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De l'éthique à l'ergothérapie, 3e édition: Un cadre théorique et une méthode pour soutenir la pratique professionnelle
De l'éthique à l'ergothérapie, 3e édition: Un cadre théorique et une méthode pour soutenir la pratique professionnelle
De l'éthique à l'ergothérapie, 3e édition: Un cadre théorique et une méthode pour soutenir la pratique professionnelle
Livre électronique507 pages5 heures

De l'éthique à l'ergothérapie, 3e édition: Un cadre théorique et une méthode pour soutenir la pratique professionnelle

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À propos de ce livre électronique

L’ergothérapeute se sent souvent démuni devant les situations éthiques plus ou moins complexes rencontrées en pratique. En offrant un vocabulaire éthique et une méthode d’approche des enjeux éthiques de la pratique ergothérapique, ce livre entend outiller l’ergothérapeute afin qu’il soit en mesure d’aborder ces situations avec plus d’aisance et de confiance, de façon à ce qu’il poursuive le développement d’un souci aigu de l’éthique dans sa pratique.

Cet ouvrage permet de comprendre la nature de l’éthique en tant que discipline philosophique. Il cerne les préoccupations essentielles de l’éthique appliquée à la pratique ergothérapique et offre une base théorique en décortiquant la théorie des stades de développement du raisonnement éthique de Kohlberg ainsi que les trois familles de théories éthiques contemporaines que sont l’éthique utilitariste, l’éthique déontologique et l’éthique des vertus, en plus de cerner les valeurs propres à la profession (ontologie axiologique). Ces théories sont synthétisées en un cadre éthique quadripartite afin de guider l’ergothérapeute dans l’analyse des dimensions éthiques de sa pratique professionnelle. Ce livre propose dix étapes pour résoudre de façon structurée, méthodique et rigoureuse les enjeux éthiques auxquels ces professionnels sont confrontés au quotidien.

Cette troisième édition actualisée a une visée pédagogique et pratique. Chaque chapitre comprend plusieurs nouveaux exercices afin de faciliter l’intégration des notions théoriques qui ont fait l’objet d’une synthèse approfondie. Cette édition met donc l’accent sur la mobilisation des connaissances éthiques pour soutenir les apprentissages et le développement de la pratique réflexive éthique en ergothérapie. S’adressant d’abord à l’ergothérapeute, peu importe son lieu de pratique et le rôle qu’il occupe (clinicien, consultant, coordonnateur clinique ou de stage, gestionnaire, administrateur, enseignant, chercheur, propriétaire d’une clinique privée, politicien, etc.), il se destine également aux étudiants en ergothérapie qui travailleront à titre d’ergothérapeute.

Marie-Josée Drolet, titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal, est professeure agrégée au Département d’ergothérapie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Mélanie Ruest est ergothérapeute et titulaire d’un doctorat en recherche en sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. Elle réalise un stage postdoctoral dans le domaine de l’éthique appliquée au Département d’ergothérapie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
LangueFrançais
Date de sortie6 janv. 2021
ISBN9782760554184
De l'éthique à l'ergothérapie, 3e édition: Un cadre théorique et une méthode pour soutenir la pratique professionnelle
Auteur

Marie-Josée Drolet

Marie-Josée Drolet, titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal, est professeure agrégée au Département d’ergothérapie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

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    Aperçu du livre

    De l'éthique à l'ergothérapie, 3e édition - Marie-Josée Drolet

    Introduction

    L’éthique n’est pas un système idéal, noble en théorie, mais

    qui ne vaudrait rien en pratique. C’est l’inverse qui est vrai : un

    jugement éthique qui ne vaut rien en pratique doit certainement

    souffrir de quelque défaillance théorique, car tout l’intérêt d’un

    jugement éthique est justement de guider la pratique.

    Singer, 1997, p. 14.

    Le présent ouvrage se veut une initiation à l’éthique et aux principales théories éthiques contemporaines aptes à soutenir l’ergothérapeute et l’étudiant en ergothérapie dans sa recherche d’une pratique professionnelle respectueuse des valeurs et des normes les plus élevées sur les plans éthique, déontologique, légal et professionnel. Cette introduction a deux visées principales : 1) exposer les raisons centrales à la publication d’un ouvrage consacré entièrement à l’éthique appliquée à la pratique ergothérapique ; 2) tracer les grandes lignes de son contenu.

