressées par le parcours d'un pratiquant bouddhiste désireux de partager son expérience.

    Il est le fruit d'une longue pratique personnelle, enrichie par une expérience d'accompagnement auprès de très nombreuses personnes, depuis plus de quarante ans.

    Il regroupe, sous forme de petits textes, un certain nombre de thèmes abordés tout au long de ces années, lors de formations, de conférences, d'enseignements et de stages de pratique.

    Ces textes peuvent sembler disparates et manquer de profondeur, mais cependant, tels des petits galets lancés sur le chemin, ils peuvent être autant de sujets de réflexion, autant d'interrogations que chacun peut être amené à considérer dans sa vie.

    Bien que nous ayons eu le souci d'être précis, il est possible que certaines notions restent à maturer, l'intégration étant, pour chacune et chacun d'entre nous, un long chemin.

    L'écoute, comme la lecture, la réflexion et la pratique, nous sont indispensables. Rien ne peut remplacer les questions précises que nous pouvons poser à notre instructeur, auxquelles il apportera, sans nul doute, la même précision dans ses réponses.

    Souhaitons que cet ouvrage participe au questionnement du lecteur et le stimule dans sa recherche et sa pratique.

    S'il contenait des erreurs ou des imperfections, elles ne seraient imputables qu'à l'auteur.

    LES FONCTIONNEMENTS DE L’ESPRIT 1

    L'individualité est constituée d'un certain nombre de parties qui, en sanskrit, sont appelées koshas (corps). Ces corps, ou couches, sont comme des revêtements de l'être, des aspects de densités qui apparaissent différentes à nos sens grossiers.

    Selon le point de vue bouddhiste, l'aspect le plus subtil qui s'incarne est un courant de conscience, un continuum individualisé, mais qui n'a pas, bien sûr, d'existence propre. Ce courant induit, ou conditionne, la forme qu'il prendra l'instant suivant. La ressemblance conditionnée entre ce courant, tel qu'il nous apparaît dans l'instant, avec ce qu'il a été l'instant précédent et ce qu'il sera l'instant suivant, peut nous donner l'illusion d'une durée et d'une existence en soi, et ceci à tous les niveaux - physique, émotionnel et mental - autant pour ce qui est conscient, qu'inconscient.

    Entre le corps le plus subtil et le corps le plus dense, à savoir le corps physique, se trouvent les autres aspects de l'individualité: le corps émotionnel, le corps énergétique et le corps mental, qui n'ont pas davantage d'existence propre.

    Les aspects de l'individualité sont en rapport entre eux par le biais de relais, que sont respectivement les chakras¹ au niveau du corps mental, les plexus au niveau du corps émotionnel et les glandes endocrines au niveau du corps physique.

    Les principaux chakras, plexus et glandes s'étagent le long de l'axe qui relie la zone anale-génitale, au sommet du crâne. Ces liaisons assurent non seulement une cohésion parfaite entre la nature de l'esprit, au-delà de l'individualité, et les différents aspects de cette individualité (les corps ou koshas) mais aussi, entre l'individualité et le monde qui l'entoure.

    L'individualité possède également six sens pour percevoir les objets sensoriels et agir dans le monde : le sens du goût, de l'odorat, de l'ouïe, de la vue et du tact, ainsi que la faculté de percevoir les phénomènes mentaux, que nous omettons de considérer en Occident. C'est, bien sûr, l'esprit qui perçoit grâce à ces six facultés sensorielles.

    L'ignorance entraîne, entre autres, la non-reconnaissance du fait que c'est l'esprit qui perçoit, par l'intermédiaire des six sens de perception. Cela entraîne la confusion et la certitude que c'est le mental-ego² qui perçoit, alors que l'idée, c'est-à-dire le mental, ne s'élève qu'à la suite de la perception et interprète l'objet perçu, en fonction de l'expérience qu'il en a eu dans le passé.

