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Princesse promise - Les racines d’une rose - Tome 1
Princesse promise - Les racines d’une rose - Tome 1
Princesse promise - Les racines d’une rose - Tome 1
Livre électronique275 pages4 heures

Princesse promise - Les racines d’une rose - Tome 1

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À propos de ce livre électronique

Mila-Rose est la princesse du royaume de Trevion. À dix-sept ans, elle apprend qu’elle est promise depuis sa naissance au prince du royaume voisin. Naythan de Chander est loin d’être son idéal, et l’attitude froide et distante de ce jeune homme n’aide pas Mila à s’en faire un ami.

Déterminée à atteindre son propre bonheur, inconsciente des véritables problèmes de son royaume et poussée par ses passions, Mila tentera de trouver une issue à ses fiançailles.

Déracinée, la rose doit revoir son futur.
LangueFrançais
Date de sortie24 sept. 2021
ISBN9782897657437
Princesse promise - Les racines d’une rose - Tome 1
Auteur

Naomi Chauret

Naomi Chauret est une auteure publiée aux Éditions ADA depuis 2019. Dès l’âge de huit ans, elle s’amuse à écrire des histoires de tous genres pour mettre sur papier son imagination débordante. À 18 ans, Naomi signe son tout premier contrat d’édition pour sa série Princesse promise, une fiction de romance et d’aventures pour les 12 ans et plus. Puisant l’inspiration dans son amour pour l’Histoire et les voyages, l’auteure a également publié La Chambre d’ambre, un des trois tomes du collectif jeunesse Objectif Trésor. Retrouvez Naomi sur Facebook (Naomi Chauret – Auteure) et Instagram (@naomi_chauret)!

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    Aperçu du livre

    Princesse promise - Les racines d’une rose - Tome 1 - Naomi Chauret

    CHAPITRE 1

    VISITE ANNUELLE

    Je regarde les arbres de la forêt qui défilent rapidement de l’autre côté des fenêtres du carrosse. Le voyage de Trevion à Chander est toujours aussi ennuyeux. La durée de ce trajet me rend folle, particulièrement aujourd’hui. Je ne veux pas arriver là-bas si tôt et j’espère à la fois sortir de ce véhicule maudit le plus rapidement possible pour prendre mes jambes à mon cou. Cette situation n’est pas exactement plaisante. Osant à peine jeter un regard à mes parents, qui sont assis juste devant moi, je lisse ma robe bleue tout en ajustant les gants de dentelle sur mes mains.

    Chaque premier jour de juin depuis bientôt huit ans, mes parents s’entêtent à m’habiller et me parer de mes plus beaux atours pour aller à la rencontre de la famille royale de Chander. Depuis toutes ces années, j’ai cru que je me rendais là-bas pour rencontrer des gens de la cour la plus réputée du continent au lieu de rester seule, enfermée à la maison, comme me l’a répété maintes fois ma mère. Mais maintenant, je sais. Je sais que ce n’était pas la véritable raison de mes visites saisonnières (et obligatoires) au royaume d’à côté. En fait, comme je viens tout juste de l’apprendre, je suis promise au prince Naythan de Chander depuis ma naissance. Je ne me fais toujours pas à l’idée que ce n’est que maintenant qu’on décide de m’en informer. Des années plus tard. Incroyable ! Puis, je connais à peine le prince ! Je n’ai même jamais entretenu une conversation de plus d’une minute avec lui, qui s’est toujours montré complètement indifférent à mon égard, alors pour ce qui est de l’épouser…

    Je regarde toujours par la fenêtre lorsque ma mère émet un petit son pour attirer mon attention. Je m’efforce d’éviter son regard lorsque je me retourne, fixant mes mains posées sur mes genoux.

    — Chérie ? Tu ne peux pas demeurer muette pour toujours. Nous arriverons sous peu.

    Je garde pourtant la bouche close, ce qui ne plaît pas à mon père.

