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L'innocence oubliée
L'innocence oubliée
L'innocence oubliée
Livre électronique250 pages3 heures

L'innocence oubliée

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À propos de ce livre électronique

Emma n'est pas une petite fille comme les autres. Diagnostiquée EIP à l'âge de six ans, elle va avoir du mal à trouver sa place dans un monde où élèves et enseignants ne lui feront aucun cadeau.
Posséder un haut potentiel intellectuel : don ou handicap ?
La question mérite d'être posée.
Harcèlement et humiliations diverses vont jalonner son parcours sans oublier des drames qui la marqueront à tout jamais.
Elle pourra compter sur l'amour inconditionnel de certaines personnes pour surmonter beaucoup d'épreuves mais pour combien de temps ?
LangueFrançais
Date de sortie24 juil. 2019
ISBN9782322261567
L'innocence oubliée
Auteur

Véronique Videau-Martinez

Véronique Videau-Martinez écrit depuis toute petite. Joyce Lankester et son héroïne Mili-Mali-Malou, la Comtesse de Ségur et ses "Petites filles modèles", Enid Blyton et son "Club des 5", Maurice Genevoix et ses invitations au voyage, ont, entre autres, bercé son enfance. Elle a poursuivi son chemin avec la littérature classique puis des auteurs contemporains. Née d'un père militaire dans l'Armée de l'Air, elle s'est tout naturellement tournée vers le métier d'hôtesse de l'air. Après avoir réalisé ce premier rêve, elle s'attaque aujourd'hui au second : faire ses premiers pas dans le milieu de l'écriture.

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    Aperçu du livre

    L'innocence oubliée - Véronique Videau-Martinez

    A mes trois ors

    Pour tous les enfants incompris qui

    se taisent et qui souffrent en silence

    Sommaire

    HENRI

    NATHALIE

    DAVID

    EMMA

    JEANNE

    EMMA

    Remerciements

    HENRI

    « La plus grande chute est celle qu'on fait du haut de l'innocence »

    Heiner Müller « Nous sommes cruels »

    « Dépêche-toi Maman ! J’vais être en retard !

    Emma, trois ans bientôt, était surexcitée : son regard émeraude impatient pressait sa mère d’accélérer le mouvement.

    Nathalie lui jeta un coup d’œil, attendrie, tout en installant aussi vite que possible le petit Adrien, 10 mois, dans son maxi cosy.

    La Saxo framboise prit le chemin du bourg, rejointe peu après par d'autres véhicules engagés dans la transhumance bien connue de toutes les familles au mois de septembre : la rentrée des classes !

    La voiture garée, le bébé calé au creux du bras droit et la main de la petite dans la sienne, la jeune femme aborda le bâtiment recouvert de crépis blanc et de briquettes qui jouxtait la mairie.

    Des cris et des pleurs retentissaient au milieu d’un flot de conversations décousues de parents aussi fébriles que leurs progénitures. Ils campaient tous au milieu de la cour de récréation, à l'ombre du marronnier.

    Emma trépignait et observait avec curiosité ses futurs camarades : certains s'agrippaient de toutes leurs forces aux robes ou jupes de leurs mères et d'autres affichaient un grand sourire.

    Un homme de taille moyenne tournoyait sur lui- même et essayait de rassurer et de rassembler ses élèves. Il se résolut à inviter tout ce petit monde à le suivre dans sa classe. Au bout de longues minutes, les enfants finirent par s'asseoir sur le tapis central après que pères et mères soient partis, certains sereins, d'autres plus anxieux, se retournant souvent pour jeter un dernier coup d'œil.

    Après un dernier câlin et un gros bisou esquimau, Nathalie regagna sa voiture et retourna dans sa maison devenue soudain bien silencieuse.

    Elle recoucha son petit dernier que l’excursion avait épuisé et décrocha son téléphone pour faire un résumé complet à son mari David, puis à Jeanne, sa mère.

