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ABC de l'argumentation, 2e édition: Pour les professionnels de la santé et toute autre personne qui souhaite convaincre
ABC de l'argumentation, 2e édition: Pour les professionnels de la santé et toute autre personne qui souhaite convaincre
ABC de l'argumentation, 2e édition: Pour les professionnels de la santé et toute autre personne qui souhaite convaincre
Livre électronique604 pages6 heures

ABC de l'argumentation, 2e édition: Pour les professionnels de la santé et toute autre personne qui souhaite convaincre

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À propos de ce livre électronique

Au quotidien, les professionnels de la santé ont à convaincre différentes personnes ou communautés – qu’il s’agisse de patients, de collègues, de supérieurs ou de partenaires – de la pertinence de leurs points de vue. Cet ouvrage explique à ces professionnels les principes de la rhétorique et diverses stratégies argumentatives, tout en soulignant les avantages de les utiliser dans le cadre de leur pratique. Parfois considérée comme l’art de persuader ou d’écrire avec style, la rhétorique est ici envisagée comme l’art d’argumenter pour convaincre par l’usage de la logique (logos), le recours aux émotions (pathos) et une réflexion éthique sur le rôle de l’orateur (ethos).

Cette seconde édition de l’ABC de l’argumentation a été entièrement revue. Alors que les éléments théoriques de la première partie de l’ouvrage sont demeurés sensiblement les mêmes que ceux de la première édition, les éléments pratiques de la deuxième partie ont été, pour leur part, significativement bonifiés. Les auteures ont notamment développé de nouveaux exemples pour présenter certains arguments de la méthode I-DÉ-A-L-E.

Trois nouveaux chapitres enrichissent également cette nouvelle édition, qui offre un plus grand nombre d’outils aux professionnels de la santé pour soutenir leurs revendications. Ceux-ci s’articulent autour du thème de l’advocacy et illustrent la manière dont les principes rhétoriques et les stratégies argumentatives peuvent être mis au service de la défense des droits, des besoins ou des intérêts des patients et des professionnels, de la promotion des emplois en santé ainsi que de l’amélioration des soins et des services dans ce milieu.

Ce livre se veut un incontournable dans l’enseignement de l’argumentation en santé et dans d’autres domaines. Il entend aussi outiller toute personne qui souhaite convaincre, car les principes et stratégies qu’il propose s’appliquent à toute situation d’argumentation.
LangueFrançais
Date de sortie23 janv. 2019
ISBN9782760550926
ABC de l'argumentation, 2e édition: Pour les professionnels de la santé et toute autre personne qui souhaite convaincre
Auteur

Marie-Josée Drolet

Marie-Josée Drolet, titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal, est professeure agrégée au Département d’ergothérapie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

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    Aperçu du livre

    ABC de l'argumentation, 2e édition - Marie-Josée Drolet

    On ne peut pas se passer d’une méthode pour se mettre en quête de la vérité des choses.

    DESCARTES

    Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.

    BOILEAU

    Au cœur de cet ouvrage se trouve la question de l’argumentation et de la rhétorique. Notre objectif est d’expliquer ce qu’est l’argumentation aux professionnels¹ de la santé² et de faire valoir les avantages d’en utiliser les techniques dans le cadre de leur pratique professionnelle. Tantôt considérée comme l’art de persuader ou d’écrire avec style, la rhétorique est ici envisagée comme l’art d’argumenter pour convaincre, qui comprend l’usage de la logique (logos), le recours aux émotions (pathos) ainsi qu’une réflexion éthique sur le rôle de l’orateur (ethos). Dans ce livre, nous nous attardons à chacune de ces dimensions de l’argumentation ainsi qu’à d’autres éléments clés de la communication à visée persuasive. Le lecteur est invité à plonger dans cet ouvrage, à la fois théorique et pratique, comme bon lui semble. Il pourra ainsi débuter par la fin en lisant la banque de situations d’argumentation, par le début (les chapitres théoriques) ou par les chapitres centraux, plus pratico-pratiques. Conçu de manière à ce que les sept chapitres soient certes interdépendants, l’ouvrage permet aussi de les lire indépendamment les uns des autres. Nous vous invitons donc à vous amuser en vous appropriant l’ouvrage à votre manière, c’est-à-dire selon votre style d’apprentissage! D’ailleurs, ceux qui aimeraient avoir un aperçu du parcours réalisé dans ce livre sont invités à consulter en premier lieu la figure 4.5 qui propose, de manière visuelle, une synthèse de l’itinéraire de l’ouvrage.