    Ainsi le mental est perçu comme étant « moi ». Cette identification à l'activité mentale fait que cette fonction de l'esprit se prend pour l'esprit, comme une vague se prendrait pour l'océan. L'esprit est alors ravalé à la fonction mentale, identifié à elle et de ce fait, la capacité de progrès intérieur et de résolution des souffrances se trouve compromise.

    Méditer va permettre d'établir la sagesse discriminante³ et donc de voir, de reconnaître les phénomènes mentaux et la conscience que nous avons de ceux-ci, dans le moment où ils s'élèvent en l'esprit.

    Ainsi s'éteindra progressivement la confusion entre les phénomènes et la conscience que nous en avons. L'esprit doit être réalisé dans sa nature essentielle et, pour cela, sa nature doit d'abord être distinguée des phénomènes mentaux, sans que cette distinction soit une opposition.

    Bien sûr, les phénomènes mentaux ne sont pas autres que l'esprit, mais l'ordre doit être rétabli et la confusion doit cesser : c'est l'esprit qui produit les phénomènes, comme l'océan produit les vagues, et non le contraire.

    Cette reconnaissance, ou cette réalisation de la nature de l'esprit, résulte de la cessation de cette confusion. Lorsqu'un phénomène surgit, il s'agit d'être conscient de la conscience qu'on en a, et cette conscience qu'on en a, on l'EST.

    Pour progresser vers ce but, il existe trois familles de pratiques méditatives : la méditation sur le souffle, la méditation sur les objets et la méditation sans support.

    Dans le contexte de l'enseignement bouddhiste, il est question de douze facteurs interdépendants, qui s'enchaînent à partir de l'ignorance fondamentale et de la saisie duelle qui en résulte, jusqu'à la vieillesse et la mort, qui clotûrent cette chaîne causale.

    Il est question d'« enchaînement descendant », lorsqu'il s'agit des interactions négatives qui engendrent la souffrance et d'« enchaînement ascendant », lorsqu'il s'agit du processus positif qui débute par un état de connaissance, de non-dualité, et qui aboutit à la cessation de la naissance et de la mort, à la cessation de la souffrance.

    Notre esprit est donc voilé de plusieurs façons et il existe des fluctuations dans cet état voilé, en fonction des circonstances de nos vies.

    Dans le continuum de l'activité mentale, des instants de prise de conscience peuvent nous permettre de nous déterminer, de prendre des résolutions, de faire des choix, et sur cette base, malgré les difficultés des tendances habituelles, un système de rappel à soi peut voir le jour.

    Il faudra une motivation excellente et réunir toutes sortes de conditions et de supports, afin que le rappel à soi puisse porter ses fruits, en particulier à propos de cette terrible maladie de l'être humain, qui oppose sacré et profane dans la démarche spirituelle.

    Parmi les éléments qu'il est nécessaire d'envisager dans le système de rappel, il y a les moments considérés comme favorables : le matin, au réveil, et le soir, au coucher, ainsi que le début et la fin d'une pratique.

    Les changements de lieux, de pièces, de postures, l'utilisation de supports divers, servent - comme un nœud à notre mouchoir - à nous rappeler à un sens ou, mieux encore, à l'attention à un sens.

    Ce sens est celui des « trois cercles » : l'attention englobe ce qui est habituellement saisi comme « moi » ou comme espace intérieur (le sujet), ce qui est saisi comme « autre » ou comme espace extérieur (l'objet) et ce qui en résulte, la division entre ces deux. Cette division arbitraire entraîne, dans l'idée qu'a l'ego de retourner à l'unité, la nécessité d'une relation. La relation, comme la division, est perçue à partir de la saisie de la surface du corps ou d'un objet. Ainsi, pour l'ego, la perception de ces surfaces, comme le fait d'en faire l'expérience tactile, représente la preuve d'une réelle division, mais elle peut également représenter une possibilité de retour à l'unité.

    Tout contact avec les objets sensoriels par l'intermédiaire des organes des sens, est donc considéré comme représentant ce troisième cercle, les deux premiers étant le cercle du sujet et le cercle de l'objet. Ainsi tout système de rappel, et surtout ce qu'on appelle l'attention au corps, doit rappeler aux « trois cercles », c'est-à-dire à une attention englobant ce qui est habituellement saisi comme étant divisé.

