Brève histoire du Cambodge: Le pays des Khmers rouges
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À propos de ce livre électronique
Entre génocide et dictature, redécouvrez l'histoire du Cambodge.
Qui d’autre que François Ponchaud, auteur de l’inoubliable Cambdoge année zéro (paru en 1977), pouvait à ce point « résumer » la très riche histoire d’un des pays les plus attachants de l’Asie du Sud-Est, depuis l’époque mythique des bâtisseurs d’Angkor, jusqu’à la difficile reconstruction après le drame des Khmers rouges ? Sans minimiser non plus les enjeux contemporains. Il faut dire que ce prêtre pas comme les autres vit sur place depuis 1965, et que chaque jour qui passe est le témoin de ses multiples engagements aux côtés de la population… Il a lui-même appris le khmer pour mieux s’imprégner des subtilités de cette civilisation, et, accessoirement, traduire la Bible dans cette langue.
Cet essai historique, richement documenté, nous est livré par un témoin privilégié de la culture cambodgienne.
EXTRAIT
"Eau et Terre", c’est ainsi que les Khmers désignent le pays qui les a vus naître. Où finit l’eau ? Où commence la terre ferme ? On ne l’a jamais bien su, et on ne le sait toujours pas. Chaque année, les eaux boueuses du Mékong descendent du Tibet, inondent la vaste dépression située au centre de la péninsule indochinoise et y déposent leur limon fertile. À l’est de cette cuvette, les contreforts de la cordillère annamitique ralentissent la course des nuages de la mousson. À l’ouest, la chaîne des Cardamomes interdit, l’accès à la mer, et au nord, celle des Dangrek forme une muraille en partie infranchissable. Seul le sud-est s’ouvre vers la mer, à travers le Vietnam ; une trouée entre la chaîne des Cardamomes et celle des Dangrek, au nord-ouest, offre un passage vers la Thaïlande. Au centre, le Tonlé Sap, le « fleuve d’eau douce », vestige d’un ancien golfe, constitue un véritable vivier où se reproduit une multitude d’espèces de poissons, dont certaines, proches des coelacanthes préhistoriques, ont totalement disparu dans les autres parties du monde.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Une histoire riche, donc, décrite avec tout l'amour (et donc la partialité) que l'auteur a pour ce petit pays du Cambodge qui a tant souffert. [...] L'édition est très bien faite, agrémentée de quelques cartes et de notes de bas de pages pertinentes. - Cyril, Babelio
À PROPOS DE L'AUTEUR
François Ponchaud est prêtre des Missions étrangères. En 1975, dans les locaux de l’ambassade de France, il vit douloureusement la prise de pouvoir des Khmers rouges à Phnom Penh, qui vident la capitale de tous ses habitants en quelques heures. En 2013, il a témoigné aux procès des dirigeants encore vivants. Aucune péripétie de l’histoire de ce pays ne lui est étrangère.
En savoir plus sur François Ponchaud
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Aperçu du livre
Brève histoire du Cambodge - François Ponchaud
1. LE CAMBODGE : DES HOMMES ET DES DIEUX
Les génies de la terre et des eaux
« Eau et Terre », c’est ainsi que les Khmers désignent le pays qui les a vus naître. Où finit l’eau ? Où commence la terre ferme ? On ne l’a jamais bien su, et on ne le sait toujours pas. Chaque année, les eaux boueuses du Mékong descendent du Tibet, inondent la vaste dépression située au centre de la péninsule indochinoise et y déposent leur limon fertile. À l’est de cette cuvette, les contreforts de la cordillère annamitique ralentissent la course des nuages de la mousson. À l’ouest, la chaîne des Cardamomes interdit l’accès à la mer, et au nord, celle des Dangrek forme une muraille en partie infranchissable. Seul le sud-est s’ouvre vers la mer, à travers le Vietnam ; une trouée entre la chaîne des Cardamomes et celle des Dangrek, au nord-ouest, offre un passage vers la Thaïlande. Au centre, le Tonlé Sap, le « fleuve d’eau douce », vestige d’un ancien golfe, constitue un véritable vivier où se reproduit une multitude d’espèces de poissons, dont certaines, proches des cœlacanthes préhistoriques, ont totalement disparu dans les autres parties du monde.
