e descendais de la colline de Yoshida alors que la nuit tombait. Il faut décrire ce quartier, dans le nord-est de la ville, où l’on monte et descend sans cesse alors que le centre de la cité est plat. Là s’élèvent deux collines peuplées de temples et de sanctuaires, de tombes de pierre et d’arbres anciens, au-dessus desquels croisent de grands corbeaux noirs. Pour le reste, un voisinage paisible de maisons de bois et de petits immeubles, quelques commerces, des restaurants, des auberges, le tout allant mourir doucement contre les flancs des montagnes de l’est – en réalité des collines, elles aussi, mais plus hautes et nettement plus sauvages, qui délimitent avec celles de l’ouest et du nord les frontières naturelles de Kyoto. Au pied de ces montagnes, le pavillon d’argent, le chemin de la philosophie, le cimetière où gît Tanizaki, tous sites parcourus en toutes saisons par une marée de visiteurs mais nous, nous nous tenons un peu en retrait sur nos deux petites éminences, celle du sanctuaire shinto de Yoshida et celle des temples bouddhistes de Shinnyo-do et Kurodani, où presque personne, à l’exception des fidèles, ne va hors les grands événements annuels, les érables en novembre ou bien la fête de Setsubun au début de février, quand on allume au milieu des bois de Yoshida – car Yoshida est une petite forêt en pleine ville – un grand feu qui crépite longtemps dans la nuit. écrivait Nicolas Bouvier* alors qu’il logeait au cœur du complexe de temples zen du Daitoku-ji, Or voici que je vivais là, dans cette maison accrochée à un flanc de la colline de Yoshida, et que je pensais la même chose, chaque soir, en
KISUKE
Jan 29, 2023
10 minutes
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