    Cela dit, il importe d’expliquer ce qui motive l’écriture de ce livre et d’en présenter les parties clés. Pour ce faire, nous identifions les besoins auxquels l’ouvrage entend répondre et les problèmes qu’il cherche à résoudre. Puis, nous énonçons les objectifs poursuivis et rendons compte de la pertinence à la fois scientifique, professionnelle et sociale de cette monographie destinée aux professionnels de la santé³ ainsi qu’aux intervenants de la santé⁴ et, plus largement, aux personnes qui voudraient améliorer leurs compétences argumentatives. Nous décrivons ensuite brièvement les méthodes utilisées afin de présenter et de générer les connaissances que contient ce livre. Enfin, nous effectuons un survol du contenu thématique et pédagogique de cet ouvrage afin de donner un aperçu des propos qui y sont tenus et de spécifier leur ordre de présentation.

    L’idée à l’origine de ce livre est née lorsqu’une des auteures a dû concevoir une séance de cours consacrée à l’argumentation pour un séminaire de maîtrise, et ce, dans le contexte de la pratique de l’ergothérapie. En préparation à cette séance, une recherche d’écrits traitant de l’argumentation, dans différents contextes de soins de santé, dont la pratique ergothérapique, a été effectuée dans plusieurs bases de données et par l’entremise de divers moteurs de recherche. Cette recension des écrits a permis d’établir trois constats.

    Premier constat: plusieurs ouvrages traitant de la communication dans le contexte de la relation d’aide (Hétu et St-Arnaud, 2007; Taylor, 2008), de la relation médecin-patient⁵ (Fortin et Goulet, 2012) ou des soins de santé en général (Richard et Lussier, 2005) sont actuellement offerts aux professionnels de la santé. Ces traités proposent des stratégies propices à l’établissement d’un lien thérapeutique de qualité et à une communication claire et précise avec des patients, des collègues ou d’autres partenaires ou collaborateurs. Bien que ces ouvrages soient assurément utiles et bien conçus, ils n’abordent pas, ou trop peu, la dimension argumentative (ou persuasive) de la communication orale ou écrite. Par exemple, Richard et Lussier (2005, p. 184-187) ne consacrent, dans leur excellent ouvrage, que quatre pages aux stratégies argumentatives, qu’ils considèrent comme des «stratégies de communication verbales avancées». Autrement dit, ces ouvrages, dont celui de Richard et Lussier (2005), n’offrent pas une véritable «boîte à outils argumentative» pouvant être utile aux professionnels de la santé pour communiquer de manière convaincante avec les personnes et les groupes auxquels ils s’adressent quotidiennement comme les patients, leurs familles, les professionnels de la santé (membres ou non de l’équipe), les partenaires de soins (communautaires, institutionnels ou organisationnels), les directeurs d’école ou d’entreprise, les employeurs (le leur ou celui de patients), les tiers payeurs, les assureurs privés ou les propriétaires de résidence ou d’entreprise, pour ne nommer que ces interlocuteurs.

    Deuxième constat: nombreux sont les écrits qui abordent les différents types de raisonnements cliniques que sont appelés à formuler les professionnels de la santé dans divers contextes de soins – qu’on pense par exemple aux raisonnements diagnostiques, prédictifs, déductifs par hypothèse, procéduraux, conditionnels, itératifs, narratifs, pragmatiques ou éthiques (Carrier, Levasseur et al., 2012; Coker, 2010; Drolet, 2014c; Edwards, Barunack-Mayer et Jones, 2005; Hanson et al., 2011; Meyer, 2010; Robertson, 2012; Boyt Schell et Schell, 2008; Unsworth, 2011), pour ne donner que ces exemples. De fait, maints documents décrivent et expliquent ces différents types de raisonnements cliniques ainsi que les contextes de soins au sein desquels les professionnels de la santé sont appelés à les formuler. Cela dit, aucun livre destiné particulièrement aux professionnels de la santé ne traite, à notre connaissance, précisément des raisonnements argumentatifs, voire des différentes stratégies argumentatives que ces professionnels utilisent, ou pourraient utiliser, dans divers contextes de soins, pour convaincre les personnes ou les groupes avec lesquels ils interagissent au quotidien.

