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Démocratie ou Démopotence
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Livre électronique406 pages6 heures

Démocratie ou Démopotence

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À propos de ce livre électronique

Si le dollar américain est accepté et même convoité dans les coins les plus reculés du monde, c’est que les gens ont dans ce bout de papier une confiance inébranlable, étant convaincus qu’il sera accepté à sa juste valeur lorsqu’ils le présenteront à leur tour à qui que ce soit à travers le monde. Cette confiance inouïe dans la valeur d’un bout de papier n’est pas venue par hasard, elle a été imposée par une force bienveillante. La Dynastie Tang au 7ième siècle, la Dynastie Yan au 13ième, Law en France au 17ième et d’autres encore ont tenté d’établir des systèmes monétaires utilisant le papier au cours des siècles, mais sans succès durable.
Notre monde moderne commença lorsque les Huguenots et les Séfarades, persécutés depuis toujours par les rois de droit divin du Saint-Empire romain, se réunirent et créèrent la Compagnie des Indes à Amsterdam en 1602. Après avoir déménagé leur siège social à Londres en 1689, et fondé la Banque d'Angleterre en 1694, ils purent enfin faire des prêts à volonté, car ils étaient sûrs d'être par la suite remboursés par le parlement. La période de recherche et de développement (R&D) qui suivit est mieux connue sous le nom de révolution industrielle.
Le plus grand homme qui ait jamais existé, un Ashkénaze, fonda la Banque d'Amérique du Nord en 1781, puis reprit la Banque d'Angleterre en 1810, et à la suite de ces événements, des sommes d'argent colossales furent investies dans la R&D, en Amérique ainsi qu'en Europe.
Le ‘cotton gin’ (égreneuse de coton), la machine à vapeur et l'acier de Bessemer virent ensuite le jour, mais ce qui lança l’économie mondiale que nous connaissons aujourd'hui, ce fut l’électricité. Lorsque la centrale hydroélectrique de l'Oregon, à Willamette Falls, en 1890, transmit de l'électricité 25 kilomètres en aval pour alimenter l'éclairage public de Portland, ce fut le début de l'urbanisation. Le monde entier fut à son tour éclairé, et à partir de ce moment-là, les villes eurent accès à l’eau courante et aux usines de traitement des eaux usées. Un nombre incroyable d'emplois furent alors créés et le monde de la consommation vit le jour. Ce monde fut établi définitivement en 1944 avec la signature de l'accord de Bretton Woods.
Cependant, aussi fabuleux que soit ce monde de la consommation et de loisirs, il n'est pas en phase avec notre patrimoine génétique, et c’est pourquoi aujourd’hui notre qualité de vie diminue au lieu d'augmenter. Comment revenir aux valeurs du monde de l'autopotence, celles d’un Charles Ingalls, tout en étant imprégné des valeurs du monde de la démopotence, celles d’un Donald Trump? That is the question.

LangueFrançais
Date de sortie26 avr. 2020
ISBN9780463808795
Démocratie ou Démopotence
Auteur

Gilles Mousseau

I'm a Canadian male baby boomer of French descent educated in English. Born in extreme poverty, I managed to escape my predicament by forever acting like a proverbial 2-year-old who never stops asking the question "why", but one who refuses to accept flippant answers. I studied the existentialists at the postgraduate level and just kept on going. I eventually discovered how our credit world came to be, what a great world it is, and how difficult it is for us, intelligent animals, to adapt to it. I felt the need to share my findings.

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    Aperçu du livre

    Démocratie ou Démopotence - Gilles Mousseau

    1 – FIN DU SAINT EMPIRE ROMAIN

    Les hominidés

    Aujourd’hui, nous parlons au monde entier par le biais de notre smartphone, nous voyageons aux quatre coins du globe sur un simple caprice, nous accédons à l’eau et à l’électricité en appuyant sur un bouton, et nous nous sentons invincible. Les valeurs de ceux qui, il n’y a pas si longtemps, construisaient leur propre maison, produisaient leur propre nourriture, et fabriquaient leurs propres vêtements, semblent être aujourd’hui absentes de nos vies. Dans ce blog, je propose de faire quelques pas en arrière afin de mieux comprendre comment nous sommes devenus intelligents et comment le monde du crédit a été créé. Ce qui nous rend heureux n’ayant pas changé depuis la nuit des temps, je pense qu’il serait bon d’identifier clairement ces valeurs, afin de nous permettre de développer davantage notre côté nourricier et créatif.

