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La légende Marvinienne, tome 3 - La lance sacrée
La légende Marvinienne, tome 3 - La lance sacrée
La légende Marvinienne, tome 3 - La lance sacrée
Livre électronique179 pages2 heures

La légende Marvinienne, tome 3 - La lance sacrée

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À propos de ce livre électronique

Après la tentative de meurtre de Perceval sur le roi Arthur, Marvin et ses compagnons doivent fuir et se cacher.
Poursuivis par les chevaliers qui cherchent à venger leur souverain, soumis aux épanchements de Perceval qui se désespère
de Guenière et contraints de disparaître afin de sauver leur vie, les aventuriers trouveront refuge dans le monastère du Prieur Lothaire du Trou d’aile
de l’Ordre de l’Asne, un fieffé harpagon. Malgré leurs déboires avec cet antipathique personnage, les voilà sur une piste qui pourrait
peut-être leur sauver la vie : débusquer la légendaire LANCEA LONGINI, la lance sacrée qui suinte le sang de Christ.
Mais pour réussir cette périlleuse mission, Marvin le Calcinateur devra utiliser la science du XXIe, sa meilleure arme.
LangueFrançais
Date de sortie24 juin 2022
ISBN9782897658434
La légende Marvinienne, tome 3 - La lance sacrée

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    Aperçu du livre

    La légende Marvinienne, tome 3 - La lance sacrée - Bryan Perro

    Chapitre 1

    Nouvelle lune du mois de la fenaison avec faux pour le fourrage des animaux

    Troisième semaine de juin, selon mes estimations

    Abbaye de Beauport, journée ensoleillée

    Environ cinq ans après mon arrivée

    J’écris, j’écris sans arrêt depuis un bon moment.

    Je ferme les yeux et je tente de me rappeler le plus d’événements possible depuis mon arrivée au Moyen-Âge. Je revois des visages, je revis des émotions, je reviens dans le passé, je cherche des réponses à ce voyage incertain qui touche à sa fin. Certaines situations me font rire ; d’autres me glacent d’effroi.

    Par exemple, me replonger dans ce que j’ai ressenti quand mon ami Perceval a essayé de tuer le roi Arthur me rend malade. Je le revois, au ralenti dans ma mémoire, empoigner un javelot, puis se retourner dans un spectaculaire mouvement afin de viser le souverain. La lance fendant l’air comme un oiseau de proie sur sa victime, l’impact dans l’abdomen d’Arthur, le sang aspergeant les invités, puis l’expression paniquée de Merlin, toutes ces images, ces émotions me donnent la nausée.

    Voilà pourquoi, avant d’entamer ce troisième récit de mes aventures au Moyen-Âge, j’ai pris quelques jours de repos. Je me suis évadé dans les bois qui entourent l’abbaye de Beauport afin de me changer les idées, puis j’ai fait de longues promenades sur la plage pour me remplir les poumons de l’air de la mer. J’ai aussi avalé une bonne soupe de poisson et de crustacés dans une auberge du village. Lorsque j’ai passé la porte, la clientèle attablée a déserté les lieux comme si j’étais un pestiféré. Dans toute la région, on sait que le Calcinateur est hébergé à l’abbaye, et il semble que personne n’ait envie de converser avec lui. C’est avec mille précautions et une très nerveuse amabilité que les propriétaires m’ont servi. À la fin du repas, ils ont insisté pour me dire que je n’avais pas à payer, que tout était gratuit. Je les ai remerciés en laissant sur la table l’équivalent de trois mois de salaire pour un aubergiste. Ma présence n’était pas désirée, soit, mais mon argent, lui, était le bienvenu.

    Ces moments de paix, ces petites vacances m’ont redonné l’envie d’écrire. Mes maux de tête se sont lentement dissipés ; mes crampes à l’estomac ont disparu. Le cerveau, tout comme les muscles, a parfois besoin de repos pour se remettre à fonctionner correctement. C’est ce que disait ma mère lorsque j’étudiais trop longtemps avant un examen à l’école. Je souris en repensant à elle… à l’école… Il y a seulement cinq ans que j’ai quitté cette réalité, mais j’ai l’impression qu’un siècle s’est écoulé.

