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Méditation Bouddhiste
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Livre électronique235 pages2 heures

Méditation Bouddhiste

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LangueFrançais
Date de sortie15 mai 2020
ISBN9791093883526
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    Aperçu du livre

    Méditation Bouddhiste - Charles Genoud

    Introduction

    Le bouddhisme n’a pas de raison d’être si ce n’est d’éclairer la condition humaine: sa fragilité et sa liberté. Il n’est pas sa propre fin, pas plus que le radeau qui permet de traverser le fleuve; en faire un objet de vénération transforme le moyen en fardeau.

    S’il peut être judicieux de mettre en question la tradition, il est également important de se laisser questionner par elle ; alors, s’embarquer sur les voies du bouddha, comme moyen d’explorer la nature humaine, peut conduire à des découvertes surprenantes.

    De nombreux ouvrages contemporains décrivent les multiples avantages de la méditation, sa technique et son utilité ; plus rares sont ceux qui essaient de la dévoiler. La tâche n’est pas aisée, parce que la méditation est au cœur de l’expérience humaine avant que le langage ne s’en empare. La présente tentative reste nécessairement inachevée. Le langage est l’ombre de ce qu’il essaie de montrer. Il faut néanmoins passer par lui pour se dessaisir de son emprise.

    La méditation ne peut être assujettie à une quête insatiable de bonheur, elle doit être rendue à elle-même.

    L’ enjeu de la méditation est atemporel, elle ne saurait servir le dessein d’une époque particulière sans basculer dans le profane et le superficiel. En revanche le langage la décrivant doit sans cesse être revisité.

    L’érudition, la réflexion et la méditation sont les trois sources de connaissance de la tradition bouddhique.

    Dans ce schéma se dégage une progression vers l’intériorité. La première source, l’érudition, est une connaissance venue d’autrui.

    La deuxième source, la réflexion, entraîne une réorganisation plus ou moins cohérente de ce qui a été entendu, gardant certaines notions et en rejetant d’autres. Ceci implique une compréhension sans faille des sources ainsi qu’une plus grande intimité avec sa propre pensée. La réflexion joue son rôle parce que dans le quotidien il faut constamment penser, planifier et prendre des décisions. Plus la réflexion est claire, plus judicieuses seront les décisions.

    Une grande partie de la littérature bouddhique est consacrée à étayer ces réflexions. La tradition tibétaine, particulièrement riche en ce domaine, propose de nombreux exercices spirituels organisés selon une pédagogie judicieuse.

    Ces deux premières sources de connaissance sont basées sur les concepts donc, sur une transposition des vécus.

    Finalement, dernier élément de la trilogie, la méditation s’affranchit de la raison. Elle requiert le dépassement de tout concept, de toute croyance et de tout dogme.

    Cette expérience intérieure à laquelle conduit la méditation, et non pas les textes doctrinaux, est l’autorité ultime dans la tradition bouddhique. Une expérience qui est sa propre autorité.¹

    L’expérience intérieure doit être conduite avec discipline pour dépasser ce qui est personnel et imaginaire. Cette discipline relève de la suspension de toute activité et non pas de l’usage de techniques sophistiquées. Alors seulement, la méditation peut déboucher sur une indépendance d’esprit qui permet non seulement de penser par soi-même, mais plus encore, de se dégager de l’emprise de la pensée elle-même. Finalement, le méditant devra retourner dans le monde de la pensée et de l’action, motivé par une pensée éclairée par une expérience souveraine.

    La réflexion permet d’intégrer à la vie quotidienne ce que la vision intérieure dévoile.

    Au sein du bouddhisme il existe des divergences, de sorte qu’une perspective sera toujours partiale. Ce texte ne fait pas exception. Il y a toutefois des notions communes, incontournables.

    Quatre sceaux authentifient une vision du monde comme étant bouddhiste:

    - Tous les composés sont impermanents.

    - Une vie sous l’emprise de la confusion laisse à désirer.

    - Rien dans l’être humain ne correspond à un moi indépendant et substantiel.

    - Il est possible de se libérer de la confusion et de l’insatisfaction de manière définitive.

    Ce livre ne sort jamais, en tout cas de manière délibérée, de cette vision bouddhique du monde.

    Un point de vue communément partagé par les maîtres bouddhistes et particulièrement significatif ici, pose que le chemin spirituel — et plus particulièrement la méditation — consiste essentiellement en une absence de saisie.

    Sakya Pandita, le maître tibétain du XIe siècle enseignait que s’il y a saisie, il n’y a pas de sagesse. Au XXe siècle, le maître birman Mahasi Sayadaw expliquait que nous méditons afin de ne pas saisir, en parfait accord avec les paroles mêmes du bouddha enseignant que l’absence de saisie est liberté.

