Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Fascination
Fascination
Fascination
Livre électronique237 pages3 heures

Fascination

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Arnaud Strübin est un biologiste et enseignant genevois passionné par la nature et les voyages en sac à dos.
Son deuxième récit, Fascination, narre ses voyages: des steppes d'Asie Centrale aux jungles de Bornéo; des Monts Célestes du Tian Shan au temple de Borobudur.
A travers ses périples, lorsque la route se transforme en sentier boueux, il découvre le Monde et surtout l'autre. Au delà de la nature, il rencontre l'humain et sa générosité, dans une simplicité pure.


LangueFrançais
ÉditeurIsca
Date de sortie15 déc. 2021
ISBN9782940723034
Fascination

Lié à Fascination

Livres électroniques liés

Fiction sur l'héritage culturel pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Fascination

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Fascination - Arnaud Strübin

    Bornéo

    Sarawak

    Kuching

    Chaussures de marche aux pieds, j’arpente les rues de la capitale du Sarawak, l’état dayak malaisien. Sur la promenade, le long du fleuve du même nom, je ressens les dalles de béton alignées à mes pieds. Pas à pas, lentement, la brise au visage, je me sens vivre. Du haut de mes dix-neuf ans, ce premier grand voyage en solitaire est signe de liberté. Après avoir passé un mois à faire du volontariat dans un centre de réhabilitation et de conservation pour les orangs-outans et d’autres espèces en voie d’extinction, je me sens prêt pour de nouvelles aventures en dehors des sentiers battus.

    Je croise des passantes, jeunes pour la plupart, qui, à chaque fois, me lancent un sourire et m’interpellent avec un chantik, qui signifie beau en bahasa, la langue malaise et indonésienne. Les touristes ne sont pas nombreux dans la région, j’en croise certains dans les échoppes du bord de fleuve, en quête d’artisanat local. La plupart d’entre eux ont opté pour le saroual indien, plus adapté à la vie de bohème et les chaleurs équatoriales.

    De petits bateaux multicolores font la navette d’une rive à l’autre du fleuve Sarawak en déplaçant son eau jaunâtre, chargée par les sédiments – couleur typique de la troisième île la plus vaste au monde.

    La promenade me mène en face du parlement de l’état de Sarawak, magnifique édifice à l’allure de temple bouddhiste chinois géant, formé d’un toit de tôle jaune en forme d’ombrelle.

    Je n’avais jamais vu de tel monument auparavant.

    Ma balade me mène dans des ruelles moins touristiques où les temples bouddhistes fumant d’encens voisinent avec les mosquées peintes en turquoise.

    Les bâtiments de la ville font trois étages tout au plus et sont tous surplombés de toits de tôles rougeâtres et verdâtres, usés par un soleil de plomb.

    Les kufis, chapeaux tissés musulmans, portés par les hommes, croisent les voiles multicolores des femmes, attachés par une broche au-dessous du menton.

    Parfois, un passant me salue chaleureusement en me serrant la main, avant de tourner celle-ci, tendue, vers son cœur et de le toucher en signe du plus grand respect, pratique courante en Malaisie.

    Le hasard me mène devant le musée ethnographique de la ville de Kuching – mot malais signifiant chat, la ville portant un culte à ce félidé. Il n’est guère spacieux, mais il comporte de vieilles photographies des nombreux peuples dayaks de Bornéo.

    Les Dayaks sont les indigènes de l’île, les Indiens ancestraux kalimantanais.

    Ces peuples vivaient essentiellement de la chasse et de la pêche en pleine forêt avant l’arrivée de l’orang belanda, le Hollandais, sur ses terres – nom qui désigne aussi, de manière comique, le nasique : ce primate au gros nez et à la besogne volumineuse.

    Converties au christianisme, ces nombreuses tribus, anciennement chasseuses de têtes ou headhunters, forment la mosaïque culturelle de Bornéo.

    Après le départ des colons, les Malais musulmans, anciennement issus des peuples thaïs, ont conquis l’île sans imposer leur religion. Plus récemment, les Chinois de religion bouddhiste se sont installés et se sont emparés des commerces locaux.

