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Anna: Roman
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Livre électronique294 pages4 heures

Anna: Roman

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À propos de ce livre électronique

Et si votre femme n'était pas celle que vous croyiez ?

Mai 2012, au nord de la France à la braderie de Croix, Anna, Vincent et leur fille se baladent en toute tranquillité jusqu'au moment où Anna disparaît brusquement. Vincent n'a rien vu et ne comprend pas ce qui s'est passé. Pourquoi ? Comment ? Il décide très rapidement de partir à sa recherche. Du nord de la France à l'Italie, pays d'origine d'Anna, il fera tout pour percer le mystère de cette disparition et découvrira au fil des jours qu'elle est liée à  un passé dont il ignorait totalement l'existence. La réalité n’est pas toujours celle que l’on voit.

Vincent parviendra-t-il à retrouver Anna ? Pourquoi a-t-elle soudainement disparu? Quel est donc ce secret? Laissez-vous embarquer dans ce thriller aux multiples rebondissements !

EXTRAIT

Sa femme et sa fille avaient disparu. Il monta en voiture, il démarra et sortit de la file telle un pilote de formule 1 qui s’échappait du stand. Il s’engouffra dans la rue Pompidou. Elle était étroite, il roulait vite, le compteur affichait 70 km/h, c’était dangereux. Il approchait du virage qui menait au croisement de la rue du Général de Gaulle et de la rue Pompidou.
Le feu était vert, il tourna à droite. Tout de suite au premier virage, un autre feu, celui-ci était rouge, il connaissait cette rue et cet endroit, il grilla le feu. Il dépassa un bus de justesse en stationnement. Le compteur affichait 60 km/h, la circulation se densifiait. Il décidait d’appuyer sur l’accélérateur et fonça sur la gauche, la voie était libre, le feu orange était passé, le second et le troisième rouge aussi. Il passa sur le pont et rejoignit le périphérique. Il emboîta la quatrième, la cinquième, le compteur grimpait 100, 110, 120, 130,...,160 km/h. Il roulait sur la voie de gauche, il s’en allait vers l’A1, 167 km/h. Il doubla, il pressait les autres conducteurs avec des appels de phares…172 km/h. Il passait sous le panneau Bruxelles, il partait vers la Belgique.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un récit dynamique, haletant et plein de suspens, de rebondissements; on ne s’ennuie pas une seule seconde. - Fildediane

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1980 à Dunkerque, Anthony Saint-Maxent, directeur d'une société spécialisée dans la création d'enseignes, jongle depuis toujours entre la peinture, la littérature et la musique. Sa  passion pour l'écriture a toujours été, depuis son plus jeune âge, ce qui le fait vibrer. A travers son premier roman, Anna, il dévoile ce qui l'anime depuis toujours : raconter et partager des histoires.
LangueFrançais
Date de sortie27 juil. 2018
ISBN9782378773335
Anna: Roman

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    Aperçu du livre

    Anna - Anthony Saint-Maxent

    I

    La douceur de cette matinée de Mai annonçait une belle journée. La saison printanière fut terriblement décevante. La pluie, le vent et le froid s’étaient alternés avec bienséance durant deux mois, un printemps 2012 qui ne restera pas dans les anales.

    Au centre du lac, les canards pataugeaient avec grâce, le soleil brillait et se reflétait sur l’eau. Il était à peine 9 h, Anna, Vincent et Maya se baladaient dans les allées du parc Barbieux à Roubaix. Les oiseaux sifflaient quelques mélodies joviales, le doux vent soufflait les feuilles des arbres et les branches dansaient sur le rythme des battements d’ailes des piafs. Vincent prit à bras sa petite Maya, quinze mois, il la leva de la poussette. Elle adorait s’approcher des canards qui flottaient sur les bords du lac. Elle les montrait du doigt et par ces cris d’envie, elle convainquit son père de l’amener à côté d’eux. Elle était heureuse, elle les appelait, bougeait ses bras, elle était excitée. Anna s’assit sur le banc et les observa, elle sourit à sa fille qui lui faisait signe de la main. Vincent posa Maya sur l’herbe, la prit par les mains et lui fit faire quelques pas. Ils s’approchaient un peu plus des canards et avec discrétion, Vincent tentait d’attirer l’attention des canetons sur la berge. Les cris de joie de Maya les effrayèrent et ils s’empressèrent de retourner vers l’eau et suivre la troupe dirigée par cette canne qui n’avait d’égard pour ses progénitures.

