« LE ROMAN N’EST PAS PROFESSORAL »
Quelles sont les conditions qui déclenchent chez vous l’écriture d’un roman?
Je m’interroge le moins possible sur le départ d’un roman, plus sur ce vers quoi il tendra s’il persiste à exister. J’écris comme dit Giono . Par un effet de surprise tel mot, telle phrase contient, c’est peut-être l’invisible d’un monde, sa résistance à être nommé hors des clichés du western légendaire qui conduit le phrasé, et le tout du récit : sous le tissage concerté de l’aventure romanesque, les mots intriguent à mon insu pour m’apprendre ce que j’ignorais de mon dessein, même si la question amérindienne me préoccupait. Pour cela, j’ai consulté cartes, documents, fonds photographiques et ouvrages savants, un appareil indispensable à la fiction parce que la licence romanesque a pour limite l’engagement envers le réel. Mais le roman n’est pas professoral, il n’a cure d’instruire ou d’édifier : la littérature est assez grande fille pour avancer seule sur la scène de l’art et défendre son autonomie d’œuvre langagière.
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