    Il y a environ 65 millions d'années, après la disparition des dinosaures, nous, les primates, avions la taille d'un suricate, et étions peut-être aussi mignons. En Afrique, il y a environ 7 millions d'années, nous nous séparâmes du singe en devenant bipède et intelligent, ce qui nous permit de développer des outils. Au début du quaternaire, il y a environ 2,5 millions d’années, l’ère glaciaire commença, et lorsque le niveau de l’eau des mers et des océans était à son plus bas, nous émigrâmes de l’Afrique en Eurasie.

    Les périodes glaciaires (glace maximale) et interglaciaires (glace minimale) se produisaient selon des cycles assez réguliers d’environ 20 000 ans. Ces cycles sont en grande partie dépendants des changements de l'orbite terrestre, qui affectent la quantité de lumière solaire atteignant différentes parties de la surface de la Terre. Il y a trois variations orbitales de la Terre. D’abord, l'orbite de la Terre autour du Soleil (excentricité), puis les décalages de l'inclinaison de l'axe de la Terre (obliquité) et le mouvement d'oscillation de l'axe de la Terre (précession).

    L’évolution humaine fut soumise à ces oscillations glaciaires et interglaciaires que certains appellent « la pompe du Sahara ». Durant les époques où le Sahara était sec comme aujourd'hui, les populations migraient soit vers le sud jusqu'au Sahel, soit vers le nord jusqu'aux montagnes de l'Atlas, soit vers l'est dans les vallées du Nil et du Rift. C’est lors d’une période qu’ils passèrent dans la vallée du Rift, il y a environ 3 millions d'années, que le cortex des hominidés commença à croître de manière exponentielle. Aussi, afin d'échapper aux grands prédateurs, ils passaient beaucoup de temps dans l'eau. Avec le temps, ils perdirent leurs poils et, comme ils avaient accès à une surabondance de nourriture aquatique, la taille de leur cerveau passa de celle d’un chimpanzé à celle que nous avons aujourd'hui. Ils développèrent ensuite un langage, créèrent des outils complexes, apprirent à faire du feu, construisirent des abris, enterrèrent leurs morts, confectionnèrent des vêtements et construisirent des embarcations pour traverser les grandes étendues d’eau.

    Il y a 70 mille ans, la période interglaciaire dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui fut interrompue par l'éruption volcanique du Toba qui causa un hiver de mille ans durant lequel presque toute la vie sur terre disparut. Au cours des 30 mille années suivantes, alors que le réchauffement reprenait ses droits, les hominidés qui avaient prospéré en Asie migrèrent vers l’Europe. Les Néandertaliens, qui avaient émigré en Europe avant l'éruption du Toba, avaient presque tous disparus et les survivants ne se portaient pas très bien. Leur population fut probablement réduite à quelques couples reproducteurs. Au moment où les hominidés d’Asie arrivèrent en Europe, ils se mêlèrent aux Néanderthaliens qui avaient survécu. Les nouveaux arrivants prospérèrent de manière spectaculaire tandis que les Néandertaliens furent complètement assimilés. Il y a 10 mille ans, pendant le cycle de réchauffement dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui, les hommes commencèrent à développer l'agriculture et à mener une vie sédentaire.

    Le mur du temps

    Lorsque les scientifiques nous disent que toute vie sur terre provient d’une soupe primitive dans laquelle étaient brassés des acides aminés et des éléments variés, nous leur accordons le bénéfice du doute, et quand ils nous disent que la théorie d’évolution naturelle de Darwin est irréfutable, nous leur faisons confiance. Mais quand ils nous disent que nous, nous sommes des singes, alors là, les gens protestent avec véhémence. Nous sommes des êtres intelligents créés à l’image de Dieu, point barre.

    Néanmoins, il est de plus en plus difficile de réfuter les preuves selon lesquelles les hominidés étaient des singes comme les autres avant de devenir bipèdes il y a environ 7 millions d'années. Durant les 4 millions d’années qui suivirent, ‘la pompe du Sahara’ aidant, ils prospérèrent dans les vallées du rift africain, où les conditions environnementales étaient idéales. Ils passèrent beaucoup de temps dans l'eau pour se protéger des grands prédateurs. Puisqu’il leur était impossible de rivaliser avec les grands prédateurs qui chassaient dans les prairies, ils ne pouvaient certainement pas se permettre de s’approcher des carcasses avant que ces derniers aient quitté les lieux. Néanmoins, avec le temps, ils prirent leur courage à deux mains et investirent les champs de la mort afin de voir ce qu’ils pouvaient y glaner, et ils ne trouvèrent évidemment que des os. Ils ne savaient pas quoi faire des os, mais la carcasse osseuse étant complètement abandonnée, ils avaient tout leur temps pour tenter des expériences, et finalement ils réussirent à fracasser un os. À l’intérieur, ils y trouvèrent la moelle précieuse, et l’expérience fut répétée aussi souvent que possible. Cette moelle ajoutée à la nourriture riche et abondante que leur procuraient les fruits de mer déjà disponibles dans les eaux peu profondes de leur habitat, ils évoluèrent de manière spectaculaire. En passant moins de temps à chercher de la nourriture, ils eurent plus de temps pour ‘penser’.

