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Plaidoyer pour une réforme du français
Plaidoyer pour une réforme du français
Plaidoyer pour une réforme du français
Livre électronique266 pages2 heures

Plaidoyer pour une réforme du français

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À propos de ce livre électronique

Appuyé par la lecture de plusieurs dizaines d’ouvrages et fruit d’une longue réflexion personnelle, l’ouvrage proposé fait le point sur la complexité souvent inutile du français et propose des moyens simples de le réformer.
Le français est une langue compliquée. La réformer en vue de la simplifier n’est pas une mince tâche d’autant plus que l’opposition à toute modernisation est vive, tant en Europe qu’au Québec.
L’orthographe du français est souvent déroutante, influencée par le grec et le latin, certes, mais aussi le fruit d’erreurs de transcription, de fantaisies scripturales, de caprices de grammairiens, etc. Y mettre un
peu d’ordre relève du tour de force. Pourtant c’est possible.
Quant à la grammaire française, elle est probablement l’une des plus capricieuses et arbitraires au monde. Elle est pourtant l’âme du français et modifier sa mécanique délicate ne va pas de soi.
LangueFrançais
Date de sortie29 nov. 2020
ISBN9782925117117
Plaidoyer pour une réforme du français
Auteur

André Racicot

L’auteur a acquis une solide réputation dans le domaine de la traduction tout au long de sa carrière au Bureau de la traduction du gouvernement fédéral (1988-2017). Il y a enseigné pendant 22 ans. Il est chargé de cours à l’Université d’Ottawa depuis 2018. Depuis 2013, il publie un blogue sur la langue française (Au coeur du français) comportant plus de 400 articles.

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    Aperçu du livre

    Plaidoyer pour une réforme du français - André Racicot

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    Introduction

    Ma patrie, c’est la langue française

    Albert Camus

    L’orthographe… consiste à surcharger les mots du plus

    grand nombre possible de lettres inutiles, afin de conserver

    quelques précieuses reliques du bon vieux temps.

    Lettre de Trerielle l’Aîné, de Lyon, le 29 octobre 1828

    La modernisation du français a toujours été une question épineuse qui soulève sans cesse la controverse. Depuis quelques siècles, l’histoire de notre langue est jalonnée de rendez-vous manqués avec la modernité. Tout au long du dernier siècle, les appels à la réforme du français se sont multipliés. En 1989, dix linguistes publiaient un appel dans Le Monde pour réclamer la modernisation de notre langue.

    Malheureusement, le purisme aveugle, intransigeant fait loi. Le débat acrimonieux sur les rectifications de l’orthographe, en 1990, est là pour nous le rappeler.

    Pourtant, le français n’a cessé d’évoluer. L’édition 1762 du dictionnaire de l’Académie française comprenait la rectification de 8000 mots du corpus, qui en comptait 18 000.

    L’écriture inclusive, pour mieux tenir compte du féminin, en 2017, a de nouveau mis le feu aux poudres. Les formes avec point médian, comme étudiant·e·s, ont déchainé les passions.

    Ces deux incidents peuvent donner l’impression que le français est incapable d’évoluer, encrouté dans des traditions séculaires immuables. Or, rien n’est plus faux. Le français s’est transformé au fil des siècles et il continuera de le faire, malgré toutes les résistances. Sans quoi notre belle langue ne serait plus qu’un mort en sursis.

    Pour conserver son prestige et continuer d’être une langue tournée vers l’avenir, le français devra rompre les amarres avec nombre de tracasseries orthographiques et grammaticales qui entravent son évolution. Une tâche redoutable attend les francophones.

    Moderniser et simplifier le français, sans défigurer notre langue, voilà le projet que nous proposons aux lecteurs.

    Cet ouvrage s’attaque à trois grands thèmes :

    1. L’orthographe

    2. La grammaire

    3. L’écriture inclusive et la féminisation des titres

    Dans un premier temps, l’auteur cherche à cerner les grandes difficultés que comporte chacun d’entre eux. Il propose ensuite des rectifications mesurées en vue de simplifier l’usage.

    Bien entendu, des choix ont été faits ; ils ne feront pas l’unanimité. Certains jugeront que l’auteur est allé trop loin ; d’autres dénonceront son manque d’audace. Beaucoup seront d’accord avec tel élément, mais pas avec tel autre. Toutes ces réactions sont normales.

    Tout ouvrage qui milite en faveur d’une réforme ambitieuse du français porte en son sein la controverse. Mais la discussion amène la réflexion.

    Et avant de réformer, il faut débattre.

    Depuis des décennies, le débat est systématiquement étouffé en Europe : les propositions de réforme les plus prudentes sont vues comme pure hérésie. Il faut briser ce moule étouffant et stérile.