    Les méditations décrites dans ce livre sont fondées sur la tradition theravada telle qu’elle est enseignée en Birmanie ainsi que sur la tradition tibétaine avec quelques remarques provenant du zen. Ces approches se complètent. La tradition vipassana, en accord avec le Satipatthana soutra, est très attentive à inclure tous les vécus dans la méditation: le corporel, les sensations affectives, les pensées, les émotions et les états mentaux ; le calme comme l’agitation, le positif comme le négatif.

    La tradition tibétaine analyse les pensées et les émotions avec une grande profondeur, s’appliquant à découvrir la nature insaisissable de la conscience et du monde ; le zen finalement approche la méditation d’une manière globale. Il intègre dans sa pratique les mouvements et les activités les plus simples de la vie quotidienne.

    L’empathie doit être associée à la sagesse pour garantir un comportement responsable dans le monde, c’est pourquoi des méditations sur la bienveillance ont été incluses.

    Les textes le plus souvent cités pour décrire la méditation sont les soutras du bouddhisme ancien, le Satipatthana soutra, le Bahia soutra, le Malunkyaputta soutra, le Sivaka soutra et le Kaccayanagotta soutra. En ce qui concerne les méditations sur les pensées et les émotions, ce sont les textes de la tradition tibétaine la plus ancienne ainsi que des enseignements oraux du Maître Dilgo Khyentse Rimpoché.

    D’une manière générale le point de vue philosophique exprimé ici se conforme aux textes de Nagarjuna, le grand philosophe du bouddhisme indien ainsi qu’a l’enseignement de Vimalakirti l’un des premiers soutra exposant la philosophie du madhyamaka.

    Des maîtres appartenant à d’autres traditions spirituelles sont également cités, comme Saint Augustin, Maître Eckhart, Martin Buber. Ils mettent en lumière certains aspects importants du chemin spirituel et représentent une grande source d’inspiration dont il convenait de souligner l’importance.

    Tout système de pensée finit par se prendre à son propre jeu. L’étude d’autres points de vue permet d’éviter cet écueil, au moins en partie. La réification de la nature de bouddha par certains auteurs peut servir d’exemple. Maître Eckhart souligne précisément le danger de s’attacher à l’ultime lorsqu’il enseigne qu’il faut prier Dieu de nous libérer de Dieu.

    Les réflexions exposées dans la deuxième partie du livre s’appuient sur des sources plus variées encore.

    Le chapitre concernant l’investigation de la conscience s’est enrichi à la lecture des textes du premier Sartre: l’imagination, l’imaginaire, esquisse d’une théorie des émotions et la transcendance de l’ego. Les ouvrages de Nietzsche, de Simone Weil, de Martin Buber et de Sartre ont influencé profondément le regard porté sur la moralité.

    Le texte concernant la méditation a été placé immédiatement après l’introduction pour aborder cette partie avec une certaine innocence. Les réflexions viennent en dernier et tentent d’étayer ce qui peut paraître péremptoire dans les textes traitant de la méditation.

    Chaque partie présente une certaine autonomie. Des répétitions n’ont pas été exclues afin de ne pas imposer à la lecture un ordre séquentiel.

    Ce livre est une invitation à une expérience intérieure plus qu’une présentation de la doctrine bouddhique. Présentation qui a déjà fait l’objet de nombreuses publications.

    1     Un texte affirme que même si tous les bouddhas devaient se rassembler et mettre en doute son expérience, le méditant ne douterait pas.

    Partie 1

    Méditations

    le passé

    le passé n’a jamais été

    ces quelques mots si simples de Maurice Blanchot

    font naître un sentiment étrange

    la phrase est presque anodine

    elle pourrait passer inaperçue

    et cependant lorsqu’on s’y arrête

    le passé n’a jamais été ?

    Joseph Campbell décrit l’itinéraire traditionnel du héros ou du chaman

    sa naissance miraculeuse, signe d’un destin d’exception

    puis il l’oublie et se fond dans un monde familier

    jusqu’au jour où un événement vient le rappeler à son destin

    un événement anodin en apparence

    un léger dérangement dans l’ordre du monde

    une chose pas tout à fait à sa place

    une tasse qui se brise

    des paroles surprenantes

    une souffrance incompréhensible

    la personne ordinaire passe

    sans remarquer cette brèche dans la réalité du monde quotidien

    le chaman lui, en est profondément troublé

    il ne peut que s’engager dans cette ouverture

    et n’aura de cesse d’avoir découvert une nouvelle vision du monde

    plus vaste, rendant compte de l’incompréhensible

    le passé n’a jamais été

    je n’ai jamais retrouvé la source de cette citation

    l’ai-je lue dans la traduction anglaise d’un texte de Blanchot

    dans une librairie de San Francisco ?

    je ne cesse de tourner ces quelques mots dans ma tête

    que signifient-ils ?

    la temporalité a troublé le plus grand des théologiens chrétiens

    si on ne me demande pas, je sais,

    si on me demande, je ne sais plus, Dieu aide-moi, confesse Saint Augustin.