    — Ne nous évite pas, jeune fille, s’empresse-t-il d’ajouter. Tôt ou tard, tu auras à nous parler.

    Retenant le flot de colère qui m’habite depuis le début du voyage, je leur demande simplement :

    — Pourquoi ?

    — Pourquoi ? répète ma mère, perplexe.

    Je lui lance un regard assassin, mettant fin à mon refus d’engendrer tout contact visuel avec eux.

    — Pourquoi avoir attendu à aujourd’hui pour tout me dire ?

    Ma mère se frotte les mains, mal à l’aise.

    — Nous vous avons caché la vérité, à toi et à Naythan, pour que cette décision n’interfère pas dans votre relation, admet-elle. Ce que nous t’avons dit aujourd’hui ne conclut pas automatiquement votre mariage. Rien n’est encore planifié pour le moment, rassure-toi. Nous souhaitions sincèrement qu’une affection naisse naturellement entre vous deux et que vous preniez vous-mêmes l’initiative, mais malheureusement…

    Je me garde de commenter. Malheureusement, vous avez fait preuve de naïveté, mes chers parents.

    Ma mère se redresse.

    — Malheureusement, poursuit-elle, tout ne s’est pas déroulé comme nous l’aurions voulu.

    — Naythan est devenu un adulte et toi, une jeune reine en devenir, intervient mon père. Vous êtes maintenant en droit de savoir, et les souverains de Chander nous ont assurés qu’ils allaient annoncer la vérité à Naythan avant notre arrivée. Vous êtes assez âgés pour comprendre les enjeux qui nous ont poussés à prendre de telles mesures.

    Je serre les mains.

    — Un mariage. En voilà toute une mesure ! Un mariage forcé, oui !

    — Mila… Nous avons bien essayé de vous laisser du temps, mais la situation ne peut pas être ignorée pour l’éternité.

    Par situation, ma mère fait allusion à la mauvaise économie de notre royaume. Une alliance entre Trevion et Chander pourrait bien nous apporter un bon soutien, mais je persiste à croire qu’il existe un autre moyen de remédier à nos problèmes. La seule idée d’un mariage m’effraie. Je ne suis pas prête. Pas maintenant. Pas avec lui ! Comme n’importe qui, je veux me marier par amour.

    Je m’apprête à répliquer, mais un bruit retentissant de trompette m’arrête et nous annonce que nous sommes arrivés. Je regarde par la fenêtre. Une grande grille s’ouvre pour laisser entrer notre carrosse, celui portant mes affaires et ma bonne, Rhea, et enfin les quelques gardes qui nous escortent. De grandes allées de cèdres s’étendent de chaque côté du chemin de terre, cachant subtilement les jardins aux fleurs colorées et les petits étangs à poissons du domaine. Rapidement, le carrosse s’arrête devant l’entrée du palais. Ce dernier a une allure ancienne, qui lui donne un aspect féerique. De hauts remparts de pierre encadrent l’édifice de marbre blanc richement décoré de fleurs bleues. Des milliers de fenêtres reflètent les rayons du soleil, et nous pouvons apercevoir une dizaine de tours. La plus haute de ces dernières porte fièrement le drapeau de Chander. Rouge comme la cerise sur le gâteau.

    — Attention à la marche, me prévient un valet en m’ouvrant la porte du carrosse.

    Tandis que d’autres domestiques s’apprêtent à décharger mes bagages, mes parents et moi sommes dirigés à l’intérieur, où la famille royale nous attend. Le couple souverain de Chander me lance des regards incertains. Probablement qu’ils se demandent si on m’a informée de la situation, comme convenu. Peut-être sont-ils inquiets de la façon que je pourrais réagir. Le roi et la reine de ce royaume m’ont toujours bien accueillie dans leur demeure durant toutes ces années, essayant par tous les moyens de rendre mes séjours plus agréables. Ne pas me montrer redevable serait irrespectueux. Ainsi, j’ignore ma nervosité et tente de feindre l’ignorance.