    Me voilà donc de retour à l’écritoire, en meilleure forme et en rotant le poisson. Le Graal est toujours devant moi ! Les moines ne l’ont pas volé pendant mon absence. Ils auraient pu, car, en raison de leur nature, ces hommes sont pingres et avaricieux. Toutefois, la peur qu’ils ont de moi surpasse la convoitise qu’ils peuvent ressentir à l’égard de mes biens. J’inspire la terreur, j’en suis bien conscient, et, pour tout dire, cela ne me déplaît pas du tout.

    Cette suite s’annonce plus difficile à écrire, car je n’ai plus de stylo pour continuer la narration. Mon dernier Bic, tiré de mon coffre à crayons d’écolier du XXIe siècle, est décédé au bout de son encre. Je dois maintenant me résigner à prendre la plume. Ce nouvel exercice auquel je dois me soumettre m’ennuie beaucoup. C’est pénible, car l’encre glisse mal, je me salis les doigts et je tache le papier. Les scribes qui passent leurs journées à retranscrire la Bible sur des morceaux de cuir très fins sont d’une rare habileté si on compare leurs écrits à mes gribouillis.

    S’il advenait que quelqu’un commence sa lecture par ce troisième volet, je résume ma vie en disant que j’habite le Moyen-Âge depuis cinq ans. Je suis tombé du ciel à quatorze ans dans une plaine près du village de Trèf. Alors que je vivais depuis un an dans ce monde étrange de chevaliers au cerveau lavé par la religion (mes autres récits témoignent de ces premières aventures), j’ai entamé ma quinzième année de vie en ramant comme un dingue dans une chaloupe. Suant à grosses gouttes derrière un aviron, je me suis demandé sérieusement combien de temps j’allais encore survivre à cette époque complètement folle. C’était pendant le mois du battage du blé au fléau pour séparer les grains des épis, le mois d’août pour les habitants de mon siècle.

    Ce mois est très important dans ma vie, puisque j’ai vu le jour un 8 août. Mais, comme le temps se compte ici en mois et en quartiers de lune plutôt qu’en jours, en semaines et en années, je n’ai pas fêté mon anniversaire. Alors, pas de gâteau, de bougies, ni de cadeaux ! Et c’est mieux ainsi, car il est loin de moi, ce plaisir naïf de partager un repas avec ma famille et mes amis. D’ailleurs, en écrivant ces lignes, je me dis que je paierais cher pour manger un morceau de gâteau au chocolat accompagné d’un verre de lait. L’idée d’une pointe de pizza avec des frites me traverse aussi souvent l’esprit. Parfois, la nuit, je rêve aux samoussas ultra-épicés de ma mère et à son riz au beurre parfumé.

    Malgré tout ce temps passé ici, il y a des réminiscences que je n’arrive pas à réfréner. La nourriture du Moyen-Âge manque affreusement de goût, de texture et d’épices. Si, un jour, je reviens dans mon époque, je jure de ne plus jamais manger de viande bouillie et de crustacés à moitié cuits sur la broche. La soupe de poisson, par contre, me donnera peut-être, à certains moments, un peu de nostalgie, me rappelant celle de l’aubergiste que je viens de quitter.

    Repenser à ma vie au XXIe siècle est par ailleurs pénible. Malgré leur allure plaisante, ces souvenirs agissent comme des lames qui me tailladent l’âme. Ce sont des images d’une autre vie, d’une autre époque, des fragments d’un autre que moi. Elles me replongent dans la douceur et la chaleur d’une existence qui m’a échappé pour être remplacée par la violence et l’obscurantisme. Nous sommes ici bien loin des gâteaux au chocolat, des chapeaux pointus farfelus et des guirlandes de papier accrochées au lustre de la salle à manger, bien loin aussi des bougies qu’on souffle après avoir chanté une sympathique petite chanson. On ne peut comprendre pleinement la douceur de la vie moderne si on n’a pas connu les ténèbres d’un Moyen-Âge sans pitié.

