Cabourg, un vendredi soir pluvieux d'avril. Une grande roue fantomatique égrène ses tours dans le grand vide venteux du ciel noir à quelques pas des Mots Passants, l'hôtel à la silhouette jumelle du Bates Motel. Une musique pimpante diffusée par les haut-parleurs accueille le visiteur à la réception, déserte. Esprit, es-tu là? Il est temps de se diriger jusqu'au Grand Hôtel, que quelques couples de dîneurs attardés sauvent de l'impression de vivre un rêve nu de Chirico. Marcel, es-tu là? De la plage, sur la façade lavée à grandes eaux par la bourrasque normande, une fenêtre éclairée, solitaire, où passe une ombre. Cabourg, ce théâtre d'infinies mélancolies, toujours aimées. Balbec entre les lignes, dans les pas de l'explorateur parti à la recherche dudans la petite ville s’éveillant doucement, avec ses architectures d'un autre temps dessinant une carte du Tendre proustien. Nous voici à présent devant une maison à la façade jaune pâle agrémentée de briques rouges en losanges, avec en avancée une manière de tour d'un blanc crème au petit balcon de théâtre. Pénétrons dans la Villa du Temps retrouvé, accueilli et guidé par une conférencière qui pourrait figurer la jeune maîtresse des lieux, par sa proximité sentimentale et érudite avec la maison, et ses invitations à prendre place sur les différents canapés et fauteuils anciens quand cela nous chante.
Reportage DU CÔTÉ DE CHEZ PROUST
May 25, 2023
4 minutes
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