    il n’a pas échappé à son destin, Dieu merci

    le passé n’a jamais été, prend l’allure d’un koan²

    ces mots anodins ont une force de contestation similaire

    selon le bouddhisme l’homme n’est pas captif de la réalité

    mais de ses croyances

    la méditation est libératrice dans la mesure où elle met en doute

    la validité de ces croyances

    penser qu’il serait possible de s’engager dans la méditation sans être

    touché par sa force de contestation est absurde

    comme de vouloir pénétrer dans l’eau fraîche d’une rivière sans

    se mouiller

    2    Terme qui dans le zen désigne une question insensée visant à dépasser les limites de la raison.

    désacralisation

    la désacralisation de la méditation la rend futile

    comme les conversations d’une soirée mondaine

    le sacré, atemporel, ne peut faire l’objet d’aucun calcul

    il ne peut être réduit à l’utilitaire

    il en est l’opposé

    ancrée dans une culture, la religion est située dans le temps

    elle a une histoire, un dogme, des croyances

    cependant, elle est gardienne des valeurs sacrées

    de l’atemporel, de l’inutilitaire

    Maître Eckart appelle « marchands du temple »

    ces fidèles qui louent Dieu

    pour qu’il accède à leurs prières

    demandant à Dieu une faveur en échange de leurs louanges

    ils sont dans le temple, mais restent des profanes

    réduire la méditation à une technique de bien-être

    la limiter à l’utilitaire et au profit

    c’est la désacraliser

    le temple, dans la méditation, c’est le vécu du méditant

    il s’agit de s’y livrer, de ne pas le contempler du dehors

    ne pas observer la respiration, les sensations, les émotions

    mais être chaque vécu

    lorsque le méditant consent à se mettre en jeu

    chaque position, chaque mouvement du corps est ce lieu sacré

    où l’existence se révèle, dans sa totalité

    alors se dévoile un corps de présence

    le Satipatthana soutra l’exprime simplement

    lorsqu’une méditante marche, elle est présente

    lorsqu’elle tourne la tête, lorsqu’elle plie ou tend le bras,

    elle est présente

    ainsi en toutes positions toutes activités, les plus ordinaires

    il s’agit d’être là

    le mouvement ne ment jamais affirmait Martha Graham

    le secret qu’il dévoile est celui d’un corps souverain

    qui n’est pas réduit à un moyen pour accomplir une tâche

    ceci ne veut pas dire que le méditant s’interdit toute activité

    qu’il s’enferme dans une vaine passivité

    mais que dans l’action

    il ne se perd pas dans l’objectif à atteindre

    devenu indifférent aux fruits des actes,

    toujours comblé,

    ne dépendant de rien;

    celui-là, en réalité, n’agit pas,

    si affairé qu’il puisse paraître. La Bhagavad-Gîta

    le sacré est le lieu de la présence la plus dense, selon Mircea Eliade

    le corps vécu est alors un sanctuaire

    être assis, c’est être éveillé

    enseigne Dogen, le maître Zen

    toutes les activités, manger, boire, balayer l’allée du jardin

    sont le lieu de la méditation et de l’éveil

    conscience - connaissance

    sans distinguer conscience et connaissance,

    on ne peut comprendre en quoi consiste la méditation

    dès son plus jeune âge l’enfant apprend à connaître le monde qui

    l’entoure

    à distinguer ce qui est dangereux de ce qui ne l’est pas

    à nommer les choses

    les études supérieures et les formations professionnelles

    sont encore une accumulation de connaissances

    concernant non seulement les choses

    mais aussi les méthodes, les techniques

    la connaissance transpose toutes les expériences en données

    qui peuvent être conservées dans la mémoire

    les concepts ou les noms sont le moyen de cette transposition

    dès qu’un vécu surgit, la perception d’un son, d’une forme

    il est interprété

    tiens, j’entends le voisin mettre en marche sa voiture

    et pourtant je n’entends qu’un vrombissement

    nous entendons toujours plus que ce que nous entendons

    j’entre dans mon bureau, je me déplace

    à chaque instant ce que je vois est totalement différent

    et pourtant je crois voir la même chose: le bureau

    ce bureau immuable n’est qu’un concept

    que le souvenir garde en mémoire

    il y a une différence notoire entre

    voir les couleurs du ciel au lever du jour

    et se rappeler ces couleurs

    quand le concept se substitue à l’expérience

    il y a confusion entre ce qui est vu et ce qui est pensé

    toute transposition opérée par la connaissance peut être fausse

    il se peut que ce ne soit pas la voiture du voisin que j’entende

    mais il est indubitable que j’entends

    dans la connaissance, l’expérience singulière est délaissée

    pour une idée générale

    le mot fige l’événement

    il lui donne une portée objective et universelle

    par sa nature, le concept donne l’impression de

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