Objectif Trésor - La chambre d’Ambre
Par Naomi Chauret
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À propos de ce livre électronique
Elle et Olivier Marchand, un autre employé de la Ligue de chasseurs de trésors d'Arthur Leroy, traverseront la Russie, la région de Kaliningrad, la Pologne et l’Allemagne pour suivre les traces des nombreuses hypothèses portant sur la disparition du trésor.
Sur la route, les deux amis se feront des alliés, mais également des ennemis.
La mission se transformera en course contre la montre lorsqu'un chasseur d'une ligue adverse se mettra lui aussi à la recherche de la Chambre d’ambre…
Naomi Chauret
Naomi Chauret est une auteure publiée aux Éditions ADA depuis 2019. Dès l’âge de huit ans, elle s’amuse à écrire des histoires de tous genres pour mettre sur papier son imagination débordante. À 18 ans, Naomi signe son tout premier contrat d’édition pour sa série Princesse promise, une fiction de romance et d’aventures pour les 12 ans et plus. Puisant l’inspiration dans son amour pour l’Histoire et les voyages, l’auteure a également publié La Chambre d’ambre, un des trois tomes du collectif jeunesse Objectif Trésor. Retrouvez Naomi sur Facebook (Naomi Chauret – Auteure) et Instagram (@naomi_chauret)!
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Aperçu du livre
Objectif Trésor - La chambre d’Ambre - Naomi Chauret
PROLOGUE
1944
Alfred Rohde se précipita dans le corridor. Requis pour différentes tâches, les domestiques du château de Königsberg couraient dans tous les sens. Il fallait à tout prix évacuer les lieux avant que les Soviétiques arrivent.
L’Allemagne perdait la guerre et le Reich d’Adolf Hitler venait tout juste de donner l’ordre de rapatrier tout artefact et tout trésor appartenant au régime nazi. Ces richesses, dont la plupart avaient été dérobées dans les pays conquis durant la guerre, se devaient d’être préservées et ne pouvaient tomber entre les mains ennemies. Surtout pas la remarquable Chambre d’ambre…
Alfred Rohde, conservateur d’art allemand, avait veillé ces deux dernières années sur l’exposition de la Chambre au château. Elle représentait tout pour lui ; il ne laisserait pas les Soviétiques s’en emparer.
— Passt auf !¹ s’exclama Rohde en entrant dans la fameuse pièce.
La Chambre d’ambre, un salon d’une grandeur de près de 100 mètres carrés, avait été construite au 19e siècle et exposée dans trois autres palais en Prusse-Orientale et en Russie avant d’arriver au château de Königsberg. Sa valeur était inestimable.
Alors que ses employés allaient rapidement chercher leurs outils, Rohde se permit d’admirer une dernière fois les panneaux reluisants, les miroirs, les ornements dorés et les mosaïques florentines incrustées de pierres précieuses. Ces éléments, quoiqu’époustouflants, n’étaient pourtant qu’une parure comparés à une composante beaucoup plus rare : les lambris d’ambre. Ces panneaux décoratifs installés sur les murs, taillés par les plus grands sculpteurs d’ambre du 19e siècle, qui regroupaient plus de six tonnes de cette matière précieuse, étaient le véritable trésor. Éclairé par des chandeliers de cristaux, l’ambre déployait des rayons dorés de couleurs chaudes passant du jaune au brun. « Cette chambre est un chef-d’œuvre et rien de moins », pensa Alfred Rohde.
— Wir müssen alles packen !² s’exclama-t-il à nouveau.
Bien vite, les travailleurs se rassemblèrent pour démonter chaque panneau, chaque mosaïque, chaque décoration de la Chambre d’ambre. Il fallait s’y prendre délicatement et œuvrer avec une minutie irréprochable pour ne pas abîmer le trésor. Une fois détachées des murs, les pièces étaient rangées dans des caisses de bois rembourrées de pailles et de tissus.
À nouveau, la Chambre serait relocalisée. En fait, c’était ce que tout le monde croyait…
1. « Faites attention ! » en allemand.
2. « Nous devons tout emballer ! » en allemand.
OBJECTIF 01
À LA RENCONTRE D’ARTHUR LEROY
C’était l’une de ces journées pluvieuses qu’Angélique Bellemont détestait. Non seulement la pluie transformait toujours ses cheveux frisés en piteuse broussaille, mais porter des lunettes lorsqu’il pleuvait et qu’elle n’avait pas de parapluie nuisait considérablement à sa vision.
