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Princesse promise - Les épines d’une rose - Tome 2
Princesse promise - Les épines d’une rose - Tome 2
Princesse promise - Les épines d’une rose - Tome 2
Livre électronique305 pages3 heures

Princesse promise - Les épines d’une rose - Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Déjà deux royaumes sont tombés aux mains de l’affreux roi Allan de Fleurelle. Naythan et Mila ont été séparés et leurs chemins ne cessent de diverger. Le prince devra renforcir sa coquille pour ne pas céder à la manipulation et la princesse n’aura d’autres choix que de se forger une toute nouvelle identité pour survivre. Les temps seront difficiles et les malheurs s’accumuleront. Les Vagabonds, un groupe de fugitifs cachés en forêt, pourraient bien représenter le seul espoir de sauver le continent d’Aldoria de la menace d’un empire tyrannique.

Malmenée par la tempête, la rose doit développer ses épines.
LangueFrançais
Date de sortie24 sept. 2021
ISBN9782897657468
Princesse promise - Les épines d’une rose - Tome 2
Auteur

Naomi Chauret

Naomi Chauret est une auteure publiée aux Éditions ADA depuis 2019. Dès l’âge de huit ans, elle s’amuse à écrire des histoires de tous genres pour mettre sur papier son imagination débordante. À 18 ans, Naomi signe son tout premier contrat d’édition pour sa série Princesse promise, une fiction de romance et d’aventures pour les 12 ans et plus. Puisant l’inspiration dans son amour pour l’Histoire et les voyages, l’auteure a également publié La Chambre d’ambre, un des trois tomes du collectif jeunesse Objectif Trésor. Retrouvez Naomi sur Facebook (Naomi Chauret – Auteure) et Instagram (@naomi_chauret)!

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    Aperçu du livre

    Princesse promise - Les épines d’une rose - Tome 2 - Naomi Chauret

    CHAPITRE 1

    PRISONNIÈRE

    J’ai été capturée. Moi, Mila-Rose, princesse héritière du royaume de Trevion. Et par nul autre qu’un renégat : Dominic Hadrell, fils du conseiller officiel du roi de Fleurelle. Je me sens trahie ; j’avais confiance en sa personne. Plus encore : j’ai déjà cru être amoureuse de lui ! Maintenant, je comprends que le charmant jeune homme dont j’avais fait la connaissance n’était qu’une illusion ; Dominic jouait un rôle pour exécuter la vengeance de sa famille avec le royaume de Chander. Les Hadrell ont autrefois confronté les dirigeants de Chander, ce qui leur a valu l’exil. Cet été, pour expliquer son retour, Dominic disait vouloir présenter des excuses de la part de sa famille et établir des alliances pour leur nouveau commerce de bijoux au royaume de Sorento, alors qu’en fait, les Hadrell avaient trouvé refuge chez l’ennemi, à Fleurelle. Ce dernier royaume vient tout juste d’envahir Trevion et son armée est présentement sur le point de s’installer à Chander. Les trois royautés sont sujets de querelles vieilles de plusieurs années alors que notre continent n’avait connu que la paix depuis sa fondation. Fleurelle est un royaume rancunier ; Trevion et Chander ne sont que des victimes.

    Depuis mes 10 ans, j’ai passé tous mes étés à Chander. Ce n’est qu’au début du présent été que j’ai découvert la véritable raison de mes visites saisonnières : j’étais fiancée au prince Naythan dans le but de créer une alliance qui aiderait mon royaume en difficulté. L’apprendre à 17 ans m’a mise dans tous mes états. Détestant Naythan, j’ai tenté par plusieurs moyens de me sortir de ces fiançailles. Le prince était froid, égoïste et orgueilleux. Ce n’est qu’une fois exilée avec lui durant plusieurs semaines dans un manoir de campagne que j’ai compris ce qui se cachait réellement sous sa coquille et que nous sommes tombés amoureux. Enfin, mes problèmes étaient sur le point de se régler…