    Le beau temps avait créé l’envie de profiter de l’air frais. Des couples marchaient main dans la main, des joggeurs couraient munis d’un casque audio qui leur permettait de s’évader et de ne pas sentir la douleur de la course. Des grands-parents se promenaient avec leurs petits-enfants. Les chiens couraient près de leur maître, le parc vivait.

    Vincent rejoignit sa femme sur le banc. Elle s’empressa de prendre Maya dans ses bras et l’embrassa. Vincent se roula une cigarette qu’il fuma en marchant vers les arbres. Il regardait le feuillage, le ciel, il s’évadait à son tour quelques minutes. Anna l’appela et lui proposa de s’en aller vers la braderie de Croix. Il haussa les épaules pour marquer son indifférence et s’en alla vers leur véhicule.

    Dans la voiture, il chantonnait une chanson que Maya adorait, Anna se prit au jeu et chanta avec lui. Arrivés près de la braderie, il cherchait à stationner, il trouva une place quelques mètres plus bas dans la rue face à une boulangerie. Pendant que Vincent préparait la petite et l’installa dans la poussette, Anna se chargeait d’acheter quelques viennoiseries. Il prit quelques mètres d’avance et se roula une cigarette. Il l’alluma quand un homme d’une quarantaine d’années, cheveux noirs, barbe mal taillée, costume noir, lui demanda une cigarette. Son regard était insistant et pesant. Vincent lui répondit qu’il n’avait que des roulées, l’homme accepta, prit une petite feuille et du tabac dans le paquet proposé pendant que Maya tirait sur sa veste de costume. L’homme le remercia et s’en alla vers la braderie. Anna sortit de la boulangerie, Vincent l’observa, elle portait une robe violette qui avait un décolleté qui fit languir plus d’un homme. Ses courbes étaient magnifiques, ses cheveux longs châtains clairs tombaient sur ses épaules découvertes, son regard scintillait au loin. Elle arrivait à leur hauteur et proposa un petit pain au chocolat à son mari. Elle sortit une tartine de pain coupé et la donna à son bébé. Anna posa sa main sur celle de Vincent, elle le regarda et échangea un baiser tout en avançant vers la braderie. 

    L’entrée fut difficile. Le beau temps avait créé l’envie et un monde fou s’était décidé à venir dans cette braderie de quartier. Les familles se bousculaient. Les poussettes, les chiens, les sacs encombraient le chemin. Les gens s’arrêtaient toutes les dix secondes. Certains cherchaient sans savoir ce qu’ils voulaient, d’autres savaient exactement ce qu’ils cherchaient mais ne le trouvaient pas. Anna flânait, Vincent avançait d’un pas pressé, il ne supportait pas la foule. À mi-parcours, il s’arrêta et attendit sa femme. Il regardait les exposants autour de lui, il soufflait. Maya attrapait tout ce qu’elle pouvait. Il lui demanda d’arrêter, hélas, ses paroles s’envolaient comme ces feuilles soufflées par le vent. Anna le prit par la taille. Il l’embrassa et proposa de partir, elle acquiesça.

    Ils firent alors demi-tour et s’engagèrent à nouveau sur le chemin des chineurs. Anna piétinait. Il se retourna et s’aperçut du retard qu’avait déjà pris sa femme, sans s’en soucier, il avança. Elle s’arrêta quelques secondes face à un étalage de livres d’art et de vêtements pour femme. Elle en choisit un et feuilleta. Vincent se retourna à nouveau, sa femme était de plus en plus distancée. Il attendit alors quelques secondes et surveillait dans le même temps sa fille qui s’efforçait de déchiqueter son morceau de pain. Il aperçut Anna un livre à la main, alors il reprit sa course.       Sorti du bain de foule, il cherchait sa femme du regard. C’était la confusion, elle était sans doute derrière ses deux géants en djellaba. Il souffla. Près de la barrière d’entrée, il donna un biberon d’eau à Maya en attendant qu’Anna arrivât. Il leva la tête mais il ne la voyait plus. Il insista mais rien. Maya le réclamait, il lui demanda de patienter. Les yeux rivés vers la foule, il ne la voyait plus. Il soupira et commença à perdre patience. Que fait-elle ? Pensait-il. Il parla deux minutes à sa fille et lui expliqua qu’ils attendaient maman qui se promenait encore. Il prit alors son téléphone au fond de sa poche de jean et l’appela. Sur l’écran un merveilleux sourire d’Anna. Ça sonnait.