    Troisième constat: plus nombreux encore sont les monographies et les articles qui, dans le domaine des sciences humaines et sociales, traitent de l’argumentation, c’est-à-dire des théories de l’argumentation ou des stratégies argumentatives visant à convaincre différents auditoires, dans divers contextes communicationnels. Parmi cette pléthore d’ouvrages se trouvent des manuels pédagogiques destinés à des étudiants de niveau collégial ou universitaire (Désilets et Roy, 1986; Dumas, 2001; Laramée et al., 2009; Legaré et Carrier, 2009; Olivier et Payette, 2010; Robrieux, 2010; Thibaudeau, 1997). D’autres écrits, plus «grand public», entendent outiller toute personne à mieux communiquer de façon à convaincre son interlocuteur dans son quotidien (Baillargeon, 2006; Bellenger, 2009; Breton, 2003, 2004 et 2008; Breton et Gauthier, 2000; Cornellier, 2009; Doury et Moirand, 2004; Ryborz, 1983; Simonet et Simonet, 1998). Certains traités proposent plutôt des modèles argumentatifs, voire des théories de l’argumentation (Aristote, 2007⁶; Kienpointner, 1986; Mucchielli, 2009; Perelman, 2002; Perelman et Olbrechts-Tyteca, 2008; Toulmin, 1993; Van Eemeren et Grootendorst, 1996; Walton, 1996), tandis que d’autres formulent des interprétations ou des vulgarisations de certains de ces modèles ou théories (Amossy, 2006 et 2010; Angenot, 2008 et 2012; Braet, 2004; Meyer, 2004b, 2005 et 2011; Plantin, 2005; Reboul, 1994; Schmetz, 2000; Van Eemeren, 2001; Vignaux, 1999; Woods et Walton, 1992). Ces ouvrages, moins accessibles, s’adressent généralement à des chercheurs dans les domaines de la philosophie, de la linguistique ou des sciences de la communication par exemple. Enfin, des ouvrages abordent les aspects linguistiques de l’argumentation (Danblon, 2005), les dimensions littéraires de l’art de convaincre (Bernier, 2006 et 2001; Tabet, 2003) ou les aspects logiques du discours argumentatif (Dufour, 2008; Thibaudeau, 1997), alors que certains autres traitent des dimensions éthiques (Métayer, 2010), juridiques (Livet, 2000; Spence, 1996), historiques (Angenot, Côté et al., 2012) ou encore psychologiques (Chabrol et Radu, 2008; Chalvin, 2006; Girandola, 2003; Guéguen, 2011; Piattelli-Palmerini, 1999) de la communication persuasive. En résumé, les sciences humaines et sociales ont abondamment contribué et contribuent encore de nos jours à cerner et comprendre les tenants et les aboutissants de la communication argumentative.

    Bien que l’énumération précédente d’ouvrages et d’articles consacrés à l’argumentation ne soit nullement exhaustive, elle montre à quel point les théories de l’argumentation et les stratégies argumentatives occupent une place importante en sciences humaines et sociales – ce qui n’est pas du tout le cas dans le domaine des sciences de la santé. De fait, comme nous l’avons indiqué antérieurement, aucun ouvrage ne traite, à notre connaissance, précisément des différentes stratégies argumentatives pouvant être utiles aux professionnels de la santé afin de faire avancer leurs idées, leurs décisions et leurs perspectives au quotidien, de même que celles des patients qu’ils traitent. C’est ce constat qui est à l’origine de cet ouvrage.

    Dans cette optique, nous envisageons ce livre comme un outil complémentaire aux autres ouvrages ou guides déjà utilisés par les professionnels de la santé. Autrement dit, ABC de l’argumentation s’ajoute à ces références et vise à les compléter. Pourquoi? Parce que l’argumentation peut être employée dans le cadre de la myriade des relations et interactions qui ont cours entre les professionnels de la santé, les patients, les collègues et autres intervenants des milieux de la santé et communautaire. Nous espérons que ce guide sera utile aux professionnels de la santé afin de faciliter certains aspects de leurs communications professionnelles. Précisons toutefois que les techniques argumentatives doivent être appropriées et modelées au contexte. L’argumentation possède de façon inhérente un caractère spontané et fait appel à la créativité de celui qui l’utilise. Dans cette optique, nous estimons qu’il est possible de développer, tout au long de sa carrière, cette habileté inhérente à la communication humaine. En cela, cet ouvrage n’est pas un livre de «recettes» argumentatives. Il ne saurait y avoir de réponses ou de techniques qui pourraient s’appliquer tous azimuts ou bien garantir le succès d’une intervention.

    C’est dire que ce livre érige un pont entre le domaine des sciences humaines et sociales, d’une part, et celui des sciences de la santé, d’autre part. En ce sens, cet ouvrage est un éloge à l’interdisciplinarité tant discutée et valorisée dans le domaine de la santé. Non seulement ses auteures appartiennent à des disciplines différentes et, dans plusieurs cas, ont un bagage pluridisciplinaire, mais les connaissances qui sont mobilisées dans cette monographie ainsi que leurs applications se situent au carrefour de plusieurs disciplines.

    Somme toute, la première raison qui motive la publication de cet ouvrage est la suivante: aucun livre destiné précisément aux professionnels de la santé ne traite de manière approfondie et pédagogique des différentes stratégies argumentatives pouvant les aider au quotidien à faire avancer leurs idées et celles de leurs patients. Bien entendu, d’autres raisons expliquent la publication de ce livre.

