La dame blanche

Vincent actionna l’ouverture des vitres et une bouffée d’air pénétra dans le véhicule. L’odeur de la Provence qu’il reconnaîtrait entre mille envahit ses narines. En cette soirée d’août, la chaleur qui avait plombé la campagne s’avérait encore plus lourde et pesait sur ses paupières, fatiguées de scruter l’horizon.

Conduire dans cet état d’épuisement n’était pas prudent, il le savait, mais, comme chaque fin de semaine, il tenait à rentrer chez lui le vendredi soir afin de profiter, une nuit de plus, de sa petite femme chérie.

Commercial dans une société de cosmétiques, il parcourait toute la semaine un secteur composé de villes bruyantes. Lui qui aimait le calme, il bataillait dans les embouteillages, ruminait pendant des heures d’attente dans les parfumeries quand les dépositaires de la marque renseignaient leurs clientes. Il ne pouvait s’empêcher de comparer sa femme si authentique aux vendeuses sophistiquées qui proposaient les produits avec moult sourires.

Manon, l’amour de sa vie… Il remerciait chaque soir l’univers d’avoir croisé son chemin. Il aimait tout en elle: ses yeux rieurs, sa bouche ourlée qui appelait les baisers, sa fraîcheur, sa candeur, ses longs cheveux blonds qu’elle retenait parfois avec un crochet qu’il s’empressait de retirer afin de pouvoir passer ses mains entre ses mèches, ses pieds menus qui l’attendrissaient, sa taille de guêpe qu’il enserrait entre ses doigts… Et sa voix! Quand elle parlait, un chant sortait de son gosier. Il s’attendait toujours à ce que les oiseaux lui répondent! Mariés depuis deux ans, ils avaient acheté une petite villa accolée à la colline habillée de genêts. Ils avaient eu le coup de foudre pour cette maison rustique qui était devenue un petit nid d’amour. Vincent avait tenu à refaire lui-même les peintures. Ils avaient chiné tous deux dans les brocantes environnantes les meubles qu’ils désiraient. Manon avait cousu, surfilé, brodé, les rideaux, coussins, dessus-de-lit. L’ensemble reflétait une harmonie sereine qui transpirait le bonheur.

Vincent devait cumuler les heures de travail pour rembourser le