En courant, la jeune femme rejoignit le bâtiment B, où avait lieu la majorité des cours de son programme universitaire. Enfin au sec, elle essuya ses verres et se remit en marche. Le cours auquel elle se rendait portait sur un sujet qu’elle appréciait particulièrement : la Deuxième Guerre mondiale, événement d’ampleur ayant eu de nombreuses conséquences sur l’époque contemporaine. En plus, le professeur qui enseignait la matière était son favori.
Arrivée dans la classe à l’avance, comme toujours, Angélique se choisit une place au premier rang et sortit son ordinateur portable. Peu à peu, les autres étudiants se pointèrent et s’installèrent à leur tour. Ce fut à dix heures tapantes que Professeur Perrault fit son entrée. Avec un grand sourire, il salua ses élèves et sortit ses craies afin d’inscrire « Séance de révision » au tableau. Le cours d’aujourd’hui portait sur un résumé de la matière vue durant la session, dans le but de se préparer à l’examen final qui aurait lieu la semaine suivante. Angélique se concentra afin de ne rien manquer des explications et prit de multiples notes, bien qu’elle connût déjà chaque date, chaque événement et chaque description par cœur. Une fois la séance terminée, Professeur Perrault congédia toute la classe.
— Nous nous reverrons à l’examen ! dit-il. Étudiez bien !
Angélique s’apprêtait à partir lorsque son enseignant l’interpella.
— Mademoiselle Bellemont, venez par ici.
— Oui, Monsieur Perrault, qu’y a-t-il ? demanda l’étudiante.
L’homme s’assit sur la chaise devant son bureau avec un humf qui témoignait de son âge avancé ; Angélique prit place sur celle en face de lui. Le professeur observa son étudiante, un sourcil levé. Après un moment, il se racla la gorge.
— Tu es une élève brillante, Angélique, débuta-t-il. Ma meilleure élève, en fait.
— M-Merci, Professeur, balbutia la jeune femme, à la fois fière et embarrassée.
Première de classe dans tous ses cours, Angélique était en effet une excellente élève. Sa soif d’apprendre était telle qu’elle suivait parfois un à deux cours de plus que la moyenne suggérée !
— Vous êtes l’un des meilleurs professeurs que j’ai eus, avoua en retour l’étudiante.
À cette remarque, M. Perrault sourit. Le coin de ses yeux plissés lui donnait un air chaleureux.
— J’en suis honoré, dit-il. Je crois que la raison pour laquelle nous nous entendons si bien, toi et moi, est que nous entretenons une passion commune pour l’Histoire. La nôtre et celle d’ailleurs. Une telle passion peut te mener loin dans la vie. Je perçois un avenir brillant pour toi en Histoire.
L’étudiante accueillit cet aveu au plus profond de son cœur. Faire carrière dans le domaine qu’elle aimait le plus au monde était son plus grand rêve.
— Cela étant dit, j’aimerais que tu m’accompagnes pour rendre visite à un de mes vieux amis, ajouta l’érudit.
Intriguée, Angélique tendit l’oreille.
— Il s’agit d’Arthur Leroy, un grand chercheur.
— Un chercheur ? l’interrogea l’étudiante.
— En effet, acquiesça Professeur Perrault. Il possède une entreprise très réputée. Avant de me tourner vers l’enseignement, je travaillais pour lui et j’ai adoré mon expérience à ses côtés. Je crois que tu aimerais venir avec moi au centre-ville pour visiter son bureau, question d’ouvrir tes horizons et — qui sait ? — de peut-être commencer à te faire des contacts dans le domaine.
Angélique avait du mal à calmer son excitation. Son professeur lui offrait une opportunité en or. Ses années d’université s’achevaient et elle devait sérieusement penser à se trouver un emploi.
— Ce sera avec plaisir, Professeur, accepta-t-elle sans se poser de questions.
Ce même avant-midi, Angélique et Professeur Perrault se rendirent donc en ville, où ils pénétrèrent dans un immense gratte-ciel gris. Seuls deux ascenseurs se dressaient devant le professeur et son étudiante. Ils entrèrent dans celui de droite et lorsque les portes se refermèrent derrière eux, l’ascenseur monta jusqu’au 10e étage. La jeune femme retira ses lunettes par habitude et essuya les traces de doigts des verres avec un pan de chemise. Plus elle voyait clairement, plus elle pensait clairement, et à ce moment, elle devait organiser ses pensées tourbillonnantes.
