5/ LES DAMNÉS DU BANGLADESH
APRÈS LE NIGERIA, LE KURDISTAN, LE DONBASS ET LA SOMALIE, BERNARD-HENRI LÉVY EST RETOURNÉ SUR LES TRACES DE SA JEUNESSE, LÀ OÙ EST APPARU LE GRAND CONFLIT DE NOTRE ÉPOQUE ENTRE ISLAM LAÏQUE ET ISLAMISME. SUR FOND DE MISÈRE ET DE CATACLYSME ÉCOLOGIQUE
Dans le delta du Gange sont nés nombre de rêves, mais aussi les pires cauchemars. « Ces autres guerres, dit BHL, il y a un lieu où elles semblent s’être donné rendez-vous et où il faut les affronter à la fois. Il s’appelle le Bangladesh. » Un nom qui, pour lui, résonne comme aucun autre : il le ramène à 1971 quand la République islamique du Pakistan utilisa toutes les formes de violence pour combattre le jeune Etat en train de lui arracher son indépendance. Musulmans contre musulmans. André Malraux lança alors sur Europe 1 un appel à former de nouvelles « brigades internationales ». BHL, jeune normalien de 22 ans qui n’avait jamais connu la guerre ni la misère, fut un des rares à y répondre. Il passera neuf mois au côté des Bengalais. Son chemin de liberté et d’engagement.
Difficile de se souvenir que la Buriganga qui coule à Dacca fut une rivière de vie, riche en poissons. Le Bangladesh paie cher son développement de près de 7 % par an, son rang de deuxième exportateur mondial de textile et le triplement de sa population entre 1960 et 2000. Pour ces pauvres d’entre les pauvres, avec leurs salaires parmi les plus bas du monde, l’histoire semble s’être arrêtée à la période Dickens. Les drames industriels se succèdent. Tous n’ont pas le retentissement de l’effondrement du Rana Plaza qui emporta 1 135 ouvriers en 2013. Les produits toxiques, quand ils ne sont pas déversés directement dans les eaux, alimentent trop d’incendies pour qu’on en parle. Ici, ce bidonville sur pilotis n’a pas résisté longtemps. Un homme s’aventure dans le cloaque pour récupérer quelque morceau de métal. Pour survivre, il faut prendre tous les risques.
PAS DE BARRAGE CONTRE LA PAUVRETÉ. LE DELTA, LA MOUSSON ET LA POLLUTION FONT