    Deuxième raison: lorsqu’on questionne de nouveaux diplômés de différents programmes de formation professionnelle dans le domaine de la santé, plusieurs mentionnent qu’ils ne se sentent pas suffisamment outillés pour argumenter de façon convaincante auprès de diverses personnes ou de différents groupes, pour articuler le bien-fondé de leurs recommandations professionnelles ou pour exprimer leur dissidence. Ces témoignages sont confirmés dans des écrits scientifiques ou professionnels qui décrivent les défis à relever par des professionnels novices, lorsque vient le moment de négocier divers aspects d’un plan d’intervention avec un tiers payeur par exemple (Solomon et Miller, 2005) ou qu’il devient nécessaire de contester les actions discutables d’un mentor, d’un supérieur immédiat (Kirsch, 2007 et 2013), d’une institution, d’un organisme ou d’une entreprise. Ces difficultés relatives à l’art de négocier, de contester, voire de plaider, afin de convaincre ne concernent pas uniquement les professionnels de la santé ayant peu d’expérience professionnelle. Elles peuvent également être le lot de maints professionnels de la santé d’expérience. Pourquoi? Précisément parce que communiquer de manière convaincante demeure un art difficile pour bon nombre d’êtres humains, notamment pour les professionnels de la santé, qu’ils soient novices ou expérimentés.

    Troisième raison: soulignons que quasi quotidiennement, les professionnels de la santé ont à argumenter, c’est-à-dire à expliquer le bien-fondé de leurs points de vue à divers individus ou groupes⁷. Si certains professionnels de la santé ont des aptitudes naturelles à communiquer, voire à argumenter, d’autres a contrario doivent apprendre à le faire de façon convaincante, et ce, peu importent les locuteurs ou auditoires auxquels ils s’adressent. Avec l’expérience, plusieurs parviennent à développer les habiletés communicationnelles leur permettant de se sentir un peu plus à l’aise avec cette activité inhérente à leur pratique professionnelle. Mais il n’en demeure pas moins difficile de convaincre des personnes ou des groupes du bien-fondé de ses idées, en particulier lorsque ces individus ou ces groupes ont des valeurs ou des visions des choses éloignées, voire opposées à celles qu’on défend. Une situation d’argumentation peut également être complexifiée lorsque le bien-être de l’intervenant lui-même ou celui d’un proche est directement concerné. Dans ce cas, la capacité du professionnel à prendre une décision selon un processus logique et objectif peut être altérée. Il s’avère aussi parfois difficile d’amener certains patients à modifier leurs habitudes de vie. Sur ce sujet, des études démontrent que le pourcentage des individus qui mettent en application les recommandations de leur médecin ou des professionnels de la santé qu’ils consultent est plutôt faible (Chiu et al., 2013; Lee et al., 2013; Visser et al., 2014). De fait, l’adhésion des patients ou de la population aux recommandations des professionnels de la santé ou des instances en santé publique n’est pas aussi élevée qu’on pourrait l’espérer. Il est en effet difficile pour toute personne de changer ses habitudes de vie, c’est-à-dire de se laisser «convaincre» de modifier certains de ses comportements (Keller et White, 1997). En fait, avant même de tenter de convaincre un patient de changer ses habitudes de vie, l’établissement d’une relation de confiance entre l’intervenant et le patient est évidemment de mise. Comme nous le verrons, l’argumentation efficace ne se résume pas à la présentation des évidences scientifiques qui appuient une recommandation professionnelle. Elle fait également appel aux émotions, aux sentiments et aux liens qui nous unissent les uns aux autres. En ce sens, lorsqu’on parle de «convaincre» un patient, il s’agit de tenter d’en arriver, avec lui, à une entente qui peut contribuer à sa santé et à son bien-être, et qui se rapproche de ce qu’il est, de ce qu’il veut et de ses valeurs.

    Ainsi, c’est dire que l’acte de persuader suppose l’idée de changement ou encore que l’argumentation se présente comme une incitation à l’action. En effet, lorsqu’on est convaincu par quelqu’un, c’est qu’on accepte non seulement d’adhérer à son point de vue, c’est-à-dire de modifier son opinion et d’adopter la sienne, mais aussi de changer en conséquence ses attitudes et ses comportements. D’ailleurs, l’un des buts importants des interventions des professionnels de la santé ne consiste-t-il pas à ce que les patients adoptent de saines habitudes de vie et modifient, le cas échéant, certains de leurs comportements qui nuisent à leur santé, à leur bien-être, à leur sécurité ou à leur qualité de vie? La faible adhésion aux recommandations des professionnels de la santé est-elle un indice de la faible capacité des professionnels de la santé à persuader leurs patients de la justesse de leurs perspectives et à les soutenir suffisamment dans la modification de leurs comportements? Estelle une indication qu’il est parfois difficile de changer ses habitudes de vie? Est-il possible que certains professionnels de la santé ne prennent pas suffisamment en considération ce que souhaite le patient, notamment dans les cas où ce que désire celui-ci va à l’encontre de ce que les intervenants considèrent comme bon pour lui? Autrement dit, est-ce que les professionnels de la santé n’auraient pas, eux aussi, à apprendre à se laisser convaincre par le patient?