    Depuis 2008, il faut être titulaire d’une maîtrise professionnelle pour pratiquer l’ergothérapie au Canada (Association canadienne des ergothérapeutes [ACE], 2002). Auparavant, un baccalauréat¹ suffisait pour exercer la profession d’ergothérapeute² dans l’une des dix provinces³ ou l’un des trois territoires du Canada. Cette augmentation des exigences professionnelles n’est pas propre à l’ergothérapie. En effet, l’évolution des professions s’avère liée à une exigence de plus en plus marquée à l’égard du professionnalisme en particulier, voire de l’éthique professionnelle en général (Legault, 2008). L’ergothérapie n’échappe pas à cette évolution. La transformation des métiers en professions (soit la professionnalisation) – que connaissent les sociétés démocratiques contemporaines – se trouve associée à un retour de l’éthique (Legault, 2008). Le professionnalisme, en tant qu’éthique appliquée à la pratique d’une profession, devient « la valeur par excellence de toute profession » (Legault, 2008, p. 48).

    Tout ergothérapeute a certes des obligations légales et des devoirs déontologiques (Kornblau et Starling, 2000), mais il a également des responsabilités éthiques. Les responsabilités éthiques de l’ergothérapeute, qui ne se réduisent ni à ses obligations légales, ni à ses devoirs déontologiques, ni à une addition ou à une combinaison de ceux-ci, relèvent plutôt de la philosophie. De quelle manière s’articulent et se déclinent ces responsabilités éthiques afin de perfectionner une pratique éthique de l’ergothérapie ? Quelles sont les caractéristiques d’une pratique éthique de la profession ? Ces questions sont au cœur de cet ouvrage. Outre définir ce qu’est l’éthique et en quoi consiste une pratique éthique de l’ergothérapie, l’un des objectifs pédagogiques de cet ouvrage est précisément d’offrir des ressources théoriques et pratiques soutenant le respect de l’éthique afin que les ergothérapeutes et les étudiants en ergothérapie soient à même, si ce n’est déjà le cas, d’agir de manière éthique au quotidien, voire d’inspirer leurs collègues et les clients par leurs comportements exemplaires.

    L’éthique est une branche de la philosophie qui s’intéresse entre autres aux valeurs, aux biens, aux principes, aux vertus et aux normes du vivre-ensemble⁴ afin d’orienter d’une manière souhaitable la conduite humaine, organisationnelle et sociale (Weinstock, 2006). De fait, « l’éthique cherche à guider l’action humaine pour le mieux-être de l’humanité » (Legault, 2008, p. 41). Ainsi, pour connaître ses responsabilités éthiques, l’ergothérapeute doit exercer ses compétences éthiques, notamment celles reliées à la sensibilité, au jugement, à la motivation et au courage éthiques (Swisher, Arslanian et Davis, 2005). À ce sujet, l’Association canadienne des ergothérapeutes (ACE) affirme que l’ergothérapeute doit, dans sa pratique – en tant que professionnel compétent – « faire preuve d’une pratique respectueuse de l’éthique » (ACE, 2012, p. 11). Éventuellement, en tant que professionnel chevronné cette fois, il doit « faire preuve d’une pratique respectueuse de l’éthique, et ce, avec aise et efficacité » (ACE, 2012, p. 13). L’ACE appuie ici le constat de Legault (2008) suivant lequel les professionnels sont conviés à faire preuve de professionnalisme dans leur pratique, c’est-à-dire à agir de manière éthique. Le tableau I.1 présente la vision de l’ACE des compétences éthiques de l’ergothérapeute.

    TABLEAU I.1 / Les compétences éthiques de l’ergothérapeute selon l’ACE

    Source : ACE, 2012, p. 11.

    Bien que la déclinaison des compétences éthiques de l’ergothérapeute proposée par l’ACE (2012) soit pertinente, il n’en demeure pas moins qu’elle formule des prescriptions somme toute larges et imprécises. Par exemple, certains éléments de cette liste des compétences éthiques dites habilitantes (p. ex. reconnaître et répondre de façon appropriée aux questions d’éthique qui se posent dans la pratique ; ACE, 2012, p. 11) peuvent sembler énigmatiques à plusieurs personnes. En effet, comment fait-on concrètement pour reconnaître et répondre adéquatement aux questions éthiques que soulève la pratique ergothérapique ? Ce livre entend remédier à cette imprécision, en offrant des pistes de réponses concrètes pour soutenir l’application des connaissances éthiques à la pratique ergothérapique et le développement des compétences éthiques de l’ergothérapeute et de l’étudiant en ergothérapie.

    Les préoccupations de l’ACE pour une pratique éthique de l’ergothérapie sont partagées par les divers ordres professionnels qui encadrent la pratique de la profession dans les provinces canadiennes. Au Québec, l’Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ, 2010) convie les ergothérapeutes à la prestation de services de qualité qui s’appuient non seulement sur des faits probants, mais également sur des principes justes de distribution des services ergothérapiques : « Les besoins de services en ergothérapie dépassent souvent les ressources disponibles. Les ergothérapeutes ont à faire face alors à des questions éthiques, surtout lorsqu’il s’agit d’établir un ordre de priorité dans le traitement des demandes de services et l’offre des services, puis de déterminer la nature même des services qui seront offerts aux clients » (OEQ, 2010, p. 13).

