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L' AGIR ETHIQUE DE LA DIRECTION D'ETABLISSEMENT SCOLAIRE: Fondements et résolution de problèmes
L' AGIR ETHIQUE DE LA DIRECTION D'ETABLISSEMENT SCOLAIRE: Fondements et résolution de problèmes
L' AGIR ETHIQUE DE LA DIRECTION D'ETABLISSEMENT SCOLAIRE: Fondements et résolution de problèmes
Livre électronique277 pages2 heures

L' AGIR ETHIQUE DE LA DIRECTION D'ETABLISSEMENT SCOLAIRE: Fondements et résolution de problèmes

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À propos de ce livre électronique

Devant les nombreux changements qui touchent l’école, le rôle de la direction d’établissement se complexifie. Simultanément, le nombre de problèmes éthiques vécus dans les milieux scolaires s’accroît, et il devient nécessaire que les directions d’établissement développent leur agir éthique pour faire face à ces nouveaux défis. Le développement de l’agir éthique ne s’effectue cependant pas de manière spontanée ; il est plutôt le fruit d’une pratique réflexive. Il est donc souhaitable d’accompagner et de guider les professionnels dans ce processus afin d’éviter qu’ils évoluent seuls dans un contexte instable et dans des situations habitées d’enjeux éthiques parfois difficiles à cerner.

Le présent ouvrage propose des idées de formation conçues à la suite de diverses recherches menées au cours de la dernière décennie auprès de professionnels de l’éducation. L’auteure souhaite aider la direction d’établissement scolaire à développer son agir éthique, et ce, en abordant différents angles : l’introduction à des fondements théoriques en éthique, la mise en évidence de quelques enjeux dominants actuels dans les écoles afin de mieux circonscrire la source de certains problèmes éthiques ainsi que la présentation de stratégies et d’outils à utiliser dans la formation et dans la pratique.
LangueFrançais
Date de sortie7 nov. 2017
ISBN9782760548183
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    Aperçu du livre

    L' AGIR ETHIQUE DE LA DIRECTION D'ETABLISSEMENT SCOLAIRE - Lise-Anne St-Vincent

    INTRODUCTION

    L’école, porteuse de nombreux changements sociétaux (Baby, 2012; Deniger, 2012; Fullan, 2015), s’est transformée considérablement au fil des ans et à différents égards. D’un endroit un peu soustrait du regard des membres de la communauté (Johansson, 2003), elle est devenue un lieu dans lequel des activités professionnelles et sociales se sont pluralisées. Ainsi, le rôle de la direction d’établissement scolaire s’est également altéré dans les dernières décennies (Begley, 2003; Shapiro et Gross, 2013). En effet, plus d’acteurs sont impliqués dans le changement des pratiques en contexte scolaire (Rousseau, 2012) et cette intersubjectivité fait émerger de nouveaux enjeux dans les milieux. En raison de la divergence des valeurs et des principes qui habitent tous ces acteurs scolaires qui interagissent, plus de conflits sont susceptibles d’apparaître (Legault, 1999; St-Vincent, 2011). La direction doit alors agir comme médiateur (Poirel et Yvon, 2012) en veillant à ce que les lois et les règlements soient respectés (St-Vincent, 2013; Tuana, 2014). De surcroît, comme en ce qui a trait aux enseignants (Jeffrey, 2015a), les attentes sociétales exigent de la direction d’établissement scolaire une conduite exemplaire.

    Durant la dernière décennie, nous avons mené diverses recherches liées aux problèmes éthiques en milieux scolaires auprès d’enseignants débutants et expérimentés ainsi qu’auprès de directions d’établissements scolaires, et ce, dans certaines régions du Canada, de l’Espagne et de la Suisse. Des fondements ont pu être mis en évidence à l’aide de recensions d’écrits et des pistes de formation dégagées par le moyen d’analyses de données recueillies. Cet ouvrage présente certains aspects plus larges concernant l’éthique et d’autres aspects liés de manière plus directe au développement de l’agir éthique en formation. Le texte est conçu en adoptant trois angles: définir certains éléments de base afin de poser un cadre au développement de l’agir éthique des directions d’établissement scolaire, faire ressortir des enjeux éthiques actuels dans les milieux scolaires afin d’alimenter leur réflexion, et proposer des stratégies et des outils pour aider à construire leur agir éthique comme professionnel dans les milieux scolaires.