    La taille de leur cerveau augmenta considérablement, tout comme le reste de leur corps. Une pression sur le crâne s’exerça de l’intérieur vers l’extérieur et, avec le temps, leurs traits faciaux commencèrent à ressembler à ce qu'ils sont aujourd'hui. Le néocortex augmenta en volume de façon exponentielle et se greffa sur les cerveaux reptiliens et limbiques, ce qui provoqua une explosion d’activité cérébrale. Les hominidés étaient en voie de devenir les êtres émotionnels, pensants, parlants, bricoleurs et inventeurs, tels qu’ils sont aujourd'hui.

    À partir de ce moment, ils voyagèrent dans un monde existentiel différent des autres primates. Mais la ligne de démarcation, celle qui les distingua à tout jamais de leurs cousins sauvages, fut tracée lorsqu’ils comprirent la notion de la mort. Après avoir été témoins de la mort d'un être cher, sans comprendre pourquoi le parent ou le compagnon ne communiquait plus avec lui ou pourquoi son corps se décomposait, ils connurent une profonde détresse. Leur souffrance et leur besoin de comprendre choquèrent les circuits neuronaux de leur cerveau. Ce fut ce jour-là qu’ils franchirent le mur du temps, le moment où ils réalisèrent qu’ils étaient mortels.

    Franchir le mur du temps signifiait qu’ils étaient maintenant intelligents. Ils pouvaient se servir d’expériences passées pour planifier des événements futurs. En tant que simples singes figés dans le présent, ils n’avaient pas connu l'angoisse que produit l’idée de la mort. Auparavant, la mort n’avait été qu’une interruption momentanée, un événement triste dépourvu de sens, et qui n'était pas anticipé. Mais désormais, ayant franchi le mur du temps, non seulement ils savaient qu’ils allaient mourir, mais ils savaient aussi ce qui pouvait causer leur mort, et la peur les envahissait. Partout ils voyaient des dangers qui menaçaient leur vie. Ils ne faisaient plus confiance à leurs instincts, et l’insécurité les rendait très agressifs. Un événement quotidien devenait une menace mortelle, et la forêt n’était plus un sanctuaire mais un endroit effroyable baignant dans une obscurité insupportable. Aussi, ne pouvaient-ils plus supporter l'environnement aquatique, car ils imaginaient les pires créatures les lorgnant sous la surface.

    L’homme réussit à survivre en se réfugiant dans des grottes. À travers essais et erreurs, il finit par découvrir comment faire un feu, et la vie devint tolérable. En faisant un feu, non seulement il pouvait se réchauffer, mais il pouvait tenir les prédateurs à l’écart pendant la nuit. Avec des armes plus complexes, il devint meilleur chasseur, et avec le temps, il apprit à vivre en groupe. Sa vie devint plus acceptable, mais il lui était toujours difficile de faire face au fait que sa vie allait un jour se terminer.

    Cupidité et sexualité

    Lorsque les hominidés devinrent intelligents, leur penchant pour la sexualité et la cupidité prirent une nouvelle dimension. Les forces de la sélection naturelle, qui les avaient contrôlés jusque-là, ayant perdu de leur emprise, tous les mâles commencèrent à dominer les femelles sexuellement, car ils avaient compris que des plaisirs exquis, ceux liés à la fornication, leur étaient enfin accessibles. Jusque-là, le droit de transmettre les gènes de l’espèce avait été réservé à l’alpha qui, lors de la période du rut, ayant écarté ses congénères par la force, s’octroyait ce privilège.