    Bien que les préoccupations de l’OEQ pour la juste distribution des services ergothérapiques ne couvrent pas l’ensemble des responsabilités éthiques de l’ergothérapeute, ce souci reflète un élément important de la pratique contemporaine de l’ergothérapie. En effet, dans le contexte actuel des ressources limitées et de pénurie de la main-d’œuvre professionnelle (à tout le moins en ergothérapie), l’ergothérapeute est confronté à des questions de justice distributive (Barnitt, 1998) relatives aux services d’habilitation à l’occupation qu’il fournit. Les responsabilités éthiques de l’ergothérapeute concernent certes les clients rencontrés, mais également tous ceux qui, dans sa région, ont besoin d’ergothérapie (c’est-à-dire ceux qui sont en attente de services et ceux qui n’y ont pas accès alors qu’ils en ont besoin ; Carrier, Levasseur et Mullins, 2010). L’éthique peut donc amener l’ergothérapeute à envisager sa pratique professionnelle selon une perspective critique, voire politique qui peut le conduire à revendiquer auprès de diverses instances une distribution différente des soins de santé et des services sociaux (Barbara et Curtin, 2008 ; Cottrell, 2005 ; Drolet et Hudon, 2016 ; Hammell, 2015).

    Si maints organismes régulateurs de la profession ont à cœur la juste distribution des services d’ergothérapie, il en est de même de plusieurs penseurs phares de la profession qui promeuvent les droits occupationnels des clients (Barbara et Curtin, 2008 ; Hammell, 2015, 2020 ; Kirsch, 2015). Au Canada, depuis les années 1990, le développement de l’ergothérapie s’est majoritairement illustré dans la production de connaissances (Picard-Greffe, 1994), particulièrement de résultats probants⁵ dans le domaine de la recherche quantitative. En une trentaine d’années, le visage de la profession s’est modifié (Christiansen et Baum, 2005), les bases théoriques se sont affermies et des chercheurs en ergothérapie et en science de l’occupation de différentes provenances ont contribué à l’édification théorique et conceptuelle de la profession. De nos jours, une initiation à l’éthique fait généralement partie de la formation conduisant à l’exercice de la profession au Canada et celle-ci est réalisée en quelques rares occasions par des philosophes (Hudon et al., 2014) ou des professionnels ayant une formation de cycle supérieur en bioéthique⁶. Les écrits contemporains révèlent en effet un intérêt manifeste et croissant de la part des théoriciens en ergothérapie et en science de l’occupation pour la justice sociale, voire la justice occupationnelle et les droits occupationnels (p. ex. Baron et al., 2009 ; Drolet, Désormeaux-Moreau, Soubeyran et Thiébaut, 2020 ; Durocher, Rappolt et Gibson, 2014 ; Galvin, Wilding et Whiteford, 2011 ; Hammell, 2015, 2020 ; Hammell et Iwama, 2012 ; Larivière, Drolet et Jasmin, 2019 ; London, 2005 ; Nilsson et Townsend, 2014 ; Padilla, Gupta et Liotta-Kleinfeld, 2004 ; Townsend et Polatajko, 2007 ; Townsend et Wilcock, 2004 ; Wolf et al., 2010). Bien que cette liste d’écrits sur le sujet ne soit pas exhaustive, elle montre que les notions de droits occupationnels et de justice à travers les occupations sont de plus en plus discutées et valorisées en ergothérapie ainsi qu’en science occupationnelle. Ces notions impliquent que l’ergothérapeute favorise la participation et l’engagement occupationnels des personnes, mais qu’il défend également leurs droits occupationnels, dont l’accès équitable à des occupations significatives et valorisées socialement (Larivière et al., 2019). Cela signifie que l’ergothérapeute peut être amené à combattre la discrimination, la stigmatisation, la ségrégation et l’exclusion sociale, de façon à offrir à toute personne une véritable égalité des chances (Hammell, 2015 ; Nussbaum, 2011 ; Sen, 2005). En d’autres termes, si l’éthique, en tant que discipline philosophique, peut contribuer à enrichir les théories et les pratiques ergothérapiques, il va sans dire que l’ergothérapie et la science occupationnelle peuvent, à leur tour, nourrir les réflexions philosophiques contemporaines relatives à l’éthique.