    Lorsqu'elle s'adressa à cette dernière, elle lui précisa qu'elle avait pris plusieurs photos de la nouvelle écolière et qu'elle allait les imprimer pour les lui montrer le week-end suivant.

    " Je rapporterai tout ça lorsque nous irons voir Papa à l’hôpital. Elle a encore fait plein de dessins et c’est très coloré. Elle a un de ces coups de crayon ! Et une imagination ! Je me demande où elle va chercher tout ça.

    - Elle n’est pas en retard pour son âge, c’est clair. Ton père sera content d’admirer ses œuvres : ça lui changera les idées.

    - Comment va- t- il ce matin ?

    - Le traitement qu'il suit contre sa phlébite porte ses fruits mais il est très fatigué. Je vais lui tenir compagnie cet après- midi.

    - Embrasse-le pour nous et dis- lui que je serai auprès de lui dans cinq jours.

    - Je n'y manquerai pas. Fais des bises à mes deux amours et je te téléphone ce soir, promis !

    - D'accord Maman. Sois prudente sur la route. Je t'aime.

    - Moi aussi ma fille. A plus tard."

    Elle reposa le combiné sur son socle et s'abîma dans ses pensées : le baptême d'Adrien quelques jours auparavant, le courage extraordinaire de son père, Henri, qui avait refusé de se reposer dans une chambre de l'hôtel attenant au restaurant, la dignité de Jeanne, la tendresse de David, la douceur de Caroline, la marraine et la jovialité de Bruno, le parrain.

    Nathalie poussa un profond soupir et se laissa tomber sur le canapé du salon qui faisait face à la petite cheminée en pierre de taille.

    Les jours d'Henri étaient comptés : atteint d'un cancer de l'œsophage, il ne parvenait plus à s'alimenter et des sondes avaient pris le relais.

    Au lendemain du baptême, il avait été hospitalisé en urgence, le bras gauche terriblement gonflé et douloureux.

    Il avait aussitôt été transféré au service Oncologie de la clinique d'Amilly, dans le Loiret. Il disait chaque jour à son épouse qu'il allait bientôt rentrer dans leur longère en lisière de forêt et qu'il viendrait à bout de ce fichu crabe. Il attendait d'être opéré afin de libérer sa trachée et rêvait d'une bonne poêlée de cèpes accompagnée d'une belle tranche de rôti de bœuf, le tout arrosé d'un verre de Château Le Sartre.

    Sa femme affichait un sourire plein d'amour et lui assurait que tout était prêt pour son retour mais son cœur était lourd car elle pressentait que chaque jour écoulé conduisait un peu plus son mari vers la mort.

    A seize heures tapantes, une vague colorée jaillit de la salle de classe : Emma retrouva avec plaisir sa mère et son petit frère.

    " J'ai plein de choses à te raconter, Maman ! On a fait de la pâte à modeler, de la peinture avec les doigts et on a chanté des chansons. C'était trop bien !

    - Génial ! Tu vas voir, Monsieur André va t’apprendre plein de choses ! sourit sa mère.

    - Et j'ai même deux copains qui s'appellent Julie et Antoine : on a joué ensemble dans la cour de récréation et on a beaucoup rigolé !

    - Tu as passé une super journée ma puce. On en garde un peu pour Papa ce soir, d’accord ?

    - Mm, j'ai faim tu sais. On rentre prendre le goûter ? »

    Le retour jusqu'à la maisonnette se déroula au son des anecdotes de la petite fille : Adrien la regardait fixement en portant son pouce à sa bouche et en poussant des petits cris de plaisir.

    Une fois le dîner servi et les enfants couchés, Nathalie s'entretint avec David au sujet de leur aînée.

    " Chéri, si tu avais vu Emma aujourd’hui ! Quel enthousiasme ! Elle réussit à me remonter le moral comme personne. Je me sens si mal parfois ! J’ai l’impression qu’un danger inévitable rôde autour de notre famille et que je n’y peux rien. J’ai senti Maman angoissée et abattue au téléphone tout à l’heure.