    Le musée expose de nombreux objets artisanaux utilisés pour la pêche, la chasse et la construction des longhouses, ces maisons longues d’une cinquantaine de mètres, logeant tous les habitants d’un même village.

    J’avais souvent été invité, lors de mon volontariat, dans ces longhouses, par les employés de la tribu Iban du centre dans lequel je travaillais.

    Une hospitalité particulière y régnait, nous mangions du poisson et du riz à même le sol, avant de boire, chacun dans le même verre, à tour de rôle, l’alcool de riz frelaté local : l’arak. Après de nombreuses tournées, les soirées s’animaient rapidement et nous dansions tous, les uns dans les bras des autres ou en cercle, jusqu’au petit matin, sous l’œil méfiant des ancêtres du village, tatoués de la tête aux pieds.

    Les tatouages de la tribu Iban sont très courants et caractéristiques de l’île. Ils sont composés de fleurs rafflesia, de créatures mystiques et d’armes tribales.

    Certaines personnes âgées furent eux-mêmes des chasseurs de têtes. Tout un rituel ancestral existait autour de ces décapitations.

    Un homme qui voulait s’accaparer la fille d’un village voisin devait défier sa famille entière. Tout d’abord il devait combattre le fils, la lance et le bouclier à la main. L’objectif de ce premier combat n’était pas d’abattre son adversaire, mais d’être capable de toucher son épaule avec son propre bouclier. Le soupirant, s’il gagnait, obtenait l’honneur de décapiter le jeune frère et toute la famille, avant de kidnapper la jeune femme qui n’avait pas son mot à dire.

    Les crânes des exécutés étaient alors fièrement accrochés sur les portes de la longhouse pour repousser les mauvais esprits, du moins ce sont les histoires que les Iban m’ont contées.

    Étonnamment, tout le monde semble actuellement bien s’entendre, chacun respectant les croyances et cultures des autres. Cette mosaïque culturelle est difficilement compréhensible, cela prend plusieurs semaines avant de bien s’en imprégner. Lorsqu’il est possible, ne serait-ce que de gratter la surface de cette richesse, on se sent empli d’une nouvelle vérité, bien loin des soucis extérieurs à l’île.

    Ma visite du musée s’achève et ma promenade aussi. Je monte sur le toit de mon auberge, où un restaurant à ciel ouvert s’est improvisé, pour y avaler un morceau. Je me délecte du nasi goreng – littéralement : riz frit – qu’on me sert et j’observe le parlement au loin, à mesure que le ciel prend une teinte orangée.

    À l’aube, je monte à bord d’un speedboat en direction de Sibu, une ville à l’est de Kuching.

    Le bateau remonte le fleuve Sarawak jaunâtre à une allure folle jusqu’en pleine mer de Chine. Les vagues me rendent rapidement nauséeux et je passe plusieurs heures la tête dans un sac en plastique empli de muffins, en me demandant si je vais y vomir ou non.

    Des passagers s’approchent de moi et me proposent gentiment leur aide, ils sont deux amis tchèques de la quarantaine, je leur dis que tout va bien, mis à part le mal de mer.

    Nous discutons brièvement, ils sont vraiment sympathiques et ont l’allure de deux aventuriers ayant fui leur routine centre-européenne pour un périple d’une durée indéterminée.

    Après quelques heures interminables, nous quittons la haute mer de Chine méridionale pour pénétrer, à contre-courant, un nouveau fleuve aux eaux jaunâtres et polluées d’essence aux reflets arc-en-ciel. De longues barques transportent des dizaines de troncs d’arbre encore intacts, fraîchement abattus. Ces tonnes de bois me démontrent une triste réalité, celle de la déforestation massive de la forêt de Bornéo. Notre petit speedboat ne fait bientôt plus le fier à côté de ces immenses cargos plats, surplombés d’arbres millénaires.

    Le fleuve Rajang est sinueux et comportes des dizaines de canaux secondaires aux teints allant du jaune pâle au vert.

