Une mer d’huile
Antoine venait de pénétrer dans l’atelier de Vincent.
Pinceau à la main, Vincent s’écarta de la toile pour lui montrer son travail, affichant un sourire satisfait.
– J’ai bientôt fini.
– Je vois ça !
– Encore deux trois petits poils à ajouter sur le dos de l’animal, la signature à apposer et dès que ce sera sec, disons dans une quinzaine de jours, tu peux revenir prendre l’œuvre.
Antoine grimaça :
– Pas avant ?
– C’est long, je sais. C’est l’inconvénient de la peinture à l’huile, ça ne sèche pas aussi vite que l’acrylique.
– Bon…
– Mais si tu veux que ça se rapproche de l’authentique, tu dois te montrer
Le galeriste s’avança vers la toile et sourit. C’était l’un des sujets de Bernard Buffet qu’il préférait, celui de sa série sur les singes. D’un claquement de langue, il fit savoir sa satisfaction.
– La galerie Garnier, qui a suivi l’artiste toute sa vie, ne serait pas mécontente de l’avoir celle-là ! Malheureusement elle a été peinte juste avant son suicide. Et comme il n’a pas cru bon de la tenir au courant ni de cette création ni de sa décision de mettre fin à ses jours…
Antoine ne prit pas la peine de terminer sa phrase. Il ajouta, en se tournant vers Vincent :
– C’est en tout cas ce que j’ai l’intention de dire à mon client. Vincent avait de nouveau fait du bon travail, c’était très réussi. Nul doute que cette fois encore, si jamais la peinture était amenée à être expertisée, on ne pourrait croire à un faux.
Bernard Buffet peignait comme il respirait et il aurait sans doute continué longtemps si une paralysie des mains ne l’en avait empêché. Il était difficile de comptabiliser le nombre de ses œuvres, principalement celles qui avaient été vendues aux Américains, et Antoine avait
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