    Les hominidés n’étaient plus soumis aux lois de la sélection naturelle. Les mâles de rang inférieur devinrent tous des alphas en herbe, et ils trouvèrent non seulement le moyen de déjouer l'alpha en titre afin de copuler avec les femelles et de connaître les plaisirs intenses de l’orgasme, mais ils se rendirent compte qu’il n’était pas nécessaire d’attendre que la femelle soit en chaleur pour satisfaire leurs envies. Bien entendu, les hominidés devinrent très portés sur la fornication, ce qui créa beaucoup de violence et de cruauté au sein du groupe. Les mâles étaient prêts à remuer ciel et terre afin d’éprouver les sensations merveilleuses que pouvait leur procurer une femelle, et ils étaient prêts à tout, même à mutiler et à tuer quiconque leur barrait la route.

    Quand l’homme commença à utiliser son intelligence au lieu de son nez pour trouver une partenaire, cela signifia malheureusement qu’il devenait aussi sélectif. Depuis la nuit des temps, toutes les femelles en âge de reproduction avaient été inséminées par l’alpha, mais depuis que les mâles de rang inférieur avaient trouvé le moyen de le concurrencer, les femelles devenaient victimes des mâles en général. De plus, les mâles comprirent très vite que s'ils voulaient augmenter leurs chances d'avoir une progéniture nombreuse et en bonne santé, il était non seulement préférable d’avoir une jeune femme avec des hanches généreuses, mais aussi une femme avec de gros seins, un corps bien proportionné et des traits faciaux harmonieux. Ainsi, il y avait de fortes chances pour qu’une telle femelle soit plus fertile, meilleure nourrice et plus débrouillarde.

    Lorsque les alphas avaient été les seuls à transmettre leurs gènes, l'espèce était restée robuste, mais maintenant que tous les Pierre, Jean, Jacques avait la possibilité de s’accoupler de force avec la première venue, le patrimoine génétique de l’espèce diminua considérablement. Les Adonis et les Vénus se faisaient de plus en plus rares, tandis que le nombre d'individus présentant des déficiences physiques ou mentales augmentait. Étant intelligents, les hominidés non seulement étaient conscients de leur rang social, mais ils savaient également s'ils avaient été génétiquement lésés. Naturellement, ils furent prêts à tout pour compenser leurs lacunes. Mentir, tricher, prétendre et abaisser les autres à leur niveau devinrent des comportements courants afin de se rehausser dans leur propre estime. Ils avaient de plus en plus de difficulté à admettre leurs torts et leur ignorance, et ils étaient même prêts à commettre des actes cruels et ignobles pour prouver qu'ils valaient leurs voisins. Les hominidés devinrent des animaux superficiels et fragiles, ce qui introduisit dans l’espèce beaucoup de laideur.

    Au cours des millénaires qui suivirent, l’activité sexuelle effrénée entre partenaires de rang inférieur provoqua non seulement une détérioration du patrimoine génétique, mais une augmentation des maladies sexuellement transmissibles. De ce fait, moins d’enfants survécurent. Heureusement, la loi de la sélection naturelle intervint une dernière fois en transformant le cycle œstral des femelles en un cycle menstruel, afin de favoriser la reproduction. Au cours des millénaires qui suivirent, les femelles devinrent reproductives toute l’année et donc plus souvent réceptives aux mâles. Le nombre de grossesses en fut augmenté. Un utérus avec des parois plus épaisses pendant le cycle menstruel protégea mieux les embryons, et davantage de fétus arrivèrent à terme. A la fin de chaque cycle menstruel, le flux sanguin, s’il n’y avait pas eu fécondation, débarrassait l’appareil génital féminin des éléments nuisibles. Au cours du cycle, les sécrétions vaginales accrues firent du vagin un lieu hostile aux bactéries, et les maladies sexuellement transmissibles chutèrent. Cette hostilité s’appliquant également aux spermatozoïdes, seul le plus fort d’entre ces derniers féconda l’ovule, ce qui profita au patrimoine génétique. Enfin, puisque la femelle recevait plusieurs mâles, la paternité était confondue et les mâles n’osaient plus tuer les bébés d’une femelle qui allaitait, ignorant s’il n’en était pas le père. Ainsi notre espèce survécut malgré le fait que les hominidés étaient devenus intelligents.

    Bien que dénaturalisés, les hominidés étaient des singes ingénieux, qui savaient qu’ils ne pouvaient se permettre d’aliéner les membres du groupe. Ils dépendaient du groupe et savaient qu'il était dans leur intérêt d’être bien vus par les autres. Ils étaient déchirés entre l’envie incontrôlable de satisfaire leurs désirs et leur besoin d'être appréciés. Quoi qu’il en soit, ils devinrent difficiles à gérer et la force physique n’arrivait plus à maintenir à elle seule la cohésion au sein du groupe. De nombreuses personnes étaient conscientes des avantages que procuraient l’altruisme et la coopération, mais trop d’autres l’ignoraient.

