Gaël Giraud: « Le monde d’après, c’est la résurrection du monde d’avant »
Àcinquante ans, Gaël Giraud a déjà eu plusieurs vies. Après Polytechnique, il se destinait à travailler dans la finance mais préféra devenir prêtre jésuite. Économiste spécialisé dans les modèles mathématiques et les marchés, il jette un regard sans concession sur les dérives marchandes et sociales du monde pré et post-Covid.
GQ: La presse vous présente comme un « repenti » de Wall Street. C’est le terme qui convient? Vous avez beaucoup à expier?
Gaël Giraud: Pas du tout. On m’a proposé en 2003 un poste de trader à Manhattan que j’ai refusé. Je n’ai jamais réalisé le moindre deal sur les marchés, je me suis contenté d’aider les traders à comprendre leurs modèles.
Comment un surdoué des mathématiques, programmé pour devenir un loup de Wall Street, passe-t-il des bidonvilles du Tchad à une salle des marchés?
Disons que quand il rentre du Tchad après deux années de coopération, il se dit qu’il aurait mieux fait de rester dans sa case en boue séchée sans eau ni électricité, avec les enfants de la rue. J’étais malheureux de quitter le Tchad mais il fallait que je soutienne ma thèse à Polytechnique. Je venais d’être recruté par le CNRS quand une banque m’a proposé un job. C’était l’âge d’or des banques qui recrutaient à prix d’or des matheux pour leur fabriquer des modèles de pricing d’actifs dérivés.
Que faisiez-vous au Tchad?
J’y ai été envoyé en tant que prof de maths et de physique dans un collège-lycée. J’en ai profité pour monter un
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