Vers le milieu du sixième millénaire avant notre ère, des hommes vivaient déjà au sud de la péninsule indochinoise : c’étaient des peuplades à la peau brune, de type mélanésien, proches parents des Aborigènes vivant dans les îles des mers chaudes d’Indonésie et de Malaisie. Ils s’étaient établis sur les hauteurs qui entouraient la dépression : à Battambang, à Melou Prey, à Mémot, à Chup, à Chamcar Leu, ou même à Samrong Sen, au sud du Tonlé Sap. D’autres encore vivaient près de Kampot, en bordure du golfe du Siam. On a retrouvé sur ces différents sites quelques-uns de leurs outils qui remontent à la période néolithique¹.
Comme ces hommes vivaient dans la forêt, ils construisaient des cabanes dans les arbres. Leurs descendants ont perpétué cette habitude en bâtissant leurs maisons sur pilotis. Ils se nourrissaient principalement de cueillette et de pêche, ils cultivaient aussi le riz, travail pour lequel ils avaient domestiqué les bœufs et les buffles. Ces autochtones s’étaient relativement bien adaptés à la forêt infestée de paludisme, en créant dans leur sang une hémoglobine spéciale, l’hémoglobine E, qui les immunisait partiellement contre la fièvre.
Ces lointains ancêtres des Khmers honoraient déjà les âmes des défunts. Ils rendaient un culte aux génies du sol et des eaux, aux Néak Ta, les « personnes anciennes », selon l’étymologie populaire. Ces esprits des morts ou des fondateurs mythiques de leurs villages étaient, et restent toujours, les véritables maîtres du terroir. Ils assurent la protection des villages, la santé des personnes, la régularité des pluies, l’alternance harmonieuse des saisons et les récoltes abondantes. Il convient donc de leur offrir des fruits, de la nourriture, de l’alcool. Les oublier, ou les offenser, rend malade ou expose aux accidents. Depuis cette époque reculée, le cobra à trois, cinq ou sept têtes, le nâga, symbolise les forces divines, à la fois bénéfiques et redoutables, qu’il est indispensable de se concilie².
Épousailles à l’indienne
Bien avant l’ère chrétienne, des navigateurs indiens commerçaient avec ces autochtones du pays khmer. Au début de notre ère, des groupes indiens avaient même quitté leur pays, sans doute à la suite de troubles politiques, pour immigrer dans le sud de la péninsule.
Une légende chinoise rapporte qu’un brahmane, c’est-à-dire un membre d’une des deux castes supérieures de l’Inde, avait pris la mer à la suite d’un songe. Quittant son Inde natale, il était parvenu dans cette région bénie des dieux. Mais, à peine débarqué, il avait dû repousser les assauts des indigènes, conduits par la reine Lieou Yi, « Feuille de Saule », qui voulaient arraisonner son bateau. Hun Tien, tel était le nom du brahmane, tira alors une flèche avec son arc magique qui transperça de part en part la barque de Feuille de Saule. Celle-ci, effrayée, se soumit à lui.
Une autre légende, indienne, cette fois, raconte que Kaundinya, un brahmane tamoul, aborda sur les côtes cambodgiennes et tomba follement amoureux de la ravissante Sôma, « Fille de la Lune », venue se baigner. Kaundinya prit alors une étoffe pour voiler la nudité de Fille de Lune, qui devint son épouse. Son beau-père, roi des nâgas, en brave beau-père, aspira l’eau qui recouvrait le pays afin d’aider son gendre à y construire une capitale.
Ces légendes évoquent, sur le mode symbolique, l’arrivée de colons indiens, qui conquirent une partie des terres basses du sud de la péninsule par d’importants travaux de drainage.