    Il devint évident qu’il fallait trouver un moyen pour contrôler la cupidité et la libido des hominidés. Afin de rendre la vie quotidienne plus harmonieuse, les sages trouvèrent le meilleur moyen qui soit. En inventant des histoires et des mythes, ils avancèrent le fait qu’il existait des êtres omnipotents, omniprésents et omniscients qui pouvaient infliger les pires châtiments à ceux qui se comportaient de façon immorale. La nuit venue, les hominidés, assis autour du feu communal pour écouter les conteurs, prenaient conscience de ces menaces. Ils voyaient des yeux rouges maléfiques perçant l'épaisse couche de noirceur de la nuit, entendaient les hurlements des monstres qui rôdaient alentour, et ils tremblaient. Le précurseur d’un dieu méchant qui pouvait condamner un être aux feux de l'enfer pour l'éternité était en passe d'être créé.

    Concile de Nicée

    Il y a environ 20 mille ans, les hominidés apprirent à cultiver la terre et à emmagasiner leur nourriture, et ils devinrent sédentaires. Il y a 5 mille ans, l'écriture fit son apparition, et ceux qui maîtrisaient l'art d’écrire étaient considérés comme des êtres supérieurs. Profitant de leur statut et souhaitant améliorer la condition humaine, ces derniers propagèrent la culture orale déjà existante, qui parlait de dieux pouvant punir ceux qui se conduisaient immoralement. Avec le temps, cet amas de mythes écrits prit de plus en plus d’importance et devint la base de diverses religions. Il y a 1700 ans, alors que l'Empire romain était sur le point de s'effondrer, quelques hommes bien-pensants décidèrent de créer la première vraie religion monothéiste, selon laquelle Dieu viendrait sur terre par l’entremise de son fils. Ce fut la religion la plus spectaculaire de tous les temps. Le Nouveau Testament, en tant que document officiel de cette religion, introduisait l’idée de ‘Dieu fait homme’, en s’appuyant sur la vie d'un certain Apollonius de Tyane.

    Apollonius naquit au début de notre ère et vécut environ 100 ans. Dès sa jeunesse, il opta pour la continence et l'abstinence, par opposition au plaisir et à la consommation, car il voulait libérer son esprit afin d’atteindre la sagesse. Disciple de Pythagore, grand philosophe, mathématicien, ascète et végétarien, né en 569 avant notre ère, il était aussi un grand voyageur. Après un séjour passé en Inde, il fut considéré, d'un bout à l'autre de l'empire romain, comme un grand philosophe, un chef spirituel, un professeur de morale, un réformateur religieux et un guérisseur. Le petit peuple ainsi que de grands seigneurs le considéraient comme ‘maître’ ou ‘sauveur’, car il guérissait le corps aussi bien que l'âme.

    En Inde il fut grandement influencé par Krishna, et c’est là qu’il devint guérisseur naturopathe. Il guérissait par ‘l'imposition des mains’ et l'utilisation d’hydrothérapie. L'idée du baptême chrétien fut probablement inspirée par le fait qu’il nettoyait les corps des pauvres malheureux qui venaient le consulter. Il rinçait leurs colons pour les débarrasser des vers, lavait tout leur corps, insistait pour qu'ils respirent beaucoup d'air frais et profitent de la lumière naturelle. Surtout, il leur demandait de ne pas consommer les aliments que la Terre Mère ne produisait pas directement. C'était un strict végétarien qui ne buvait pas de vin et qui respectait la vie des animaux autant que celle des humains.

    En Judée et en Egypte, il prêcha aux Nazaréens et aux Thérapeutes. Les Nazaréens et les Thérapeutes étaient également connus sous le nom d'Esséniens, une secte juive qui s'était séparée de la religion officielle. Les Nazaréens, qui vivaient près de la mer Morte, sont les auteurs présumés des manuscrits de la mer Morte, tandis que les Thérapeutes, qui vivaient près d'Alexandrie étaient connus comme guérisseurs. Apollonius répandit la doctrine essénienne dans tout l'empire romain. Bien que Grec, il convertit d’un bout à l’autre de l’empire de nombreux sujets romains. Il eut un si grand succès que les Esséniens furent bientôt perçus comme une menace pour la religion romaine plutôt impersonnelle.