    Sibu – Bintulu – Miri

    Sibu m’apparaît alors, au loin, c’est un minuscule port délabré, rien de plus.

    Mes nouveaux amis tchèques me proposent de les suivre en direction de Bintulu, je refuse car ma nausée me cloue au sol. Je préfère, à tort, suivre un couple d’Italiens qui m’assure vouloir souper en ma compagnie. Je me retrouve dans une piaule infecte et sans même une fenêtre car ce même couple avait voulu choisir l’hôtel le moins cher. Le soir venu, je toque à leur porte à plusieurs reprises, l’Italien m’envoie paître, sa copine refuse de sortir.

    Je m’en vais donc manger seul quelques buns dans un petit restaurant chinois du coin, un peu triste d’avoir quitté Kuching et mes amis du centre de conservation pour les orangs-outans. J’attire l’attention du jeune cuisinier. Il ne parle pas un mot d’anglais, mais il m’accompagne avec une bière et beaucoup d’empathie pour un jeune blanc ayant quelque peu perdu son chemin.

    Je découvre, au petit matin, la pagode à sept étages de Sibu et son immense marché. Je sillonne les ruelles de cette petite ville en quête de quelque chose que je ne saurais décrire. Certains pauvres dorment couchés à même le sol en plein milieu du marché, il faut pratiquement les enjamber, je ne sais pas vraiment comment réagir face à ces nouvelles impressions qui m’arrivent de toute part. J’avais voulu jouer au gros dur, à l’aventurier, je me sens à présent bien petit dans cet immense Bornéo, bien loin des touristes en quêtes de fonds marins de Sipadan.

    Dans les ruelles, de jeunes prostitués m’abordent sans arrêt et tentent de me corrompre, je leur souris d’un air sincère et trace ma route, sans prendre le temps ni le risque de m’arrêter plus longtemps.

    Il semblerait que l’homme blanc soit très apprécié ici, probablement plus pour son porte-monnaie que pour son physique, comme il est d’usage ailleurs.

    Ma route me mène ensuite à Bintulu, autre bourgade polluée et dénuée de tout intérêt, du centre Sarawak. Je réalise très vite que voyager seul, de petits hôtels en petits hôtels, dans ces coins reculés du monde, va me paraître long si je ne me démène pas plus pour rencontrer du monde et sociabiliser.

    Il est évidemment plus facile de le faire en rencontrant des voyageurs dans les auberges de jeunesse, mais ce concept n’est apparemment pas arrivé jusqu’à Bintulu. J’ai, par ailleurs, dû manquer de peu mes amis tchèques à qui j’avais complètement oublié de demander le numéro de téléphone.

    Trois heures d’autocar à travers des plantations infinies de tristement célèbres palmiers à huile me permettent de rejoindre ma prochaine destination : les grottes de Niah.

    Je m’installe dans une chambre humide et à la forte odeur d’urine de macaque chapardeur, à laquelle je commence à m’habituer. Cette piaule ne me servira que peu et je ne compte pas m’y attarder. Au restaurant-bar du parc, je fais la connaissance rassurante de deux Françaises de la cinquantaine. Elles sont charmantes et intriguées de rencontrer un si jeune homme voyageant seul dans ces contrées lointaines.

    Il est difficile pour moi de savoir comment sympathiser sans me montrer trop intrusif. Bavarder me fait du bien, c’est indéniable, surtout que ces quelques échanges sont les seuls que j’aie depuis quelques jours. Mais je ne veux pas m’imposer non plus dans les vacances des autres et, souvent, je ne m’étale guère sur ma vie privée.

    Le crépuscule gagne la cour du restaurant-bar des grottes de Niah et je rejoins ma piaule puante pour y lire, lampe au front, quelques passages de L’Usage du monde de Nicolas Bouvier. Je m’imprègne tout à fait des récits de cet écrivain voyageur genevois qui partit en compagnie de son ami Thierry Vernet, en Fiat topolino, de Belgrade à Kaboul ; avant de rejoindre le sous-continent indien et de s’échouer à Ceylan.