    - Elle vit des moments très difficiles depuis plusieurs mois. Je ne sais pas quoi faire si ce n’est lui rendre visite et lui tenir compagnie dès que nous le pouvons.

    - J'ai peur David, je suis terrifiée !

    - Je sais. J’ai beaucoup de peine moi aussi. Viens dans mes bras. Je te promets de te soutenir de toutes mes forces."

    La jeune femme se blottit contre lui, à nouveau en proie à une angoisse sans nom.

    Le week-end arriva et la petite famille prit la route du Loiret : deux heures plus tard, ils atteignaient le hameau où vivaient les parents de Nathalie.

    Emma bondit de la voiture et se jeta dans les bras de sa grand-mère en criant :

    "Ma Nanny !

    - Ouh la, la, quelle énergie ma puce ! l'étreignit Jeanne.

    - Tu sais j'ai fait plein de choses à l’école : le maître est gentil et on apprend les jours de la semaine en chantant. On dessine des bonhommes et on colle des gommettes. Il y a un coin où on peut jouer à la marchande et même des landaus, des poussettes et des poupées. Je me suis fait plein de copains et j'ai soufflé mes bougies hier avec tout le monde. Ils ont tous chanté Joyeux Anniversaire : j'étais trop contente ! Même que le maître, il a pris des photos ; je vais te montrer.

    - Doucement Emma ! Laisse-nous le temps d'embrasser Nanny, intervint David

    - Mais Papa !

    - Nous repartons demain en fin d'après-midi : tu as tout le temps de parler à ta grand-mère.

    - D'accord"

    Ils entrèrent tous dans le hall d'entrée et se dirigèrent vers la cuisine où un délicat fumet venait leur chatouiller les narines.

    " Belle-Maman, je devine que vous nous avez concocté votre fameuse blanquette de veau ? interrogea David.

    - Absolument ! Avec un gâteau marbré pour le dessert !

    - Vous avez toujours su me faire plaisir, lança son gendre avec tendresse.

    - Je m'occupe comme je peux. Si je reste assise dans mon coin, je ne peux pas m'empêcher de penser et alors...

    - Je ne peux qu'imaginer, en effet. Voir vos petits-enfants va vous changer les idées.

    - J'en ai besoin, vraiment" soupira Jeanne.

    Le déjeuner avalé, Nathalie et sa mère prirent le chemin de la clinique où Henri les reçut avec un air las.

    La jeune femme prit sur elle pour ne pas écarquiller les yeux en découvrant son père, encore amaigri depuis sa dernière visite. Le teint gris, la bouche tordue par un rictus, il les regardait sans les voir.

    "Bonjour Papa. Comment te sens-tu aujourd’hui ?

    - Comme tu peux le constater, je ne suis pas en forme. J'en ai marre. Regarde-moi : je ressemble à un cadavre !

    - Ne dis pas des choses pareilles ! s'exclama la jeune femme.

    - Je n'en peux plus ma fille. Cette satanée maladie est en train de prendre le dessus et je n'ai aucun contrôle. Le chirurgien m'a annoncé que toute intervention était impossible...il n'y a plus d’espoir !"

    Un lourd silence s'installa, très difficile à rompre. Jeanne caressait tendrement la tête de son mari pendant que Nathalie cherchait désespérément quelque chose à dire qui ne tombe pas à plat.

    " Emma t'embrasse très fort. Elle m'a chargé de t'offrir ce dessin, osa-t-elle.

    - Montre-moi ça" demanda-t-il une légère lueur dans le regard.

    Des larmes naquirent au coin de ses paupières en découvrant ce que la petite avait réalisé.

    Chaque membre de la famille prenait la pose devant la maison paternelle : un soleil avec un grand sourire ornait le coin supérieur gauche, des V faisaient office d'oiseaux et des bâtons verts au bout desquels pendaient des boules multicolores représentaient des fleurs.