    Parmi tous les systèmes de rappel, celui de l'attention au corps est excellent et réunit de nombreuses qualités.

    Beaucoup de personnes peuvent se tromper en entendant ce terme d'« attention au corps » et penser qu'il s'agit d'être conscient du corps solide, durable, matériel, base d'identification de l'ego. Évidemment, s'il s'agissait de cela, ce serait un moyen supplémentaire de s'y attacher.

    Nous devons d'abord méditer le fait que le corps qui était, il y a un milliardième de seconde, n'existe plus et que le corps qui sera, dans un milliardième de seconde, n'existe pas encore.

    Nous devons méditer qu'il en est également ainsi pour le temps : le temps présent étant le futur de l'instant passé et le passé de l'instant futur, il n'a pas d'existence propre. Ainsi, ce temps, ce corps, tout comme l'esprit qui les perçoit, n'ont pas d'existence propre. Le caractère relatif du temps et des phénomènes doit être reconnu et réalisé.

    Notre corps n'est, pour la conscience, qu'une sensation ténue, immédiate. Il n'a pas de substantialité.

    C'est pourquoi, dans l'attention au corps, la sensation tactile est juste une référence insubstantielle pour l'attention. C'est la base de perception d'une attention qui ne saisit pas cette sensation et ne s'y limite pas. Au contraire, c'est le moyen par lequel cette attention perçoit, sans division, ce qui est habituellement perçu comme « intérieur » et « extérieur », comme « moi » et « autre ».

    Toutes les pratiques corporelles du monde ne peuvent suffire pour établir l'attention au corps telle qu'elle est décrite ici, parce qu'elles sont faites, la plupart du temps, dans un contexte d'attachement au corps.

    Par contre, toutes les pratiques corporelles peuvent être mises au service de l'attention au corps, si le pratiquant s'en sert comme base d'attention, si cette attention est liée à une intention de rappel et si ce rappel RAPPELLE à « l'au-delà des trois cercles »⁴, c'est-à-dire à l'unité.

    Des pratiques comme les asanas⁵ de yoga, la rotation de conscience⁶, les massages ou le DO-IN⁷ peuvent être de bons supports pour renforcer l'attention au corps.

    Habituellement, lorsqu'il y a saisie duelle, la surface de notre corps, notre enveloppe, est saisie, comme l'est la surface de tout autre objet.

    À cette saisie, s'associe le nom.

    Le nom s'associe à la forme, et cette saisie conceptuelle permet au mental-ego de se distinguer de l'autre, c'est-à-dire de l'objet.

    Ainsi, pour l'ego, la surface du corps ou d'un objet sert à saisir une dualité, qu'aucune observation profonde ne justifie. En effet, cette dualité est purement d'ordre psychologique.

    La division fondamentale, ou saisie duelle, est un conflit et une souffrance. Tous les autres conflits au cours d'une vie ne font que raviver ce conflit de base.

    Dans un conflit quel qu'il soit, il y a une rémanence inconsciente de la division fondamentale et, bien sûr, la résurgence de toutes les autres empreintes qui en découlent. La division entre « moi » et « autre », entre « intérieur » et « extérieur », qui est ravivée au cours d'un conflit, se décline ensuite au travers des différents corps (koshas ou revêtements de l'être) et des différents centres, entre conscient et inconscient, entre tête et cœur, entre raison et sentiment, entre gauche et droite, entre avant et arrière, entre masculin et féminin, entre actif et passif, et enfin entre les zones du corps qui répondent au conscient et celles qui répondent et dépendent de ce que l'Occident appelle l'inconscient.

    Le pratiquant, ou le chercheur de vérité, se doit d'utiliser le rappel à la surface de son corps et, par conséquent, à la sensation tactile, non plus comme lieu de division, mais comme lieu de rappel à l'unité ou, au moins, comme base d'expérimentation.