    Mais avant de réformer le français, il convient de se poser la question suivante : le français est-il destiné à disparaitre, emporté par le raz de marée anglo-américain ?

    L’avenir du français

    L’anglais est devenu la langue véhiculaire de notre temps, comme le fut jadis le français à l’époque des Lumières. Cette domination n’est pas due à une supériorité intrinsèque de la langue de Shakespeare, quoi qu’en pensent certains anglophones, généralement unilingues.

    L’imposition d’une langue se fait par impérialisme politique et économique. Si le français fut jadis la langue de la diplomatie et des échanges commerciaux, il le devait au rayonnement de la France. Si le Japon ou l’Inde s’étaient imposées (accord de proximité), ce serait le japonais ou l’hindi qui tiendrait le haut du pavé.

    L’avènement de l’anglais comme langue internationale a commencé avec l’Empire britannique et s’est poursuivi avec la domination américaine au XXe siècle. Ce phénomène n’a rien à voir avec l’hypothétique supériorité de l’anglais, une langue par ailleurs beaucoup plus difficile qu’il ne parait.

    Proclamer la domination éternelle de l’anglais est une grave erreur, surtout au moment où les États-Unis semblent entrer dans une période de décadence. De la même manière, affirmer que le français est une langue en plein déclin est erroné.

    Le rapport de l’Organisation internationale de la Francophonie, publié en 2014, est éloquent. On recense quelque 274 millions de francophones dans le monde, dont 212 font un usage quotidien de notre langue¹. « Ils sont dans 84 États et gouvernements. Il y a aussi environ 125 millions de personnes qui apprennent actuellement le français. Le français vient déjà au cinquième rang des langues les plus parlées au monde et est l’une des langues officielles de 57 États dans 29 pays². »

    En outre, le français est la quatrième langue d’Internet, la troisième langue des affaires. Il est parlé sur les cinq continents.

    L’avenir du français est en Afrique. Là encore, les chiffres sont éloquents. Le continent noir compte 121 millions de locuteurs du français, bien plus que les 63 millions de Français. L’Afrique est donc le nouveau centre de gravité du français³. L’Afrique subsaharienne connait une progression de 30 pour 100 du nombre de francophones depuis 2010⁴ ; vous avez bien lu, 30 pour 100. Sur le plan international, la situation est également encourageante :

    À long terme, et en se basant sur les projections démographiques de l’ONU, la population des pays ayant le français comme langue officielle dépassera celle des pays réunis par d’autres langues officielles communes : l’allemand, le portugais, l’espagnol et même l’arabe⁵.

    Toujours selon l’Organisation internationale de la Francophonie, le nombre de francophones dans le monde passera à 700 millions en 2050, dont 85 pour 100 vivront en Afrique.

    Pendant longtemps, certains milieux en France se sont plu à dénigrer la Francophonie dont ils doutaient de la pertinence. Les temps changent. « Les Français prennent conscience que la francophonie au sens large représente une chance historique. Après tout, il n’est pas donné à toutes les cultures d’avoir fait vivre un peu partout une civilisation qui les dépasse⁶. »

    À cause du contexte politique canadien, nous avons tendance à oublier le rayonnement de notre langue et l’engouement qu’elle suscite chez les étrangers. Apprendre le français est bien vu à l’étranger. Le français est une langue prestigieuse. Il est l’une des six langues officielles des Nations unies ; il a aussi droit de cité au sein d’autres organisations internationales, comme l’Union européenne, l’Agence spatiale européenne, le Comité international olympique, l’Union cycliste internationale, l’Agence mondiale antidopage et l’Otan.

    Le français est donc bien plus qu’une langue minoritaire, assiégée en Louisiane, dans les provinces maritimes ou au Manitoba. Il est une langue prestigieuse partout dans le monde. Ne l’oublions jamais.

    Le présent document est rédigé en nouvelle orthographe et sans surabondance de sigles, preuve qu’on peut très bien s’en passer.


