Une maison de grenades
Par Oscar Wilde, Albert Savine et Ligaran
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Oscar Wilde
Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde was born on the 16th October 1854 and died on the 30th November 1900. He was an Irish playwright, poet, and author of numerous short stories and one novel. Known for his biting wit, he became one of the most successful playwrights of the late Victorian era in London, and one of the greatest celebrities of his day. Several of his plays continue to be widely performed, especially The Importance of Being Earnest.
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Aperçu du livre
Une maison de grenades - Oscar Wilde
EAN : 9782335076622
©Ligaran 2015
Le jeune roi
À
LADY MARGARET BROOKE
I
C’était le soir du jour qui précédait la date fixée par son couronnement, et le jeune roi était assis seul dans sa belle chambre.
Tous ses courtisans avaient pris congé de lui, en courbant leur tête jusqu’à terre, ainsi que le prescrivait la cérémonieuse étiquette du temps, et ils s’étaient retirés dans la Grande salle du Palais, pour recevoir quelques dernières leçons du Professeur de Cérémonial, car il en était plusieurs parmi eux qui conservaient des façons par trop naturelles, et cela, ai-je besoin de le dire, c’est chez un courtisan un tort des plus graves.
Le jeune garçon, car c’était un tout jeune garçon, âgé de seize ans au plus, n’éprouvait nul chagrin de leur départ.
Il s’était laissé aller, avec un profond soupir de soulagement sur les coussins moelleux de son lit de repos orné de broderies.
Et il restait ainsi étendu, un rien d’inquiétude farouche dans le regard, la bouche ouverte, comme un brun Faune des bois, ou un jeune animal de la forêt que des chasseurs viendraient de prendre au piège.
Et, en effet, c’étaient des chasseurs, qui étaient tombés sur lui tout à fait fortuitement alors que les membres nus, les pipeaux en main, il suivait le troupeau du pauvre Chevrier qui l’avait élevé et dont il s’était toujours cru le fils.
Né de l’unique fille du Roi, mariée secrètement avec un homme de condition bien inférieure à la sienne. – un étranger qui, disait-on, grâce à la merveilleuse magie de son talent sur la flûte, s’était fait aimer de la jeune princesse, d’autres parlaient d’un artiste de Rimini, auquel la Princesse avait témoigné beaucoup, peut-être beaucoup trop d’honneur, et qui avait brusquement disparu de la cité, laissant inachevés ses travaux dans la cathédrale, – il avait été enlevé, alors qu’il n’était âgé que de huit jours, des côtés de sa mère, pendant que celle-ci dormait, et confié aux soins d’un pauvre paysan et de sa femme.
Ces gens-là n’avaient pas d’enfants, et ils habitaient dans la partie la plus lointaine de la forêt, à plus d’une journée de marche à cheval de la ville.
Le chagrin, – ou la peste, à ce qu’affirmait le médecin de la cour, – ou comme certains le donnèrent à entendre, un rapide poison italien, administré dans une tasse de vin épicé, – fit périr, une heure après son réveil, la blanche demoiselle qui avait donné le jour au jeune roi.
À l’heure même où le messager de confiance qui emportait l’enfant couché en travers de sa selle, descendait de son cheval fatigué, et frappait à la porte grossière de la hutte du chevrier, le corps de la Princesse était déposé dans une fosse ouverte, qui avait été creusée dans un cimetière abandonné, en dehors des portes de la ville, tombe dans laquelle il y avait déjà un autre cadavre, celui d’un jeune homme d’une merveilleuse et exotique beauté, qui avait les mains liées derrière le dos avec une corde aux nœuds multiples, et dont la poitrine était criblée de rouges blessures faites par le poignard.
Du moins voilà l’histoire que les gens se racontaient tout bas.
Ce qui est certain, c’est que le vieux Roi, quand il fut à son heure dernière, soit qu’il fut touché par le remords de son grand crime, soit qu’il désirât tout simplement que le trône ne sortît pas de sa lignée, avait envoyé chercher le jeune garçon, et l’avait reconnu comme son successeur, en présence du conseil.
Et il paraît que dès le premier instant où il fut reconnu, il montra des indices de cette étrange passion pour la Beauté qui était destinée à exercer une si grande influence sur sa vie.
Ceux qui l’accompagnèrent dans l’enfilade de chambres, qui étaient réservées à son usage, parlèrent souvent du cri de plaisir qui s’échappa de ses lèvres à la vue du costume raffiné et des riches joyaux qui avaient été préparés pour lui, et de la joie presque farouche avec laquelle il jeta loin de lui sa tunique de grossière basane, et son rude manteau en peau de mouton.
À vrai dire, il lui arrivait de regretter la charmante liberté de sa vie dans la forêt, et il ne subissait jamais que de mauvaise grâce l’ennuyeux cérémonial, de la cour, qui absorbait une si grande partie de ses journées.
Mais le merveilleux palais, – Joyeuse comme on le nommait, – dont il se voyait désormais le maître, lui apparaissait comme un monde nouveau créé exprès pour lui plaire.
Et sitôt qu’il pouvait s’esquiver de la table du conseil ou de la salle d’audience, il courait au grand escalier, orné de lions en bronze doré, aux marches de brillant porphyre.
Il errait de salle en salle, de corridors en corridors.
