Vél’ d’Hiv, les derniers témoins
Nous sommes les dinosaures de la Shoah. Après nous, ce sera fini. Mais il restera des preuves face aux négationnistes. » Ce vendredi-là, Arlette Testyler, 89 ans, apporte au Mémorial de la Shoah, à Paris, le porte-plume en bois envoyé par son père, interné à Pithiviers, avant sa déportation. Elle témoignera aujourd’hui de son propre parcours lors de la commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv. Elle fait partie des 12 884 Juifs arrêtés par la police parisienne les 16 et 17 juillet 1942. Répartis entre le Vélodrome d’Hiver et le camp de Drancy, ils ont presque tous été exterminés à Auschwitz. Seulement une petite centaine d’entre eux ont survécu.
Aujourd’hui, les « rescapés » se font rares. Et prendre la parole n’est pas facile. « Quand je témoigne, j’ai à nouveau 9 ans », confie Arlette Testyler. Tout remonte. La colère. Les larmes. Et l’angoisse de cette époque où elle devait porter une étoile jaune sur sa robe écossaise et se voyait refouler des squares, « interdits aux Juifs et aux chiens ». Certains n’ont d’ailleurs plus la force de raconter. « Je ne bouge plus, je suis très fatiguée », s’excuse au téléphone Hélène Zytnicki, qui en 2012 était revenue à l’endroit où elle avait été raflée pour dialoguer avec les habitants.
En octobre dernier, le Mémorial a lancé un appel à témoignages sur la grande rafle parisienne de l’été 1942. Quarante-deux personnes ont répondu. Une vingtaine ont été filmées. Certains avaient déjà témoigné, d’autres non. « Nous mettons beaucoup d’énergie à collecter des archives dans les familles de victimes, complète Jacques Fredj, le directeur du Mémorial de la Shoah.
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