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Astacus Astacus: Recueil de nouvelles
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Livre électronique118 pages1 heure

Astacus Astacus: Recueil de nouvelles

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À propos de ce livre électronique

Un recueil de nouvelles d'où ne reste que l'essence même du récit.

Astacus ou comment dynamiter la carapace du temps.
Quant à la raison, c’est peu d’écrire qu’elle est d’emblée mise à mal : La véritable énigme, n’est-ce pas le rationnel ?
Dans ce recueil de nouvelles G. Richardot dynamite, il gomme ce qui reste, il estompe les derniers contours, ne conservant du récit qu’une trame rognée jusqu’à l’os, libérée jusqu’à l’émerveillement.
Les repères temporels se trouvant explosés, tout peut advenir... Les états psychologiques deviennent des instants d’existence, flottant comme icebergs séparés par le réchauffement climatique (de fait, l’Apocalypse n’est jamais loin).
Si les outils traditionnels du narratif subissent ici un gommage troublant, l’écriture réunifie le tout, donne son armature au texte ; sa tenue reconstitue et livre des splendeurs roboratives...
Et le merveilleux s’agence au coeur de la construction architecturale, musicale du recueil.
Yves Ughes.
Poète-essayiste / Extrait du prologue

Laissez-vous porter par ces 13 nouvelles à la narration surprenante, mais dont l'écriture et les textes offrent une grande unité au recueil.

EXTRAIT DE Keep out

À cette époque, que – mon récit devant éclairer le paradoxe – je dirai à la fois récente et ancienne, je vivais sans conflits mon personnage d’amazone jeune et libre d’attaches. À défaut de me passionner, le travail occupait convenablement le temps dû à l’activité. Mon deux-pièces d’un quartier tranquille m’épousait douillettement, tel un vêtement de tous les jours s’étant fait à vos exactes mesures. De mes meubles je ne mentionnerai que le rocking-chair, où je m’installais à contre-jour pour recevoir un garçon avec qui bavarder en sirotant un verre, jusqu’à ce que, pour peu qu’il m’en donnât l’envie, nous fassions l’amour. Et le lit. Quand m’avait quittée mon partenaire, titulaire ou de simple passade, quelle seconde délectation, découlant de la première mais autrement subtile, de m’y blottir, drap sous le menton !
Sans être la beauté conventionnelle, j’attirais les hommes : ils appréciaient mon côté sauvageonne et une spontanéité les maintenant en alerte. Payer un juste écot à la sociabilité, et, moins parcimonieusement, au sexe, rêvasser, dormir : cette vie, pouvant paraître monotone, je m’en accommodais dans le présent, prête à l’infléchir sitôt que j’en déciderais.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Georges Richardot est né à Epinal (Vosges), en l’an… (là, tout en bas du menu déroulant). De longue date a élu résidence à Vence (Alpes-Maritimes). Parrainé dans ses débuts (roman, poésie) par Raymond Queneau.
LangueFrançais
Date de sortie14 janv. 2019
ISBN9782950039415
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    Aperçu du livre

    Astacus Astacus - Georges Richardot

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    ASTACUS ASTACUS

    (Nouvelles)

    Georges Richardot

    ASTACUS ASTACUS

    (Nouvelles)

    La véritable énigme, n’est-ce pas le rationnel ?

    Prologue

    Astacus

    Ou comment dynamiter la carapace du temps

    Astacus : crustacés de la famille des décapodes.

    Mais attention, il ne faut pas confondre L’Astacus leptodactylus, aux pattes grêles et ridicules, et l’astacus astacus, l’écrevisse à pattes rouges.

    Georges Richardot a opté pour la deuxième catégorie comme un « lot de rationalités, aptes à maintenir sur un axe assuré son être ».

    Cet axe reste à établir d’ailleurs, de même que l’identité de l’être Où s’arrêterait le saccage de mon intimité ?

    Quant à la raison, c’est peu d’écrire qu’elle est d’emblée mise à mal : La véritable énigme, n’est-ce pas le rationnel ?

    Où va-t-on ainsi ? À pas d’écrevisse, non loin des cascades où la pensée chavire ? Vers quelle saisie, par quelle lecture ?

    Dans ce recueil de nouvelles G. Richardot dynamite, il gomme ce qui reste, il estompe les derniers contours, ne conservant du récit qu’une trame rognée jusqu’à l’os, libérée jusqu’à l’émerveillement.

    Dans la dernière phase du livre, s’imposent deux symboles forts : un agencement de pendules et une montre gousset, dont le verre sera d’ailleurs fracassé et dont les aiguilles vont être figées. Le problème du temps se pose ainsi avec force.

    À force même d’humilité, le tic-tac de l’oignon prenait un relief oppressant au cœur du vacarme des pendules de haut rang, chacune, pour son propre compte, acharnant sa vie mécanique, battant le vide à la façon d’un rameur solitaire, obstiné à vaincre le cours de l’inexistence même.

    Paradoxalement, ce vecteur-temps, une fois disparu, traversera toutes les narrations comme un malaise cadencé, rythmé. Comme un battement de l’écriture.

    Les heures, les jours et les années ne manquent pas d’être malmenés, de subir accélérations et immobilisations soudaines, ralentissements et explosions.

    Il se trouve que le temps est la donnée fondamentale d’une histoire, il lui donne linéarité et cohérence, il agence les événements avec ordre, il établit même un échange entre le fonctionnement intérieur du personnage et l’écoulement objectif du cours du monde.

    Avec ce malaxage des époques et des minutes qui lui est propre, G. Richardot dissout toutes les données traditionnelles du récit. Voici une femme qui découvre un enfant, un adolescent (?) un adulte (?) sonnant à sa porte ; à l’instar de l’être cher à Verlaine, il n’est jamais « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. » Par un curieux paradoxe, ses contours s’estompent alors même qu’il s’impose dans le cours de l’action. Jusqu’au mystère final.

    Les repères temporels se trouvant explosés, tout peut advenir.

    Voici un bébé qui tombe du ciel, un double qui sort de soi, un Christ tombé de ses clous, des poupées qui viennent doubler, multiplier une amante.

    Dans un tel tumulte, les états psychologiques deviennent des instants d’existence, flottant comme icebergs séparés par le réchauffement climatique (de fait, l’Apocalypse n’est jamais loin). On entre dans l’épaisseur d’un moment vécu, mais il nous faut œuvrer pour situer l’îlot dans l’ensemble de la dérive, car nul continent n’est fixe dans ce voyage ayant pour tout slogan publicitaire : voyagez avec E : MC2.

    Même la perception en est inversée : À l’orée de la nuit, la ville ressemblait à son propre négatif.

    Le lecteur avance ainsi dans une estompe permanente. À lui de recomposer.

    Si la lecture est exigeante, elle ne manque pas de points d’appui.

    En son travail, le texte libère des espaces qui relèvent de l’émerveillement. Voici une femme « belle à enlacer superbement le temps ».

    Si les outils traditionnels du narratif subissent ici un gommage troublant, l’écriture réunifie le tout, donne son armature au texte ; sa tenue reconstitue et livre des splendeurs roboratives, viatiques incitant à poursuivre la route « Ainsi, elle vivait, attendant, enchâssée dans ce ventre aride en quoi s’était métamorphosé le monde, qu’on vînt la libérer. »

    Et le merveilleux s’agence au cœur de la construction architecturale, musicale du recueil. Entre chaque nouvelle se présente un fragment « Astacus-Pieds-Rouges ». La numérotation va de 1 à 6. Comme un contrepoint à la narration, ces instants introduisent un mystère supplémentaire, une énigme à décrypter, qui recèle sans doute la clé des champs, la clé des temps. Colonne vertébrale se construisant autour de la chair des récits, atteinte par l’usure, elle recompose l’ensemble.

    Architecture en clé de voûte, qui traverse et s’élève jusqu’à atteindre une concrétisation totémique, saugrenue, outrecuidante de… d’une écrevisse monstrueuse !

    Yves Ughes.

    Poète-essayiste

    KEEP OUT

    À cette époque, que – mon récit devant éclairer le paradoxe – je dirai à la fois récente et ancienne, je vivais sans conflits mon personnage d’amazone jeune et libre d’attaches. À défaut de me passionner, le travail occupait convenablement le temps dû à l’activité. Mon deux-pièces d’un quartier tranquille m’épousait douillettement, tel un vêtement de tous les jours s’étant fait à vos exactes mesures. De mes meubles je ne mentionnerai que le rocking-chair, où je m’installais à contre-jour pour recevoir un garçon avec qui bavarder en sirotant un verre, jusqu’à ce que, pour peu qu’il m’en donnât l’envie, nous fassions l’amour. Et le lit. Quand m’avait quittée mon partenaire, titulaire ou de simple passade, quelle seconde délectation, découlant de la première mais autrement subtile, de m’y blottir, drap sous le menton !

    Sans être la beauté conventionnelle, j’attirais les hommes : ils appréciaient mon côté sauvageonne et une spontanéité les maintenant en alerte. Payer un juste écot à la sociabilité, et, moins parcimonieusement, au sexe, rêvasser, dormir : cette vie, pouvant paraître monotone, je m’en accommodais dans le présent, prête à l’infléchir sitôt que j’en déciderais. Ma solitude elle-même ne résultait pas d’un vœu, et il ne tenait qu’à un candidat motivé de m’en détourner.

    Mon lit, le soir où commence l’aventure, je m’y prélassais. J’avais laissé partir Daniel, mon abonné du moment, sans le raccompagner au seuil, ni réunir le courage suffisant pour faire toilette. Le nez dans l’oreiller, je savourais ma fainéantise, quand je fus brusquée par le carillon de l’entrée. À cette heure tardive, qui pouvait se manifester, hormis Daniel, ayant constaté quelque oubli ? Non sans maudire l’étourdi, j’allai ouvrir.

    Découvrant sur le palier un garçon de huit-neuf ans, je repoussai le battant, en sorte de lui épargner le traumatisme de ma nudité. Par l’entrebâillement, il me tendait un trousseau : « S’cusez, m’dame, trouvé ces clés dans le couloir. Sont pas à vous ? » Je secouai la tête. « Ah bon. Ben, au revoir, m’dame. » Et il s’en fut.

    Ayant refermé, je passai sous la douche. À peine l’eau revigorante me dispensait-elle ses bienfaits que je réalisai ce qu’avait d’insolite l’irruption nocturne d’un enfant. Sans fréquenter mes voisins, j’en savais assez d’eux pour exclure qu’il habitât l’immeuble. M’essuyant en hâte, je courus à la porte, pour le cas où, égaré, en quête d’assistance, il eût improvisé ce prétexte. Disparu. Regagnant mon lit, je pris un livre.

    Cet incident bénin me sortit de l’esprit, dès que, le lendemain, dans la routine cancanière de la reprise, j’en eus fait part à mes collègues, à qui il inspira l’assaut de facilités grivoises qu’on imagine.

    Une semaine environ s’écoula. Soyons précis : cela nous amène au vendredi soir suivant. Nous avions un bon pied dans le printemps. J’avais décidé de me coucher tôt, voulant m’affûter en prévision d’un week-end agréablement pourvu. Je musardais dans mon bain… Dring… Il était courant que des camarades passent à l’improviste. Si j’appréciais peu qu’on vînt directement à ma porte, il suffisait que celle de l’immeuble ne fût pas fermée pour que, se croyant élus à ce degré d’intimité, d’aucuns négligent de s’annoncer. Sortant de l’eau, j’enfilai un peignoir afin de faire front à l’intrus.

    Je me trouvai nez à nez avec un adolescent. À ma vue, il ouvrit de grands yeux, bredouilla une excuse, tourna les talons. Je regagnai la salle de bains. Considérant l’image du miroir, je me pris à songer que l’affleurement de si fringants attraits eût excusé, sinon justifié, quelque initiative incontrôlée de mon jeune visiteur.

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