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Chroniques du Haut Conseil
Chroniques du Haut Conseil
Chroniques du Haut Conseil
Livre électronique133 pages1 heure

Chroniques du Haut Conseil

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À propos de ce livre électronique

Sur ordre du Haut Conseil et suivant la procédure applicable en ces circonstances, je me suis rendu à la demeure du Mage afin d’enquêter et, éventuellement, élucider les raisons de sa très mystérieuse disparition.
Sur présentation de mes qualités de représentant du Haut Conseil du Royaume, les autorités de Police m’ont accompagné sur les lieux où l’homme vivait et demeurait, seul et sans domesticité, et m’ont donné plein accès à toutes les preuves et compte-rendu des investigations menées par leur services.
Il s’avère donc que nulle trace d’agression n’a été trouvée sur place, ni bris d’objets, ni traces de sang, ou autre chose susceptible de témoigner d’une tentative de nuire ou porter atteinte à sa personne. Comme l’a fait remarqué le capitaine de Police : « l’homme semble s’être tout bonnement envolé, pfuitt ! » (sic). De même, et selon les constatations des autorités locales rien n’a, semble-t-il, été dérobé.
Le seul indice récupéré sur les lieux se présente sous la forme d’un journal écrit de la main même de la victime. Aussitôt saisi, et étant donné qu’il y est fait mention d’agent du Haut Conseil opérant en mission, le document a été scellé au moyen d’un cachet de cire aux armes de nos services.
Selon la procédure habituelle dans les affaires touchant de près ou de loin, à des personnalités ayant eu des contacts ou ayant travaillé pour le Haut Conseil, le document saisi sera remis aux Archives...

LangueFrançais
Date de sortie5 juin 2015
ISBN9781310201073
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    Aperçu du livre

    Chroniques du Haut Conseil - Jean De Thomas

    J’ai repris ma plume. Belle plume d’oie, ma foi, légère et d’une immaculée blancheur… contraste parfait avec la teneur sombre et lourde de ce que je m'apprête à coucher par écrit. Voici déjà quelques jours que j’ai abandonné mon ouvrage pour vaquer à d’autres occupations. Enfin, d’autres occupations… Quelle présomption !!! Qu’ai-je donc à faire de si particulier, moi vieillard devenu cacochyme ? Mes os craquent, mes muscles fondent et je n’ai jamais brillé par mon habilité manuelle. Non, je traîne… De ma chambre à la bibliothèque, errant par les longs couloirs glacés de cet édifice aux murs humides. Parfois, il m'arrive de tuer le temps en observant les cafards à deux pattes qui s’agitent au bas de ma tour…. Rien de vraiment passionnant, en somme.

    Me voilà donc de nouveau attablé, plume taillé et encrier rempli, prêt à reprendre le cours de mon histoire. La chose ne m’est pas aisée. Outre le fait que mon esprit ne cesse de battre la campagne, l’écriture n’est pas un exercice dans lequel j’excelle, ni n’y trouve grand plaisir, du reste. En vérité, c’est même avec franche répugnance que je m’y attelle. Mais, conduit par un nécessaire devoir de mémoire, il m’en faut reprendre le cours !!

    A peine commencé, la lassitude m’envahit... Chaque jour et chaque nuit de ce qu’il reste de mon existence se partage entre le désir d’oublier et de fuir ce qui hante mes rêves et mes pensées depuis tant d’années, et le besoin de coucher cette histoire sur ce parchemin..

    L’homme ne devrait pas voir certaines choses… Cette phrase que j’ai bien souvent entendu de la bouche de mes Maîtres, à l’Académie, et qui raisonnait comme une mise en garde alors que je n’étais qu’un jeune apprenti, m’a tant fait ricaner… Etrange préambule pour des gens qui s’apprêtent à vous enseigner l’art des choses à ne pas savoir justement !!! Il me semblait alors, au contraire, que le monde et ses merveilles s’offraient à moi, prêts à être conquis. Mais, dans le crépuscule de l’âge, je dois bien reconnaître qu’il est des vérités qui dépassent tout simplement notre entendement. J’en témoigne pour les avoir vu. Et oui, Il y a des portes qui doivent rester closes. Car bien des choses sont au-delà de ce que nos pauvres esprits de chair sont capables d’appréhender. Des choses auxquelles il vaut mieux éviter de se frotter, au risque de s’y souiller l’âme.

    Et pourtant, Ami Lecteur, je peux affirmer que j’étais préparé à cela. N’y voit nul orgueil de ma part, mais c’est un fait. Certainement plus, que mes compagnons. Hormis le prêtre, peut-être. Qui sait ce qu’ils sont devenus ….

    Je suis un Mage. Enfin, plus exactement, j’étais un Mage, car depuis ces funestes instants, les arts occultes me laissent indifférents. Je m’en tiens, dorénavant, à l’étude des livres.