    Aujourd’hui, Dominic me détient captive dans mon propre carrosse en route vers je ne sais où. Tout ce que je vois depuis plusieurs heures est une forêt. Des arbres et encore des arbres. Je n’ai aucun renseignement en ce qui concerne la situation de mes parents et de ma fidèle bonne, Rhea, à Trevion. « Nous avons fait ce que nous devions faire », a dit Dominic lorsque je lui ai demandé des informations à leur sujet. Mes proches sont-ils seulement encore en vie ? Je n’ai pas non plus de nouvelles de Naythan, ni de sa famille, dont sa mère, la reine Enora, qui est tombée gravement malade il y a une semaine. Dominic m’a seulement révélé qu’elle a été empoisonnée par un espion dans le palais de Chander. La pauvre… Et moi qui, dans un état de panique impulsive, les ai tous abandonnés pour retourner chez moi au moment même où j’ai appris l’envahissement des Fleuréliens dans mon royaume… J’ai laissé Naythan seul, responsable de sa petite sœur et de son petit frère, Talia et Arthur, alors qu’il devait lui-même être affligé et que son père était rongé de tristesse. J’ai constaté mon erreur, mais lorsque j’ai voulu revenir vers mon bien-aimé pour régler nos problèmes ensemble, il était trop tard : mon escorte et moi avons été embusquées par Dominic et plusieurs soldats de Fleurelle. Dominic m’a alors avoué être à la poursuite de Naythan dans le but que Fleurelle tienne nos deux familles en respect. L’homme que j’aime est la prochaine victime directe, et je ne peux pas l’avertir du danger qui le guette. Je ne suis d’aucune aide ni à Naythan et sa famille, ni à mes parents et mes amis à Trevion. Et tout ça à cause de quelques terres fertiles et de ressources minières sous-exploitées !

    J’espère que mon fiancé est très, très loin d’ici. De toute manière, vu la façon dont nous nous sommes quittés, il y a à peine quelques heures, il serait étonnant qu’il vienne à ma recherche… « Je me moque de ton royaume ! », avait-il crié au moment où je le suppliais d’envoyer quelques renforts à Trevion pour aider à repousser les attaques. Il était encore troublé par la nouvelle concernant sa mère, mais sa réaction ressemblait en tout point à l’ancien vulgaire Naythan. Toutefois, même s’il m’a blessée, je n’aurais pas dû fuir. Ma situation serait déjà moins grave qu’elle ne l’est en ce moment… D’un autre côté, mon amoureux ne doit pas se trouver à Chander. Si les Fleuréliens attaquent également son palais, je veux qu’il s’en tienne loin. Comment puis-je être certaine qu’il va bien ? Tant d’inquiétudes me taraudent alors que le soleil commence à se lever à l’horizon. Les paupières lourdes, je pousse un bâillement. Le loisir de dormir ne m’a pas été accordé, cette nuit.

    — Fatiguée ? me demande mon compagnon de voyage.

    J’ose à peine le regarder, devinant son sourire narquois. La rage monte en moi. Ma position délicate m’empêche de le défier, d’autant plus que je ne suis vêtue que d’une nuisette, d’une mince robe de chambre et d’une seule pantoufle, ayant perdu l’autre à cause de cette grosse brute de brigand qui m’a jetée dans le carrosse sans aucun ménagement. Mon corps est tout endolori.

    — Nous arriverons bientôt, me dit Dominic sur le ton de la confidence. Vous verrez, je suis certain que vous vous y plairez.

    Finissant par lever les yeux, je constate qu’il a bien un sourire narquois. Ses iris bleus pétillent de malice et ses cheveux noirs en bataille illustrent la folie qui semble l’habiter.

    — Où allons-nous ? demandé-je.

    — Mais à Fleurelle, bien sûr !

    Mon sang se glace. Non ! Pitié, pas Fleurelle ! pensé-je avec horreur.

    — Le roi et la reine désirent vous rencontrer en personne, ma chère.

    — Pourquoi ne pas me ramener à Trevion ?

    Il éclate de rire.

    — Ce serait probablement plus agréable, c’est vrai, confirme-t-il sans plus de détails.

    Mes yeux se remplissent de larmes ; je les baisse. Que vais-je devenir ? Pour le moment, il me faut garder la tête haute. Je suis une princesse, et une princesse ne doit pas montrer ses faiblesses à l’ennemi.