    En vérité, il arrive que le gamin que j’étais me fasse honte. J’ai le souvenir, encore très clair, de mon douzième anniversaire où j’ai déballé un paquet dans lequel je n’ai pas trouvé la console de jeu que j’avais demandée. Je me rappelle les larmes de déception qui coulaient sur mon visage, le poids de ce malheur sur mon âme. J’avais tout dans la vie, TOUT ! Mais je ne m’en rendais pas compte. Marvin le Pathétique, voilà comment on aurait dû appeler ce petit bonhomme imbu de lui-même, ne pensant qu’à ses propres désirs et incapable d’un jugement éclairé. Je me souviens que, sans cette console, j’étais le garçon le plus malheureux du monde, le plus à plaindre de l’univers. C’est ainsi que je récompensais mes parents qui avaient économisé pour m’offrir ce présent ; c’est avec mon humeur massacrante que je les remerciais ! Cette attitude d’enfant gâté est si ridicule qu’elle me donne envie de me cacher.

    J’étais à l’époque comme Perceval lorsqu’il est contrarié.

    Il était ainsi dans la chaloupe qui nous menait loin de la forteresse des chevaliers, loin de sa Guenièvre chérie ! On aurait dit un petit prince pourri se butant devant une situation frustrante. Il venait quand même de transpercer le corps du roi Arthur d’un coup de javelot ! Ce n’était pas une mince affaire ! De plus, ce coup de tête alors même qu’il venait d’être adoubé chevalier nous plaçait tous dans une délicate situation. Nous avions dû fuir par la mer en espérant échapper aux centaines de chevaliers partis aux trousses de l’individu qui avait tenté d’assassiner leur souverain.

    Je me rappelle la panique à bord. Puis les justifications puériles de Perceval :

    — J’ai trucidé ce béotien parce qu’il le méritait ! voilà tout ! c’est ainsi qu’il faut punir les manants !

    — Non, Perceval, NON ! Mauvaise réponse ! ai-je répondu sans ménagement. Tu l’as transpercé d’une lance parce que tu étais jaloux ! C’est toi, le manant, ici ! Tu es tombé amoureux de sa femme, je répète : SA FEMME, la reine Guenièvre, avec qui tu as batifolé sur la plage, et lorsque tu as appris qui elle était réellement, c’est-à-dire LA REINE, eh bien, tu as impulsivement tenté de tuer le roi ! Cet homme ne méritait pas de mourir pour cela. C’est plutôt toi, ici, l’enfant gâté ! tu es l’unique responsable de ce chaos !

    — Tu ne me comprends pas, Marvin des Étoiles ! Je l’aime ! s’est-il défendu. Elle est le ciel et la terre, ses yeux sont les étoiles, son sourire éclaire dans la nuit ! tu ne sais rien de ce qu’est l’amour, le grand, le véritable amour !

    — ferme ta goule, faraud, et rame ! a hurlé Dandrane. Nodocéphale et ganache ! Gougnafier et jean-foutre ! Je vais t’en faire, des histoires de chaleur ! Dès qu’il m’en sera possible, je te coupe les génitoires !

    Dandrane est une fille qui a beaucoup de caractère et peu de patience envers son jumeau. J’avais déjà été témoin de plusieurs disputes, mais celle-ci était particulièrement intense.

    — Gourgandine, va ! a répliqué Perceval.

    — QUOI ? Je vais te faire voir, moi, tête de pipe ! a lancé Dandrane en lui assénant un coup de rame en plein visage.

    Alors que Perceval fondait sur sa sœur pour se venger en menaçant sérieusement l’équilibre de notre embarcation, Dandrane a dégainé une de ses lames et elle la lui a mise sous la gorge.