    Mes talons claquent sur le plancher ciré tandis que je m’approche davantage pour les saluer d’une révérence.

    — Vos Altesses.

    — Ma chère Mila-Rose ! s’exclame la reine Enora en me serrant dans ses bras. Comme vous avez grandi ! Vous êtes devenue une femme, ma foi !

    La reine Enora est une dame grande et mince aux yeux et aux cheveux brun clair. Elle porte aujourd’hui une longue robe rose aux manches bouffantes, et un diadème de rubis est posé sur sa chevelure en cascade. Enora est d’une générosité et d’une amabilité extraordinaires. Son mari, le roi Christophe, est tout aussi altruiste. Il se tient droit à ses côtés ; de petites rides se creusent au coin de ses yeux lorsqu’il sourit. Mes parents et ceux de Naythan sont très proches. Ma mère et Enora se connaissent depuis l’enfance, et selon moi, leur amitié a probablement joué dans toute cette affaire de fiançailles…

    Tandis que les deux reines se précipitent l’une vers l’autre, je salue la petite sœur et le petit frère de Naythan, qui apparaissent aux côtés de leurs parents.

    — Princesse Talia, prince Arthur, je suis heureuse de vous revoir ! Vous avez énormément grandi, vous aussi !

    En effet, le jeune Arthur, maintenant âgé de neuf ans, ressemble de plus en plus à son père. Les mêmes cheveux blonds, le même menton, les mêmes yeux bleus. Il tient toutefois son petit nez coquin de sa mère. Pour ce qui est de la jeune Talia, 14 ans, elle devient de plus en plus jolie avec le temps. Elle ressemble également à son père avec ses cheveux blonds, mais les traits de son visage sont ceux de la reine. Seuls ses yeux verts ressortent du lot.

    Étant enfant unique, j’envie souvent Naythan d’avoir un frère et une sœur aussi adorables. Je me demande s’ils ont, eux aussi, appris la véritable raison de mes nombreuses visites chez eux.

    — Bonjour, Mila, me salue timidement Arthur.

    — Heureuse de vous revoir, Mila, ajoute Talia. Je suis désolée que Naythan ne soit pas ici pour vous recevoir, il a été retenu par des affaires urgentes.

    Naythan est effectivement absent. Je ne crois toutefois pas que ce soient des affaires urgentes qui le retiennent. Il essaie sûrement de m’éviter, comme il l’a toujours fait. Ou peut-être qu’il m’évite pour ne pas affronter la vérité. Si lui aussi a été mis au courant, il est possible qu’il ne soit pas davantage consentant à cette union que moi. Son absence n’en est pas moins impolie. Je rassure tout de même Talia d’un sourire.

    — Et si nous allions nous asseoir ? propose alors la reine.

    Nous acquiesçons avant de suivre le couple royal pour discuter dans un grand salon aux fauteuils de velours rouge. Ils s’excusent à leur tour de l’égarement de leur fils en insistant sur leur désapprobation par rapport à cette conduite inhabituelle. Je me retiens de dire qu’au contraire, ce genre de comportement arrive souvent en ma présence et qu’aujourd’hui, cette absence est probablement intentionnelle (et avec raison). En tant que princesse, il faut toujours faire bonne impression et garder pour soi ses remarques désobligeantes. Être posée, respectueuse et élégante. Dans une situation pareille, je dois avouer éprouver quelques difficultés.

    La reine Enora demande alors gentiment à Talia et Arthur de retourner à leurs loisirs. Je serre les dents, sentant l’arrivée de la conversation tant redoutée. Moi qui croyais pouvoir l’éviter plus longtemps…

    — Alors, Mila, commence tranquillement la reine Enora une fois que ses plus jeunes ont quitté la pièce. Êtes-vous… au courant ?