    Bien que les enjeux éthiques que soulève la pratique ergothérapique soient relativement peu documentés à ce jour (Bushby et al., 2015), l’ergothérapeute et l’étudiant en ergothérapie sont appelés à vivre diverses situations problématiques au quotidien se rapportant à l’éthique. Ils peuvent avoir des préoccupations éthiques reliées à la qualité des services qu’ils offrent (pratique probante ; Law et MacDermid, 2008), à la manière dont ils distribuent les soins et les services aux personnes qu’ils aident (justice distributive ; Barnitt, 1998), à la façon dont les soins de santé et les services sociaux sont accessibles et rendus (justice sociale ; Braveman et Bass-Haugen, 2009), à la justice à travers les occupations (justice occupationnelle ; Townsend et Polatajko, 2007) et aux droits occupationnels des personnes ayant une déficience ou une incapacité (justice occupationnelle ; Hammell, 2015). En outre, l’ergothérapeute et l’étudiant en ergothérapie peuvent avoir des préoccupations éthiques relatives à l’action en conformité avec les valeurs⁷ auxquelles ils adhèrent (intégrité éthique ; Barnitt, 1998 ; Drolet, 2014a, 2014c ; Drolet et Désormeaux-Moreau, 2019, 2016, 2014 ; Kinsella et al., 2008 ; Wright-St Clair et Newcombe, 2014), à la signifiance des interventions pour les personnes appartenant à des minorités culturelles (sécurité culturelle ; Black et Wells, 2007 ; Gerlach, 2012), à la pratique centrée sur le client (Kassberg et Skär, 2008), aux défis posés par la défense des droits et la promotion des besoins et intérêts des personnes vulnérables ou marginalisées (advocacy ; Dhillon et al., 2010 ; Drolet, 2014b ; Drolet et Hudon, 2016, 2014 ; Drolet, Lalancette et Caty, 2019), aux enjeux de l’intervention auprès de personnes en fin de vie (soins palliatifs ; Gordon, Drolet et Reel, 2015), aux situations délicates engendrées par les cas de mauvais traitements des personnes vulnérables (maltraitance), aux conflits d’allégeance que peut susciter l’implication d’un tiers payeur (conflits d’intérêts) (Hudon, Drolet et Williams-Jones, 2015), à la formulation des objectifs (Levack, 2009) et des priorités d’intervention (Kassberg et Skär, 2008) ou à la décision de mettre fin aux services d’ergothérapie (Atwal et Caldwell, 2003 ; Durocher et Gibson, 2010), pour ne donner que ces exemples.

    S’ajoute à ces multiples préoccupations éthiques le fait qu’on demande, de nos jours, aux professionnels d’être quasiment irréprochables dans leur pratique (Legault, 2008). D’aucuns affirment parfois, à tort ou à raison, que la vie dans les sociétés contemporaines se complexifie. Que ce soit la réalité qui se complexifie ou notre capacité de percevoir la complexité des phénomènes qui se modifie avec l’évolution des connaissances et des compétences, un constat demeure : les préoccupations éthiques sont présentes dans toute société. Des situations nous interpellent, précisément parce qu’elles comportent des aspects problématiques sur le plan de l’éthique ou qu’elles compromettent l’actualisation de certaines valeurs. Dans le contexte de sociétés démocratiques contemporaines où l’accès à l’éducation et à l’information est de plus en plus facilité, l’erreur et l’omission de la part des différents acteurs de la société sont généralement peu tolérées. Or, pour réduire le plus possible toute erreur ou omission, il faut non seulement détenir les connaissances les plus récentes liées à l’exercice de la profession ergothérapique ainsi que les compétences professionnelles requises pour ce faire, mais également connaître certains aspects importants du cadre normatif et axiologique⁸ tels que les responsabilités éthiques, les obligations légales et les devoirs déontologiques qui encadrent la pratique ergothérapique.

    Bien entendu, plusieurs ouvrages ont été publiés en réponse à cet intérêt contemporain et croissant pour l’éthique appliquée à l’ergothérapie, voire aux professions de la santé (Bailey et Schwarztberg, 2003 ; Gallagher et Hodge, 2012 ; Hansen, 2005 ; Kornblau et Starling, 2000 ; Purtilo, Jansen et Royeen, 2005 ; Purtilo et Doherty, 2011 ; Scott et Reitz, 2013 ; Seedhouse, 2009 ; Slater, 2011 ; Westerholm, Nilstun et Øvretveit, 2004). Bien que ces sources documentaires soient intéressantes à maints égards, elles présentent certaines lacunes. Par exemple, plusieurs d’entre elles s’adressent à l’ensemble des professionnels de la santé, sans spécifier le contexte particulier de l’ergothérapie. D’autres rédigées par des ergothérapeutes étasuniens sont difficilement applicables à des contextes juridiques distincts de celui des États-Unis. Enfin, plusieurs de ces sources documentaires ont pour auteurs des professionnels qui n’ont aucune formation en philosophie (donc en éthique) ou en bioéthique. Le livre que vous êtes en train de lire vise à combler ces lacunes, tout en s’inspirant des forces de ces ouvrages. De plus, en raison de la grande hétérogénéité de la formation à l’éthique offerte dans les différentes universités canadiennes (Hudon et al., 2014), il cherche à soutenir les responsables de cette initiation à l’éthique dans leurs enseignements aux futurs ergothérapeutes, de même que les responsables de la formation continue donnée aux ergothérapeutes dans le domaine de l’éthique appliquée à leur pratique.