    Essuyant subtilement mes joues, je regarde à nouveau dehors. La forêt se fait moins dense : nous approchons un territoire habité. Le carrosse sort alors des profondeurs des bois pour retrouver un chemin de terre qui zigzague entre de nombreux champs agricoles. Les fameuses plaines fertiles du royaume de Fleurelle. Ici et là, j’aperçois quelques maisons appartenant probablement à des agriculteurs et des fermiers. Beaucoup plus loin, une muraille de pierre dresse ses hauts remparts. Le château doit se trouver de l’autre côté. Le roi de Fleurelle est probablement un homme prétentieux qui ne veut pas avoir directement affaire avec les classes inférieures.

    Plus le temps passe, plus nous nous approchons de la muraille qui semble s’élever vers le ciel. Au moment où nous nous trouvons près de cette immense forteresse, haute de plusieurs mètres, le son de trompettes annonce notre arrivée. Le carrosse s’arrête devant une grande grille de métal gardée par quatre soldats portant le dossard vert émeraude du royaume. Dominic s’avance vers moi. Je recule par instinct tandis qu’il sort sa tête par la fenêtre.

    — Dominic Hadrell. J’apporte de bonnes nouvelles, laissez-nous entrer.

    Aussitôt, les gardes se retirent pour nous laisser passer. Je regarde amèrement les portes se refermer derrière nous alors que des rangées de maisons de pierres grises aux toits rouges s’étirent en rang de chaque côté de la route. Je tends l’oreille, espérant entendre le bafouillement des foules, mais il n’y a aucun bruit. À peine quelques habitants se trouvent dans la rue, se rangeant aux côtés du chemin dès que les soldats à l’avant de notre carrosse apparaissent dans leur champ de vision. Ils inclinent nerveusement la tête vers le sol alors que nous passons en suivant toujours un chemin direct menant vers le centre de ce royaume étrange. Devant nous, j’aperçois finalement les tours d’un château. Comme les maisons, ce dernier est construit de pierres grises, lui donnant une allure imposante et austère. Son toit rouge s’étire haut dans le ciel, et plusieurs drapeaux vert émeraude y sont postés à intervalle régulier. Enfin arrivés devant la façade, nous pouvons apercevoir un grand escalier aboutissant à une porte coulée dans de l’or pur. Elle doit peser une tonne !

    — Nous voilà arrivés, Votre Altesse, m’informe Dominic.

    Un frisson me parcourt le corps. Maintenant, je me trouve réellement dans la gueule du loup.

    Le carrosse s’arrête. Dominic sort le premier, bousculant le pauvre valet qui tente d’ouvrir la portière. Je reste pour ma part bien assise sur mon banc. Je n’ai aucune envie de mettre les pieds dans ce palais. Une fois que j’aurai passé ces portes dorées, je doute de pouvoir en ressortir. Dominic est d’une tout autre humeur. Avec un grognement, il réapparaît dans le carrosse, me saisit brusquement le bras et m’entraîne à l’extérieur. Je perds pied, et il me laisse tout bonnement m’effondrer sur le sol. Je lève la tête pour voir qu’il me regarde d’un air satisfait, alors que pas même le valet ne bouge pour me venir en aide. Courageusement, je retiens les larmes qui menacent d’inonder mes yeux à nouveau et me relève en massant mes genoux. Dominic ordonne à deux soldats de notre escorte de m’accompagner en haut de l’escalier. Cette fois, je fais attention à regarder où je marche. La pierre est glacée sous mon pied nu. Au moins, il me reste l’autre pantoufle.

    Les portes d’or s’ouvrent pour nous laisser devant un large corridor. Nous y procédons lentement. Un tapis de velours rouge recouvre le sol et des meubles de bois minutieusement taillés sont posés de chaque côté. Au plafond, j’observe des arcs peinturés d’or et des chandeliers de cristaux. Tant de luxe…

    — Vous devriez vous changer avant de faire la rencontre de Ses Majestés. Votre accoutrement est… disons… un peu vulgaire, fait remarquer Dominic en désignant ma nuisette et ma robe de chambre.

    — Il faut dire que vous ne m’avez pas exactement laissé la liberté de changer ma tenue avant de m’emmener ici, répliqué-je durement.

    Dominic me regarde avec amusement et ordonne aux soldats qui agrippent toujours mes bras de me diriger vers mes nouveaux appartements, ce qui me surprend.

    — J’ai droit à ma propre chambre ?

    — Vous préféreriez les cachots, peut-être ? me demande malicieusement mon geôlier. Ah, mais bien sûr ! Tout de suite, princesse !

    — Non !

    — C’est ce que je croyais.