    Ça y est. Elle l’a dit. Au moins, maintenant, j’ai la confirmation que Talia et Arthur ne savent pas encore que je suis fiancée à leur grand frère. Je lance un regard gêné à mes parents. Mon père intervient devant mon mutisme.

    — Elle le sait. Depuis ce matin.

    — Bien, réplique simplement le roi Christophe. Nous l’avons annoncé à Naythan il y a deux jours.

    Deux jours ? Ainsi, il en a bel et bien été informé. Contrairement à moi, il a eu beaucoup plus que quelques heures pour digérer la nouvelle. Mon souffle s’accélère. Je me sens piégée, seule face aux quatre dirigeants royaux. Seule face à un destin dont je ne veux pas. Naythan n’a jamais été là pour moi et aujourd’hui, je lui en veux plus que jamais. Un silence s’abat sur la salle. Personne ne veut parler en premier. La reine est sur le point d’ajouter quelque chose lorsque je la coupe subitement :

    — Je me sens un peu faible. Le voyage m’a fatiguée. Vous voulez bien m’excuser ?

    J’ai tenté de conserver un minimum de politesse tout en pesant mes mots. Le regard de mes parents se fait désapprobateur, tandis que celui de la reine Enora se voile de tristesse. Je déteste les décevoir, mais je ne peux pas concevoir cette réalité. Moi, fiancée à Naythan… La seule pensée m’est absurde. La reine acquiesce du menton, me permettant de sortir de la pièce, ce que je fais le plus rapidement possible. Juste avant de courir dans le couloir, j’entends mon père s’excuser de ma conduite. Je m’arrête un peu derrière la porte.

    — Ne vous excusez pas, mon cher Liam, le rassure Enora. Ils sont encore jeunes. Une telle nouvelle est certainement bouleversante, mais ils comprendront. Ils ont seulement besoin d’un peu plus de temps.

    D’un peu plus de temps. Pourrais-je m’accommoder à cette réalité un jour ? C’est douteux.

    — Naythan a réagi semblablement, ajoute le roi Christophe. Il nous ignore depuis notre aveu.

    — Nous traverserons tout ensemble, ne vous inquiétez pas, termine la reine de Chander.

    Qu’ont-ils à traverser ? C’est de moi et de Naythan qu’il est question ! Un mélange de colère, d’incompréhension et de tristesse me tenaille lorsque je me dirige vers les appartements qui me sont réservés chaque année depuis mes 10 ans. Avant mes visites estivales, je me rappelle vaguement avoir croisé le prince Naythan lors des rencontres diplomatiques entre nos deux royaumes, mais je ne lui parlais pas vraiment. Nous étions tous les deux assez timides, et c’est apparemment l’une des raisons pour lesquelles nos parents ont décidé d’attendre que nous soyons un peu plus vieux avant de nous réunir chaque été. Ironiquement, malgré tous ces arrangements et le fait que j’ai passé une bonne partie de ma vie aux mêmes endroits que Naythan, je ne connais pratiquement rien de lui. J’ai bien essayé de m’en faire un ami lorsque j’étais plus jeune, mais chaque fois que je reviens ici, invitée dans sa demeure, il reste de son côté, caché dans ses quartiers. J’aurais pu être invisible et rien n’aurait changé.

    Heureusement, je reprends mon calme en pénétrant dans l’immense chambre qui m’est offerte. Je retrouve mon lit à baldaquin recouvert de draps soigneusement lissés et installé au centre du mur le plus éloigné. Deux tables de chevet reposent à ses côtés et un large coffret est placé à son pied. Sur le coffret, j’aperçois quelques dessins que j’ai sûrement laissés là l’été précédent. Les lieux ressemblent beaucoup à ma chambre à Trevion, même si la mienne a des murs couverts de croquis et que mon bureau regorge de papiers et de notes.

