ela commence comme un simple retour à la terre. Lasse de sa vie citadine, Camille* plaque tout pour devenir saisonnière dans l e monde viticole. Passion née d’écologie, elle découvre la biodynamie et son créateur, un certain Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie. On le présente comme un visionnaire du début du xxe siècle. « J’ai été séduite par la vision holistique expliquant que les plantes que l’on cultive sont connectées à leur cosmos », se souvient la désormais quadragénaire. Camille se met à fuir les écrans: « Dans la cosmologie de Steiner, la technologie est associée au démon Ahriman, celui du matérialisme. Mais on ne vous dit pas ça de but en blanc, on préfère expliquer de Jean-Benoît Meybeck, enquête sur les fondements ésotériques de la biodynamie. Camille réalise que Steiner pensait que la Lune est composée de cornes de vache vitrifiées, que la Terre s’est réincarnée plusieurs fois, ou que des démons nocifs appelés Ahriman, Lucifer et Soradt régissent notre planète. « Comme les scientologues, les anthroposophes cachent leur véritable cosmologie. Ce sont de très bons communicants. Le label Demeter [NDLR: qui certifie les productions biodynamiques] met ainsi en avant le fait que ce serait plus bio que bio », assure Camille, qui a livré à l’Unadfi (association luttant contre l’emprise de groupes sectaires) un puissant récit de ces années d’« endoctrinement insidieux ».
Quand l’écologie mène à l’irrationnel
Aug 10, 2023
4 minutes
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