    Cela dit, même s’il s’avère difficile de modifier ses habitudes de vie, la pertinence même des interventions des professionnels de la santé n’implique-t-elle pas, d’une part, une plus grande adhésion de la part des patients aux recommandations des professionnels de la santé et, d’autre part, une plus grande écoute et une meilleure prise en compte des points de vue des patients? À quoi peuvent bien servir des recommandations qui ne contribuent pas ou alors trop peu à modifier les comportements de personnes ou de groupes qui se révèlent nuisibles à leur santé, à leur bien-être, à leur sécurité ou à leur qualité de vie? À quoi peuvent bien servir des recommandations qui ne se révèlent pas signifiantes aux yeux des personnes à qui elles sont destinées? Comment inciter les individus et les groupes à adopter des comportements qui visent à améliorer leur santé et leur bien-être, tout en prenant en compte leur vision particulière des choses? En ce sens, n’est-il pas souhaitable que les professionnels de la santé améliorent leurs capacités persuasives? Nous estimons que cela ne peut qu’être utile – dans la mesure, bien entendu, où les recommandations qu’ils formulent se révèlent à la fois pertinentes, légitimes et fondées sur des résultats probants⁸, de même que signifiantes pour les individus et les groupes auxquels elles s’adressent.

    Ce constat troublant sur la faible adhésion des patients aux recommandations des professionnels de la santé a amené plusieurs chercheurs à réfléchir à la relation patient-intervenant et à mettre de l’avant l’approche centrée sur le patient (Hammell, 2013a; Lusk et Fater, 2013), la collaboration et le partenariat au cœur de la relation thérapeutique (Coleman, 2014; Tubbs-Cooley et al., 2013). Certains établissements d’enseignement et de santé du Québec ont d’ailleurs mis de l’avant l’approche patient-partenaire (Stewart et al., 1995) qui vise en outre à intégrer davantage la perspective des patients aux interventions (Barry et Edgman-Levitan, 2012; Karazivan et al., 2011). À première vue, il appert que la force persuasive des professionnels de la santé n’est peut-être pas aussi grande qu’on pourrait le croire ou l’espérer, peut-être parce que ces derniers ou certains d’entre eux connaissent mal ou trop peu les individus qu’ils aspirent à convaincre, en l’occurrence leurs patients. En effet, mettre la collaboration, voire le partenariat au centre de la relation intervenant-patient ou miser, en d’autres mots, sur l’approche centrée sur le patient, c’est sortir d’une approche paternaliste des soins de santé où un intervenant-expert impose de manière quasi unilatérale sa vision des choses. Mettre la collaboration, voire le partenariat au centre de la relation intervenant-patient, c’est notamment permettre à la voix du patient d’être entendue et miser sur une communication et un dialogue ouverts entre une équipe de professionnels et le patient ainsi que sa famille, voire sa communauté.

    Par ailleurs, il est de plus en plus fréquent que les patients se renseignent et se documentent de diverses façons, notamment en navigant sur Internet. Il arrive que ceux-ci trouvent et soumettent des stratégies ou des modalités différentes à leurs professionnels. Parfois, celles-ci se révèlent fort pertinentes et plutôt efficaces en regard de leurs besoins, en outre parce que les solutions émergent de démarches qu’ils ont eux-mêmes entreprises. En d’autres occasions cependant, les solutions proposées par les patients sont moins pertinentes, notamment parce qu’elles s’appuient sur des données peu crédibles. Il est évidemment opportun que les patients s’informent et remettent en question les suggestions des intervenants. Le problème est que certains patients mettent parfois en doute les analyses et suggestions des professionnels de la santé sur la base d’informations peu fiables et de piètre qualité. Comment, dans ces contextes, les professionnels de la santé peuvent-ils valoriser l’auto–prise en charge des patients, tout en tentant d’amener ceux-ci à considérer des connaissances plus avérées?

    En résumé, la troisième raison qui justifie ce livre est la suivante: quotidiennement, les professionnels de la santé doivent convaincre divers individus ou groupes d’individus de la pertinence de leurs idées et de leurs perspectives; or, de nos jours, l’adhésion des patients aux recommandations des professionnels de la santé n’est pas toujours optimale.

    Quatrième et dernière raison: les référentiels de compétences professionnelles élaborés par les associations et les ordres professionnels exigent souvent de leurs membres qu’ils revendiquent au nom des patients, en collaboration avec eux et pour eux, qu’ils fassent la promotion de la santé et de la prévention des maladies, et qu’ils défendent leur profession auprès de différents groupes ou instances (Drolet et Hudon, 2014b). À titre d’exemple, d’après l’Association canadienne des ergothérapeutes (ACE, 2012, p. 10), le professionnel doit «revendiquer adéquatement au nom des [patients] vulnérables ou marginalisés afin de favoriser leur participation à travers l’occupation». La profession d’ergothérapeute ne fait ici nullement figure d’exception. Le même genre de prescription est énoncé dans des référentiels de compétences en orthophonie et en audiologie (ACOROA, 2018), en médecine (CanMEDS, 2014), en physiothérapie (APC, 2006; CCPUP, 2009; GCNP, 2009) et en sciences infirmières (Leprohon et al., 2009; UKCC, 1989) pour n’apporter que ces exemples. C’est dire que les professionnels de la santé peuvent être appelés à jouer un rôle plus «politique» auprès de divers individus, groupes ou instances, par exemple en défendant les droits⁹, les intérêts et les besoins de patients (Dhillon et al., 2010), en réalisant des activités de promotion de la santé (ou de prévention de maladies ou d’accidents) ainsi qu’en exerçant un certain leadership pour mettre en valeur leur profession ou leur vision disciplinaire des choses (Drolet et Hudon, 2014b). Ce rôle plus politique requiert bien évidemment des habiletés communicationnelles reliées à l’argumentation et à la diplomatie (Dhillon et al., 2010).