    Je remarque que Rhea a déjà rangé mes effets personnels. Rhea était la bonne de ma mère, puis elle est devenue la mienne à ma naissance. Elle fait également office d’enseignante lorsque je me rends à Chander, puisque, techniquement, je poursuis mes études même en visite à l’étranger. Être princesse n’est pas un rôle dont on peut se séparer facilement. Avec ma bonne, je peux continuer mes leçons sans que mes parents doivent déplacer toute une horde de professeurs dans le royaume voisin. Cette diminution d’effectifs me plaît beaucoup. Je me sens légèrement plus libre lorsqu’il n’y a qu’elle avec moi. Rhea est également ma confidente, presque une deuxième mère pour moi. Elle est là lorsque mes parents ne le sont pas. Sa présence constante est devenue une habitude, et sans elle, mes étés à Chander se seraient révélés plus pénibles.

    Elle doit maintenant s’installer dans sa propre chambre, au bout du couloir. J’hésite à lui parler. Je n’ai pas encore eu la confirmation de sa bouche, mais j’ai l’impression qu’elle le savait, elle aussi. Je me sens trahie.

    Je retire mes gants et mes bijoux, qui m’encombrent, puis je sors dans le couloir. Tout est silencieux. Le soleil entre par les fenêtres, imprimant des rectangles de lumière sur le sol. J’avance nonchalamment dans le corridor en faisant glisser ma main sur le mur. Rien n’a changé depuis ma dernière visite.

    Je m’imagine les murs d’une autre couleur lorsque je m’aperçois qu’une des portes est fermée. C’est étrange : normalement, toutes les pièces de cette aile du château restent ouvertes. Curieuse, je tourne la poignée : elle n’est pas verrouillée ; quelqu’un a dû fermer la porte accidentellement. J’entre lentement, et ce que je découvre me laisse bouche bée : je me trouve devant une immense bibliothèque. Des centaines et des centaines de livres recouvrent chaque mur de haut en bas dans des meubles de bois foncé. Des fauteuils de lecture sont placés un peu partout dans la pièce et le sol est recouvert d’un tapis bordeaux. C’est si chaleureux !

    En m’avançant entre les fauteuils, je découvre une fenêtre particulièrement haute, encadrée par des rideaux pourpres. Je me souviens alors. Cet endroit était l’ancienne salle de jeux ! Dans ma jeunesse, je passais tout mon temps ici. J’avais arrêté de m’y rendre à l’âge de 12 ans, après que Naythan m’a traitée de petite fille parce que je jouais encore avec mes poupées. Il faut croire qu’on a finalement décidé de donner une nouvelle utilité à ce lieu. Je ne suis pas déçue : les bibliothèques, j’adore !

    Je m’assois dans un des fauteuils et entreprends d’observer les titres des romans sur l’étagère la plus près lorsque quelqu’un pénètre dans la pièce. C’est un jeune homme d’environ mon âge. Il porte un habit décontracté : une ample chemise blanche, un peu déboutonnée au niveau du torse, laisse deviner un corps musclé et élancé. Des pantalons de cuir noir, une ceinture de la même couleur et de hautes bottes brunes usées ajoutent à son allure informelle. Je remonte mon regard sur son visage. Des cheveux blond cendré, légèrement frisés et coupés un peu sous les oreilles, encadrent une large mâchoire masculine. Une fine bouche aux lèvres sensuelles et légèrement rosées s’étire en un sourire incertain qu’un nez romain surmonte. Pourtant, ce sont ses yeux qui retiennent mon attention. Malgré la distance qui nous sépare, je peux facilement remarquer leur magnifique couleur noisette, tirant sur le doré.

    Nos regards se croisent durant une bonne dizaine de secondes. Puis, l’étincelle qui brillait subtilement au centre de ses pupilles s’estompe d’un coup. Au même instant, le visage du jeune homme s’assombrit en un mélange de curiosité et de dédain.

    — Mila, dit-il gravement.