    De quelle manière le présent livre pourra-t-il contribuer à atteindre ces objectifs ? D’une part, il est destiné spécifiquement aux ergothérapeutes et aux étudiants en ergothérapie. Il s’appuie sur la pratique de la profession et expose des théories ainsi que des modèles qui guident la pratique des ergothérapeutes au pays et en contexte francophone européen. D’autre part, il constitue un véritable ouvrage d’éthique (et non de déontologie ou de droit) proposant un cadre de référence théorique et une méthode de résolution des enjeux éthiques, qui se fondent sur des théories éthiques contemporaines avérées et abondamment discutées dans les écrits. Ainsi, il entend soutenir une pratique éthique de l’ergothérapie, en outillant non seulement les ergothérapeutes et les étudiants en ergothérapie, mais aussi les responsables de l’enseignement de l’éthique en ergothérapie et les membres d’organismes régulateurs de la pratique. Enfin, il renvoie au cadre normatif canadien et s’appuie sur une pratique francophone de l’ergothérapie au pays et en Europe. Cela dit, cet ouvrage n’est pas une panacée, puisqu’il ne propose pas de solutions universelles aux enjeux éthiques vécus en pratique. Il offre plutôt un vocabulaire éthique, c’est-à-dire des valeurs, des vertus, des principes, des concepts et des arguments en provenance des quatre grandes familles de théories éthiques aptes à soutenir la réflexion et la pratique éthiques de l’ergothérapeute. Bien que cet ouvrage traite de certains aspects de l’univers normatif (normes) et axiologique (valeurs) de l’ergothérapeute, il ne s’arrime pas à une pratique normalisée de l’ergothérapie⁹, mais plutôt à une pratique réflexive et critique de la profession. Autrement dit, ce livre vise à susciter des réflexions, à ouvrir des perspectives nouvelles, à déstabiliser le lecteur, en soulevant des doutes ou des interrogations, de même qu’à lui proposer des ressources éthiques, dont une méthode de délibération éthique¹⁰, et à l’inviter à s’engager dans un processus de perfectionnement de sa pratique professionnelle (Kolb, 1984 ; Schön, 1983). Cette idée d’une pratique réflexive et critique de l’ergothérapie s’avère importante pour la profession qui aspire à poursuivre son développement scientifique et éthique pour toujours mieux aider, soutenir et guider les personnes qui ont besoin de services ergothérapiques (Hammell, 2020). Une pratique réflexive, outre être attentive aux résultats probants en provenance de la recherche quantitative et qualitative, doit aussi être sensible à la diversité et à l’évolution des valeurs des personnes, des groupes, des organisations et de la société avec lesquels collabore l’ergothérapeute dans l’exercice de sa profession (Kinsella et Pitman, 2012), en particulier avec les personnes stigmatisées, marginalisées et discriminées (Hammell, 2020). Comme le soutiennent Fulford (2004), Kinsella et Pitman (2012) ainsi que Byng, Cairns et Duchan (2001), être professionnel ne consiste pas seulement à acquérir des habiletés techniques et scientifiques, mais également à développer un sens éthique et une pratique basée sur des valeurs légitimes et désirables.