    Ce rôle est désigné en anglais par le mot advocacy, qui est également utilisé par des professionnels de la santé francophones (Drolet, 2014a; Drolet et Hudon, 2014b). L’advocacy ou le fait de plaider, défendre, revendiquer ou promouvoir les droits, intérêts ou besoins des patients s’exerce auprès de divers individus ou groupes dans différents contextes allocutifs (Dhillon et al., 2010). Ainsi, un professionnel de la santé peut être appelé à convaincre non seulement un individu ou un groupe, mais également la population en général quant à une position quelconque à adopter relativement à la santé, au bien-être, à la sécurité ou à la qualité de vie de personnes ou de populations (Dorfman et al., 2005; Mattson, 2010; Servaes et Malikhao, 2010). D’ailleurs, plusieurs arguments soutiennent un tel rôle exercé par les professionnels de la santé (Drolet, 2014a; Drolet et Hudon, 2014b). Même si le contexte de l’exercice de ce rôle peut s’apparenter au contexte habituel des soins de santé, il peut aussi en différer, notamment lorsqu’il fait appel aux différents médias de communication (Chapman, 2004; Dietrich Leurer, 2013; Gardner et al., 2010). De fait, ce rôle plus politique peut se permuter en rôle médiatique (Dhillon et al., 2010; Drolet et Hudon, 2014b). Il peut par exemple requérir d’un professionnel de la santé qu’il rédige un article pour un journal comme Le Devoir, qu’il participe à une émission radio-phonique ou télévisuelle, qu’il dépose un mémoire à l’Assemblée nationale sur une thématique de santé d’intérêt public, pour ne donner que ces exemples (Drolet et Hudon, 2014b). En somme, l’advocacy, que peuvent être appelés à exercer certains professionnels de la santé, se distingue à maints égards de la vision usuelle qu’on peut avoir d’un soignant intervenant en clinique auprès de patients, et ce, bien qu’il s’agisse d’un rôle valorisé dans plusieurs professions de la santé comme en sciences infirmières (Curtin, 1979; Gadow, 1980; Saint-Arnaud, 2009) et en ergothérapie (Sachs et Linn, 1997; Smith, 2004; Swedlove et Brown, 1997), pour ne fournir que ces deux exemples. C’est pourquoi certains professionnels de la santé – qu’ils soient novices ou expérimentés comme cliniciens – ne sont pas complètement à l’aise avec ce rôle (Heinowitz et al., 2012), ne se sentant pas habilités à l’exercer parce qu’ils ne maîtrisent pas entièrement les connaissances et les stratégies communicationnelles relatives à l’ancien art oratoire qu’est la rhétorique¹⁰ (Redick, McClain et Brown, 2000; Restall et Ripat, 2008).

    Cet inconfort avec ce rôle plus politique, voire médiatique peut s’expliquer en partie par le fait que plusieurs professionnels de la santé ont des connaissances et une formation pouvant être qualifiées de limitées dans le domaine de la plaidoirie en particulier et de l’argumentation en général (Dhillon et al., 2010; Sullivan et Main, 2007). En fait, si la formation sur ce rôle fait souvent partie des programmes de formation en éducation à la santé (Radius, Galer-Unti et Tappe, 2009; Tappe, Galer-Unti et Radius, 2009), en santé publique, en médecine et en sciences infirmières, il appert que ce type de formation est moins présent dans les autres programmes menant à la pratique des professions de la santé comme l’audiologie, l’ergothérapie, l’orthophonie et la physiothérapie par exemple (Dhillon et al., 2010; Drolet et Hudon, 2014b). En fait, peu d’études ont à ce jour documenté précisément la place qu’occupe ce genre de formation dans ces programmes universitaires, mais de plus en plus d’acteurs souhaitent que la préparation à cette responsabilité professionnelle fasse partie intégrante des programmes de formation (Dhillon et al., 2010; Restall et Ripat, 2008), voire des programmes d’études des professionnels de la santé en général (Tappe, Galer-Unti et Radius, 2009). À cet égard, il est probable que, dans un avenir plus ou moins rapproché, ce type de formation soit inclus dans le cursus des cours de ces programmes d’études compte tenu des exigences actuelles des associations et des ordres professionnels qui incorporent, disions-nous plus tôt, à leurs référentiels de compétences professionnelles des compétences reliées à la plaidoirie (Drolet et Hudon, 2014b).