    Lorsque le papi découvrit son portrait, deux sillons humides creusèrent ses joues.

    Il trônait au centre de la feuille, tenant Adrien dans ses bras et la petite était collée contre lui. Mais, outre les appellations de chacun écrites d'une main tremblante et encore malhabile, elle avait rédigé Je t'aime Papili. Reviens vite ! en recopiant les lettres que sa mère avait notées sur un papier.

    " Elle voudrait te voir et...

    - C'est hors de question ! Je risque de lui faire peur : ce n'est pas un beau spectacle pour un petiot ! Et d'ailleurs, je ne veux aucune visite si ce n'est la vôtre. Je ne suis pas une bête de foire ! Entendre des « comment allez- vous ? » ah, je crois que je serai incapable de me contenir. Qu'ils gardent tous leurs questions débiles, cette curiosité malsaine, cette pitié qui me donnent la nausée !"

    Il s'interrompit, hors d'haleine, le regard soudain très dur.

    Nathalie glissa doucement vers lui les clichés de l'écolière, tantôt soulevant son cartable à l'effigie de Barbie, tantôt soufflant ses bougies, entourée de ses camarades.

    " Tu peux voir son nouvel univers. Elle s'y plaît et elle me détaille chaque journée.

    - Quel coup de crayon ! Elle sait déjà faire tant de choses à un âge où elle devrait à peine commencer à faire des ronds ! Elle va tellement me manquer ma jolie poupée" souffla le grand-père.

    Sa fille ne parvenait plus à articuler la moindre syllabe tant sa gorge était serrée. Elle se posta devant la fenêtre de la chambre, regardant les érables du parc qui commençaient à jaunir tandis qu'un rayon de soleil les auréolait d'une splendide lumière dorée. Ses mains étaient glacées et elle crispait ses mâchoires pour ne pas laisser le chagrin l'envahir.

    La venue du pneumologue mit fin au mutisme qui avait gagné chacun d'eux. Les deux femmes laissèrent le médecin examiner son patient.

    Elles croisèrent le spécialiste alors qu'elles revenaient de la cafétéria, tenant chacune un gobelet fumant.

    " Docteur... dites-moi, l'implora Jeanne.

    - Je suis désolé mais nous ne pouvons plus rien pour votre mari. Je vais le faire transférer dans le service des soins palliatifs. Madame, la tumeur se propage au niveau de ses poumons : c'est pourquoi il s'essouffle vite. Cela explique également les quintes de toux qui l'épuisent.

    - Mais une opération...

    - Je vous le répète, je suis désolé. Profitez de chaque instant auprès de lui. Tenez-moi informé s'il ressent la moindre douleur car nous pouvons le soulager grâce à des injections de morphine, débita-t-il rapidement en jetant un œil à son biper. Je vous prie de bien vouloir m'excuser mais je dois rejoindre mon équipe".

    Elles se regardèrent, incapables de réagir dans un premier temps. Jeanne inspira enfin profondément et s'adressa à sa fille :

    " Nous allons retourner auprès de ton père et nous allons donner le change. Il sera toujours temps de laisser couler nos larmes plus tard.

    - J'ignore comment tu fais, Maman.

    - Ma chérie, vous me donnez tous les quatre la force de rester debout. M'effondrer maintenant reviendrait à dire que j'abandonne mon mari à son sort et que je suis égoïste. Je ne dois penser qu'à lui, respecter ses volontés.

    - Mais Maman...

    - Chut, plus un mot. Respire un bon coup et offre un visage serein et aimant à ton père. Tu ne peux pas faire plus pour l'instant" conclut-elle.

    Mais lorsqu'elles pénétrèrent dans la pièce, Henri dormait profondément. Elles chargèrent une infirmière de lui dire qu'elles reviendraient le lendemain car l'heure de la fin des visites approchait. Chacune déposa un doux baiser sur son front et elles quittèrent la chambre.

