Merlin et la mission de Dieu
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pendant son enfance, Maud Saint Aulnes se sentait différente sans savoir pourquoi. Elle a cherché des réponses à ses questions existentielles tout au long de sa jeunesse, motivée par une souffrance continue. Elle a finalement découvert qu’elle était une indigo, expliquant ainsi les défis de son parcours.
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Aperçu du livre
Merlin et la mission de Dieu - Maud Saint Aulnes
I
Merlin habitait dans sa maison de verre dans la forêt de Brocéliande. Il avait fait construire sa demeure par les ouvriers du royaume, eux qui étaient les artisans d’un savoir-faire qui ne s’apprend pas dans les livres et les maîtres dans l’art de manier le verre. La bâtisse, qui était située dans une clairière, avait été conçue selon les commandements d’une architecture bien pensée. Répondant aux critères de la géométrie sacrée, elle représentait un heptagone régulier dont chaque côté mesurait sept mètres de large sur sept mètres de haut. La primauté avait été donnée à la clarté le jour, pour affirmer la prédominance de la lumière en ce monde, et à la transparence la nuit, permettant à Merlin d’observer le cours des étoiles par le toit de sa demeure. La maison de Merlin avait été construite en 43 jours. Les jointures avaient été scellées avec du plomb pour fermer et protéger son habitation des influences extérieures. Merlin attachait de l’importance à la propreté des énergies qui habitaient son lieu de vie qu’il voulait pur. Un pan de l’heptagone avait été recouvert de 2112 petits vitraux multicolores représentant les quatre éléments, l’eau, l’air, la terre et le feu ainsi que des scènes montrant les végétaux et les animaux qui se trouvaient dans la forêt. Au milieu de ces scènes se dressait le Maître des lieux, Merlin en personne, assis sur le dos d’un cerf blanc majestueux qu’il chevauchait à travers les fougères de Bretagne. Les rayons du soleil qui s’infiltraient à travers les morceaux de verre joints les uns aux autres grâce aux filets de plomb soudés par les artisans verriers, donnaient vie à la végétation, aux cerfs et aux biches, à ces représentations naïves dont les teintes vives s’octroyaient de reflets de lumière.
II
Ganieda, la sœur de Merlin, se souciant pour son frère qui n’avait pas voulu vivre au château avec elle pendant l’hiver, avait demandé à son mari, le roi Rhydderch, de lui accorder la construction de cet édifice magnifique. Il n’avait pas été question d’enfermer Merlin dans un esplumoir de pierres, lui, l’oiseau battant des ailes au milieu de sa forêt, entouré des animaux dont il parlait le langage. Merlin vénérait aussi les chênes pluricentenaires qui se trouvaient dans ses bois et sous lesquels il procédait aux rituels des druides les soirs de pleine lune. Sa maison comptait sept portes, une sur chaque côté de l’heptagone. Lui, l’Architecte des plans Divins auxquels avaient été soumis les meilleurs rois de Bretagne, avait voulu, par ce nombre, rendre hommage au Créateur, qui avait instauré les jours de la semaine au nombre de sept, divisant le cycle lunaire de vingt-huit jours en quatre semaines. Merlin était savant et connaissait aussi le latin. La signification du mot « septimana », « relatif au nombre sept », lui était familière. Les chiffres faisaient partie des choses qui le rattachaient à la matière. Mais son esprit l’avait mené loin des contingences matérielles. Il avait décidé de vivre loin de la cour et des richesses qu’aurait pu lui offrir la position privilégiée de sa sœur. Merlin, qui n’était pas attiré par la richesse, ne voyait nullement la nécessité d’accumuler des métaux précieux tels que l’or et l’argent, ainsi que des pierres rares et des perles dans des coffres. Les étoffes de soie et les tapis venus par bateaux des continents d’Orient ne le ravissaient pas.
Il n’aimait ni le vin ni les plats de prédilection des rois et des reines. Les rôts et autres viandes embrochées englouties par les seigneurs et leurs dames lors des banquets festifs le répugnaient. Il ne s’amusait pas des histoires racontées à la cour et s’ennuyait devant les numéros et chants exécutés par les troubadours qui étaient pourtant souvent venus de très loin à pied pour être de la fête. Les animaux exotiques tels que les singes et les oiseaux en cage ne l’intéressaient pas. Il trouvait son bonheur dans les choses simples, celles de la terre de Bretagne, loin de la vie menée au château de sa sœur et de son beau-frère¹.
III
La nuit était tombée. Il faisait sombre dans la forêt de Brocéliande. Des cris d’animaux se faisaient entendre dans les bois. Bien au-delà de cette vie animée et dissimulée dans l’obscurité, s’étendait la coupole céleste. Merlin suivait le cours des étoiles dans son observatoire à ciel ouvert. La vue était dégagée. Les astres scintillaient dans la voûte des cieux en cette soirée à marquer d’une pierre blanche. C’était la Saint-Sylvestre. Les habitants des châteaux et des villages dans les campagnes environnantes célébraient le passage dans le Nouvel An. Merlin était conscient que cette fête populaire liée au solstice d’hiver avait pris ses origines dans les croyances païennes et s’était installée dans la vie des personnes qui partageaient sa terre.
Lui, l’homme des bois qui n’avait pas trouvé la nécessité d’aller chercher des branches de houx et des bouquets de gui pour décorer son intérieur, avait décidé d’étudier ce soir les étoiles. Il se demandait ce qu’il adviendrait du cheminement du roi Arthur, au fil des jours, encore. Merlin revoyait les scènes qui avaient mené à la conception du plus grand guerrier breton en ces terres. Merlin se rappelait que Dieu avait agencé le destin de la Bretagne par des circonstances non des moindres. Il avait permis à Uther Pendragon et à la reine Ygerne d’engendrer ce héros.
Ainsi, le druide se souvint de la formule de la potion des métamorphoses qu’il avait concoctée pour permettre à Uther de prendre l’apparence du duc de Tintagel. Merlin se rappelait précisément les faits qui avaient mené à cet évènement. Uther était tombé fou amoureux d’Ygerne lors d’un banquet à l’occasion duquel il avait invité tous les ducs et les duchesses de son royaume. Il avait fait de nombreux cadeaux à cette femme majestueuse. Il lui avait offert de longs colliers de pierres précieuses et de perles, mais celle-ci était restée fidèle à son mari et avait refusé et ses cadeaux, et ses avances. Le duc de Tintagel, averti de la situation par sa femme, s’était offusqué de la décontenance du roi et avait brusquement quitté les festivités sans faire ses adieux, emportant avec lui celle qui partageait ses jours. Uther avait ainsi profité de ce faux pas pour lui déclarer la guerre. Il était aux prises avec son désir amoureux et souhaitait passer ses nuits, envers et contre tout, avec celle qui l’avait séduit par sa grande beauté et sa loyauté extraordinaire. Merlin avait essayé de le raisonner, mais rien n’y avait fait. Uther, qui était en mal d’amour, refusait de se nourrir et ne trouvait plus le sommeil². Il perdait les forces attribuées de droit Divin aux rois de France, se laissant aller aux maux de son cœur. Il n’était plus capable de défendre son royaume contre ses ennemis. Alors, Merlin, alerté par la gravité de la chose, avait décidé de s’en remettre à Dieu. Il ne savait que penser et était indécis quant à la probabilité de son intervention dans les affaires d’Uther. C’est dans ces circonstances que Merlin avait imploré le Seigneur en vue