    — Allez décroche, murmurait-il, répondeur,

    — Ce n’est pas vrai ! Pesta-t-il.

    Sur la pointe des pieds, il essayait d’entrevoir sa chevelure flotter au souffle de la bise légère, rien. Énervé, il reprit alors le chemin de la foule.

          Il s’avançait d’un pas toujours plus pressé. Il était à mi-chemin, elle n’était pas là, elle n’était plus là. Il essaya à nouveau de l’appeler, toujours rien. Il s’inquiétait, c’était étrange. Il était déstabilisé, décontenancé.

    – Où est-elle ? se demanda-t-il à voix haute.

    Il l’appela à nouveau. Rien. Il demanda alors aux passants s’ils ne l’avaient pas aperçue, hélas, aucun d’eux ne lui répondit positivement. Il s’enfonça dans la braderie, la poussette au bout des bras, le téléphone entre l’épaule et l’oreille et dictait des injures :

    — Putain, mais que se passe-t-il ? Où es-tu ? Merde, Anna. »

    Rien, il était au bout de la brocante et elle n’y était pas. Il s’assit alors sur l’herbe, Maya le regardait interrogative. Elle cherchait à tirer ses cheveux, il n’était plus d’humeur à jouer, il lui prit la main et lui demanda quelques secondes. Sa femme s’était envolée.

    Chemin inverse, il réfléchissait. Il avançait aveuglément, ses pensées fixées sur le visage d’Anna. Il poussait la poussette sans la diriger, il était perdu. Il bouscula quelques personnes sur son passage. Il était inquiet.

    Au bout du marché, il retourna vers la boulangerie où était garée sa voiture. Il installa Maya sur le siège à l’arrière droit du véhicule, rangea la poussette dans le coffre, le regard dans le vide, le temps lui échappait. Il avala sa salive plusieurs fois, le stress se présentait à sa porte et il le laissa entrer. Sa paranoïa, jadis enterrée, reprit le contrôle de ses incertitudes. Il entra dans la voiture, regarda sa fille qui lui répétait :

    — Mamma !

    Il lui répondit qu’elle arriverait plus tard. Il démarra sa voiture et partit en direction de La Madeleine, chez sa belle-mère, arrivée trois jours auparavant en provenance de Milan.

    Il entra sur le grand boulevard reliant Lille à Roubaix. Il roulait à allure constante, les yeux rivés sur la route, concentré, obnubilé par un tas de questions. La petite l’appelait, il ne répondait plus, il roulait. Il sortit du boulevard à Romarin, passa face au lycée Valentine Labbé et rejoignit la mairie de La Madeleine. Rue Gambetta, il tourna et se dirigea vers la place du marché. Il se gara sur la place, sortit la petite et se précipita vers l’appartement de sa belle-mère rue Saint-Victor.

    « Élisa ! S’exclama-t-il en entrant avec Maya dans les bras.

    — Maya, répondit-elle. Il le lui donna dans les bras et lui demanda aussitôt.

    — Élisa, Anna a appelé ?

    — Non ? Elle n’est pas avec vous ?

    — Non, elle a disparu !

    — Comment ?!

    — Nous étions à la braderie, j’avais quelques pas d’avance sur elle et quand je me suis retourné, elle n’était plus là. Disparue, je ne sais ni pourquoi ni comment.

    — Comment ? Demanda-t-elle en italien, surprise et ajouta en français. Je ne comprends pas ce que tu veux dire par elle a disparu.

    — Je n’en sais rien Élisa. Nous nous baladions tranquillement et en quelques secondes, elle n’était plus là.

    — Tu l’as appelée, j’imagine ?

    — Bien sûr mais son portable ne sonne plus, je tombe sur le répondeur directement.

    — Quelle histoire ! Élisa était toute agitée, déboussolée par ce qu’elle entendait. Tu es passé par chez vous ? Peut-être y sera-t-elle rentrée avec le bus ?

    — Pourquoi aurait-elle fait ça ? Non je ne crois pas. Par acquit de conscience, je vais aller voir. Si elle n’est pas là, j’irai au commissariat expliquer tout ça.