    Le retour au hameau se fit sans l'ombre d'un son si ce n'est celui de la radio qui diffusait un morceau des Quatre Saisons de Vivaldi. Nathalie se faisait violence pour ne pas révéler à sa mère ce qu’elle ressentait au fond de son cœur : ses craintes, ses doutes. Elle avait en permanence une boule dans la gorge, son estomac se contractait sous l’effet de la frayeur qui l’habitait chaque jour davantage. Elle n’osait en parler de peur de voir s’effondrer celle qui, à l’instant, regardait d’un air absent le paysage qui défilait. Elle pensait que mettre des mots sur son ressenti le rendrait réel et elle n’était pas prête, pas encore. Et puis, à quoi bon ? Elle se devait de rester solide pour les siens, pour Henri : ce n’était pas le moment de flancher, elle se l’interdisait !

    Jeanne eut un air attendri en constatant qu'Emma avait cueilli des fleurs sauvages : le bouquet parfumé trônait au centre de la table de la cuisine.

    Son sac à peine déposé sur une chaise, elle serra sa petite-fille dans ses bras et enfouit son visage dans les cheveux blonds qui sentaient bon le shampoing pour bébé.

    " Nanny, Papa nous a emmenés chez le fermier : j'ai pu donner du pain dur aux ânes et, tu sais, la vache... eh ben, elle a eu un veau. Il ne marche pas très droit parce qu'il est né hier ! Et Papili, il a aimé mon dessin ? C'est quand que je pourrai le voir ?

    - Ma princesse, c'est compliqué car ton Papili a de vilains microbes qu'il peut te transmettre et les enfants n'ont pas le droit d'entrer dans l'enceinte de l'hôpital.

    - Mais il rentre bientôt, dis ?

    - Pas tout de suite ma chérie. Mais il a demandé que je dépose ton beau dessin sur sa table de nuit et ta maman lui a laissé des photos de toi à l'école.

    - C'est bien. Comme ça je suis presque tout près de lui, s'exclama la petite.

    - Oui, il est content de voir ta jolie frimousse" répondit Jeanne en lui caressant la joue.

    Elle s’étonnait à chaque fois qu’Emma ouvrait la bouche : l’enfant possédait un tel vocabulaire comparé à d’autres qui alignaient à peine quelques syllabes. Tout son entourage avait toujours mis un point d’honneur à éviter le langage parfois niais que l’on emploie face à un petit. Mis à part doudou ou bobo, tout autre mot infantilisant était proscrit.

    Ils dînèrent et se relayèrent auprès des deux enfants pour un dernier câlin, un dernier bisou.

    Les trois adultes s'installèrent dans le salon et regardèrent un film sans en retenir ni le titre, ni l'histoire.

    Le dimanche matin fut consacré à une séance de pâtisserie : Emma s'appliquait à fabriquer des roses en pâte d'amande pendant qu'Adrien, assis sur sa chaise haute, tapait sur un pot de crème vide avec une petite cuillère. Le résultat n'était guère probant mais la petite y mettait tout son cœur. Sur une assiette, des petites boules blanches de taille différente s'accumulaient tandis que Jeanne et sa fille observaient le manège avec un regard amusé.

    Nathalie et David se rendirent à la clinique en début d'après- midi : ils trouvèrent Henri, le visage tourné vers le mur. Ils contournèrent le lit pour lui faire face. Il finit par lever sur eux un regard rendu trouble par la morphine qui venait de lui être injectée mais néanmoins d’une extraordinaire douceur.

    Malgré leurs efforts pour entamer une conversation, le grand-père gardait le silence, ses yeux allant de l’un à l’autre lentement, avec un amour infini. Nathalie aurait voulu que le temps s’arrête.

    Au moment des adieux, elle l'étreignit et lui dit :

    Je reviens te voir samedi prochain, d’accord ? Je t'aime Papa

    Il la contempla longuement, sans prononcer le moindre mot mais serra imperceptiblement le bout de ses doigts.

    Le couple regagna son véhicule, le cœur

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