    Plus concrètement, ces compétences professionnelles se manifestent par exemple lorsqu’un professionnel de la santé est appelé à défendre les droits, les intérêts et les besoins de patients (Dhillon et al., 2010), à revendiquer au nom de patients vulnérables ou marginalisés (Drolet et Hudon, 2014b), à effectuer des activités de promotion de la santé ou de prévention de maladies ou d’accidents, à influencer des politiques publiques en matière de santé des personnes et des populations (Tappe, Galer-Unti et Radius, 2009; Zion, 2013), à promouvoir sa profession ou une autre profession pour répondre aux besoins de patients, à agir comme un agent de changement au sein de son établissement (ACE, 2012) ainsi qu’à revendiquer au nom de personnes et de communautés mal desservies ou desservies de manière inéquitable. Ce faisant, certains professionnels estiment qu’ils usent de leur pouvoir d’influence de façon adéquate et en retirent un sentiment d’accomplissement de soi (Dhillon et al., 2010). Plusieurs auteurs affirment que les professionnels de la santé ont un rôle, voire un devoir de plaider au nom de leurs patients, avec eux et pour eux, mais peu d’outils sont actuellement mis à leur disposition pour qu’ils puissent développer les habiletés dont ils ont besoin afin de remplir ce rôle avec aisance et efficacité (Drolet, 2014a; Drolet et Hudon, 2014b).

    Pour clore ce premier thème de l’introduction, les quatre principales raisons qui expliquent et justifient la publication de cet ouvrage sur l’argumentation dédié en particulier aux professionnels de la santé sont: 1) aucun ouvrage destiné aux professionnels de la santé n’expose de manière approfondie et pédagogique les différentes stratégies argumentatives pouvant les aider au quotidien à faire avancer leurs idées et celles des patients; 2) convaincre demeure un art difficile pour plusieurs personnes, notamment pour les professionnels de la santé, que ceux-ci soient novices ou expérimentés comme cliniciens; 3) quotidiennement, les professionnels de la santé doivent convaincre divers individus ou groupes de la pertinence de leurs idées et de leurs perspectives, même si l’adhésion des patients aux recommandations des professionnels de la santé n’est pas, de nos jours, optimale dans tous les cas; 4) les professionnels de la santé sont appelés à exercer un rôle plus politique, voire médiatique, soit celui de plaider, défendre, revendiquer ou promouvoir (faire de l’advocacy), qui requiert des habiletés argumentatives – rôle avec lequel plusieurs ne sont pas tout à fait à l’aise; or peu d’outils sont actuellement disponibles pour aider les professionnels de la santé à remplir un tel rôle avec aisance et efficacité.

    En somme, cet ouvrage répond à un besoin, celui des professionnels de la santé qui, quotidiennement, soutiennent des points de vue, formulent des recommandations, tentent d’influencer des patients, des décideurs et des partenaires, défendent les droits, les intérêts et les besoins de patients, articulent des perspectives parfois inédites ou à contre-courant, expriment une dissidence, condamnent un comportement fautif, justifient une intervention innovante, recommandent l’arrêt ou la prolongation de soins, promeuvent des causes sociales, revendiquent au nom de patients et en collaboration avec eux ou encore dénoncent des situations iniques (pour ne formuler que ces exemples de situation d’argumentation), mais qui, ce faisant, rencontrent des obstacles à convaincre les personnes ou les groupes auxquels ils s’adressent. Ces situations d’insuccès ou de succès mitigés peuvent être frustrantes ou même démotivantes, surtout lorsqu’elles se répètent. Les principes de l’argumentation et les stratégies argumentatives analysés dans ce livre se présentent comme des outils pouvant transformer ces situations d’insuccès ou de succès mitigés en communications efficaces.

    Comme nous l’avons précisé plus tôt, les théories de l’argumentation et les stratégies argumentatives sont abondamment documentées dans des ouvrages et des articles du domaine des sciences humaines et sociales. Cela dit, ces écrits ne sont pas destinés particulièrement aux professionnels de la santé; en conséquence, ils sont souvent peu adaptés aux situations d’argumentation au sein desquelles ceux-ci évoluent quotidiennement. De fait, ces ouvrages sont éloignés de la pratique des professionnels de la santé et les contenus qui y sont abordés se révèlent souvent peu applicables en contexte clinique ou administratif. Les sciences humaines et sociales ayant leur propre vocabulaire et expressions qui se distinguent de ce qui se fait et se dit dans le domaine des sciences de la santé, ces traités se révèlent en effet peu applicables en contexte de soins de santé. Ainsi, l’objectif que nous poursuivons est d’offrir aux professionnels de la santé une «boîte à outils argumentative» construite à partir des connaissances sur l’argumentation qui proviennent des sciences humaines et sociales, mais collée aux réalités quotidiennes des professionnels de la santé. Ce faisant, cet ouvrage érige un pont, répétons-le, entre deux domaines de savoirs qui se rencontrent trop peu souvent, soit celui des sciences humaines et sociales et celui des sciences de la santé.