    1 Michel Gourd, « La francophonie se décolonise. », in Le Devoir du 17 mars 2018.

    2 Idem.

    3 Idem.

    4 Organisation internationale de la Francophonie, La langue française dans le monde, p. 3.

    5 Ibid., p. 7.

    6 Jean-Benoît Nadeau, « Parlons francophone », Le Devoir, le 25 mars 2019.

    PREMIÈRE PARTIE

    L’orthographe

    1. Une orthographe figée et absurde

    Commençons par une citation de Paul Valéry : « L’absurdité de notre orthographe, en vérité une des fabrications les plus cocasses du monde, est connue. Elle est un recueil impérieux ou impératif d’une quantité d’erreurs d’étymologie artificiellement fixées par des décisions inexplicables⁷. »

    Quant au lexicographe Pierre Larousse, il écrivait ce qui suit en 1874 :

    Il est une chose qui surprend singulièrement les Italiens, les Espagnols, habitués qu’ils sont à écrire leur langue comme ils la parlent : c’est que nous passons une grande partie de notre vie à apprendre à écrire en français, et que les plus instruits et les plus intelligents d’entre nous n’y parviennent qu’imparfaitement. Ils estiment, non sans raison, que nous employons un temps bien précieux à des exercices inutiles, et que le temps gaspillé par nous à assembler des lettres serait plus utilement employé à meubler notre mémoire et à cultiver notre intelligence. Mais quelle est la raison de cette prodigieuse difficulté de notre orthographe, ou, pour mieux dire, quelle est la cause qui a créé pour notre langue cette science bizarre que ni les Latins ni les Grecs n’ont connue et qui est ignorée des Italiens et des Espagnols ? Pourquoi réussissons-nous du premier coup à écrire les langues mortes, tandis que nous ne saurions arriver à écrire de même notre propre langue⁸ ?

    L’apprentissage du français n’est pas une sinécure. Le francophone doit non seulement être ferré en grammaire, mais aussi posséder une mémoire d’éléphant pour emmagasiner tout un lot d’exceptions qui en accompagnent les règles. Idéalement aussi, il devrait avoir appris deux langues mortes, le grec ancien et le latin, pour comprendre certaines graphies autrement inexplicables.

    Deux aphorismes guideront ma réflexion tout au long de ce livre :

    1. En français, tout ce qui pourrait être simple est compliqué ;

    2. Tout ce qui est compliqué l’est encore plus que vous ne le croyez.

    Les inconséquences de notre orthographe sont sans limite, comme elles sont sans excuse. Pire, les illogismes sont défendus, vénérés comme des dieux.

    À toutes les époques, depuis le XIIIe siècle, on s’est ingénié à aggraver les erreurs ; d’une part, en raison d’un préjugé de demi-savants, qui prennent la difficulté pour un indice de science, d’autre part en vertu de préoccupations étymologiques⁹.

    La difficulté de l’orthographe française est un obstacle majeur qui a des conséquences bien plus profondes qu’on ne peut l’imaginer.

    Nous savons à présent que les difficultés orthographiques représentent, et ce tout particulièrement en France, un obstacle à la satisfaction des attentes scolaires, et elles constituent vraisemblablement un frein à l’insertion professionnelle¹⁰.

    Tout au long des siècles, bien des penseurs, linguistes, lexicographes se sont alarmés de l’immobilisme des grammairiens. Toutes ces personnes n’étaient quand même pas des cuistres, des ignares qui militaient pour la simplification de notre langue à cause de leurs failles abyssales personnelles. Loin de là.

    Voici ce qu’écrivait Paul Valéry en 1939 :

    Je ne parlerai pas de notre orthographe malheureusement fixée en toute ignorance et absurdité par les pédants du XVIIe siècle, et qui n’a pas laissé depuis lors de désespérer l’étranger et de vicier la prononciation d’une quantité de mots. Sa bizarrerie en a fait un moyen d’épreuve sociale : celui qui écrit comme il prononce est en France considéré inférieur à celui qui écrit comme on ne prononce pas¹¹.

    Soutenir que le français a des règles est quelque peu exagéré ; il a plutôt des régularités assorties d’un cortège d’exceptions, souvent illogiques et résultant d’erreurs passées. L’apprentissage du français devient un travail de mémorisation de ces régularités et exceptions, une sorte de Talmud que le francophone doit apprendre par cœur.

    L’orthographe française est un prisme : elle retient plusieurs qualificatifs. L’orthographe est à la fois :

    wPhonologique : elle donne des informations sur la prononciation.

    wÉtymologique : un grand nombre de lettres ont été réintroduites pour imiter un mot latin (corPs, temPs, Homme, THéâtre).

    wMorphologique : elle indique le genre, la personne, le mode, le temps.

    wDiscriminative : elle assure la distinction graphique des homophones. Exemples : ceint, cinq, saint, sein, seing ; vair, ver, verre, vers, vert.

    Beaucoup pensent que l’orthographe du français n’évolue pas. Ils ont tort. La rigidité des grammairiens peut donner l’impression que les graphies actuelles existent depuis des siècles. Or, ce n’est pas toujours le cas. Depuis le XVIe siècle, plus d’un mot sur deux a changé d’orthographe. De plus, un bon cinquième d’un dictionnaire courant de 50 000 entrées compte des variations orthographiques¹².

    Quelques

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