On eut dit quelqu’un qui cherche à trouver dans la Beauté un remède contre la douleur, une sorte de reprise de force après la maladie.
En ces voyages de découvertes, ainsi qu’il les nommait, – et c’étaient vraiment pour lui de véritables voyages à travers un pays enchanteur, – il était parfois accompagné des pages de la cour, aux corps élancés, aux cheveux blonds, avec leurs manteaux flottants, leurs rubans voltigeant, aux couleurs gaies.
Mais le plus souvent il restait seul.
Il sentait grâce à un vif instinct qui équivalait presque à de la divination, que c’est dans l’isolement que s’apprennent le mieux les secrets de l’Art, et que la Beauté, comme la Sagesse, aime l’adorateur solitaire.
Il courut bien des anecdotes curieuses à son sujet pendant cette période.
On disait qu’un gros Bourgmestre venu pour débiter une harangue fleurie au nom des citoyens de la ville, l’avait surpris agenouillé, en réelle adoration devant un grand tableau qu’on venait d’apporter de Venise, et cela semblait faire présager le culte de divinités nouvelles.
Une autre fois, il avait disparu pendant plusieurs heures, et après l’avoir longtemps cherché, on l’avait découvert dans une chambrette d’une des tourelles du nord du palais, où il contemplait, comme dans une extase, une gemme grecque sur laquelle était gravée la tête d’Adonis.
À en croire le récit, on l’avait vu poser ces lèvres chaudes sur le front de marbre d’une antique statue qui avait été découverte dans le lit du fleuve, lors de la construction du pont de pierre, et sur laquelle était inscrit le nom de l’esclave bithynien d’Adrien.
Il avait passé une nuit entière à étudier les effets du clair de lune sur une image d’argent qui représentait Endymion.
Chose certaine, toutes les matières rares et de haut prix avaient pour lui un grand attrait.
Dans son empressement à les acquérir, il avait envoyé au loin de nombreux marchands, les uns pour acheter de l’ambre aux pêcheurs des mers du Nord, les autres pour chercher en Égypte cette curieuse turquoise verte qui se trouve uniquement dans les tombes royales, et qui passe pour douée de vertus magiques.
D’autres devaient acquérir en Perse des tapis de soie, de la poterie peinte.
D’autres allaient dans l’Inde chercher de la gaze, de l’ivoire coloré, les pierres de lune, des bracelets de jade, du bois de santal, de l’émail bleu et des châles de fine laine.
Mais ce qui l’occupait le plus, c’était la robe qu’il devait porter à son couronnement, la robe d’or tissé, et la couronne parsemée de rubis, et le sceptre, avec ses rangées et ses cercles de perles.
Et en effet c’était à cela qu’il pensait ce soir-là, allongé sur sa couche somptueuse, les yeux fixés sur la grosse bûche de pin qui se consumait dans la largeur du foyer.
Les dessins, qui sortaient de la main des artistes les plus fameux de l’époque, lui avaient été soumis plusieurs mois auparavant.
Il avait donné des ordres pour que les artisans travaillassent nuit et jour à leur exécution, pour qu’on fouillât l’univers afin de trouver des joyaux qui fussent dignes de leur travail.
Il se voyait en imagination debout devant le maître-autel de la cathédrale, dans le beau costume royal.
Un sourire se jouait et s’attardait sur ses lèvres d’adolescent, et éclairait d’un reflet brillant ses yeux noirs de forestier.
Au bout de quelques instants, il quitta sa couche et s’appuyant sur le manteau sculpté de la cheminée, il jeta un regard circulaire sur la chambre plongée dans une demi-obscurité.
Les murs étaient tendus de riches tapisseries représentant le triomphe de la Beauté.
Une grande commode, incrustée d’agathe et de lapis-lazuli, garnissait un angle, et en face de la fenêtre se dressait un cabinet curieusement travaillé, avec des panneaux laqués d’or mat et des mosaïques, sur lequel étaient rangés quelques grêles gobelets de verre de Venise et une coupe d’onyx aux veines sombres.
De pâles pavots étaient brodés sur la couverture de soie du lit.
On eût dit qu’ils étaient tombés des mains lasses du Sommeil.
De longs roseaux en ivoire à cannelures supportaient le dais de velours, duquel partaient de grands panaches en plumes d’autruche, pareils à une écume blanche, montant jusqu’au pâle argent du plafond à caissons.
Un Narcisse rieur en bronze vert soutenait au-dessus de sa tête un miroir poli.
Sur la table se voyait une coupe plate d’améthyste.
Au-dehors, le jeune roi apercevait le dôme colossal de la cathédrale, surgissant comme une bulle au-dessus des maisons aux contours indécis.
Les sentinelles, lasses de leur faction, allaient et venaient, parmi le brouillard, sur la terrasse du fleuve.
Bien loin, dans un verger, un rossignol chantait.
Un vague parfum de jasmin entrait par la fenêtre ouverte.
Le Roi rejeta en arrière de son front ses boucles brunes et prenant un luth, il promena au hasard ses doigts sur les cordes.
Ses paupières alourdies s’abaissèrent.
Une langueur singulière s’empara de lui.
Jamais jusqu’alors il n’avait éprouvé d’une façon aussi aiguë, avec une joie aussi exquise, la magie et le mystère des