    — Très bien, je garde Maya, vas-y ! Retrouve-la ! »

    Cette discussion se clôtura ainsi. Élisa était inquiète, cela ne ressemblait pas à sa fille de disparaître ainsi. Elle ferma la porte derrière Vincent et retourna vers Maya.

    Vincent descendit les escaliers en courant. Il claqua la porte d’entrée de l’immeuble et la voisine du rez-de-chaussée cria « LA PORTE, MERDE !!! » Il entra dans son véhicule, démarra et roula vers chez lui. Il se remémorait la scène de ce matin, essayait de trouver un indice quelconque, rien tout était confus. Quelques minutes après, il était chez lui. Il se gara sur le trottoir opposé de sa maison. Ils habitaient une maison de 1930, typique de la métropole Lilloise. Maison étroite, tout en longueur et en hauteur, presque 9 m de long de l’entrée à la cour, sur 3 étages, combles compris. Une sobre décoration, des murs blancs sur lesquels des toiles étaient accrochées, toiles peintes par Anna et trois grandes photos format A0, elle, Maya et lui.

    Il cria son prénom. Aucune réponse. Il monta au premier étage, se dirigea vers la salle de bain, la chambre, rien. Au second, la chambre de Maya, le bureau et les combles, personne. Il retourna dans leur chambre. Il ouvrit leur armoire, vérifia les vêtements de sa compagne, rien n’avait bougé. Tout était en place. Il descendit alors vers le salon et s’assit sur une chaise. Il se roula une cigarette qu’il alluma immédiatement. Il prit son portable au fond de sa poche et appela une nouvelle fois sa femme, toujours le répondeur comme seule réponse. Il contacta ses amies les plus proches au cas où elle se serait réfugiée chez l’une ou l’autre. Malheureusement des appels en vain, aucune trace d’Anna. Il écrasa la fin de sa roulée dans le pot de fleurs posé sur la table. Il se frotta la tête, désemparé, trois heures que sa femme n’avait pas donné de signe de vie ce qui était très inhabituel. Elle qui appelait pour le moindre détail la concernant. Il appela Élisa pour l’ajourner :

    — Élisa, c’est Vincent, des nouvelles ?

    — Aucune et toi ?

    — Rien, j’ai fouillé la maison, toutes ses affaires sont là. J’ai appelé ses amies aucune d’elles ne peut m’aider. C’est affreux, je ne sais pas quoi faire.

    — Va au commissariat signaler sa disparition.

    — Et si elle m’avait quitté ? dit-il abusé.

    — Vincent, je connais ma fille, même si elle avait l’intention de te quitter, jamais elle ne procéderait de cette manière-là.

    — C’est vrai, ce n’est pas son style, dit-il convaincu. Sans transition aucune, il reprit. Je vais au commissariat, je reviendrais juste après. Comment va ma petite ? 

    — Maya s’est endormie quand tu es parti.

    — OK, je vais au commissariat puis je ferais un tour là où elle a disparu et je reviendrais ce soir alors.

    — Très bien, à tout à l’heure, conclut-elle. »

    Vincent prit une photo récente d’Anna, une photo prise il y a quelques semaines au parc de la Citadelle de Lille...

    Cette journée était exceptionnelle, une chaleur ahurissante, alors qu’il faisait près de douze degrés les jours précédents, le soleil et ses rayons s’étaient invités ce jour-là et avait offert une magnifique journée aux citadins. Ils marchaient sur le chemin qui longé la berge de la Deûle. Ils passèrent un pont et rejoignirent l’autre berge du côté de Lambersart. Elle était vêtue d’une jolie jupe bleu marine qui tombait au-dessus de ses genoux, un chemisier blanc uni qui laissait entrevoir à la lueur du soleil ses tétons sombres et ses seins parfaitement dessinés. Son sourire étincelait par la blancheur de sa dentition et son teint miel accentuait le contraste. Ses longs cheveux châtains clairs volaient au grès du souffle du vent discret et ses yeux fixaient l’objectif. Ils étaient partis de bon matin pique-niquer.

