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J'ai le vertige: Mémoires d'une juive
J'ai le vertige: Mémoires d'une juive
J'ai le vertige: Mémoires d'une juive
Livre électronique158 pages3 heures

J'ai le vertige: Mémoires d'une juive

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À propos de ce livre électronique

Ce livre raconte l’histoire vraie de Syvia Perlmutter, elle avait quatre ans et demi au début de la seconde guerre mondiale

1939. Invasion de la Pologne par l’Allemagne. À Lodz, la famille de Syvia, qui tente de fuir la ville, est emprisonnée dans le ghetto. Les conditions de vie se détériorent très vite. La petite Syvia reste toute la journée dans le minuscule appartement où sa famille a trouvé refuge. Sa sœur de douze ans travaille, comme ses parents, dans une usine pour soutenir l’effort de guerre allemand. Les déportations commencent.

Les uns après les autres, les amis et les cousins prennent le « train » pour une destination inconnue. Syvia n’a plus d’amis. Ils sont tous partis. Les Allemands entreprennent de vider le ghetto de tous les enfants, « pour que les parents n’aient plus à s’occuper d’eux pendant qu’ils travaillent ». L’étau se resserre. Syvia doit maintenant vivre cachée dans une cave. Personne ne doit savoir qu’elle est là. Syvia décide de raconter son histoire, qui va durer cinq ans. Ce n’est qu’en 1945 que les soldats russes libèrent le ghetto et les 800 survivants, dont Syvia et seulement 11 autres enfants.

Un témoignage capital, prenant, saisissant, à lire par tous

EXTRAIT

Automne 1939

Ça commence comme ça

J’ai quatre ans et demi, bientôt cinq. 
Je me cache dans ma cachette secrète, derrière le fauteuil du salon. 
Je coiffe ma poupée. 
J’écoute. 
Les soucis des adultes montent jusqu’au plafond. 
Ils se mélangent au parfum du gâteau au citron tout juste sorti du four qui refroidit sur la belle assiette. 
Cling, cling ! 
La tasse de ma mère tremble dans sa soucoupe. 
— Nous devons vraiment partir, Isaac ? 
Mon père est rentré du travail plus tôt que d’habitude, au beau milieu du thé hebdomadaire. 
— Nous devons quitter Lodz. Tout de suite ! Nous sommes juifs : c’est dangereux pour nous de rester ici.
Psch, psch. 
Ma main coiffe ma poupée. 
Mon esprit s’est accroché à un mot. 
Juifs.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Jennifer Roy est enseignante. Elle a écrit plus de quarante livres pour la jeunesse, des ouvrages pédagogiques pour la plupart. Son premier roman, Yellow Star, traduit en français sous le titre J’ai le vertige, a remporté de nombreux prix dont le Boston Globe-Horn Book Honor Award, le Sydney Taylor Honor Award, le William Allen White Children’s Book Award et le National Jewish Book Honor Award. Son dernier roman, MindBlind, raconte l’histoire d’un garçon surdoué atteint du syndrome d’Asperger. Elle écrit également une série avec sa sœur jumelle, Julia DeVillers. Jennifer Roy vit dans l’État de New York avec son mari et son fils.
LangueFrançais
Date de sortie18 avr. 2014
ISBN9782511014820
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    Aperçu du livre

    J'ai le vertige - Jennifer Roy

    m’apportent.

    Introduction

    Ce livre raconte l’histoire vraie de Syvia Perlmutter. Syvia avait quatre ans et demi au début de la seconde guerre mondiale. Elle en avait dix quand le conflit a pris fin.

    Pendant les cinquante années qui ont suivi, Syvia, devenue Sylvia, s’est tue, comme la plupart des rescapés de l’Holocauste.

    Mais, la vieillesse approchant, elle a senti qu’il était temps. Temps de parler. Temps de convoquer la mémoire. Temps de transmettre.

    Les souvenirs ont commencé à affluer : d’abord dans ses rêves, puis dans sa vie de tous les jours. Son histoire émergeait des profondeurs. Elle demandait à être dite, enfin.