    La sensation tactile devient une sorte de nœud à son mouchoir, pour se rappeler à la contemplation qui englobe, dans son champ d'attention, les deux espaces habituellement saisis en termes séparés : « moi » et « autre », « espace intérieur » et « espace extérieur ». Ainsi la sensation tactile sert à l'expérience de l'unité et permet d'actualiser les résultats qui en découlent.

    Dans le contexte bouddhiste, le lien entre le maître spirituel et le disciple est aussi un support de rappel essentiel.

    ¹    Chakras : terme utilisé traditionnellement pour parler des centres d'énergie présents en l'individu. Base à partir de laquelle se développe le système énergétique subtil. Il est bon de rappeler que, si le lecteur est novice en ces domaines, il doit se garder de tous les charlatans qui prétendent « ouvrir » les chakras, qui « tapotent » les auras et qui expliquent ou prétendent voir les précédentes incarnations de leurs malheureux clients.

    ²    Ego: Saisie duelle de base.

    Mental-ego : Excroissance de cette saisie duelle. À mesure que l'ego se construit, l'activité mentale est vécue à partir de la séparation et est asservie à l'ego.

    ³    Sagesse discriminante : capacité de connaître les qualités intrinsèques de chaque partie composant un ensemble, sans les opposer entre elles.

    ⁴    Voir chap. : « L'au-delà des trois cercles ».

    ⁵    Asanas : les postures de yoga.

    ⁶    Rotation de conscience : déplacement de l'attention dans un certain nombre de lieux du corps physique ou énergétique. Cette pratique peut être associée à l'utilisation d'un mantra.

    ⁷    DO-IN : pratique d'auto-massage ou d'auto-stimulation de zones du corps, en lien avec les notions de corps énergétique, qu'on rencontre dans tout l'Orient (le terme DO-IN appartient à la tradition japonaise).

    LES FONCTIONNEMENTS DE L’ESPRIT 2

    Pour l'ego, dans l'expérience quotidienne, tous les objets qu'il perçoit sont l'occasion de confirmer « l'existence en soi » d'un objet, du sujet qui le perçoit et donc de la réalité de la division.

    C'est en cette expérience ordinaire que s'exerce la force de maintien du monde tel que l'ego le perçoit et non tel qu'il est réellement.

    Il serait nécessaire, pour que cela change, que nous nous rappelions à nous-mêmes et que ce rappel nous incite à voir le caractère composé des objets de perception.

    Puis, partant de cela, nous pourrions examiner le moi qui s'attribue la perception, et percevoir son caractère composé. Nous pourrions alors réaliser que la saisie d'une division, que nous considérons comme réelle, absolue, dépend de la réalité absolue que nous attribuons, de façon arbitraire, sans vision profonde, au sujet (« moi, je ») et à l'objet d'une perception.

    Ce travail d'annulation de la saisie duelle doit être systématique. Le pratiquant doit donc se poser la question suivante : « Comment vais-je me rappeler à moimême, afin d'effectuer ce travail de reconnaissance du caractère composé des objets perçus, du sujet qui perçoit et de la division ? »

    Une autre question importante est : « Qui est celui que l'on peut appeler 'pratiquant' ? »

    Le pratiquant n'est pas celui qui adhère à une croyance, mais c'est celui ou celle qui examine, qui se donne les moyens d'objectiver la réalité sous ses deux aspects, l'aspect relatif et l'aspect absolu.

    Ce ne sera jamais celui qui sera capable de violence ou d'oppression pour imposer son point de vue.

    En bref, le pratiquant est celui qui aspire à la liberté et qui la souhaite aussi à ses semblables.

    Chaque objet de perception et, par extension, tout phénomène, est donc saisi dans son apparence, sa surface.

    L'association du nom et de la forme participe gravement au fait qu'en percevant la surface de cet objet, nous pensons le connaître totalement. Or, cette association du nom et de la forme se limite au « savoir » superficiel et empêche souvent la connaissance.

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