    Tout ergothérapeute rencontre tôt ou tard des situations qui posent des problèmes d’ordre éthique dans sa pratique (Bushby et al., 2015) et qui soulèvent des doutes quant aux décisions à prendre (Horowitz, 2010) et aux actions à accomplir. Que ce soit à titre de clinicien, de coordonnateur, de consultant, de gestionnaire, d’administrateur, d’enseignant, de chercheur, de propriétaire d’une clinique privée, de coordonnateur de stage, de président d’une association ou d’un ordre professionnel¹¹, l’ergothérapeute est appelé à vivre des situations comportant des enjeux éthiques (Bushby et al., 2015). Plusieurs exemples ont été donnés précédemment. D’autres peuvent s’y ajouter, pensons seulement à la distribution d’aides techniques et aux diverses modalités d’adaptation de l’environnement qui soulèvent des enjeux reliés notamment à la justice distributive (Barnitt, 1998). L’épineuse et difficile question de la gestion des listes d’attente suscite de nos jours une multitude de préoccupations éthiques (Raymond, Demers et Feldman, 2016). Les situations de mauvais traitements de personnes vulnérables (p. ex. la violence à l’égard des enfants ou la maltraitance à l’endroit des aînés) que l’ergothérapeute est appelé à détecter ainsi que les iniquités en matière de participation sociale et de justice occupationnelle qu’il constate quasi quotidiennement comportent des dimensions d’ordre éthique. Les situations de refus de traitement que rencontre l’ergothérapeute renferment aussi des enjeux éthiques, de même que l’intervention dans le contexte de soins palliatifs (Gordon et al., 2015). L’évaluation de l’aptitude à conduire un véhicule routier (Bergeron, 2013), les interventions entourant la dysphagie auprès de personnes dénutries (Brûlé et Drolet, 2017), la pratique de la profession dans un contexte de rareté des ressources et d’augmentation des besoins, la recherche effectuée en ergothérapie avec des participants humains (Trudel et Jean, 2010), les décisions prises par les conseils d’administration, les conflits interprofessionnels, le constat de pratiques illégales, de fautes déontologiques ou d’inconduites éthiques (Kinsella, 2008), les décisions relatives à la santé publique et à la pratique ergothérapique dans un contexte d’aide humanitaire (Hunt, 2009 ; Rompré-Ferland, 2019), en milieu scolaire ou en région constituent d’autres exemples de situations pouvant engendrer des préoccupations de nature éthique. En bref, les situations ayant le potentiel de soulever des questions éthiques abondent pour l’ergothérapeute et l’étudiant en ergothérapie comme pour tout autre professionnel de la santé. Comme l’ont relevé Provencher (2008) et Weinstock (2006), l’éthique n’est pas une réalité extérieure à la pratique professionnelle. De fait, l’éthique est inhérente à la pratique ergothérapique.

    Bien que l’éthique fasse partie de la réalité de tout ergothérapeute et de tout étudiant en ergothérapie, on peut parfois avoir tendance à attendre une situation de crise pour réfléchir aux enjeux éthiques que soulève une situation. Or, comme l’indique Provencher (2008), il est préférable de ne pas attendre de tels moments pour réfléchir à l’éthique. Sous le coup des émotions, les décisions et les actions des personnes s’avèrent rarement les meilleures.

    Par définition, les situations de crise ne sont pas propices à la réflexion ; il faut le plus souvent attendre d’être sorti d’une crise pour comprendre ce qui s’est passé et quelles sont les erreurs qui ont été commises. La plupart des professionnels ont rarement le temps de réfléchir aux problèmes éthiques qu’ils éprouvent dans l’exercice de leur profession, et ce, parce que dans le feu de l’action ils doivent souvent agir de manière précipitée (Provencher, 2008, p. 6).

    Comme l’ont bien compris les responsables pédagogiques des programmes universitaires, il est important de préparer les futurs ergothérapeutes aux enjeux éthiques qu’ils rencontreront dans leur pratique, en leur proposant une initiation à l’éthique adaptée à leurs besoins, avant qu’ils soient confrontés à de telles situations de crise. Ce livre vient soutenir cette initiative en offrant des ressources théoriques et pratiques à cette fin. Parmi les objectifs de cet ouvrage figure celui de permettre aux ergothérapeutes et aux étudiants en ergothérapie de devenir des agents éthiques, c’est-à-dire des personnes à l’affût des enjeux éthiques qui sous-tendent les diverses situations vécues dans leur pratique. Un agent éthique est une personne qui tient compte de ses valeurs, tout en respectant celles d’autrui, et qui entre en dialogue avec l’autre pour scruter, évaluer et déterminer les valeurs, les principes et les vertus qui devraient régir le vivre-ensemble. C’est également une personne qui fuit les pratiques normalisées ainsi que les approches dogmatiques, idéologiques, relativistes ou partisanes qui nuisent à la réflexion rationnelle et critique. C’est quelqu’un qui, en règle générale, ne craint pas le doute et ose la réflexion par-delà les conventions, les habitudes, les normes sociales et ses propres préjugés ou préconceptions. Telles sont donc les principales raisons qui motivent la publication de cet ouvrage et qui montrent la pertinence de consacrer un livre entier à l’éthique appliquée à la pratique de la belle et pertinente profession qu’est l’ergothérapie.

