Il est l’un des chercheurs en psychologie les plus renommés au monde. Professeur de génétique comportementale au King’s College de Londres, l’Américain Robert Plomin, 74 ans, traque depuis quatre décennies les influences génétiques de nos comportements. Son ouvrage L’Architecte invisible résume, à destination du grand public, des travaux aussi fascinants que vertigineux. Plomin est notamment célèbre pour ses études sur des jumeaux et des enfants adoptés. Elles ont permis de quantifier l’héritabilité, autrement dit la part attribuée à la génétique dans les différences entre les traits de caractère des individus dans une population donnée.
Si personne ne s’étonnera de découvrir que l’héritabilité de la couleur des yeux (95 %) ou de la taille (80 %) est élevée, les avancées de la génétique comportementale contredisent frontalement les thèses de la psychanalyse comme celles de sciences humaines qui se focalisent exclusivement sur le rôle de l’éducation ou celui de la socialisation. L’héritabilité de troubles complexes comme l’autisme (70 %) ou la schizophrénie (50 %) est par exemple conséquente. Celle de la réussite scolaire (60 %) ou de l’intelligence générale (50 %) également.
Dans l’éternel débat entre nature et culture, ou inné et acquis, Robert Plomin montre que l’inné, autrement dit le capital génétique, joue souvent au moins pour moitié dans les aptitudes des individus. Notre ADN façonne notre personnalité. Cela laisse toujours une part considérable aux facteurs environnementaux. Sauf que, prévient le chercheur, nous nous méprenons grandement sur l’acquis. La famille et même l’école n’auraient qu’une influence très réduite par rapport à ce qu’il a baptisé des « environnements non partagés », qui laissent