    À l’époque, il n’avait que vingt-trois ans et ses écrits, décrivant les lieux rencontrés avec une extrême précision, me donnent le courage d’avancer.

    Pour découvrir ce monde, je dois marcher seul et sans le biais des filtres multiples d’autrui. Mes filtres à moi auraient meilleur temps de tomber un à un pour me permettre d’apprécier chaque instant de cette vie que je me suis généreusement offerte.

    La solitude me frappe au réveil et m’extirpe de l’odeur azotée qui émane de la bicoque dans laquelle j’ai fermé l’œil. Il est temps pour moi, avec grand optimisme, de frapper à nouveau le sol de mes grosses godasses délavées. Un petit sentier longeant la roche et à ras de falaise m’entraîne et m’enfonce petit à petit sous terre, jusqu’à l’entrée de cette gigantesque cave.

    Les grottes de Niah sont d’immenses chambres souterraines au plafond de plus de cinquante mètres de hauteur. Ils sont si hauts qu’ils laissent pénétrer assez de lumière pour donner l’illusion qu’on est toujours à l’extérieur. De nombreux sentiers s’enfoncent dans des parties plus reculées des caves et vers d’autres chambres qui refont surface.

    Les hirondelles et martinets y ont trouvé refuge pour y construire leurs nids – nids qui finiront probablement frits dans l’assiette d’un Malais du coin.

    En faisant défiler les plafonds millénaires de ma lampe frontale, je découvre des chauves-souris par millions, grouillant tels des messagers du vice, terrés là, en attendant que la lumière baisse.

    Ces mammifères volatiles couinent frénétiquement et, bien que la plupart des ultrasons qu’ils émettent soient inaudibles, ils résonnent assez pour que mes oreilles sifflent. Quelques ossements humains sont présents sur le site, presque aussi vieux que les plus anciens ossements jamais retrouvés et laissés ici à la portée du premier venu, c’est que peu de gens font le déplacement.

    Il est temps pour moi de continuer ma route. Un autocar me mène, pendant trois heures, sur une route étonnamment parfaitement goudronnée, à travers quelques milliers de palmiers appartenant aux gros lobbys de l’huile de palme, à ma prochaine destination : Miri. Les passagers ont des visages fascinants, complètement ronds et aux grands yeux globuleux, la peau caramel, typique des dayaks autochtones. Certaines femmes portent le goitre, inflammation de la thyroïde due à un manque flagrant d’iode.

    J’arrive de nuit à Miri, dans une charmante auberge tenue par une Chinoise du coin. Son style est très vieillot avec des tapisseries de fleurs multicolores et des canapés anciens à boutons. Je m’écroule. Les vibrations des murs me réveillent à l’aube, à mesure qu’un ouvrier perce des trous sur la paroi contre laquelle est posé mon lit.

    Au petit déjeuner, je retrouve par hasard deux têtes connues : ce sont Bruno et Yaros, les deux Tchèques rencontrés sur le speedboat faisant la navette de Kuching à Sibu. Ils sont très chaleureux et m’offrent un grand sourire et une accolade. C’est agréable de les recroiser par pur hasard.

    Dans la partie malaisienne de Bornéo, les routes longent essentiellement la côte de la mer de Chine méridionale, les voyageurs se déplacent donc tous d’un sens ou de l’autre, le long du même tracé.

    Miri n’a pas beaucoup plus d’attrait que Bintulu ou Sibu, mais elle m’apparaît bien plus sympathique du fait que j’ai retrouvé mes compagnons de route.

    Nous nous retrouvons pour manger au restaurant dans les dédales de ruelles que forme la petite ville. Nous suivons les chaises en plastique bleu qui nous indiquent où l’on mange vraiment local, c’est une habitude qu’on prend vite en Asie du Sud-Est.

    Ce restaurant qui expose des aquariums colorés fera bien l’affaire. Nous sommes entourés de locaux affamés qu’on distingue entre deux nuages de fumée émanant du grill à poisson. L’ambiance traditionnelle est au rendez-vous. Nous avons la chance de pouvoir choisir notre propre poisson dans les bacs. J’en choisis un bleu ciel, c’est un poisson-perroquet directement pêché dans les criques du coin. Sa chair est tendre et la compagnie de mes deux camarades quarantenaires m’emplit de joie.

