Emilie Moatti, 43 ans, est une singulière maîtresse de maison qui ne sait plus rester assise, ni pour parler, ni pour écouter, ni même pour lire. Elle marche, revient, repart, marche encore, longue robe noire et collier de perles. Autour du poignet, des rubans noués. Son téléphone bourdonne , elle y jette un oeil, revient et son français oublié s’échauffe au fil de notre conversation vidéo depuis Paris. Elle tutoie d’emblée, s’en aperçoit, hausse les épaules, en hébreu on ne vouvoie pas, rit-elle, rudesse et simplicité. Sa maison, elle la surnomme la « maison des otages », et c’est un endroit où, depuis le 8 octobre, depuis l’attaque du Hamas, on pleure et on prie, où l’on hurle et l’on espère – rien ne s’y passe comme ces murs gris l’avaient prévu.
Havre de réconfort donc, et centre opérationnel d’une campagne mondiale de sensibilisation. Un bâtiment où il s’agit dans le même temps d’entourer et de consoler, mais aussi de ne jamais