    En 325 de notre ère, voyant que l’empire s’effondrait, l'empereur Constantin décida d’agir. Il était devenu Auguste de l'Empire romain d'Occident en 313 de notre ère. Un ancien empereur, Dioclétien, avait divisé l'Empire en trois parties afin de mieux régner, mais l'Empire était plus que jamais déchiré par la guerre civile. C’est alors que Constantin se débarrassa des empereurs Maxentius et Licinius afin de gouverner seul. Puis, voulant établir la paix au sein de l'Empire avant de partir pour Byzance, Constantin eut une idée qui alla changer le monde. Au lieu de massacrer les Esséniens comme Dioclétien l'avait fait, il décida de les utiliser. Il gouvernerait à l’aide d’une infrastructure religieuse au lieu d’une gente militaire. Il ferait de la religion essénienne la religion d'état, et les évêques de cette religion s’infiltreraient dans l'infrastructure existante de l'Empire romain. En 325 de notre ère, il convoqua le Concile de Nicée.

    Constantin peut être vénéré comme un saint par l'Église chrétienne grecque et par l'Église chrétienne latine qui ne sait trop quoi penser de lui, mais peu importe, Constantin était un sanguinaire. L’Eglise romaine affirme qu’il fut baptisé sur son lit de mort, mais la chose est discutable et peu pertinente. Constantin était un homme brutal qui massacra ses ennemis et exécuta sa propre femme ainsi que son fils.

    En convoquant le concile de Nicée, Constantin insista probablement pour que quelques changements soient apportés à la nouvelle religion en question. Apollonius, un essénien qui avait existé trois cents ans plus tôt, et sur lequel on allait baser la nouvelle religion, était un saint homme qui non seulement avait prêché la paix et la bonne volonté entre les hommes, mais aussi l’abstinence et le respect de tous les êtres vivants. Naturellement, il était hors de question d’adopter une religion qui condamnerait la consommation de viande et de vin, ainsi que la lascivité et l’usure. Avant qu’elle soit déclarée religion d’état, il fallait y apporter quelques retouches plus en accord avec la réalité romaine.

    Ainsi, non seulement le messie romanisé accomplit des miracles, telle la transformation de l’eau en vin aux noces de Cana et la pêche miraculeuse, qui prouvaient qu’il buvait du vin et mangeait du poisson, mais il devint Fils de Dieu fait homme. Les prélats continuèrent à inventer la vie du sosie d’Apollonius en disant que sa mère avait été imprégnée du Fils de Dieu par un saint esprit. Toutes les Écritures qui nous ont été transmises depuis furent créées en vue de donner de la crédibilité au concept de Dieu fait homme. Contrairement à Apollonius, le véritable messie, le messie inventé accomplit beaucoup de miracles, des miracles jamais corroborés par aucun historien. Peu importe, faire accepter ce nouveau Christ comme étant Fils de Dieu par les hominidés superstitieux de l’époque fut chose relativement facile. Que leur Messie soit le Fils de Dieu envoyé sur terre pour les sauver était une idée séduisante qui saurait plaire à beaucoup d’Esséniens.

    En poursuivant leur objectif, les Pères de l’Église gardèrent sagement quelques mythes déjà existants. L’un de ces mythes fut l’histoire compliquée dans laquelle Adam et Eve, le premier couple humain, fut surpris à faire la bête à deux dos dans le jardin d'Eden. L'acte était si horrible que Dieu réagit violemment en bannissant pour toujours du jardin d'Eden le couple et leurs descendants. Comportement très bizarre pour un maître créateur qui voulait créer les hommes ! Néanmoins, le coup de génie des gourous chrétiens fut de faire croire aux fidèles que Dieu avait changé d'avis et envoyé son fils sur terre mourir sur la croix pour racheter les humains de ce ‘péché originel’, une malédiction qui envoyait tous les hominidés en enfer. Dorénavant, si l'on voulait accéder au jardin d'Eden après la mort, il suffisait d’effacer ce premier péché en se faisant baptiser et de vivre selon les commandements du nouveau Christ. Du jour au lendemain, les hominidés devenaient des créatures potentiellement divines, et plus important encore, ils savaient d'où ils venaient, pourquoi ils étaient là et où ils allaient après la mort. Ils étaient libérés du ‘péché originel’, du ‘péché existentiel’ ou du ‘péché de la chair’, suivant l’interprétation que chacun lui donne.