    L’ouvrage se divise en deux parties: les fondements et la résolution de problèmes éthiques. Dans la première partie, les bases sur lesquelles nos pistes de développement de l’agir éthique ont été construites sont présentées. Dans la seconde partie, nous proposons des éléments à considérer, des stratégies et des outils qui permettent de résoudre des problèmes éthiques rencontrés par des directions d’établissements scolaires.

    La partie présentant des fondements comprend les deux premiers chapitres: quelques notions ainsi que la terminologie et le concept de problème éthique.

    De manière plus précise, le chapitre 1 présente les bases sur lesquelles nos pistes de développement de l’agir éthique ont été construites. On y distingue des concepts fondamentaux: l’éthique, la morale, l’éthique appliquée, l’éthique professionnelle et l’agir éthique. Aussi, nous posons un premier cadre général pour situer la nature des options devant les problèmes d’ordre éthique avec un survol des trois grandes familles de théorie en philosophie morale: le conséquentialisme, le déontologisme et le vertuisme.

    Le chapitre 2 définit ensuite de manière détaillée ce qu’est un problème éthique ainsi que les quatre dimensions qui le composent: les personnes concernées, les valeurs en jeu, les principes professionnels auxquels les intervenants adhèrent et le cadre normatif.

    La deuxième partie s’intéresse plus spécifiquement à la résolution de problèmes éthiques et comprend les sept chapitres suivants: les enjeux dominants actuels dans les milieux scolaires afin de mieux situer les problèmes qui se présentent, les prémices de la résolution, les approches globales de résolution, les processus décisionnels devant les problèmes éthiques, l’instauration d’une culture éthique, l’optimisation de la résolution en équipe et le cas particulier d’un problème éthique impliquant l’agir éthique d’un intervenant de l’équipe-école.

    Le chapitre 3 traite de quatre enjeux sociétaux dominants. Ceux-ci représentent les vecteurs principaux dans lesquels s’inscrivent les défis actuels rencontrés dans les milieux scolaires et qui sont souvent des sources de conflits de valeurs ou de principes. Ce regard élargi permet à la direction d’établissement de mieux comprendre dans quels enjeux s’enracinent certaines tensions.

    Le chapitre 4 prépare plus directement la direction à résoudre des problèmes éthiques en mettant en évidence les prémices de la résolution. La sensibilité éthique permet d’anticiper les conséquences dans la vie des personnes concernées et la sensibilité émotionnelle rend l’individu apte à détecter les inconforts chez les personnes concernées. Finalement, l’importance de la reconnaissance des dimensions éthiques est relevée afin que l’individu soit en mesure de distinguer plus clairement les composantes d’un problème éthique, lorsqu’il se présente. Cette reconnaissance mène à une meilleure articulation des éléments fondamentaux du cadre de référence éthique personnel, comme la connaissance du cadre normatif, les valeurs personnelles et les principes qui sous-tendent les décisions de la direction d’établissement scolaire et appuient son jugement professionnel.

    Le chapitre 5 s’intéresse à six approches mises en évidence à l’issue d’une recherche explorant les problèmes éthiques rencontrés en contexte d’inclusion scolaire, effectuée auprès de directions d’établissement scolaire au Canada, en Espagne et en Suisse. Ces approches sont expliquées et exemplifiées, permettant une lecture différente des façons de résoudre les problèmes rencontrés en milieux scolaires.

    Au chapitre 6, les processus décisionnels sont abordés. La direction d’établissement doit évaluer quel type de décision prendre selon la nature des problèmes qui sont rencontrés. Lorsqu’un problème complexe doit être résolu en équipe, par exemple un problème éthique, le processus nécessite qu’il y ait mise en œuvre d’un dialogue. Un modèle de processus décisionnel éthique en milieu scolaire est proposé et expliqué.

    La direction d’établissement scolaire doit assumer un leadership éthique dans son milieu et inciter tous les acteurs scolaires à se mobiliser et à développer des stratégies individuelles et collectives adéquates pour être en mesure, entre autres, de résoudre en équipe des problèmes éthiques. Le chapitre 7 présente des actions-clés pour instaurer une culture éthique afin de sensibiliser et de préparer les membres de l’équipe-école à ce type de résolution. Instaurer une culture éthique permet de déterminer les défis jugés prioritaires par une équipe-école et d’inciter au développement du cadre de référence éthique des intervenants.

    Le chapitre 8 poursuit dans la même perspective en présentant quatre mesures à prendre lors du processus décisionnel éthique en milieu scolaire afin d’optimiser la résolution en équipe.