— Tout ira bien, Angélique, la rassura son professeur en interceptant son geste anxieux.
Elle se força à hocher la tête, malgré sa nervosité toujours grandissante.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent enfin. Le duo fut avalé par des murs d’un rouge éclatant. Ils traversèrent un étroit couloir dénué de décoration jusqu’à ce qu’ils parviennent à une porte de bois sombre, tout au fond. Professeur Perrault appuya sur une série de numéros sur le cadran installé au-dessus de la poignée et la porte s’ouvrit. Un brouhaha de voix engloutit alors l’enseignant et l’élève. Des cubicules en rangs serrés emplissaient le grand espace ouvert et des employés se promenaient d’un bureau à l’autre avec des liasses de papiers. Alors qu’ils s’avançaient dans la pièce, des cris de joie se firent entendre, signalant une réussite quelconque. De hautes fenêtres déversaient l’atmosphère pluvieuse de la journée dans la pièce. Une odeur de café flottait dans l’air et les sons des imprimantes et des pianotages sur les claviers d’ordinateurs se mêlaient aux discussions. Toute cette activité rendait l’ambiance électrisante.
Professeur Perrault guida Angélique à travers les bureaux jusqu’à une porte située à l’extrémité droite de l’étage. Sur cette dernière était plaqué en lettres d’or le nom d’Arthur Leroy. M. Perrault fit signe à son étudiante de patienter à l’écart et, après avoir frappé, une voix s’éleva pour l’inviter à entrer. Il pénétra dans le bureau alors qu’une femme en sortait rapidement. Puis, la porte se referma.
Angélique, qui s’était retournée pour observer l’animation régnant dans le bureau, ne vit pas la femme foncer droit sur elle. La collision propulsa dans les airs les nombreux documents que la dame portait entre ses mains. L’étudiante se confondit en excuses avant d’aider l’inconnue à rassembler les papiers.
— Mais t’es qui, toi ? lança vivement cette dernière.
Avant même qu’Angélique ait la chance de se présenter, la femme eut un rire sec, méchant.
— Une nouvelle, pas vrai ? cracha-t-elle. C’est ça ! Ils commencent déjà ! Plus de volonté et de résultats, mon œil ! Espèce de…
Visiblement contrariée, la femme termina sa phrase en grommellements indistincts. Elle ramassa précipitamment le reste des documents éparpillés sur le sol, les fourra dans un dossier et, avec un regard noir à l’attention d’Angélique, tourna les talons pour partir en un coup de vent.
L’étudiante soupira. Sa nervosité ne devait pas l’empêcher de demeurer à l’affût. Avec précaution, elle s’adossa à un paravent de cubicule afin de faire face à la porte du bureau d’Arthur Leroy. Ainsi placée, elle restait à l’écart du va-et-vient des employés. Elle ne dérangerait plus personne.
La jeune femme remarqua alors les énormes armoiries peinturées sur le mur devant elle. Elle y discerna des symboles plutôt particuliers : un diamant placé devant deux clés entrecroisées, une boussole, un tapis de pièces d’or et des loups avec des bois de cerfs sur la tête. Une devise en latin était par ailleurs inscrite sous la terrasse de l’écu. Angélique y lut Thesaurorum venatorum foedus : des termes latins qu’elle parvint à traduire comme « réunion de chasseurs de trésors ». Deux autres mots latins figuraient au sommet des armoiries : Legatum et Historia ; héritage et Histoire.
Le soin qu’on avait porté aux détails de ces armoiries était impressionnant et le tout captivait certainement l’attention. Angélique se posa alors une question qui aurait dû lui traverser l’esprit beaucoup plus tôt : quel genre de chercheur était Arthur Leroy ? En regardant à nouveau autour d’elle, l’étudiante remarqua qu’il ne s’agissait pas d’un environnement de travail normal. Ici et là se trouvaient des pièces de décorations plutôt singulières. Une armure médiévale dans un coin, une statuette maya sur un pupitre, des coffrets mystérieux empilés sur des étagères, des cartes géographiques épinglées sur les murs et barbouillées de cercles et de flèches rouges… Se trouvait-elle dans une entreprise archéologique ?
— Eh ! Toi ! tonna une voix grave. Du café, pronto³ !
Angélique se retourna vers la droite et fit face à un homme à l’allure détachée. Ses cheveux noirs semblaient ne pas avoir été coupés depuis quelques mois et son complet beige était fripé. Il avait le regard autoritaire d’un supérieur. Face à l’air perplexe d’Angélique, il