    J’ai vu, vécu des choses que bien peu d’êtres humains ont connues. Parfois des merveilles, plus souvent des horreurs. En fait, de par la nature de ma science, mes actes m’ont portés plus facilement vers l’horreur que le merveilleux… Mais j’y ai survécu, quoique ma foi en la réalité des choses de ce bas-monde n’en soit ressortie considérablement amoindrie…

    Il est certain que mon action et celle de mes compagnons permit de sauver les êtres de ce monde des plus terribles conséquences. Malheureusement, et selon la loi du genre, il est aussi possible que nous ayons déclenché des évènements dont nous ne pouvons, aujourd’hui, mesurer les implications… Des enfants jouant avec des forces qui les dépassent, vous dis-je…

    Et tout bien considéré, à quoi cela a t’il bien pu servir ?? Nonobstant le fait que le Mal a une propension naturelle à revenir insidieusement, où que mon regard se tourne, je ne vois que violence et cupidité. Peut-être, avec le recul, ne me serais-je pas engagé dans cette aventure. Le monde aurait alors sombré dans le chaos… Et alors ? Après tout, me direz-vous, le chaos en ce monde est quotidien. Il semblerait même qu’il soit appelé de leurs vœux par la plupart des créatures de cette terre …

    Me voici donc à ruminer dans cette tour humide, ouverte aux quatre vents, reclus comme un malade et un paria. Malade, sans nul doute, je le suis, touché dans mon corps et mon esprit et, plus grave peut-être, dans mes croyances et valeurs. Mais ce ne sont là que regrets et jérémiades de vieillard.

    Je me meurs à petit feu, consumé lentement. Mais après tout, n’est-ce-pas notre lot que de n’être sur cette terre, faible ou fort, que pour un fugace instant ? Ah, comme la main qui tient cette plume est agitée de tremblements !!

    Ces derniers temps, la nuit, alors que je déambule dans les recoins obscurs des salles vénérables de ce lieu, il me semble être sujet à de bien curieuses impressions : un raclement sur la pierre, un déplacement d’air, un halo bleu ... Rien que de très banal, me direz-vous, voire hallucinations d’un vieillard insomniaque… Cependant, certains moments, l’effluve d’un parfum singulier, senteur inconnue de ce monde, vient caresser mes narines. Comme si quelqu’un ou quelque chose brusquement entr’ouvrait une porte vers on ne sait quel ailleurs …

    Les ombres paraissent alors animées d’une vie qui leur est propre et il me semble ne plus être aussi seul. Se pourrait-il… ?

    Allons Vieillard !!! Ton esprit bat encore la campagne !! Tiens donc ta plume d’une main ferme et déroule ton récit.

    Comment un simple voyageur devient un aventurier.

    Cette histoire commença alors que j’avais déjà entamé depuis longtemps mon périple d’érudit. Nanti d’une expérience de la vie déjà conséquente, (et, je dois bien le reconnaître, sans fausse modestie, auréolé d’une certaine renommée), j’avais entrepris ce projet longtemps différé. Par monts et par vaux, j’avais ainsi parcouru de nombreuses lieues, traversé de nombreuses contrées et vu de nombreuses choses. A l’époque, j’aurais avalé n’importe quelle distance pour mettre la main sur un incunable ou un ouvrage de prix.

    Je ne dirais pas que c’est par une belle journée que je parvins à ce village et prit lit dans cette auberge. Non. C’était un de ces jours crasseux, où la boue colle à vos bottes et où la pluie se déverse en torrent sous vos vêtements détrempés, vous glaçant la moelle.

    A bien y réfléchir, il n’y aurait pu avoir meilleur préambule à cette histoire.

    Le lieu était cependant confortable, peu fréquenté malgré l’époque. Quelques gens du cru, du genre plutôt rustiques, tout au plus. L’aubergiste, homme affable et doté d’une bonne nature, m’avait accordé une place de choix. Une table située un peu à l’écart, non loin de l’âtre. Un bon feu me chauffait agréablement le dos. J’avais l’impression d’être tout environné de vapeur tant la laine de mon manteau rendait l’humidité sous l’effet de la chaleur.

    Un repas, simple mais remarquablement délicieux, agrémenté d’une bonne bière, les conversations à mi-voix, bref : tout concorda pour créer en moi un délicieux sentiment d’abandon, et c’est avec bonheur que je me laissais aller à une petite sieste.

    Si bien que lorsque la porte s’ouvrit, je ne prêtais guère attention au petit groupe d’arrivants qui se présenta. Epuisé et repu, j’étais déjà plongé dans une douce somnolence.

    C’est le craquement des chaises qui me réveilla. Emergeant avec lenteur du monde des rêves, j’eu le déplaisir de constater que je n’étais plus seul.

    Face à moi se tenait deux personnages. Installés à ma table, ceux-ci me regardaient, attentifs et sans gêne aucune, d’une manière que j’estimais des plus impolie. Une femme d’âge mûr assez quelconque d’apparence sans être laide, brune et vêtue comme un homme et un jeune blondinet de bonne tenue, vêtu comme un page et épée au côté, me toisaient sans vergogne.

    Ai-je grommelé ? Je ne m’en souviens plus, mais c’est probable, car ce que je désirais rien moins que tout à ce moment-là : c’était de la compagnie.

    - Magicien ?

    Ce fut l’unique mot que prononça la femme tout en me détaillant de ses yeux sombres. Un regard direct, franc, empreint de froideur, qui ne trahissait, au demeurant, pas grand-chose de son humeur. En tout cas, elle ne me sembla pas hostile. Je n’y prêtais pas garde à l’époque, mais maintenant que j’y repense, la manière dont elle prononça ce mot sonna plutôt comme une affirmation que comme une question.

    Cette unique déclaration me fit l’effet d’une gifle. Je compris immédiatement que cela n’augurait que d’une chose : ennuis et problèmes en perspective.

    Je suppose que j’ai grimacé, n’ayant jamais été très doué pour exprimer oralement mes sentiments. De surcroit, la mise des deux individus m’invita à

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