    En dépit de tous les efforts, la préparation et la bonne volonté de la direction d’établissement et de la plupart des acteurs scolaires, les dissidences d’un intervenant ou même de quelques-uns par rapport aux attentes tacites ou convenues dans le milieu demeurent quand même une possibilité. Le chapitre 9 aborde les écarts d’attitudes et de comportements d’un intervenant qui se situent dans une zone grise et peuvent occasionner des tensions, des conflits de valeurs ou de principes. Ce type de problème doit faire l’objet d’un traitement différent. Cinq mesures sont proposées pour aider la direction d’établissement devant cette situation particulière.

    Des exercices vous sont offerts tout au long de cet ouvrage pour intégrer et approfondir la réflexion et pour favoriser l’intégration des stratégies et des outils présentés.

    Présenter des fondements en éthique ainsi que proposer des outils pour aider les directions d’établissement à résoudre des problèmes éthiques peut sembler présomptueux, car l’éthique est un vaste univers. En effet, il est facile pour une personne non initiée de se perdre dans l’ensemble des écrits liés à l’éthique. Considérant ce souci, les formateurs et les apprenants ciblés sont invités à approfondir leurs connaissances au cours de la lecture pour mieux situer leur pratique dans cet univers. Différentes approches pédagogiques liées au savoir-agir éthique des professionnels en éducation se développent depuis quelques années, notamment en raison de l’intérêt qui semble s’accroître sur le sujet dans différentes recherches. Ces approches pédagogiques tendent vers le développement de l’agir éthique et sont moins portées vers l’apprentissage de comportements professionnels attendus. Ce présent ouvrage, qui s’adresse particulièrement aux directions d’établissements, s’inscrit dans ce mouvement.

    CHAPITRE 1

    Quelques notions et la terminologie

    OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE

    —Distinguer certains concepts fondamentaux: éthique, morale, éthique professionnelle et agir éthique.

    —Se familiariser avec trois grandes familles de théories en philosophie pour analyser des réponses possibles devant un problème éthique.

    —Constater la complémentarité des perspectives des familles dans l’évaluation des réponses possibles devant un problème éthique.

    L’éthique est une discipline qui appartient à la philosophie. Elle s’intéresse aux comportements des humains et aux modes de régulation de leur conduite. L’éthique est un concept polysémique qui demeure à ce jour relativement ductile selon la perspective de l’éthicien. Cet ouvrage ne peut qu’effleurer des lignes cardinales du concept de l’éthique selon une posture bien définie. Par conséquent, il se révèle nécessaire de débuter en ancrant l’ensemble de notre réflexion dans un cadre précis. Dans ce chapitre, nous dressons un contour de certains concepts afin d’aider le lecteur à comprendre la terminologie adoptée et à mieux appréhender les démarches proposées par la suite. Nous posons quelques définitions de manière générale afin d’établir des distinctions plus éclairées entre des concepts utilisés tout au long de l’ouvrage.

    Dans un premier temps, nous expliquons notre posture quant à certains concepts de base, soit l’éthique, la morale, l’éthique appliquée et l’éthique professionnelle, et nous précisons ce que signifie l’agir éthique. Ensuite, nous présentons trois grandes familles de théories en philosophie servant d’assises fondamentales pour construire des décisions lors d’une réflexion éthique: le conséquentialisme, le vertuisme et le déontologisme.

    1.1.La distinction entre éthique et morale

    Un grand débat subsiste sur la distinction à faire entre morale et éthique. Dans une perspective de développement de l’agir éthique et de la résolution de problèmes éthiques, il est essentiel de considérer que l’argumentation et la délibération sont des habiletés centrales. Par conséquent, dans une visée de clarification du discours, cela nous amène à adopter une posture qui distingue les deux concepts. Comme l’explique Ricœur (2004),

    les spécialistes de philosophie morale ne s’entendent pas sur la répartition du sens entre les deux termes morale et éthique. L’étymologie est à cet égard sans utilité, dans la mesure où l’un des termes vient du latin et l’autre du grec, et où tous deux se réfèrent d’une manière ou d’une autre au domaine commun des mœurs. (p. 689)

    Ricœur (2004) reconnaît toutefois une distinction importante entre morale et éthique, mais aussi une complémentarité fondamentale, la morale se révélant comme un plan de référence et l’éthique comme un exercice de jugement lorsque cette moralité prend forme et se contextualise.