    Ce livre comprend cinq chapitres. C’est d’abord à la lumière de ses ressemblances et de ses différences avec la morale, le droit et la déontologie professionnelle que l’éthique est définie au chapitre 1, en tant que discipline philosophique, de même que les concepts qui lui sont apparentés (p. ex. valeurs, normes, vertus). De plus, ce chapitre décortique les différents types d’enjeux éthiques susceptibles d’être vécus par l’ergothérapeute ou l’étudiant en ergothérapie (p. ex. dilemme, tentation, détresse, silence, aveuglement et myopie éthiques ; Fulford, 2004 ; Swisher et al., 2005). Le chapitre 2 présente la théorie du psychologue cognitiviste Kohlberg (1986) relative au développement du raisonnement éthique chez l’être humain à travers six stades évolutifs. Kohlberg a étudié de manière empirique le développement du raisonnement éthique de l’humain, raisonnement qui justifie les décisions et les actions des personnes lorsque celles-ci sont confrontées à des enjeux éthiques. Cette théorie agit comme cadre normatif dans cet ouvrage, en expliquant les choix conceptuels qui ont été faits pour développer le cadre théorique éthique exposé dans les deux chapitres suivants, les théories éthiques de ce cadre se situant aux stades supérieurs de la réflexion éthique de Kohlberg (1986). Les chapitres 3 et 4 décrivent le cadre théorique éthique proposé à l’ergothérapeute et à l’étudiant en ergothérapie, soit le Cadre éthique quadripartite (CÉQ ; Drolet, 2013, 2014a ; Drolet et Désormeaux-Moreau, 2020 ; Drolet et Hudon, 2016, 2015) qui permet d’analyser les enjeux éthiques que soulève la pratique de leur profession et de développer des arguments éthiques pertinents pour justifier leurs décisions. En complément, une brève présentation de chacune des quatre lunettes théoriques de ce cadre éthique est fournie, de même que la façon de les mettre en pratique. Ce pluralisme éthique permet une triangulation théorique (Savoie-Zajc, 2009), c’est-à-dire une interprétation de la pratique et de la réflexion éthiques en regard de perspectives théoriques différentes, mais complémentaires, afin qu’un espace éthique raisonnable puisse être cerné et guider au quotidien l’ergothérapeute et l’étudiant en ergothérapie dans leurs prises de décisions éthiques. Au moment de l’analyse éthique (chapitres 3 et 4) et de la réflexion éthique (chapitre 5), le CÉQ invite l’ergothérapeute et l’étudiant en ergothérapie à analyser les enjeux éthiques selon une approche à la fois top-down (éthiques utilitariste et déontologique) et bottom-up (éthique des vertus et valeurs professionnelles) qui permet de réaliser des analyses éthiques riches et complètes. Enfin, le chapitre 5 propose une méthode de délibération éthique comprenant dix étapes pour résoudre les enjeux éthiques que pose la pratique. Ces dix étapes de la réflexion éthique visent à soutenir une réflexion éthique structurée, méthodique et rigoureuse. Plus précisément, elles visent à soutenir le raisonnement éthique de l’ergothérapeute et de l’étudiant en ergothérapie, lequel s’appuie sur le cadre éthique examiné dans les deux chapitres précédents. Ainsi, des éléments de base du raisonnement éthique sont explicités, en vue de permettre à l’ergothérapeute et à l’étudiant en ergothérapie d’aborder avec plus d’aisance, de confiance et d’efficacité la réflexion éthique dans le quotidien de leur pratique. Ce dernier chapitre contient plusieurs tableaux illustrant chacune des dix étapes de la réflexion éthique. Ces cinq chapitres sont suivis d’une conclusion, d’une liste des références citées dans cet ouvrage, d’un lexique des principales notions éthiques mobilisées dans ce livre et du solutionnaire des exercices des différents chapitres. Nous souhaitons que la lecture de ces cinq chapitres suscite un intérêt grandissant pour l’éthique et la pensée critique en ergothérapie.

    1 Au Canada, un baccalauréat correspond à une formation de trois ans de premier cycle universitaire.

    2 Pour plus de détails sur l’histoire de l’ergothérapie au Canada, voir Friedland (2011).

    3 Mentionnons que le Québec fait ici figure d’exception, en cela que le baccalauréat et la maîtrise sont requis pour porter le titre d’ergothérapeute dans cette province de l’Est du Canada (Ordre des ergothérapeutes du Québec [OEQ], 2010).

    4 L’expression « vivre-ensemble » fait référence à l’intériorisation par une personne de normes et de principes dits démocratiques favorisant la paix sociale ou interindividuelle (Plante, 2013).

    5 L’expression « données probantes » est fréquemment utilisée en ergothérapie. À notre avis, cette traduction de l’anglais porte à confusion. L’ergothérapeute qui lit un article scientifique a généralement accès aux résultats d’études, c’est-à-dire à l’analyse quantitative ou qualitative de données collectées par des chercheurs. Il n’a pas accès aux données brutes des études. C’est pourquoi l’expression « résultats probants » nous semble plus judicieuse.

    6 C’est le philosophe Potter (1971) qui a forgé le terme bioéthique dans son ouvrage Bioethics : Bridge to the Future. La bioéthique consiste en une certaine forme d’éthique appliquée. Pour Potter (1971, 1988), la bioéthique inclut à la fois l’éthique médicale et l’éthique environnementale, car elle s’intéresse aux questions éthiques ayant trait à la survie des êtres humains. Cela dit, traditionnellement, la bioéthique renvoie à l’éthique médicale, voire à l’éthique appliquée aux différentes disciplines de la santé.