Ces nouveaux venus apportaient leur langue et leurs coutumes que les autochtones adoptèrent en les modifiant quelque peu. Le sanscrit, la langue savante des brahmanes, devint la langue des proches du pouvoir et des lettrés. Dans la moiteur des nuits tropicales, le Râmâyana, la célèbre épopée indienne, faisait déjà vibrer le cœur des villageoises pour le beau Râma, perdu à la recherche de sa belle Sîta, kidnappée par l’affreux Râvana. Après de multiples exploits merveilleux, le beau Râma, allié à Hanuman, le roi des singes, réussit enfin à vaincre le méchant ravisseur³.
Les laboureurs adoptaient le système d’attelage indien, ainsi que l’araire de bois et la charrette à bœufs que l’on peut rencontrer encore de nos jours. Les paysans apprenaient à cultiver le palmier borassus, ou palmier à sucre, qui délimite depuis cette lointaine époque la terre domestiquée par les Khmers. Comme les dignitaires indiens, les élégants portaient déjà le langouti, grande pièce d’étoffe relevée en arrière entre les cuisses et attachée à la ceinture. Suivant la politesse indienne, on se saluait en levant les deux mains jointes devant le front ou devant la poitrine, plus ou moins haut, selon la dignité de la personne saluée. On se rasait la tête, en signe de deuil, et l’on incinérait les cadavres. L’organisation de la société en castes, selon le modèle indien, s’implanta sous une forme très atténuée dans le pays⁴.
Le brahmanisme : « Dieu » au pluriel
Avec sa culture, l’Inde exportait également ses religions, le brahmanisme⁵ (appelé aussi hindouisme) et le bouddhisme. Les Khmers réunirent ces deux cultes dans une harmonieuse symbiose. Les brahmanes honoraient la triade suprême : Brahma (Préah Pruhm en khmer) aux quatre visages, dieu tout-puissant dont le regard porte vers les quatre directions cardinales ; Vishnu (Préah Noreay), protecteur et sauveur des mondes, doté de multiples bras ; Çiva (Préah Eyso), créateur et destructeur des mondes, maître de la vie et de la mort.
Toutefois, dans le panthéon brahmanique actuel, il semble que chez les Khmers, Indra (Préah En) occupe la place centrale. C’est lui qui paraît être en relation le plus fréquemment avec les humains. Il est servi par de nombreuses divinités (tevodas), des messagers divins (tevatout), ainsi que par des myriades de danseuses célestes (tep apsars ou apsaras). Toutes ces divinités habitent le mont Meru (Phnom Préah Soméru), la montagne cosmique située au centre du monde. Elles sont soumises aux mêmes passions que les humains. Les brahmanes connaissaient la façon d’honorer chacune des divinités selon son rang et donc, pouvaient se la concilier. Ils exerçaient de ce fait, un réel pouvoir sur le peuple.
Le bouddhisme : un art de vivre
Né au nord de l’Inde vers le VIe siècle avant notre ère, Gautama Siddharta, appelé aussi Çakyamuni, « le sage de la caste guerrière des Çakyas », devint le Bouddha ou « l’Éveillé ». Il avait réagi contre la prolifération des théologies brahmaniques, fort belles, certes, mais incapables d’apporter une aide aux problèmes concrets de l’existence, de la souffrance et de la mort. Bouddha présentait son message de libération essentiellement comme un art de vivre fondé sur l’exacte connaissance du monde, acquise par l’exercice de la méditation. La purification des désirs et des passions permettait de vivre en harmonie avec l’univers.
Certains disciples se contentèrent d’honorer le Bouddha comme un maître de sagesse : c’est la branche qu’on appelera plus tard le « bouddhisme des Anciens » (theravâda) ou du « Petit moyen de progression vers le salut » (hînayâna, appelé également, avec une certaine nuance de mépris, « Petit Véhicule »).