    Sur ce, Dominic s’éloigne dans la direction opposée. Quelques minutes et quelques escaliers plus tard, nous arrivons devant une autre porte. Les soldats l’ouvrent et me poussent à l’intérieur de cette nouvelle pièce. J’entends les verrous cliqueter derrière moi. Une prison déguisée en jolie chambre, me dis-je. En regardant les alentours, je me console avec le confort de l’endroit. La pièce est assez grande. Un lit à baldaquin trône au centre et plusieurs meubles sont éparpillés ici et là. À ma gauche, une salle de bain est à ma disposition, et à ma droite, une penderie emplie de robes. Je m’approche du lit et m’y assois. Les battements de mon cœur s’accélèrent. Que dois-je faire maintenant ? Je regarde vers la fenêtre et remarque que cette dernière est également verrouillée. Il n’y a nulle part où m’échapper. Ma tête tombe entre mes mains et des larmes glissent librement sur mes joues. Je prends une grande inspiration. Dominic reviendra bientôt : le roi et la reine désirent faire ma connaissance en personne.

    Me dirigeant vers la salle de bain, je m’arrête devant le miroir. J’ai une mine affreuse : mes cheveux sont entremêlés, le coin de ma lèvre est fendu et j’ai l’impression qu’une bosse se crée au coin de mon front. Mon corps me fait mal. J’ai horreur de l’admettre, mais Dominic a raison : il faut me changer. Si les dirigeants de Fleurelle veulent me rencontrer, je devrai leur renvoyer une image implacable de force et de confiance ; pas question de leur montrer ne serait-ce que l’ombre de la vulnérabilité et de la peur que je ressens. Je me coule donc un bain. L’eau chaude délie mes muscles et m’arrache un soupir détendu. Une fois bien propre, je vais dans la penderie et sélectionne la plus belle robe que je peux y trouver. Un souvenir du premier bal de cet été à Chander me revient soudainement. La robe que je portais avait été confectionnée avec un tissu somptueux qui me donnait l’allure d’une reine. Je dois recréer cette image, aujourd’hui.

    Fin prête, je me rassois sur le lit et patiente, non sans appréhension. Le temps s’écoule, et je ne cesse de me répéter que je dois être forte, que je suis une princesse, que ma famille compte sur moi. Le visage de Naythan se dessine dans ma mémoire. Sa ferme mâchoire, sa fine bouche, son nez bien droit, ses cheveux blonds cendrés, légèrement frisés et deux yeux couleur noisette tirant sur le doré. Ses yeux… Autrefois si froids, si impénétrables. Durant notre séjour au manoir Baueden, en campagne, ses yeux sont devenus mon sanctuaire. J’y retrouvais chaleur, amour et passion. Naythan me manque déjà. Que vais-je faire sans lui ?

    C’est alors qu’un déclic se fait entendre. La porte de la chambre s’ouvre brusquement, précédant l’entrée de Dominic. Je m’exclame avec sarcasme :

    — C’est vous, Dominic ? Mais oui, bien sûr, je vous prie d’entrer.

    — Ah, mais, princesse, j’ai tous les droits ici, me dit-il fièrement.

    Je lui lance un regard furieux qui ne semble pas l’affecter.

    — Je vois que vous vous êtes changée. Sage décision. Leurs Majestés sont maintenant prêtes à vous recevoir.

    Je me lève docilement pour me diriger vers la porte. Dominic s’étonne :

    — Ce qu’elle apprend vite !

    J’ignore son commentaire de mauvais goût et marche la tête haute. Les deux soldats qui gardaient la porte de la chambre me dépassent pour nous mener à destination, quelle qu’elle soit. Nous nous arrêtons devant de grandes portes de bois gravées de motifs floraux. Deux autres soldats y sont postés et nous ouvrent, alors que Dominic s’avance devant moi. Ce n’est qu’une fois les portes bien ouvertes que ce dernier entre de façon théâtrale en levant les bras dans les airs et en s’exclamant :

    — Vos Majestés !