    Et c’est à moi, sa nièce, qu’elle l’a racontée.

    Pour la première fois de ma vie, j’ai entendu dans son intégralité le témoignage d’un survivant de l’Holocauste.

    Quand ma tante m’a dit que seuls douze enfants étaient sortis vivants du ghetto de Lodz et qu’elle figurait parmi eux, j’ai été stupéfaite. Comment cela se fait-il que je l‘apprenne seulement aujourd’hui ? me suis-je demandé. Et pourquoi personne ne le savait-il, dans la famille ?

    J’ai commencé à poser des questions à ma tante. Je voulais tout savoir de son passé. Accepterait-elle que j’enregistre ses réponses ? Elle m’a donné son accord. C’est ainsi que nous nous sommes régulièrement téléphoné, elle de son appartement du Maryland, moi de ma maison de New York. Plus Sylvia parlait, plus les souvenirs lui revenaient.

    Et plus je réfléchissais…

    J’étais écrivain, j’avais déjà publié plusieurs livres. Il fallait que quelqu’un raconte l’histoire de Sylvia. Mais étais-je vraiment la bonne personne pour le faire ? Moi qui avais toujours eu peur de tout ce qui avait trait de près ou de loin à l’Holocauste ? Moi qui, parce que j’étais juive, avais grandi dans l’ombre de la Shoah ?

    Chaque année, au cours d’instruction religieuse, on nous passait des films sur les atrocités de la guerre. Les professeurs ne nous donnaient aucun contexte historique; ils nous laissaient nous débrouiller avec ces images atroces qui envahissaient l’écran : les montagnes de chaussures d’enfants, les fosses communes, les survivants décharnés... Ils ne donnaient jamais aucune perspective théorique et n’organisaient aucun débat, ni avant ni après la projection. Nous étions seuls face au pan le plus cruel de l’histoire moderne : le massacre de six millions de Juifs.

    J’ai grandi dans la banlieue de New York avec ce savoir chevillé au corps : non seulement il arrive que le monde soit dangereux, mais les hommes sont à tout moment susceptibles de se retourner contre leurs semblables, fût-ce au sein d’une société dite civilisée.

    L’Holocauste était un événement colossal. Inconcevable, mais réel. Et, à cause de cela, absolument terrifiant. Totalement tabou. Il suffisait d’interroger un survivant sur la question pour qu’il parle d’autre chose. Dans mon enfance comme dans mon adolescence, chez moi, c’est bien simple, on abordait tous les sujets – tous, sauf un : la guerre. Les survivants avaient pour devise : « N’oublions jamais ça ! » Mais, paradoxalement, ils n’entretenaient pas la mémoire de ce qu’ils ne voulaient pas qu’on oublie.

    Avec sa mère Rachel, sa sœur et ses trois frères aînés, mon père Sam a failli être envoyé dans un camp de concentration en Pologne. Son père (mon grand-père) a été fusillé lors d’une exécution massive dans la Forêt-Noire, en Allemagne. Le reste de la famille a fui jusqu’à un camp de réfugiés, en Sibérie. C’est là, dans des conditions extrêmement pénibles, que mon père a passé son enfance jusqu’à la fin de la guerre. Il a très peu parlé de cette période de sa vie. Et il a emporté son histoire dans sa tombe.

    Ma grand-mère Rachel a quitté la Sibérie après la guerre. Elle a envoyé l’aîné de ses enfants en Israël, la Terre promise, et s’est installée avec les trois autres dans l’État de New York. Le plus âgé s’appelait David. C’est lui qui est tombé amoureux de Sylvia Perlmutter et qui l’a épousée.

    Ma tante Sylvia est donc la femme d’un de mes oncles paternels. Elle m’a fait un grand honneur en acceptant de me parler, en m’accordant sa confiance, en faisant de moi la gardienne de ses souvenirs.