    … Il mit la photo dans son sa poche arrière de jean et s’en alla en claquant la porte. Il regarda à gauche puis à droite au cas où il l’apercevait, mais personne n’était dans la rue mis à part un homme sur l’autre trottoir contre le mur de la maison, là où le portrait Arthur Rimbaud avait été poché en noir. Il fumait une cigarette, ses cheveux étaient courts, mal rasé, vêtu d’un costume noir très bien taillé. Une Alfa Roméo Mito noire arriva à sa hauteur, elle s’arrêta et l’homme entra dedans. La voiture repartit aussitôt. Vincent traversa alors la route et monta dans son véhicule. Il regardait son portable avant de démarrer et partit en direction du commissariat situé à proximité de l’Hôtel de Ville de Marcq-en-Barœul, à quelques minutes de chez lui. Au feu, au croisement de la rue Jules Guesde et de la route nationale, il observait les alentours. Le feu passa au vert, pris par ses observations, il se fit klaxonner par un impatient derrière lui. Il démarra aussitôt, tourna à gauche et se dirigea vers le collège. Il emprunta la rue qui l’amena vers la poste. Il se gara sur ce parking et rejoignit le commissariat à pied.

    Un agent lui demanda à l’accueil quel était son besoin. Vincent répondit aussitôt que sa femme avait disparu. Il sortit la photo de son jean et la posa sur le comptoir. L’agent lui demanda quelques explications. Vincent lui fit alors le récit de sa matinée jusqu’à sa disparition. La policière lui proposa de se diriger vers un autre agent qui prendrait sa déposition en compte et lui précisa qu’il fallait un délai de 24 h avant de se prononcer sur une éventuelle disparition. Vincent la regarda avec mépris et suivit le chemin qu’elle lui avait montré.

    Il entra dans une salle de 12 m², ni plus ni moins. Le minimum était installé, un bureau, une machine à écrire, un ordinateur, quelques stylos, un bloc de feuilles et du courrier. Le policier avait une cinquantaine d’années. Bedonnant, les cheveux gras, une moustache jaunit par le tabac, une taille de barbe approximative, des cernes sous les yeux et des joues rouges.

    « Asseyez-vous, ordonna-t-il. Je vous écoute, que se passe-t-il ? »

    Vincent raconta à nouveau son histoire. L’agent conclut qu’il prendrait sa déposition en compte. Il lui demanda également si une quelconque dispute aurait pu la pousser à partir ou une autre motivation. Vincent fut catégorique :

    « Non ! »

    Le manque d’intérêt porté par ces deux agents l’exaspérait. Il se demandait vraiment ce qu’il faisait là. Si ces fonctionnaires de police avaient les capacités requises à réagir face à son problème. Le vieux ouvrit un tiroir et prit une feuille avec son papier carbone qu’il inséra dans la machine à écrire.

    Il lui demanda son nom, son prénom, sa date de naissance et tout un tas d’information sur son état civil. Il le sommait de lui répéter son histoire sans omettre un détail. Vincent recommença pour la énième fois. Tout était encore très frais dans sa tête, cela ne prit pas plus de vingt minutes. Une fois la déposition terminée, l’agent lui expliqua les modalités de cette procédure. À peine convaincu de leur efficacité, Vincent repartit avec une seule idée en tête : ne compter que sur lui-même pour retrouver sa femme.

    Sortit du commissariat, il appela Élisa pour lui dire qu’il arrivait, cette dernière ne décrocha pas. Il réessaya mais en vain. Sans doute était-elle occupée avec Maya ? Il s’empressa de s’en assurer et prit la route vers chez elle.

    Arrivé au bas de son appartement, il chercha dans ses poches les clefs. Il cafouilla. Il ouvrit la porte et courut jusqu’au deuxième étage. Il empoigna la porte, poussa pour entrer. Elle était fermée. Les clefs en main, il l’ouvrit et entra finalement. Il s’aperçut aussitôt que sa belle-mère et sa fille n’étaient pas là, l’appartement était sans bruit. Il se dirigea vers la chambre, il tapa une fois par décence et ouvrit. Personne. Il s’assit sur le lit, prit son téléphone et appela à nouveau. Le téléphone ne sonnait pas.

    « C’est pas vrai ! S’exclama-t-il. Il prit sa tête à deux mains. Merde ! Où sont-elles ? »

    Il regarda aux pieds du lit et vit une paire de chaussettes traînée sur le sol. Cela l’étonnait, maniaque comme était Élisa, c’était un scandale mais cela ne lui disait rien qui vaille. En six années, il n’avait jamais vu une chose traînée là où elle vivait. Il se questionna, il ne voulait imaginer le pire mais une seule réflexion lui vint en tête, celle qu’elles fussent parties, il ne voyait autre alternative. Il jeta un œil dans le lit de Maya au fond de la chambre. Il était vide, toutes les peluches avaient disparu. Il ouvrit le dressing et constata que la plupart des fringues de la mamie n’étaient plus là. Elles étaient parties, il n’y avait plus de doute à avoir.