D’autres, au contraire, honorèrent Bouddha un peu comme une divinité, et se confiaient à des saints bouddhistes, les bodhisattvas, qui avaient retardé leur libération définitive pour aider les hommes de ce monde. On désigna donc cette branche du bouddhisme comme « le Grand Moyen de progression vers le salut » (Mahâyâna, appelé également « Grand Véhicule »).
Le bouddhisme atteignit le pays khmer sans doute au début de l’ère chrétienne, sans que l’on sache avec certitude sous quelle forme : à bord de leurs bateaux, des commerçants indiens embarquaient des moines, bhikkhus ou théras ; d’autres emportèrent des images du bodhisattva Lokesvara pour écarter les périls de la traversée.
Aux sources de l’identité khmère : du Fou-nan au Chenla (III-IXe siècle)
Le brahmanisme religieux véhiculait une idéologie royale qui faisait du roi l’intermédiaire entre le ciel et les hommes. En identifiant symboliquement leur temple royal au mont Meru, séjour des dieux, les rois pouvaient prétendre à la domination universelle dans leur royaume. Sur une colline sacrée, ou phnom, se dressait le linga de Çiva, emblème phallique qui incarnait les énergies de la vie. Le temple devenait ainsi un haut lieu grâce auquel le ciel pouvait communiquer avec la terre ; le roi était alors investi d’une fonction sacrée, et c’est lui qui assurait la prospérité du pays.
Les Chinois de l’époque nommèrent le royaume de Kaundinya et de ses successeurs « Le Royaume de la montagne » (Nokor Phnom ou Fou-nan). Sa capitale se situait à à Chheu Kach, au pied de Ba Phnom (province de Prey Veng), puis à Vyadhapura, Angkor Borey (près de Takéo).
Ces rois du Fou-nan régnèrent au sud de la péninsule indochinoise du Ier au VIIe siècle de notre ère. À la cour, le roi et les fonctionnaires pratiquaient le brahmanisme, alors que le bouddhisme, en symbiose avec l’animisme, avait été progressivement adopté par le peuple.
Grâce à son commerce florissant, le pays s’était naturellement ouvert aux influences extérieures. Au début de l’ère chrétienne, les Latins et les Grecs pratiquaient déjà des échanges, semble-t-il, avec cette contrée par l’intermédiaire de l’Inde⁶. Les navigateurs indiens appelaient la région qui va de la Birmanie à l’Indonésie, la Chersonèse, (presqu’île d’or) : la chaîne de montagnes qu’ils apercevaient au couchant dessinait en effet la frontière mythique du monde. Ce nom deviendra Sovannaphum pour désigner le Cambodge dans les chansons khmères modernes.
L’influence politique et culturelle du Fou-nan s’étendait alors sur un certain nombre d’états vassaux, dont le Chenla, situé à l’intérieur des terres, sur le moyen Mékong. La capitale du Chenla occupait le site de l’actuel Vat Phu⁷. Selon une inscription du XIe siècle, les habitants du Chenla faisaient remonter leurs origines, eux aussi, à un brahmane indien, nommé Kambu, arrivé dans la contrée au Ve siècle de notre ère. Ce brahmane s’était uni à une nymphe d’origine solaire, la belle Méra. De cette union naquit le peuple des Kambujas. C’est de l’association de leurs deux noms, « Kambu-Mera », que dériverait, selon l’étymologie populaire, le nom traditionnel Kampuchéa, devenu en français « Cambodge »⁸.
À la fin du VIe siècle, le Chenla se libère de la tutelle founanaise et, un siècle plus tard, annexe son ancien suzerain. Sambor Prey Kuk (610-628), près de l’actuel Kompong Thom, puis Sambok, au nord de Kratié, deviendront les capitales du nouveau royaume. Il faut toutefois se garder de projeter nos conceptions modernes sur ces « royaumes » successifs : ce sont plutôt des groupements de villages sous une certaine autorité d’un chef à qui on fait allégeance en cas de guerre, et à qui on paie tribut.