    7 Pour simplifier le propos, seules les valeurs éthiques sont discutées dans cet ouvrage, c’est-à-dire celles qui concernent le bien, le juste et le vertueux. Ainsi, les valeurs esthétiques (soit celles du beau) ne font pas l’objet de ce livre.

    8 L’axiologie est la science des valeurs.

    9 Nous nous inspirons ici librement de la distinction faite par Townsend et Polatajko (2007).

    10 Mentionnons que Marie-Josée Drolet a obtenu, en 2017, le Prix d’excellence de l’Association canadienne des ergothérapeutes pour le développement de cette méthode de résolution des enjeux éthiques qui comprend dix étapes itératives (chapitre 5).

    11 Éventuellement, peut-on espérer, de député, de ministre, de sénateur ou de premier ministre, etc.

    CHAPITRE 1 /

    La nature de l’éthique

    L’éthique est l’art d’ajouter de la fécondité à l’être.

    Jean Bédard, 2005, p. 127.

    Questions auxquelles ce chapitre répond

    › Qu’est-ce qu’une valeur ?

    › Qu’est-ce qu’un principe ?

    › Qu’est-ce qu’une vertu ?

    › Qu’est-ce que l’éthique ?

    › Quelles sont les origines de l’éthique ?

    › En quoi l’éthique est-elle semblable et différente de la morale, du droit et de la déontologie professionnelle ?

    › Qu’est-ce qu’un enjeu éthique ?

    › Quels sont les différents types d’enjeux éthiques susceptibles d’être rencontrés par l’ergothérapeute ?

    › Quelles sont les ressemblances et les différences entre l’éthique et l’ergothérapie ?

    › À quoi sert l’éthique ? Quelles sont ses visées, ses finalités ?

    Objectifs et but du chapitre

    › Cerner les objets d’étude de l’éthique que sont les valeurs, les principes et les vertus.

    › Définir les origines de l’éthique et ses trois domaines (c’est-à-dire méta-éthique, éthique normative et éthique appliquée).

    › Relever les différences et les ressemblances entre l’éthique, la morale, le droit et la déontologie professionnelle.

    › Établir ce qu’est un enjeu éthique et distinguer six types d’enjeux éthiques vécus en pratique (c’est-à-dire dilemme, tentation, détresse, silence, aveuglement et myopie éthiques).

    › Exposer les différences et les ressemblances entre l’éthique et l’ergothérapie.

    › Décrire les caractéristiques et les finalités de l’éthique.

    Le but de ce chapitre est de définir et de comprendre ce qu’est l’éthique ainsi que de proposer un vocabulaire pouvant soutenir la pratique éthique de l’ergothérapie.

    Ce faisant, l’éthique est définie tout en indiquant ce qui la distingue de la morale, du droit et de la déontologie professionnelle. En premier lieu, les notions centrales et les objets d’étude de l’éthique ainsi que sa nature, sa méthode, son but et les œuvres qui y sont associées sont caractérisés afin de contextualiser les notions de cette discipline eu égard au champ de l’ergothérapie. Cela dit, il n’existe pas de définition universelle de l’éthique (la même chose peut être affirmée de la philosophie et de l’ergothérapie). En effet, il existe probablement autant de définitions de l’éthique que de philosophes qui s’y intéressent¹. La caractérisation de l’éthique (et de la philosophie) qui est proposée dans ce livre émerge d’une réflexion générale sur la discipline et vise à éclairer tous les ergothérapeutes et les étudiants en ergothérapie qui s’y intéressent et qui souhaitent appliquer certaines notions éthiques dans l’exercice de leur profession. Bref, l’intention de cette caractérisation est pragmatique : il s’agit d’offrir des catégories conceptuelles pertinentes, opérationnelles et relativement simples qui seront utiles à la réflexion des ergothérapeutes et des étudiants en ergothérapie, de façon à soutenir une pratique professionnelle respectueuse de l’éthique.

    1 / Les valeurs, les principes et les vertus

    Au cœur de la définition et des objets d’étude de l’éthique se trouvent les notions polysémiques de valeur, de principe et de vertu. Celles-ci étant au fondement même de l’éthique, elles seront tout d’abord définies et contextualisées afin de faciliter la compréhension des situations susceptibles de créer des enjeux éthiques dans la pratique de l’ergothérapie.

    1.1 / La notion de valeur

    L’équivocité qui caractérise la représentation d’une valeur s’avère attestée et semble quasi irréductible, comme en témoignent les multiples définitions cherchant à circonscrire la notion de valeur. Rokeach (1973) mentionne, par exemple, qu’une valeur est « une croyance persistante qu’un mode de conduite est personnellement ou socialement préférable à un mode de conduite

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