    — Je t’en prie, lui a-t-elle dit à l’oreille, insulte-moi encore une fois et je te saigne comme un goret ! Vas-y, donne-moi de la puterelle que je te jugule, paltoquet !

    Ma copine était vraiment en colère.

    Les jumeaux de Pellinor de Listenois, le père de Perceval et de Dandrane, avaient bien une chose en commun : les émotions leur faisaient perdre la tête et, sous l’impulsion de leur émotivité, ils pouvaient commettre l’irréparable.

    Lancelot s’est jeté sur eux pour les séparer.

    — Le temps viendra de vous saigner ; pour celui-ci, il est de ramer ! a-t-il crié en les poussant chacun de leur côté. Placez votre volonté dans ce mouvement, sinon la Parque sera bientôt à bord !

    Je me suis permis d’ajouter pour tenter de calmer le jeu :

    — Je te comprends très bien, Perceval, car j’aime ta sœur Dandrane et je trouverais très difficile pour mon ego de la retrouver dans les bras de quelqu’un d’autre ! Mais si elle avait un autre garçon dans sa vie, cela ne me donnerait pas le droit de le tuer !

    — Encore tes bonnes sympathies de la mer Rique, a-t-il grogné. C’est pénible à vivre, toutes ces manières d’être sans ses tripes ! N’as-tu pas quelque chose dans le ventre qui parfois te brûle, Marvin ? Ne sais-tu pas être un homme ?

    Cette dernière remarque m’avait fait oublier qu’un homme, un vrai, doit être capable de se débrouiller seul, sans l’aide des autres. Il est autosuffisant dans ses actions et même lorsqu’il souffre, il aime mieux endurer le mal que partager sa souffrance. Aussi, un homme véritable doit toujours défendre sa réputation et il est prêt à utiliser l’agression pour se rendre justice. L’émotion et l’empathie, c’est pour les faibles ! Les vrais hommes sont beaux et musclés ; ils sont exceptionnels dans leurs activités physiques et s’engagent dans des occupations masculines stéréotypées comme les sports d’équipe, de combat ou d’adrénaline pure. L’homme véritable doit utiliser la violence pour se faire respecter et toujours avoir le dernier mot sur les décisions dans une relation. Et là, je ne parle pas d’homosexualité qui, bien que présente partout, n’est pas envisageable au grand jour. Si même l’usage était une coutume chez les Romains avant l’arrivée de Christ, on évite le sujet dans le monde chrétien du roi Arthur. De toute évidence, il n’y a aucun chevalier attiré par un autre chevalier dans les rangs des chercheurs de Graal. L’Église enseigne encore au XXIe siècle que l’homosexualité n’a pas sa place dans la vie chrétienne, car telle est la parole des Écritures. Ah ! Une belle hypocrisie !

    — Perceval, tu as le droit d’avoir de la peine et tu as le droit de souffrir ! ai-je ajouté. Tu as le droit d’aimer la reine Guenièvre, le droit de le dire haut et fort et aussi le droit de dire qu’elle t’a mené en bateau, qu’elle n’a pas été honnête avec toi. Ce n’est pas ta faute si tu as été blessé, mais cela ne te donne pas le droit de blesser les autres pour te venger, tu comprends ?

    — Je ne me suis pas fouaillé, Marvin des Étoiles ! Point d’atrabile dans mon sang ! Détrompe-toi, Marvin des… Désabuse-toi de tes… car je… je… Mouaaaaaah !

    Le pauvre garçon est tombé dans mes bras pour pleurer.

    — Pendant qu’il s’apaise auprès du magicien, ramez, vous ! a ordonné Perceval, maintenant aux commandes de notre évasion.

    — Ah ! Quel eunuque ! a grogné Dandrane, toujours en colère.

    — Passe ta rage sur la pagaie ! lui a soufflé Herms à l’oreille. Ce sera plus salutaire !

    Je crois

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