    Ils sont étonnamment enthousiastes de ma présence malgré notre différence d’âge et nous partageons beaucoup sur nos ressentis et sur le voyage de manière générale. Bruno est noiraud, barbu aux yeux sombres, alors que Yaros est châtain aux yeux bleus. Les deux compères partagent la taille respectable d’un mètre quatre-vingt-cinq. Malgré un regard dur, courant dans les pays de l’Est, ils passent leur temps à me raconter des histoires gênantes l’un sur l’autre tout en éclatant d’un rire retenu.

    La soirée est légère et les bières Tiger n’y sont pas pour grand-chose. Il est déjà temps de nous quitter, mes amis tchèques partent pour le micro-état de Brunei et je m’envolerai bientôt pour le parc de Mulu à l’intérieur des terres de Bornéo. Je change d’auberge pour y trouver un peu plus de compagnie et je rencontre, à nouveau, une vieille hôte chinoise de soixante ans passés, qui tient boutique.

    Un de ses collègues, plus jeune, est en train de consommer une cigarette des plus illégales sachant que la consommation d’illicites est punie de la peine de mort dans la région. Cette anecdote ne me met pas vraiment en confiance, mais bon, je passe outre. Ce soir-là, un orage éclate et des trombes d’eau s’abattent sur Miri, à tel point que tous les membres de l’auberge sont coincés ici. Je rencontre un couple de Canadiens voyageant à travers l’Asie du Sud-Est, ils sont très sympathiques et ouverts d’esprit, alors on passe la soirée ensemble.

    La pluie s’intensifie et des nouvelles inquiétantes nous parviennent, celles de l’onde de choc du séisme survenu au large des côtes japonaises. Malgré la distance qui nous sépare de l’archipel nippon, il y a des doutes persistant quant au risque de tsunami ici, à Bornéo. Certaines plages sont évacuées de leurs touristes, en prévention, nous restons cloîtrés à l’auberge, écoutant le bruit torrentiel des flots qui s’abattent sur nous.

    Les Canadiens souhaitent eux aussi se rendre à Mulu, mais ils n’ont pas eu de place sur le vol que je prendrai le lendemain. Comme alternative, ils décident de parcourir les sept heures de pirogue qui permettent de rejoindre le parc.

    Ils partent à l’aube, à la première accalmie. La propriétaire de l’auberge insiste pour que je prenne, avec moi dans l’avion, un carton rempli de vivres pour les Canadiens. Celui-ci est déjà scellé et elle refuse que je l’ouvre pour vérifier son contenant.

    Incapable de vérifier ses dires, je refuse de le prendre au dernier moment par crainte de son contenu, on ne sait jamais, je préfère suivre mon instinct de nature prudente.

    Un petit avion mono-hélice pouvant transporter une trentaine de passagers décolle du tarmac en direction du parc de Mulu. En prenant de l’altitude, je prends mieux conscience de l’ampleur des dégâts causés à l’île par la déforestation.

    Des damiers, à perte de vue. Ces damiers représentent tous des cultures, encadrés, de millions de palmiers à huile. Ces milliers d’hectares furent un jour une forêt primaire vieille de millions d’années, accueillant des milliers d’espèces endémiques, que ce soient des insectes, poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères.

    La plus connue de toutes est l’emblème de Bornéo : l’orang-outan.

    Je réalise à présent mieux l’action de Leo, directeur du centre de conservation dans lequel j’avais travaillé pour la réhabilitation et surtout l’entretien d’individus issus d’espèces en voie d’extinction. Bien que son action soit une goutte d’eau dans l’océan, son enseignement et sa détermination résonneront longtemps dans mon cœur et dans celui de chaque personne qui l’aura rencontré.

    Des damiers verts, à perte de vue, où ai-je mis les pieds ? Où est la jungle immaculée qu’on m’avait décrite dans les

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1