    Il était plus facile de fixer le jour où le nouveau Christ naîtrait. Puisqu’on en avait fait le donneur de vie éternelle, il était tout à fait logique que sa naissance coïncide avec le plus grand événement du cycle solaire. Ce qui se produit le 25 décembre dans l'hémisphère nord est un phénomène unique. Le soleil cesse sa course suicidaire vers l'horizon sud où il risque de disparaître, et après un moment d’hésitation, il commence à remonter. Étant donné que l'augmentation de la lumière du soleil équivaut à une promesse de nouvelle vie, de nombreux dieux seraient nés ce jour-là. Et puisque les Romains avaient l'habitude de célébrer Sol Invictus, pourquoi ne pas continuer la tradition et célébrer la naissance du nouveau Christ le 25 décembre ?

    L'année de naissance du Christ fut plus compliquée à déterminer. Les prélats voulurent la faire coïncider le plus possible avec celle d’Apollonius. Ainsi, en 525 de notre ère, un moine appelé Dionysius Exiguus présenta le calendrier Anno Domini. Comme le calendrier de Pâques utilisé pendant l'ère romaine faisait référence aux années de l'empereur Dioclétien, Dionysius déclara qu'il était intolérable de se référer continuellement à celui qui avait persécuté et massacré les Esséniens. Ainsi, avec une arithmétique farfelue, il conclut que le Messie était né en 753 de l'ère romaine et décida que le 1er janvier 754 de l'ère romaine serait connu comme le 1er janvier de l'ère Anno Domini, notre ère. En 1582, le pape Grégoire ignora l'arithmétique douteuse utilisée par Dionysius et déclara le calendrier grégorien officiel. Depuis lors, en datant des événements historiques, le monde entier utilise BC ou AD, acronymes qui sont liés à la naissance de Jésus de Nazareth, un messie inventé de toutes pièces. C'est pourquoi certaines personnes aujourd'hui préfèrent utiliser l'acronyme CE (Common Era).

    Quant au lieu de naissance du Christ, il fut établi lorsque l'empereur Constantin en route pour Byzance avec sa mère Hélène, s'arrêta en Palestine. L'idée était de rendre plausible l’idée que le sosie d’Apollonius, le Fils de Dieu, n’était pas grec mais Juif. Hélène déclara que le Christ était né à Bethléem, un lieu anodin loin de tout, et elle y fit construire une église. Entretemps, Constantin fit creuser et fouiller l’endroit où le temple de Jupiter Capitolinus avait existé avant de tomber en ruines. Les ouvriers découvrirent on ne sait trop quoi, et Constantin déclara que c’était là le Saint-Sépulcre et y fit construire une église. Le temple de Vénus avait également été démoli, et ce site fut choisi comme endroit où le nouveau Christ aurait été crucifié. L'empereur Constantin était arrivé à cette conclusion, quand l'évêque de Jérusalem, chargé de fouiller les lieux, trouva quelques morceaux de bois dans une citerne, morceaux qu’il déclara appartenir à la croix sur laquelle le Christ avait été crucifié. C’est ainsi que Constantin et sa mère choisirent les lieux saints et firent construire les monuments si chers aux Chrétiens.

    Le concile de Nicée fut un événement capital dans notre histoire. En tant que religion officielle de l’état, le christianisme connut une croissance fulgurante. Cependant, la conversion des Wisigoths, des Ostrogoths, des Burgondes, des Lombards et des Vandales, appelés ‘barbares’ ou ariens, sous la direction du chef de guerre des Francs, Clovis, fut d’une brutalité extrême. Après avoir été baptisé à Reims en 496 de notre ère, Clovis devint le premier des rois absolus de droit divin qui suivirent. Il entreprit sa besogne divine avec enthousiasme en forçant et même en massacrant ceux qui refusaient de croire que le Christ était Fils de Dieu. En appliquant le Credo de Nicée, un nombre incalculable d'Esséniens, appelés ‘barbares’ dans nos livres d'histoire, furent massacrés.

    Après s'être débarrassé de toute opposition, la croissance de la nouvelle religion ne connut plus de limites et l'Église fit bon usage de l'infrastructure de l'Empire romain, en particulier dans la moitié latine de l’empire. Le fait d’avoir une église et un curé dans toutes les communes donna un sentiment de solidarité aux pauvres hominidés qui se sentirent en sécurité pour la première fois de leur existence. À l'est, dans la moitié grecque, c'était tout autre chose. L'église grecque refusa l'autorité du pape latin et se divisa en patriarcats. Et parce qu'elle devait également faire face aux pressions du monde musulman, l'Église grecque n'atteignit jamais la puissance de l'Église latine.