    Je me suis juré de sauvegarder sa mémoire. Et c’est là que les ennuis ont commencé. J’ai d’abord essayé d’écrire un compte rendu fidèle à la réalité, sans rien inventer. Mais c’était trop sec. Alors, j’ai écrit un témoignage, à la troisième personne du singulier. Mais cela ne marchait pas non plus. Frustrée, je suis retournée aux cassettes. J’ai réécouté la voix de ma tante, si chantante avec son accent d’Europe centrale. Subitement, sous sa voix, j’ai entendu les voix de tous les autres membres juifs de ma famille. Cela faisait un beau charivari d’américain, de polonais et de yiddish entremêlés, sur un fond de peur, d’angoisse et de résistance, de combattivité. Ma grand-mère, mes oncles, mon père... Ils étaient tous là, alors qu’ils étaient tous morts et enterrés ! C’est à ce moment-là que j’ai eu une illumination. Je venais de comprendre que l’histoire de ma tante, je devais la raconter à la première personne. Je devais parler par sa bouche. Je devais écrire pour elle le journal de ces années terribles.

    Ma tante m’a raconté le ghetto de Lodz avec sa voix et son regard d’enfant. Tout ce qu’elle y a vécu, elle me l’a transmis, portée par un terrible sentiment d’urgence et par une formidable poésie. Voici les mots de cette survivante. Voici l’histoire de la petite Syvia qui avait quatre ans et demi en 1939.

    Prologue

    « En 1939, les Allemands ont envahi la ville de Lodz, en Pologne. Ils en ont clôturé une partie au moyen de fil de fer barbelé. Puis ils y ont confiné 270 000 Juifs. C’était ça, le ghetto de Lodz.

    Les Alliés ont libéré le ghetto à la fin de la guerre, en 1945. Seuls 800 Juifs en sont sortis vivants. Parmi eux, il n’y avait que douze enfants.

    J’étais l’un des douze. »

    Extrait d’un entretien

    avec Sylvia Perlmutter,

    mars 2003.

    Première partie

    Dans les années 1930, la ville de Lodz compte 233 000 Juifs, ce qui représente un tiers de sa population et la deuxième communauté juive de Pologne.

    Bon nombre d’entre eux ont fait des études supérieures. Commerçants, enseignants, scientifiques ou artistes, ils élèvent leurs enfants dans l’idée d’en faire de bons citoyens prêts à servir leur patrie.

    Devenu chancelier en 1933, Adolf Hitler prend peu à peu tous les pouvoirs en Allemagne. Il instaure le régime nazi, basé sur la prétendue supériorité des Aryens, en qui il voit des êtres appelés à dominer le monde, et sur la prétendue infériorité de ce qu’il appelle « la race juive », car il confond l’idée de race et celle de religion.

    Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. C’est l’élément déclencheur de la seconde guerre mondiale. Les Allemands regroupent les Juifs de Pologne dans des zones qu’ils baptisent « ghettos ». Le ghetto de Lodz compte 31 721 appartements, la plupart composés d’une seule pièce et dépourvus d’eau courante.

    Au printemps 1940, 160 000 hommes, femmes et enfants juifs sont conduits de force dans le ghetto de Lodz. Le 1er mai 1940, ils sont isolés du reste de la Pologne et du monde par des clôtures infranchissables de fil de fer barbelé.

    Automne 1939

    Ça commence comme ça

    J’ai quatre ans et demi, bientôt cinq.

    Je me cache dans ma cachette secrète, derrière le fauteuil du salon.

    Je coiffe ma poupée.

    J’écoute.

    Les soucis des adultes montent jusqu’au plafond.

    Ils se mélangent au parfum du gâteau au citron tout juste sorti du four qui refroidit sur la belle assiette.

    Cling, cling !

    La tasse de ma mère tremble dans sa soucoupe.

    — Nous devons vraiment partir, Isaac ?

    Mon père est rentré du travail plus tôt que d’habitude, au beau milieu du thé hebdomadaire.

    — Nous devons quitter Lodz. Tout de suite ! Nous sommes juifs : c’est dangereux pour nous de rester ici.

    Psch, psch.

    Ma main coiffe ma poupée.

    Mon esprit s’est accroché à

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