    Naythan ? Bon sang qu’il a changé ! Son air enfantin et ses petites joues rondes l’ont enfin quitté ! Je n’arrive pas à croire qu’en un an il ait pu autant développer sa figure masculine. Il ressemble à un homme, à présent. Un très joli jeune homme, ne puis-je m’empêcher de penser. Remarquant que je le fixe toujours, je rougis et regarde le sol.

    — Naythan. Vous avez drôlement changé…

    Je retrouve son regard juste à temps pour percevoir une tout autre expression. Est-ce de la surprise ? Je ne peux l’identifier puisqu’il se renferme à nouveau.

    — Merci…

    Comprenant que le changement peut également être perçu comme un défaut, je rectifie mon propos avec maladresse.

    — C’était un compliment.

    Je regrette immédiatement cette précision. Un lourd silence s’installe entre nous. Il est étrange de me retrouver dans la même pièce que lui aujourd’hui. C’est… différent. La surprise passée, Naythan se renfrogne.

    — Que faites-vous ici ?

    Comment, qu’est-ce que je fais ici ? Je viens chaque été à la même date ! Serait-ce parce qu’il ne s’en souvient plus qu’il n’était pas là pour nous accueillir ? Non, il n’aurait pas pu, pas après avoir appris la nouvelle. À sa place, j’aurais médité sur l’arrivée de ce jour pour avoir une idée de la réaction à adopter. Malheureusement, je n’ai pas eu autant de temps que lui pour réfléchir à toutes ces révélations.

    — Je viens chaque été, Naythan, réponds-je, offensée.

    — Non, je voulais parler de cette pièce, souffle-t-il, exaspéré.

    Quelle importance que je sois ici ? Il est dans l’aile du château qui m’est réservée. Aucun recoin ne m’y est interdit. Je prends une grande inspiration. Il faut me calmer.

    — J’étais curieuse. J’aime bien ce que vous en avez fait.

    — Comme si la lecture vous intéressait, réplique-t-il d’un air arrogant.

    J’ai toujours aimé la lecture ! Sa supposition confirme mes conclusions à son égard : il me connaît à peine. Je décide de jouer le jeu et de prendre le même ton amer que lui.

    — Pas moins que vous.

    Sur ce, je me lève de mon siège pour sortir. J’ignore cette fois l’expression de surprise qui réapparaît sur son visage. Apparemment, il ne s’attendait pas à une réplique.

    En passant à côté de lui, je peux renifler une délicieuse odeur de lavande. Un nouveau parfum ?

    Lorsque je me trouve enfin dans le couloir, Naythan lance sa dernière remarque en refermant brusquement la porte.

    — Vous ne devriez pas entrer dans une pièce fermée alors que vous n’êtes qu’une invitée, petite princesse !

    Petite princesse ? Je n’ai que deux ans de moins que lui ! Je fulmine tout en retournant à ma chambre.

    CHAPITRE 2

    UNE RANDONNÉE RATÉE

    Naythan ne s’est pas montré au dîner. J’ai dû une fois de plus affronter seule les regards intrigués de mes hôtes et de mes parents. Je ne leur ai pas dit que le prince et moi nous étions rencontrés. Même si son arrogance qui ne l’a pas déserté prouve l’impossibilité qu’un accord naisse entre nous, le revoir m’a étrangement retournée et je ne sais qu’en penser.

    Je n’en parlerai pas à ma famille, mais à Rhea, c’est une autre histoire…

    J’ai compris que je n’avais pas à lui en vouloir à elle aussi d’avoir gardé le secret. Elle ne faisait qu’obéir aux désirs de ses souverains. Elle est la bonne la plus loyale, généreuse et sage. Le genre de femme qui demeure droite et fière malgré son âge avancé. Elle m’écoute toujours à cœur ouvert et donc, je décide de tout lui révéler le soir venu.

    — Il m’a regardée comme s’il ne m’avait jamais vue auparavant. Comme si j’étais une belle et jeune inconnue en visite,

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