    L'église romaine devint très vite une puissance financière considérable. Quand Charlemagne fut couronné empereur par le pape Théo III à Reims, en France, en l’an 800 de notre ère, la dîme devint une source de revenus considérable. 10% des revenus de chaque fidèle représentait des sommes folles, et de plus, de nombreux fidèles léguaient leurs biens à l'Église afin d’assurer leur passage au paradis après leur mort. En peu de temps, l'Église posséda jusqu'à un tiers de la richesse et des biens de toute l’Europe.

    Mais, peu importe notre façon de voir, l'énorme succès de l'Église chrétienne fut dû principalement à la psychologie. Le génie des pères de la religion romaine fut de dire aux fidèles que leur messie était le Fils de Dieu et avait été envoyé sur terre pour les libérer du péché commis par Adam et Ève et pour leur montrer le chemin du ciel. Il suffisait de se faire baptiser et de suivre les dix commandements. Le Christ ouvrait la porte du ciel à tous ceux qui le souhaitaient. Plus tard, au Concile de Trente, en 1545, lorsque les Pères de l'Église firent de la confession un sacrement, le succès du christianisme fut assuré. Le prêtre local perçu comme étant en contact direct avec Dieu, et étant considéré comme étant le représentant de Dieu sur terre, pouvait guérir l'âme du pénitent en pardonnant ses péchés en Son nom. Le bienfait psychologique produit par la confession fut considérable.

    Bref, bien qu’un créateur puisse exister, ce que nous ne saurons jamais, Dieu n’a pas créé l’Homme, mais au contraire, c’est l’Homme qui a créé Dieu en l’an 325 de notre ère. Le hasard a voulu que la religion de ce dieu inventé donne à l’humanité le monde que nous connaissons aujourd’hui, et nous devrions en être reconnaissant, mais si nous voulons comprendre notre nature afin que l’animal-singe-humain que nous sommes soit heureux dans ce monde merveilleux, il serait bon de se libérer de l’endoctrinement judéo-chrétien.

    Religion et conquête

    Lorsque nous sommes devenus intelligents, il y a environ 3 millions d'années, nous avons pris conscience de notre mortalité et de notre bestialité et avons été dévastés. Au fil du temps, en tant qu’animistes, nous avons inventé et transmis oralement des mythes de toutes sortes afin de répondre à ces deux préoccupations existentielles.

    Lorsque l'écriture est apparue, les religions ont commencé à remplacer l'animisme. Les Textes des pyramides ont été écrits il y a environ cinq mille ans, suivis des Écritures hindoues du Véda mille ans plus tard, et la Torah un autre millier d'années plus tard.

    L’hindouisme, le bouddhisme et les trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, sont les religions qui jouent le plus grand rôle dans nos vies aujourd’hui, et bien que l’islam, en raison des conflits au Moyen-Orient et des attentats à travers le monde, capte toute notre attention, c’est le christianisme qui est la religion la plus répandue dans les démocraties ayant pignon sur rue.

    La raison pour laquelle le christianisme a connu un tel succès c’est qu’elle a été la seule religion à aider l’être humain, bien que de façon très farfelue, à gérer sa crainte face à sa mortalité et sa honte face à sa bestialité. Les juifs et les musulmans ne croient pas au péché originel, euphémisme pour dire péché de la chair, le péché commis par Eve. Les juifs disent que mener une vie honorable et vivre selon les lois de Moïse est ce que nous pouvons faire de mieux. Les musulmans disent que nous sommes nés purs, et que tout ce que les fidèles doivent faire est de mener une vie conforme aux préceptes du Coran et de ne pas se laisser contaminer par la société.

    Les chrétiens, en revanche, ont adopté une vision diamétralement opposée aux deux autres religions monothéistes. En 325 de notre ère, les créateurs du Nouveau Testament ont déclaré que le péché de la chair—même s'ils l'appelaient le péché originel, n'osant pas parler de fornication—était si affreux qu'il envoyait effectivement les gens en enfer. Mais ils ont donné aux fidèles un moyen d’éviter ce sort en inventant le mythe selon lequel le fils de Dieu serait descendu sur terre pour assumer ce péché et ainsi sauver l'humanité. Pas surprenant, si Apollonius, dit Jésus, dit Christ, est célibataire et si sa mère, Marie, est vierge, car il n’était pas question que le fils de Dieu fût, directement ou indirectement, taché par le péché originel. Par la suite, afin d’effacer le péché commis par Eve et éviter la descente dans les feux de l’enfer, il suffisait de se faire baptiser et de suivre les dix commandements. Les Pères de l’Église ont peut-être aidé l’homme à faire face à sa bestialité d’une manière énigmatique, mais leur approche était ingénieuse, car du même coup, ils soulageaient sa peur de la

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