    Maintenant qu’ont été énoncées les principales raisons qui motivent la publication de cette monographie, les besoins auxquels elle entend répondre, de même que les objectifs que nous poursuivons, il importe d’exposer brièvement la pertinence à la fois scientifique, professionnelle et sociale de cette «boîte à outils argumentative». Ce livre est pertinent au plan scientifique parce qu’il comble un vide dans les écrits destinés aux professionnels de la santé. La synthèse et la relecture qu’il propose des connaissances relatives à l’argumentation en provenance des sciences humaines et sociales contribuent à l’édification des connaissances dans le domaine de la santé. Plus encore, aucun ouvrage destiné aux professionnels de la santé n’expose de manière approfondie et pédagogique les principes de base de l’argumentation ainsi que les différentes stratégies argumentatives pouvant les aider au quotidien à faire avancer leurs idées et celles de leurs patients.

    Le présent ouvrage est justifié d’un point de vue professionnel parce qu’il répond à un besoin, soit celui de professionnels de la santé qui argumentent au quotidien dans divers contextes communicationnels. Comme nous l’avons souligné, plusieurs professionnels de la santé mentionnent qu’ils ne se sentent pas suffisamment outillés pour argumenter de façon convaincante auprès de diverses personnes ou de différents groupes, pour articuler le bien-fondé de leurs recommandations ou pour exprimer leur dissidence.

    L’ouvrage est aussi valable au plan social, parce qu’il vise à soutenir les professionnels de la santé à remplir leur rôle de plaideur auprès de patients en particulier et de la population en général, et ce, avec plus d’aisance et d’efficacité. Ce faisant, il vise à aider les personnes ou les communautés qui se trouvent dans des situations où elles ne sont pas en mesure (pour toutes sortes de raisons) de défendre par elles-mêmes leurs droits, de promouvoir leurs intérêts ou de revendiquer au nom de leurs besoins, en donnant des outils à des personnes de leur entourage (en l’occurrence les professionnels de la santé) qui ont à cœur les droits, les intérêts et les besoins de ces patients. Autrement dit, ce livre vise à outiller les professionnels de la santé afin que la collaboration intervenant-patient puisse permettre la réelle transformation de situations inéquitables en des situations de soins contribuant véritablement à la santé, au bien-être, à la sécurité ou à la qualité de vie des personnes et des communautés. Il pourra aussi être utile pour les patients qui cherchent à faire valoir leur point de vue auprès de différents professionnels de la santé. Telle est la façon dont nous percevons la pertinence de cet ouvrage. Celle-ci a trois visages qui se complètent, soit la pertinence scientifique, la pertinence professionnelle ainsi que la pertinence sociale.

    Dans un autre ordre d’idées, nous avons utilisé diverses méthodes afin de présenter, d’organiser et de générer les connaissances qui sont exposées dans ce livre. Sans entrer dans les détails méthodologiques qui ont été ici opérationnalisés (de peu d’intérêt, peut-on présumer, pour maints professionnels de la santé), mentionnons que plusieurs théories de l’argumentation qui ont marqué l’histoire des idées ainsi que celles qui mobilisent les débats contemporains ont été scrutées attentivement afin d’y repérer les principes de l’argumentation et les stratégies argumentatives pouvant être utiles aux professionnels de la santé. Autrement dit, nous avons opté pour des œuvres incontournables que nous avons examinées avec un œil attentif et critique. Nous cherchions les principes et les stratégies pouvant être applicables au quotidien par des professionnels de la santé dans différents contextes de soins de santé. Aussi, nous avons examiné attentivement des sources primaires (des écrits sources incontournables), en complémentarité à des sources secondaires (des textes rédigés par des commentateurs de ces ouvrages sources). Si des sources secondaires ont été consultées, ce fut pour confirmer ou infirmer certaines lectures critiques des ouvrages sources sur lesquels s’appuie ce livre de vulgarisation. De plus, nous avons au fur et à mesure confronté nos interprétations respectives de ces ouvrages sources afin d’en venir à un consensus sur la lecture qui pouvait être faite de ces textes phares, voire emblématiques, auxquels ce livre s’abreuve directement et sur lesquels il s’édifie et prend racine. Bien entendu, ces interprétations se veulent les plus fidèles possible aux propos des auteurs de ces références sources et elles sont à l’origine des outils proposés dans cet ouvrage pour soutenir le développement des habiletés argumentatives des professionnels de la santé.

    Cela précisé, bien que ce livre traite de connaissances avérées dans le

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