« PARTAGER MON EXPÉRIENCE ME PARAISSAIT ÊTRE UTILE AUX AUTRES »
LE LIVRE Après Le Royaume, sorti il y a six ans, Emmanuel Carrère est de retour. C’est, évidemment, l’un des événements de la rentrée littéraire. Il se sait attendu. Et, sans fausse modestie, admet rester serein tant le public et les critiques lui ont toujours fait bon accueil.
Écrivain à part, il domine à sa façon, sans le vouloir vraiment, le monde des lettres : une dizaine de livres depuis son premier roman en 1983, L’Amie du jaguar, et surtout son entrée chez P.O.L avec Bravoure puis La Moustache. C’est d’ailleurs avec une émotion contenue qu’Emmanuel Carrère rend aujourd’hui hommage à Paul Otchakovsky-Laurens, mort en janvier 2018, son double, son ami, l’éditeur de Georges Perec, qui pour la première fois n’aura pas lu jusqu’au bout son nouveau récit. Il aura donc fallu plusieurs années, comme souvent, pour que ce livre, Yoga, prenne forme. Le temps que l’auteur trouve « un os à ronger » et tire le fil dans une langue simple – cette écriture « reconnaissable entre toutes mais impossible à caractériser », comme disait P.O.-L.
Avec , Carrère reste fidèle au tournant pris au moment de pas de fiction mais des considérations très personnelles mêlées au surgissement du réel. Ici, l’auteur nous parle de sa pratique ancienne du yoga et de la méditation, il en examine les bienfaits et se moque aussi des recherches parfois caricaturales de l’épanouissement personnel. Une pratique qui n’a, en tout cas, pas écarté de sévères épisodes de dépression survenus tous les dix ans dans la vie de Carrère. Déséquilibres chimiques ? Atavisme russe ? Héritage d’un mystérieux grand-père ? Les réponses apportées dans qui décryptait en 2007 la malédiction familiale, ne sont que partielles. Dans d’autres explications affleurent : le romancier combat aussi ses démons en se tournant vers l’extérieur, vers les autres, que ce soit après l’attentat contre ou au contact des migrants rencontrés sur l’île de Leros. avoue Carrère. L’écriture, l’amour, la