    Des soldats se placent derrière moi et me forcent à avancer. La salle du trône, comme je peux le remarquer, est aussi spacieuse que la salle de bal de Chander. De grandes colonnes de marbre s’élèvent jusqu’au sommet d’un immense plafond de verre en forme de dôme. Le soleil s’y infiltre abondamment, éclairant l’entièreté de la pièce. Tout au fond de la salle, trois sièges sont posés sur une estrade légèrement plus élevée que le niveau du sol. Assis sur le plus imposant des trois trônes se trouve, sans aucun doute, le roi Allan. Il s’agit d’un homme de fine et haute taille. Il arbore une moustache, une longue barbe et des cheveux d’un noir grisonnant lui tombant au niveau des épaules. Sous d’épais sourcils, deux yeux s’enfoncent comme de sombres cavernes. J’évite de m’y engouffrer et regarde à droite du roi où se tient bien évidemment sa femme, la reine Sara-Ève. Cette dernière est tout son opposé : petite et grassouillette. Une grande tignasse de cheveux bruns frisés remontés sur sa tête en un chignon tombant arrive à cacher la rondeur de ses joues. Ses lèvres pulpeuses sont pincées en un rictus satisfait. Sur le dernier trône, une jeune fille tâte les pans de sa robe. Elle semble avoir le même âge que la sœur de Naythan, Talia, soit environ 14 ans. Il s’agit forcément de la princesse… Quel est son nom déjà ? Je fouille dans ma mémoire pour retrouver les livres de politique et les leçons de ma bonne, Rhea. Ah, voilà : la princesse Aurèle de Fleurelle. Je m’en souviens grâce à la rime. Elle est plutôt jolie si on la compare à sa mère. Elle a les mêmes yeux perçants que son père, mais une étincelle de curiosité les anime.

    Mis à part les occupants des trônes, trois autres personnes se tiennent en bas de l’estrade. Je m’arrête subitement. L’une d’elles est Victoria Adams. Pourquoi est-elle ici ? Encore une fois vêtue de rouge, cette arrogante aristocrate était autrefois très proche de Naythan. Il m’a assuré que jamais il n’avait ressenti d’amour véritable à son égard, mais je sais pertinemment que, de son côté, Victoria a toujours été amoureuse du prince chanderois. Si elle n’était pas sincèrement attachée à mon fiancé, elle ne m’aurait pas proposé de devenir sa maîtresse en supposant que cet arrangement réglerait tous mes problèmes — une proposition honteuse qu’elle m’avait faite le soir du bal d’anniversaire de la mère de Naythan, la reine Enora. J’ai chassé Victoria du palais peu après son discours et j’ai terminé la soirée avec plusieurs coupes de vin mousseux… À bien y penser, la voir ici ne me surprend pas. Après tout, comme j’ai pu le comprendre, elle est cousine avec Tyson Sol, l’un des conspirateurs du royaume de Fleurelle. Tout comme son cousin et Dominic, elle est dans le clan des traîtres. Ceux qui sont assoiffés de pouvoir et de richesse.

    Un homme la tient par l’épaule. Ne l’ayant jamais rencontré, je présume qu’il doit être son père. Un duc de Chander qui a trahi son roi pour exploiter les mines du royaume à leur plein potentiel. On croyait que tous appuyaient la régulation de l’industrie pour empêcher l’abus des ressources, mais le duc n’est pas le seul à avoir prouvé être d’avis contraire.

    Dominic s’avance vers l’estrade. Il s’incline devant le roi, la reine et la princesse, puis se range aux côtés du dernier individu présent dans la pièce. Il s’agit probablement de son père. Étant devenu conseiller du roi de Fleurelle, celui-ci occupe une place mainte fois plus élevée dans la société que ne l’était celle qu’il tenait à Chander, avant d’être exilé avec sa famille pour conspiration contre le roi.

    Je me retrouve encerclée de traîtres et d’envahisseurs… Mon cœur se gonfle à l’idée que de tels individus aient orchestré des attaques dans deux autres royaumes du continent, brisant pour de bon la paix au centre d’Aldoria. Tu es une princesse, Mila. Ne l’oublie pas. Je redresse la tête.

    Dominic fait signe aux deux soldats de me pousser à avancer davantage vers l’estrade. Le roi se relève de son siège.

    — Princesse Mila-Rose ! Quel plaisir d’enfin vous rencontrer !

    Je ne réponds pas. Le roi ne semble pas s’en offusquer.

    — Vous gardez le silence ? Ah, vous me rappelez votre chère mère. Adelynn a toujours été d’un tempérament fougueux…

    Mon cœur se serre en entendant le nom de ma mère. Ma famille.

    — Que leur avez-vous fait ?

    Le roi sourit, satisfait d’entendre un son sortir de ma bouche.

    — Rien de grave, très chère. Pour l’instant, ils sont toujours à Trevion. Nous les gardons à l’œil.

    Ils sont vivants… Je ferme les yeux et pousse un soupir de soulagement.

    — Il y a bien longtemps que nous attendions ce moment. Nous possédons enfin les territoires que nous convoitions, ajoute le roi.

    Bien longtemps, en effet. Rhea m’a raconté les vraies raisons qui ont poussé mes parents à me fiancer et les véritables problèmes qui préoccupaient mon royaume : Fleurelle n’a jamais aimé qu’une partie des plaines fertiles du continent appartienne à Trevion et à Chander ; il voulait en posséder l’entièreté. N’osant pas alors défier la puissance de Chander, le territoire le plus vaste et prospère d’Aldoria, Fleurelle a essayé de s’en prendre à mon petit royaume en premier. Bien sûr, mes parents ont refusé de donner tout bonnement les quelques belles terres agricoles que Trevion possédait. Alors, notre voisin du sud a augmenté le prix des vivres exportés. Cette stratégie a beaucoup affecté mon peuple. La diminution de nourriture venue d’ailleurs affamait les habitants et la surexploitation de nos terres en diminuait la qualité. Étant entièrement recouverts de champs fructueux, Fleurelle et son système agraire représentent le garde-manger indispensable du continent. D’autre part, des soldats fleuréliens ont également tenté de repousser les frontières de mon royaume pour y entrer. Les dirigeants de Chander, étant des amis de mes parents, sont intervenus. Ils ont pu arrêter les mouvements, mais la colère de Fleurelle a simplement augmenté. Puisque Chander ne peut rien faire concernant la manière dont Fleurelle est dirigé, le prix des vivres est demeuré très haut. Le commerce de mon peuple en a été affaibli. Durant plusieurs années, Trevion dépendait de ses relations avec les royaumes de Sorento et de Chander, ainsi que du marché du bois, sa ressource la plus abondante, malgré tout l’économie faiblissait de plus en plus. Mes parents ont alors trouvé la réponse à leurs problèmes : ils devaient fiancer leur fille unique au prince du royaume d’à côté. Une telle alliance aurait permis d’apporter un soutien de protection solide et un rétablissement de l’économie. Le royaume de Chander, pour sa part, aurait eu la possibilité d’agrandir son influence territoriale. C’était une solution parfaite. Ce l’était…

    Je tente de contrôler les battements de mon cœur qui ne cessent d’accélérer. Le roi s’approche. Reculant instinctivement, je percute les deux gardes, toujours postés derrière moi. Sa Majesté est maintenant à quelques pas. Des rides creusent le coin de ses yeux perçants. Il m’observe, ou plutôt m’analyse, de la tête au pied, avant de rabaisser son regard sur ma main.

    — Vous portez une bien jolie bague, princesse, dit-il, scrutant minutieusement le bijou à l’annulaire de ma main gauche.

    Paniquant à l’idée qu’il décide de me la confisquer, je la cache immédiatement derrière mon dos. Le regard du roi s’enflamme. Ordonné d’un signe de tête, le soldat à ma gauche saisit fermement mon bras pour l’avancer à nouveau vers le souverain.

    — Une très jolie bague, en effet. Le prince a bon goût.

    Il replonge son regard dans le mien. Une vague glaciale parcourt ma colonne vertébrale.

    — Parlant du prince Naythan…, commence-t-il alors que mon cœur se serre.

    Le roi se retourne vers Dominic, toujours resté debout près de l’estrade. Ce dernier s’avance et annonce :

    — Quelques-uns des soldats que Votre Majesté a mis à ma disposition sont demeurés à l’auberge où nous avons trouvé la princesse. Ils attendent patiemment l’arrivée du prince de Chander.

    Je croise les doigts : pitié, faites que Naythan se tienne loin de cette maudite demeure !

    — Et comment pouvez-vous être certain qu’il est parti à la suite de la princesse ? demande le roi.

    — Le palais de Chander est maintenant en notre possession, Votre Altesse. L’un de mes informateurs m’a assuré que le roi et la reine, ainsi que la princesse et le jeune prince sont sous contrôle, mais que l’héritier s’est échappé, poursuit

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