    « Putain, elle s’est cassée !!! »

    Il tomba sur le lit. Ses yeux grands ouverts fixaient le plafond blanc. Ses joues rougissaient de colère. Son souffle s’accéléra. Il avait chaud, les larmes coulaient sur ses joues. Une auréole se formait sur le tissu rouge de la couette. Il se leva brusquement, sortit d’un pas décidé de l’appartement, il claqua la porte et descendit à toute berzingue les escaliers.

    II

    Sa femme et sa fille avaient disparu. Il monta en voiture, il démarra et sortit de la file telle un pilote de formule 1 qui s’échappait du stand. Il s’engouffra dans la rue Pompidou. Elle était étroite, il roulait vite, le compteur affichait 70 km/h, c’était dangereux. Il approchait du virage qui menait au croisement de la rue du Général de Gaulle et de la rue Pompidou.

    Le feu était vert, il tourna à droite. Tout de suite au premier virage, un autre feu, celui-ci était rouge, il connaissait cette rue et cet endroit, il grilla le feu. Il dépassa un bus de justesse en stationnement. Le compteur affichait 60 km/h, la circulation se densifiait. Il décidait d’appuyer sur l’accélérateur et fonça sur la gauche, la voie était libre, le feu orange était passé, le second et le troisième rouge aussi. Il passa sur le pont et rejoignit le périphérique. Il emboîta la quatrième, la cinquième, le compteur grimpait 100, 110, 120, 130,...,160 km/h. Il roulait sur la voie de gauche, il s’en allait vers l’A1, 167 km/h. Il doubla, il pressait les autres conducteurs avec des appels de phares…172 km/h. Il passait sous le panneau Bruxelles, il partait vers la Belgique.

    Le compteur se bloqua à 181 km/h. La température de l’eau du moteur augmentait. Sur l’autoroute la circulation était faible, quelques camions et très peu de voitures, l’heure et le jour y étaient pour quelque chose, le jeudi de l’ascension à 12 h 45, les automobilistes étaient partis tôt ce matin pour profiter de ce long week-end de fête. Passé Mons, il se dirigea vers Charleroi.       Une soixantaine de kilomètres plus tard, il emprunta la sortie qui indiquait l’aéroport. Il n’avait qu’une idée en tête : retrouver Élisa. Elle ne pouvait être qu’ici, c’était son seul moyen de partir vers l’Italie. Il se gara sur le stationnement minute, devant la porte des départs, là où une croix jaune était peinte sur le bitume rafraîchi par une légère pluie naissante.

    Il regarda sur l’écran les départs et le premier vol pour Bergame était à 18 h 45. Un autre départ pour l’Italie était programmé, un vol pour Venise à 14 h 20. Il jeta un œil sur l’horloge de l’écran en bas à droite, il était 13 h 25. L’enregistrement des bagages pour ce vol était ouvert et si elle l’avait choisi pour destination.

    Il alla vers le check-in. La file d’attente était longue. Il passa sur le côté, s’excusa, il leva les pieds, regardait devant lui, au-dessus de tous. Il s’excusa à nouveau, il avança, arrivé devant l’hôtesse, il tapa sur le comptoir et repartit.

    « Merde, merde !!! » grogna-t-il.

    Il sortit des rangs et alla vers le premier bar. Il observait les gens qui mangeaient.

    Elles n’étaient pas là.

    Il remonta toute l’allée, regarda partout. Il entra dans les toilettes des dames, il ouvrit les portes une à une, il surprit une dame et s’excusa sans s’attarder. Il sortit et vérifia également ceux des messieurs. Il continuait à pas pressés à chercher dans l’allée de l’aéroport. Il s’arrêta devant le café Paul.

    Personne !

    Il s’énervait.

    « Où sont-elles ? » dit-il en serrant les dents.

    L’heure tournait. L’embarquement pour Venise était dans 15 minutes. Il réfléchit une seconde. Il regarda l’écran des départs, il hésitait à partir pour Venise.

    Non, la raison ne voulait pas qu’il parte pour Venise, cela avait beaucoup moins de sens que de tenter de rejoindre Milan.

    Il sortit du hall, porte des arrivées et observa le quai

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