    Bien que Gohier (2005) reconnaisse aussi une nécessaire complémentarité entre morale et éthique, elle met l’accent sur l’intériorisation première de la morale, des règles afin que l’individu développe une maturité éthique et soit en mesure d’exercer son jugement. Par ailleurs, Fortin (1995) définit la morale comme un ensemble de repères pour un individu lorsqu’il se questionne sur les décisions à prendre: «un ensemble de règles qui guident les êtres humains dans leur appréhension du bien et du mal et qui régissent leurs conduites individuelles et collectives» (p. 28). Il présente le discours moral comme étant prescriptif et portant sur l’action à réguler, et le discours éthique comme étant appréciatif et portant sur le jugement qui commande l’action morale: «Le langage de la morale n’est pas celui de l’éthique […] La morale sécrète la norme, la règle; l’éthique, quant à elle, s’articule à la valeur» (Fortin, 2007, p. 73).

    Pour sa part, Legault (1999) définit la morale comme une notion qui renvoie aux devoirs, aux obligations: «Elle situe notre décision personnelle (autodiscipline) en fonction d’obligations que nous reconnaissons comme gouvernant nos décisions» (p. 283). Par ailleurs, il conçoit l’éthique comme une réflexion qui permet de situer nos «décisions d’agir par rapport aux valeurs que nous désirons mettre en pratique (actualiser ses valeurs)» (p. 282). L’éthique, comme le précise Drolet (2014), «invite chacun à avoir le courage de la décision et à assumer la responsabilité de ses actions» (p. 40).

    D’une part, nous concevons la morale comme un plan de référence, c’est-à-dire un ensemble de repères sur lesquels il est possible de s’appuyer pour réfléchir pour guider sa réflexion, comme des codes, des règles, des devoirs et des obligations. D’autre part, nous définissons l’éthique comme un exercice de jugement qui s’appuie sur des valeurs à actualiser en tenant compte de leur rapport aux normes.

    Dans le cadre de nos travaux, nous adoptons une posture similaire à celle de Fortin (2007), Legault (1999) et Ricœur (2004). D’une part, nous concevons la morale comme un plan de référence, c’est-à-dire un ensemble de repères sur lesquels il est possible de s’appuyer pour réfléchir pour guider sa réflexion, comme des codes, des règles, des devoirs et des obligations. D’autre part, nous définissons l’éthique comme un exercice de jugement qui s’appuie sur des valeurs à actualiser en tenant compte de leur rapport aux normes. Ces normes sont représentées, entre autres, par les lois, les règlements, etc.

    À titre d’exemple, un élève de l’école, témoin de Jéhovah, vient rencontrer la direction d’établissement scolaire avec son enseignante. L’élève désire participer à une célébration prévue par son groupe-classe et demande à la direction que ses parents n’en soient pas informés, sachant qu’ils refuseraient. La direction est sensible aux besoins de socialisation du jeune et elle n’adhère pas à plusieurs grands principes de cette religion, mais elle doit tenir compte des impératifs. Selon notre posture, dans cette situation, la «morale» est représentée en partie par les codes, les règles, les devoirs et les obligations sur lesquels la direction doit s’appuyer pour réfléchir. L’«éthique» est représentée par l’exercice de jugement que la direction effectue pour prendre une décision en considérant les besoins du jeune qu’elle trouve importants, son rôle de médiation, et ce, en tenant compte de ces codes, ces règles, etc.

    1.2.L’éthique professionnelle, un champ de l’éthique appliquée

    La notion d’éthique appliquée est apparue il y a une cinquantaine d’années aux États-Unis en raison de nouveaux champs de préoccupations éthiques au sein de la société: «Dans le courant des années 1970, certains de ces champs se sont stabilisés et polarisés en bioéthique, éthique environnementale, éthique des affaires et éthique professionnelle» (Parizeau, 2004, p. 694). Chacun de ces champs cerne ses propres préoccupations et tente de définir des méthodes d’analyse éthique pour aider à résoudre des situations précises et à prendre des décisions selon leur contexte. Legault (1999) présente l’éthique appliquée comme «une éthique dans laquelle la situation occupe la première place […] Il faut choisir une solution et la décision prise aura des conséquences sur soi, sur les autres et sur l’environnement […] Est-ce la meilleure chose à faire dans les circonstances?» (p. 282).

    Plus précisément, le champ de l’éthique professionnelle s’est développé «pour

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