MOI, VIKTOR ANTONOVICH, 86 ANS, SURVIVANT DU GOULAG
Trente ans après la chute de l’URSS, nous avons retrouvé l’un des derniers témoins de la répression stalinienne
l porte son âme sur son visage et, à ses pieds, des pantoufles I en feutre. Barbe blanche de poète, yeux clairs qui brillent intensément sous une paire de lunettes rafistolée avec un élastique,
Viktor Antonovich Boulgakov est l’un des derniers témoins du goulag. Peut-être le dernier capable de raconter son histoire à l’heure où le pays fête les 30 ans de la disparition de l’URSS. C’est l’ONG Memorial qui nous a donné son nom et son adresse. Les autres rescapés des camps de travail soviétiques ont été rayés de ses registres, la plupart emportés par l’épidémie de Covid qui a causé la mort d’au moins 300000 personnes en Russie. Le vieil homme de 86 ans habite à Moscou, dans un petit appartement haut perché, au 8 étage d’une tour du quartier des usines. C’est ici qu’autrefois les berlines soviétiques réservées aux apparatchiks étaient assemblées. À quelques kilomètres de là, sur la place Rouge, les badauds glissent gaiement sur la patinoire installée juste en face du mausolée de Lénine. Il neige à gros flocons, pas de la neige parisienne, frêle et fondante, une vraie neige immaculée, lourde, dense, qui recouvre toutes les saletés et impose sa magie cristalline par moins 15 °C. La ville est
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits