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Albertine des abysses: L'heure où chante le rossignol
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Albertine des abysses: L'heure où chante le rossignol
Livre électronique183 pages2 heures

Albertine des abysses: L'heure où chante le rossignol

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À propos de ce livre électronique

La rencontre entre M. et Andrée, alter-égos de Marcel Proust et Lucienne/Albertine.

Le lecteur est invité à entrer dans une schizophrénie faisant basculer le personnage principal, M., dans une assimilation partielle mais déterminante avec Marcel Proust.
Ce phénomène le conditionne dans sa relation avec deux femmes, du coup attirées dans la nébuleuse proustienne. Venue en droite ligne de cette fiction, Andrée finira par prendre au côté de M., se retirant dans la consomption physique, la place de l’aimée, Lucienne/Albertine.
Osmose corruptrice entre rêve et réalité, dans un chevauchement des temps, des personnalités, voire des modes de narration. À la verticale des amours, heure où chantera le rossignol. Heure où s’inscriront les mots-flammes : Mane, Thecel, Phares…
À des lustres de distance, ce livre n’est pas sans donner un écho crépusculaire au Peintre et son Modèle (Nouvelles Éditions Oswald, 1981) dont le préfacier Pierre Boudot écrivait : “Tel est ce roman, immense par son sujet, écrit par Richardot dans un style halluciné d’où surgit, subtile et conquérante, évanescente et séductrice, l’androgyne silhouette botticellienne.”
“Déroutante habileté… adresse stylistique confondante… un texte important qui m’a fasciné.” René REOUVEN.

Entre assimilation à l'univers proustien et récit d'un amour aux multiples facettes, un roman au style si caractéristique de George Richardot.

EXTRAIT

Pour le choix du lieu il s’en remit au hasard, lequel, par une coïncidence qu’il ne se soucia pas de démêler, désigna la ville de ses études.
Depuis plusieurs années, sa vie professionnelle s’était stabilisée à un rythme de croisière satisfaisant, lui procurant plus que le nécessaire en moyens matériels et satisfactions d’amour-propre. Ce qui l’incita à quitter Paris, davantage que des déboires d’ordre privé ou quelques alertes de santé auxquelles il ne concéda qu’une inquiétude passagère, ce fut le sentiment de devoir remédier au désintérêt qui le gagnait, de trancher des attaches en voie de dessèchement, d’acquérir une nouvelle liberté à réinvestir dans le projet à la fois indécis et exigeant venant de prendre pied en lui.
L’immersion dans l’anonymat de la province lui permettrait ce qu’il entrevoyait comme une seconde naissance. À l’inverse de la capitale, une agglomération moyenne ne se ferait pas étouffante, lui offrant ce qu’encore il pensait attendre d’une ville : des flâneries, des ombres, des flashes, l’instance d’une violence jour à jour conjurée. Sirènes, fracas de freins, d’accidents, squares sclérosés par la vacuité de leurs nuits, attroupements peu conscients même d’être enfants orphelins de la multitude ; une vitrine d’art, l’instantanéité dérangeante d’une quelconque tentation.

À PROPOS DE L'AUTEUR

“Un texte, je le reprendrai, dans quelques mois, quelques années, quand il aura cessé d’être à vif, dès lors engourdi d’une anesthésie naturelle propice à la chirurgie. Et puis d’autres fois, d’autres fois, jusqu’au Jugement Dernier…”
Né il y a quelques lustres (sic) à Épinal (Vosges), Georges Richardot est établi à Vence (Alpes-Maritimes).
LangueFrançais
Date de sortie28 mars 2019
ISBN9782950039460
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    Albertine des abysses - Georges Richardot

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    Georges RICHARDOT

    Albertine des Abysses

    L’heure où chante le rossignol

    Roman

    À Marcel Proust, Joseph Delteil, Pierre Klossowski.

    Préface

    Comme Orphée recherchant Eurydice, le protagoniste de Georges Richardot s’aventure jusqu’au royaume des brumes pour y retrouver cette Albertine Simonet, morte à vingt ans d’une chute de cheval, qui vient hanter ses nuits : Albertine, prisonnière de ses rêves, fugitive de sa raison, séduisant fantôme qu’il croit reconnaître en Andrée, puis en Lucienne, et dont le deuil lui sera finalement bénéfique, tant la douleur peut se révéler inspiratrice du créateur…

    Venant à la rescousse de ses fièvres, sont convoqués ici d’autres personnages, issus du même théâtre d’ombres, Robert, le baron de Charlus, Morel, Rachel… mais lui, lui, qui est-il ? Tantôt « il », tantôt « je », tantôt « M » (comme Marcel, et Marcel comme Proust), cet étranger aux mains nues fustige ses songes par l’ironie, se risque aux frontières du désespoir, et se croit jusqu’au bout en quête des autres, pour se retrouver toujours en quête de lui-même.

    Analyse fiévreuse, parfois paroxystique, où illusion et réalité s’affrontent, se confrontent, s’interpénètrent, comme dans les batailles du sexe, l’auteur montrant dans le traitement psychologique de ses personnages une adresse stylistique confondante pour traduire le passage du rêve à la réalité, et vice-versa.

    Toujours en quête d’Albertine, le personnage « il », « je », « M ») finit par avoir recours aux artifices les plus saugrenus par lesquels il croit pallier sa dichotomie onirique : les madeleines, parbleu, les fameuses madeleines, drogues des souvenirs, agents catalyseurs des nostalgies proustiennes…

    Georges Richardot va ainsi autopsier son personnage dans les délires les plus intimes, le conduisant, avec une déroutante habileté, jusqu’au bout de sa route, vers la salvatrice banalité de la résignation.

    Et ce n’est pas pour rien que le récit se termine par l’évocation des trois inscriptions apparues au festin de Balthazar, afin de lui rappeler l’inanité de toutes choses :

    MANE… THECEL… PHARES…

    René Reouven

    Prix Cazes

    Grand prix de littérature policière

    Prix Mystère de la Critique

    Grand prix Paul Féval

    Alias René Sussan

    Grand prix de la Science-Fiction française

    Grand prix de l’ imaginaire

    Membre du jury du Grand prix de littérature policière

    Première partie

    1

    Pour le choix du lieu il s’en remit au hasard, lequel, par une coïncidence qu’il ne se soucia pas de démêler, désigna la ville de ses études.

    Depuis plusieurs années, sa vie professionnelle s’était stabilisée à un rythme de croisière satisfaisant, lui procurant plus que le nécessaire en moyens matériels et satisfactions d’amour-propre. Ce qui l’incita à quitter Paris, davantage que des déboires d’ordre privé ou quelques alertes de santé auxquelles il ne concéda qu’une inquiétude passagère, ce fut le sentiment de devoir remédier au désintérêt qui le gagnait, de trancher des attaches en voie de dessèchement, d’acquérir une nouvelle liberté à réinvestir dans le projet à la fois indécis et exigeant venant de prendre pied en lui.

    L’immersion dans l’anonymat de la province lui permettrait ce qu’il entrevoyait comme une seconde naissance. À l’inverse de la capitale, une agglomération moyenne ne se ferait pas étouffante, lui offrant ce qu’encore il pensait attendre d’une ville : des flâneries, des ombres, des flashes, l’instance d’une violence jour à jour conjurée. Sirènes, fracas de freins, d’accidents, squares sclérosés par la vacuité de leurs nuits, attroupements peu conscients même d’être enfants orphelins de la multitude ; une vitrine d’art, l’instantanéité dérangeante d’une quelconque tentation. Bref, ce que dégorgent ces canaux urbains qu’avec une rare pertinence on a baptisé des artères. Artères, rues, qu’enfile le temps citadin à la manière d’une variété de gants à l’essai.

    Ayant loué par courrier, il débarque un soir. Loin de le rebuter, l’escalier raide, chichement éclairé, lui semble un détail de matérialité apte à contribuer à la rupture qu’il recherche. Décompression, compression : le descendre quand il sortira, le monter au retour, la routine aidera aux transitions. Les deux pièces – dont l’une assez spacieuse pour l’usage projeté – la minuscule cuisine, à mesure de leur banalité, emportent son assentiment. Dans les grandes lignes, quant aux données pratiques, à l’atmosphère, le lieu se rapproche de ce qu’il désirait, au regard les à-côtés de divers ordres pesant de peu de poids.

    Écartant le rideau défraîchi de la fenêtre principale, il juge l’environnement extérieur également conforme à ses voeux. Anonyme à souhait, un passant se hâte. Rien d’autre que ceci, qu’il n’eût pas autrement préconçu : le faible reflet d’un vestibule sur le trottoir, quelques fenêtres jaunâtres, des bruits sans portée, tels que pourraient en produire des aveugles jouant les sourds-muets devant un auditoire mêlé.

    2

    Il sort. Avec l’âge, les cités, sans discontinuer de vieillir, rajeunissent, du moins en cultivent l’illusion. Sur l’emplacement de la brasserie servant jadis de point de ralliement aux étudiants, il découvre un ensemble de bureaux dénué d’architecture.

    Il affectionne ces heures noires, qui, en dehors même de la pluie, paraissent mouillées d’un suintement subliminal. Elles guident sa solitude, l’intègrent à son unanimiste concrétisation, la ville. Sa pensée se détend, afin de se reconstituer à quelques pas, plus libre.

    Par paliers, il a quitté tant de choses ! Éteintes sont les ambitions, récusées les vanités. Neutralisés temps, vieillissement. Frappé à vue, figé sur pieds le doute. Ce chien-là, quand même jamais loin de rabattre son fusil sur l’épaule !

    Son évolution s’amorça avec le passage de la peinture dite de chevalet à une nouvelle forme de création, considérée au départ comme une escapade, finissant par supplanter la précédente.

    D’abord, ses personnages furent marqués par son apprentissage des matières, de leur trituration ; puis, les automatismes créés, sortant presque aboutis de ses mains, ils se mirent à lui échapper, tels des éléments constitutifs au comportement déviant. Au point qu’il lui semblait que mieux il contrôlait leur achèvement plus leur initiation se rencognait dans une réserve frondeuse. Quand il réalisa que, naissant de lui, ils ne feraient que le répéter stérilement au vif de ses contradictions, il décida d’éliminer ce qui n’était pas de simple nature à pourvoir cette technique, ne gardant qu’elle pour, en sa compagnie, continuer à chercher au long de la route, sans réel objet dans la ligne de mire. Une clé, cela aussi.

    Il abordait les bas quartiers, lieux où sont censés subsister des vestiges des charmes d’antan, anciens villages annexés par la métropole tentaculaire, ayant pour sa part abjuré jusqu’à la moindre intuition de devenir. Le modernisme de ce qui en étroite concurrence avait proliféré s’avérait si frelaté qu’il coupa court à la malingre fiction du pèlerinage, entrant dans la parenthèse offerte par la façade sans âge d’un restaurant.

    Bien qu’il se fût accoutumé à considérer les saveurs de la nourriture avec une indifférence tendant vers zéro, à l’occasion revenait le besoin de les consacrer en fonction de leurs temples très païens, fussent-ils sans éclat, rapportés au « palais » gustatif.

    Un restaurant représente, planté en milieu étranger, un entourage, un relief circonstanciels de soi, d’un soi sous panoplie d’individu affecté d’un état-civil présumé en ordre de marche, pour ne pas dire de bataille ; simultanément dépersonnalisé, encerclé de faux-semblants, soumis à d’impérieux encore qu’approximatifs rites et routines.

    Il aimait s’intégrer à ce tableau. À l’image de la serviette vierge sur les cuisses, y relâcher son attention, rythmée par l’activité des garçons déplaçant sur le décor leurs taches plébéiennes, blanc sur ternes couleurs, protocole usé sur tapisserie de rancœurs en perpétuel délibéré.

    Tout lui était aliment, autant sinon davantage que les victuailles : le détail d’une tenue vestimentaire, les piètres efforts d’un convive, englué dans l’anonymat, pour accéder rien que d’un doigt – le petit ? –, benoîtement levé, à se mettre en valeur. L’élan minoré d’un bras naguère rutilant des onguents vierges de la féminité, la persistance mollasse d’une conversation en souffrance de civilité apte à survivre hors les sanctuaires de l’artifice.

    Puis les visages, qu’il observait, l’heure courant, imperceptiblement se dégradant. Les maquillages se durcissant à rebours des traits. Les lèvres embrouillant des paroles alourdies au point d’en perdre densité. Les regards en vis-à-vis remâchant l’imminence de réfutables conquêtes, sempiternellement à remettre sur le métier, croisant, recroisant sur les territoires océans aux remous jamais totalement taris d’anciens naufrages ; confrontées en perspective à la terrifiante pauvreté des réveils, rogatons enkystés sous les aisselles du quotidien…

    Jusqu’à celui-là, de visage, qu’il avait désespéré d’amener au réel. Resté pur, hors d’atteinte. De femme, bien entendu, puisque femme c’est femme, sorti de quoi il n’est rien qui ne tourne en stagnation ou dérive.

    3

    Sacrifions à la fantasmagorie des apparences ! La jeunesse a déposé un substrat de timidité, mitigée de superficielle provocation, sur quoi se sera plaqué le négligé de l’artiste, auquel, entre deux époques, à l’instar du galet entre les vagues cessant de rouler, il tint à ressembler.

    L’ensemble, sur qui serait tenté de s’y arrêter, pourrait exercer un attrait ambigu, résultant non tant par voie directe de ses composants que de la coexistence avec leurs contraires qu’on inclinerait à leur prêter.

    Un homme au bord d’un désert tirant sur ses amarres. Sent-on assez l’être et la chose pour ne rendre à ses regards qu’un réflexe inconscient, marchandé au non-être : rire légèrement trop fort, tenir un verre levé un rien plus ostensiblement que l’induit l’innocence du geste ?

    Il habite sa solitude au point de capter la curiosité puis tout à trac de la dissuader, marquant, avec une tranquille affectation, qu’étant à table il déroule la logique inaltérable du repas, que, tirant sur sa cigarette, il honore pour ce qu’elle est la saveur mesquinement nocive, que, roulant entre pouce et index une boulette de pain, il attend, sans enjeu, le micro-événement, infime mais prédominant, de l’arrivée du plat suivant…

    Qu’occupant une place sous les yeux de ces spectateurs absentés de leur regard, il ne peut concomitamment siéger à une autre, de même qu’à l’inverse, cette place, il aurait pu l’abandonner à des congénères ; que, sur le même registre, il n’eût pas été inconcevable de le voir non pas seul, mais partie d’un de ces couples-étalons qu’on se rassure de réduire à leur exacte définition.

    Suivons-le dans sa rétrospective mentale ! Sa veste avachie de marque se sera muée en un non moins vague blouson de sport. Décravatée, la chemise bâille sur le torse. Il a été mince, tête portée haute et droite sur des épaules de largeur ordinaire : il n’a rien d’un hercule de foire, c’est, à l’affiche, un cerveau, non les jambes ! À d’autres, pectoraux, biscoteaux, deltoïdes à en faire rutiler Margot !

    L’œil clair de qui s’affirme à son affaire derrière la fumée oscillante de la cigarette prolongeant les doigts, au bout de la pose aisée du bras, orientant indépendamment la quête des images. Une mèche, un peu, égaie son front comme l’eût fait, s’il n’y perle sueur, une main immobilisée, mince et capable. Main de femme. Main, jadis, le temps de ces passés mythiques qui firent les beaux jours de plus vastes civilisations, formée aux émois sourcilleux des licornes – licornes, puisqu’ici s’en présente la référence, elles-mêmes superbe exigence à maintenir contre folie et raison.

    Encore – bien rarement – il lui arrivait de se rêver séduisant. À cette frivolité l’ambiance des restaurants peut se prêter, c’est pour ce motif plus que pour

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