« À l’aspect cosmopolite, côtier du Fou-nan, s’oppose désormais l’aspect fermé, terrien du Chenla. À la richesse née du trafic, fait place la pauvreté d’un pays qui n’a d’autres contacts avec ses voisins que par quelques pillages et expéditions guerrières. Ce ne sont plus des Indonésiens, des gens de la mer, mais des Khmers, groupe mal déterminé du point de vue anthropologique, rattaché du point de vue linguistique à la famille môn-khmer. (…) Il se forme ici une civilisation qui se veut autochtone, qui prend racine dans un fond purement khmer⁹. »
Dans ce Chenla, les inscriptions en langue sanscrite sont souvent doublées en langue khmère, qui utilise une écriture dérivée d’un alphabet originaire du sud de l’Inde¹⁰. La vie religieuse est dominée par le culte de Harihara, divinité syncrétiste qui unit les deux visages de Vishnu (Hari) et de Çiva (Hara) dans une même statue.
Entre 710 et 715, le royaume du Chenla se scinde en deux principautés : le Chenla de terre et le Chenla d’eau, qui correspondent à peu près aux deux anciens royaumes du Fou-nan et du Chenla. Le Chenla de terre essuiera des attaques du royaume du Nantao, situé au sud de la Chine. Quant aux rois du Chenla d’eau, ils s’exileront ou seront emmenés en otages à Java, où le dernier roi-otage, Jayavarman II, a pu voir la construction du complexe de Borobudur.
Angkor : la ville sainte, protégée des dieux
Sans doute en 802, soit deux ans après le sacre de Charlemagne en Europe, Jayavarman II, revenu de Java, se fait sacrer « roi chakravatin », c’est-à-dire monarque universel, pleinement souverain sur son royaume. La cérémonie a lieu au Phnom Kulen, la montagne de Çiva, situé dans le nord de son royaume qui s’étend à peu près sur le même territoire que celui du Cambodge moderne. Il confie le culte de Çiva, le roi des dieux, à un brahmane et à sa descendance, à l’exclusion de tout autre¹¹. Le roi est considéré comme une émanation de sa divinité de prédilection, et à sa mort, il recevra un titre divin.
Sous le règne de Jayavarman II et de ses successeurs, plusieurs capitales sont bâties dans le même secteur, souvent imbriquées les unes dans les autres : c’est le site d’Angkor, nom qui signifie l’urbs, la ville. En construisant leur capitale, les rois veulent reproduire sur terre le monde des Cieux. La ville est située dans un vaste carré magique (mandala) qui symbolise la cohésion de l’ordre cosmique. Au centre s’élève la montagne sacrée, avec trois ou cinq sommets, qui représente le mont Meru (mahendra), séjour des dieux ; les remparts évoquent la chaîne de montagnes cosmiques qui encadrent le monde ; au delà des murs, les douves rappellent l’océan primordial.
Ainsi la ville devient « une capitale idéale, garantissant la prospérité et l’invulnérabilité du royaume »¹². La protection était d’ailleurs, avant tout, d’ordre religieux ; comme chez de nombreux peuples, les départs pour la guerre s’inséraient dans un cadre sacré.
Si la plupart des temples d’Angkor sont dédiés à Çiva, et si la cour reste attachée au culte brahmanique, le bouddhisme n’est jamais totalement oublié, et conquiert même progressivement le droit de cité. Jayavarman V (968-1001), pourtant çivaïste, charge un de ses ministres, zélé bouddhiste, de relever les anciennes statues du Bouddha qui avaient été renversées par ses prédécesseurs et d’en ériger de nouvelles. Il fait acheter à l’étranger de nombreux traités et commentaires concernant le bouddhisme du Grand Véhicule. Au XIe siècle, apparaissent ainsi pour la première fois des statues du Bouddha protégé par le nâga aux sept têtes. La religion brahmanique n’est pas abolie pour autant : le roi Sûryavarman II (1113-1150) construit Angkor Vat qu’il dédie à Vishou, auquel